LES PREMIERES ANNEES

Le développement de l’enfant ne dépend pas seulement de la maturation de leur organisme, mais aussi du rôle de l’environnement. Celui-ci, au début de la vie est très réduit,  il se limite essentiellement aux parents et éventuellement à la fratrie. Du comportement  de cet environnement dépend le progrès ou la régression de l’enfant. Et ce comportement  à son tour relève de l’anamnèse de chacun des parents. Pour la psychanalyse, dans le cadre de l’expérience reconstructive du transfert,  les conflits déplacés sur la personne de l’analyste, sont des conflits dont l’origine remonte à l’enfance. L’importance de cette dernière n’est plus à démontrer, c’est elle qui détermine pratiquement, le caractère et la personnalité de chaque individu.

 

LES ETAPES DE L’EVOLUTION DE L’ENFANT

 

 A sa naissance, l’enfant dort presque toute la journée. A son réveil il crie et sa mère  répond immédiatement. Pour l’enfant la mère est celle qui lui permet de vivre, c’est elle qui calme son angoisse. L’enfant à ce stade n’est pas conscient qu’il est séparé de sa mère. Cette indifférenciation prendra fin entre six et huit mois. Durant cette première année,  l’enfant agit en fonction de son sentiment de surpuissance. En effet, il est convaincu qu’il peut tout obtenir. En effet il obtient tout, et sa mère répond au moindre appel.

Vers trois mois, le sourire de l’enfant, d’abord non significatif, traduit un signe de maturation et devient la réponse à l’approche d’un visage humain. A la fin du premier semestre l’enfant sourit à sa mère. A ce stade, la présence de la mère est indispensable. C’est elle qui active le développement de l’enfant, en présentant son visage souriant à l’enfant dès que celui-ci se réveille. Le sourire des trois mois est un véritable organisateur de la relation de la mère et de l’enfant.

 

ANGOISSE DU SIXIEME MOIS

 

Si  sa mère le quitte ou un étranger approche l’enfant éprouve une grande angoisse. Il pense que la mère l’abandonne ou qu’un  étranger  est venu le retirer à sa mère. La relation avec la mère ne dépend plus de la satisfaction des besoins, mais de son absence ou de sa présence.

A huit mois, commence le monde de la relation objectale différenciée. Cela veut-dire que l’objet perçu, autrement dit la mère, dont l’absence peut être hallucinée, devient une image manipulable sur le plan psychologique. C’est pourquoi durant cette période, la communication est très riche en l’absence du langage. Mais c’est aussi à cette époque que se créent les carences précoces. Parce que la mère, même de bonne volonté, est incapable d’assurer à son nourrisson un minimum vital  d’apports affectifs et sensoriels.

De son coté, l’enfant non plus, ne peut pas répondre à l’imago de sa mère. Quand l’enfant était au stade de fœtus, la mère avait de lui dans son imaginaire une image idéalisée et fantasmée. Après la naissance l’enfant ne correspond pas à cette image virtuelle, appelée  une imago.  En psychologie, on dit que la relation objectale est transactionnelle.

A la fin du premier semestre les carences, d’origine maternelle, sont particulièrement  graves,  elles ressurgiront à un âge avancé. Nous ne lasserons pas de revenir constamment sur le rôle de la mère à cette période. Ses attitudes, son comportement, son humeur, sa disponibilité, ses manifestations  d’affection, détermineront le caractère et la personnalité futurs de l’enfant. Mais l’essentiel est sa  présence parce qu’elle est structurante.           

L’enfant doit évoluer à son rythme, il y a un temps pour être propre, un temps pour marcher, un temps pour arranger sa chambre, un temps pour déchirer, pour casser, pour courir etc. les parents doivent respecter chaque temps.

 

LE STADE DU LANGAGE

 

L’amour de l’enfant pour sa mère à des fondements narcissiques, c’est à dire qu’il suppose un investissement suffisant et sécurisant du Moi renforcé par l’amour de la mère.  L’enfant doit être suffisamment aimé pour s’aimer lui-même et être capable  d’aimer les autres.

