Dans le célèbre chapitre II de L’être et le néant, on trouve d’abord une analyse serrée des rapports à établir entre mauvaise foi et mensonge. La mauvaise foi est mensonge, mais mensonge à soi, explique Sartre.

Dans la mauvaise foi, il s’agit de «  masquer une vérité déplaisante ou de présenter comme vérité une erreur plaisante. La mauvaise foi a donc la structure du mensonge. Mais, ce qui change tout, dans la mauvaise foi, c’est à moi-même que je masque la  vérité. La dualité du trompeur et du trompé n’existe pas ici »

Dans quelques lignes plus loin Sartre ajoute : « Dans la mauvaise foi celui à qui l’on ment et celui qui ment est une seule et même personne, ce qui signifie que je dois savoir en tant que trompeur la vérité qui m’est masquée en tant que je suis trompé. »

C’est ce processus qui se produit aujourd’hui à l’égard d’Israël.  La confusion entre la mauvaise foi et le mensonge pénètre également  la société  juive dans la diaspora. Elle  a pour élément déclencheur, au départ, une médiatisation outrancière. Toute personne qui sait soigner sa réputation et qui parvient à    attirer  l’attention  des  médias en   Introduisant son nom  partout, sur les ondes, à la télévision  sur les    affiches, sera magnifié par le public et catalogué comme un homme exceptionnel. Lorsque le temps fera son œuvre et que l’on s’apercevra que cette personne ne possède aucune qualité particulière,  et qu’elle a trompé son monde, toux ceux qui l’ont encensée, verseront dans la mauvaise foi et  maintiendront leur jugement originel. Tout cela par manque d’humilité, pour ne pas dire qu’ils se  sont trompés.

C’est ce qui arrive aussi, actuellement, en Europe  et presque au monde entier à l’exception des Etats Unis. Pendant des années on a encensé, magnifié, grandi Arafat.On est allé même jusqu’à lui attribuer le prix Nobel de la paix. Au   moment

Même, où il recevait à Oslo la récompense suprême, il donnait ordre à ses assassins de stocker le maximum d’armes, de creuser des tunnels, de se préparer à tuer le maximum d’innocents. Israël a beau expliquer et fournir  des preuves qui montrent  que cet homme est un fourbe, un terroriste absolu, un assassin  avéré, l’opinion en ce qui le  concerne, ne varie pas. L’Europe, malgré tout, continue à lui prodiguer son aide par millions de dollars. Quant aux   pays arabes ils   le considèrent comme le  symbole et le héros de leur lutte contre le sionisme.

Comment faire dans ce cas ? Peut-on dévaloriser celui qu’on a placé au zénith ? Peut-on reconnaître ses erreurs ? Il s’avère que cela n’est même pas possible  au niveau individuel, à plus forte raison  au niveau des Etats. Ces derniers  considèrent que leurs intérêts seront mis en danger s’ils avouaient  que Arafat  est vraiment un terroriste. On ne peut en réalité mettre un petit pays  face à vingt deux pays arabes, qui consomment une quantité incroyable d’armes fabriquées en Europe, en Russie et ailleurs. Voici la réalité qui va conduire les Etats européens à faire preuve de mauvaise foi. Ils vont mentir à eux-mêmes.  Ils savent pertinemment qu’Israël a parfaitement raison, mais la raison des Etats n’est, ni à un mensonge, ni à un reniement près. Les faibles sont toujours sacrifiés.

L’histoire d’Israël est providentielle. Quand Arafat avait refusé les accords de Camp David, Il ne savait pas qu’il allait être contraint de montrer sa véritable face.  Même avec un tel refus de sa part et une exigence qui mettrait fin à l’Etat  d’Israël,

l’Europe s’est obstinée à lui accorder sa confiance et à lui prodiguer son aide. C’est ainsi que s’exprime la mauvaise foi. Israël paye  malheureusement, à cause de cette mauvaise foi   un prix en vies humaines trop lourd pour lui.

Il faut toutefois garder l’espoir de voir un jour poindre des hommes honnêtes et pondérés parmi les Palestiniens qui comprendront que la paix est préférable à Tout.            

                                                                     Rav Haïm Harboun