Une bonne pédagogie

 

Une des premières constatations qui vient à l’esprit après une visite dans les écoles juives de Marseille, est la déficience de la lecture des textes hébreux.  Quand on sait que, de la qualité de la lecture, apprise à l’école, dépendra  l’harmonie ou la cacophonie des offices dans les synagogues, on aura soin d’insister sur la qualité de la lecture. Une bonne lecture hébraïque nécessite la connaissance,  même superficielle, de la grammaire hébraïque.

L’hébreu est une langue sacrée, par conséquent chaque mot a son importance. Précisons que l’hébreu  est toujours accompagné de signe qui indique la syllabe sur laquelle il convient d’insister. Chaque mot a un sens en fonction de sa musicalité. Autrement dit, un mot mal prononcé, peut changer de sens. Pour nous faire comprendre, nous allons prendre un exemple. Le verbe « koum » signifie « se lever » Pour dire il se lève, on dit « hou kam » et au féminin on dit « hi kama » Selon la syllabe sur la quelle on insiste le même verbe peut être soit au présent soit au passé. En disant hi kama, en insistant sur le « ma » on traduira par elle se lève, mais en insistant sur le « ka » on traduira par «  elle s’est levée. » Le même mot peut avoir une signification différente selon la syllabe qui est accentuée.

Il m’est arrivé d’écouter la lecture de « Achré Yochévé » dans une école que je ne veux pas nommer, je peux affirmer que ce fut un véritable massacre. Faut-il incriminer les élèves ? Les Enseignants ? Je ne le pense pas. Il convient d’incriminer l’ignorance.

Il serait tellement simple et profitable pour tout le monde de prendre connaissance de certaines  règles de grammaire, très simples, pour parvenir à une lecture correcte. Sans entrer dans les détails, on peut d'ores et déjà donner quelques principes faciles à retenir. Pour tous les mots dont la finale est « im » comme « anachim » (les hommes)  « yéladim » (les enfants), il convient d’insister sur la syllabe « im. Pour tous les mots  au singulier qui sont avec le possessif, comme « dodi » mon oncle, «  yaldi » mon enfant, il convient d’accentuer le syllabe portant le cas possessif, dans  notre cas  on insistera sur le I.

Il est temps que ceux qui ont la charge de conduire la communauté, qu’ils soient des rabbins ou des laïcs ou même grand rabbin, soient pénétrés par l’idée que  les personnes responsables de  l’éducation de nos enfants  soient en permanence en état de formation continu. La pédagogie n’est pas une science exacte, c’est une théorie en constante évolution. On n’est pas pédagogue une fois pour toute. Un vrai pédagogue est celui qui se remet constamment en question. Il est aussi temps que l’on remette à l’honneur l’enseignement scientifique des « téamim » de la lecture correcte, de la grammaire hébraïque, et de toutes les disciplines qui ont fait la grandeur du Judaïsme Nord Africain.   

 

 

                                                                                         Rav Haïm Harboun