A la fin de la deuxième année, avec les progrès du langage, il peut faire des phrases, et là il prend contact avec l’image de son corps. Puis, il différencie les rôles de ceux qui l’entourent. Son père devient alors à ses propres yeux le possesseur de la mère dont il est privé.

 

LE COMPLEXE OEDIPIEN

 

C’est le stade de l’identification avec le père pour garder l’amour de la mère. L’identification est assimilée à la virilité. En cas de son absence il y aura castration. C’est aussi l’époque de la formation du Surmoi. Les excès de sévérité conduisent à des inhibitions névrotiques ou à des comportements masochistes et provoquants.

 

Les mécanismes de défense

 

Pour comprendre ce sujet, le mieux est de prendre un exemple :

Si une mère a exigé  très tôt de son enfant une propreté, difficile à atteindre. L’enfant développera contre sa mère beaucoup d’agressivité. Celle-ci  conduira l’enfant à être encore plus sale mais aussi développera en même temps le sentiment de culpabilité. Cette culpabilité obligera l’enfant à refouler le désir d’être sale et il  fera plaisir à sa mère en devenant propre. Mais son agressivité refoulée émergera à l’adolescence qui sera difficile.

En résumé, l’influence des parents est essentielle pour orienter, favoriser ou inhiber les phénomènes de maturation de l’enfant. Par ailleurs, l’enfant en satisfaisant ou en blessant sa mère, peut à son tour modifier son comportement dont les irrégularités créent des chocs en retour.

 

L’enfant vu par les parents est en effet l’image même de leur condition de patents, c’est à dire de leur identification à leurs propres parents. Toutes les vicissitudes en matière de développement et d’éducation risquent donc d’ébranler l’organisation  oedipienne des parents.

L’enfant constitue une ombre dans la relation entre parents. C’est pourquoi les parents disent toujours que les enfants sont la seule cause de discussion dans leur ménage. Mais en vérité les enfants ne font que révéler leurs conflits.

 

LE COMPORTEMENT DES PARENTS

 

Lorsque dans une société comme celle où nous vivons, la propreté est une référence culturelle acceptée les parents veulent y satisfaire. Mais le désir des enfants de  ne pas devenir propres est réel : la propreté étant conçue dans l’inconscient de l’enfant comme la séparation avec les parents. Le refus de soumission, peuvent mettre en cause cet équilibre. L’enfant devient un symptôme de souffrance. Il plonge les parents dans l’enfance. La solution, par conséquent, réside uniquement dans la modification du comportement des parents. Afin de parvenir à un comportement structurant, il est urgent pour les parents d’être au faîte de la connaissance de l’enfant. Il n’est plus possible de fonder une famille dans l’ignorance absolue de la psychologie de l’enfant.

D’autant plus qu’il devient de plus en plus d’assurer l’équilibre en conformité avec les normes socioculturelles  en vigueur à notre époque.  Les problèmes sont atténués quand on a de beaux enfants. Le bon appétit des bébés calme suffisamment l’anxiété des mamans et dans ce cas les premières relations s’établissent d’une façon très satisfaisante. Mais les choses ne se passent pas comme on le souhaîtrait. 

Les enfants projettent sur leurs parents leurs pulsions et leurs craintes, c’est ce qui génère une crainte excessive chez les enfants.

 

Le cercle vicieux      

 

On accuse souvent les parents  dont l’équilibre a été mis en jeu par les difficultés propres à leurs  enfants. On oublie souvent qu’il existe une réciprocité entre les parents et les enfants. Cette réciprocité a des répercussions sur la santé mentale de l’enfant.

Les perturbations psychiques dont les parents ne sont pas responsables ou les difficultés matérielles, inhérentes à certains aspects de notre vie sociale, peuvent être responsables des carences précoces, finalement plus importantes que les erreurs éducatives.

Un enfant qui provoque cherche la punition et explicite son besoin masochiste d’autopunition. Mais c’est pour lui la meilleure façon d’infléchir son agressivité et son sadisme, d’abord sur lui mais aussi sur ses parents qu’il inquiète et blesse.

Ce type de relation est fréquent et constitue un aspect essentiel de difficultés familiales. Cependant, au chantage des enfants les parents ne doivent pas répondre par un  comportement agressif.