Pensées du jour
Par un hasard dont
l’histoire a le secret, la conférence d’Annapolis s’est tenue exactement 60
ans après la décision de l’ONU d’approuver le partage de la Palestine sous
mandat britannique, en deux états, un Arabe et l’autre Juif.
SHYLOCK
Shylock est « le Juif tel que Shakespeare l’a dépeint » Ce n’est pas le Juif de la vie réelle, même au Moyen Age dont l’histoire est tachée des chaudes larmes, de sang même arraché au cœur de la race martyre. Le Juif de l’époque médiéval ne se vengeait pas de ses cruels ennemis. Bien plus encore : avec une magnanimité sublime, il allait même jusqu’à prêcher et à pratiquer la plus large bienveillance à l’égard de ses oppresseurs. D’un bout à l’autre du Moyen Age, quand les Juifs étaient quotidiennement pillés et torturés et voués à la mort « Pour la gloire de Dieu » pas un mot n’a été prononcé contre la moralité des victimes. Ils souffraient parce qu’ils étaient des hérétiques, parce qu’ils refusaient d’escamoter leur conscience, en professant une foi qui ne prouvait prendre racine dans leurs âmes. Mais l’éthique juive continuait à s’élever vers des hauteurs toujours plus nobles. Le Juif préservait son intégrité malgré ses souffrances ; mieux encore il pardonnait à ceux qui en étaient les auteurs et même oui il les bénissait. Après avoir été chassés d’Espagne, en 1492, les Juifs furent cruellement expulsés du Portugal. Un certain nombre d’entre eux se réfugièrent sur la côte africaine. Quatre-vingt ans plus tard, les descendants de ceux qui avait commis ou tolérés ces monstruosités furent défaits en Afrique, où ils avaient été conduits par Don Sébastien, leur roi. Ceux qui ne furent pas égorgés furent vendus comme esclaves aux descendants des exilés juifs du Portugal. « Les nobles Portugais humiliés, rapporte un historien, furent réconfortés chaque fois qu’il s’avéra que leurs maîtres étaient des Juifs, parce qu’ils savaient que ceux-ci avaient des cœurs humains » Morris Joseph (1891)
LE LIVRE DES LIVRES
La Bible, quel livre ! Vaste et large comme le monde, fondée sur les abîmes de la création et s’érigeant haut dans le bleu mystère du ciel. Aurore et couchant, promesse et accomplissement, naissance et mort- tout le drame de l’humanité, - sont renfermés dans ce simple livre. C’est le Livre des Livres. Les Juifs peuvent aisément se consoler de la perte de Jérusalem et du Temple et de l’Arche du Pacte et des joyaux de la couronne du roi Salomon. Une telle déchéance n’est rien quand on la met dans la balance avec la Bible, le trésor impérissable qu’ils ont sauvé. Si je ne m’abuse, c’est Mahomet qui surnomma les Juifs le « Peuple du Livre » un nom qui dans les pays orientaux est resté le leur jusqu’à nos jours et qui est d’une signification profonde. Ce livre est pour les Juifs leur pays. A l’intérieur de ses frontières bien closes, ils vivent et mènent leur existence ; ils jouissent de leur citoyenneté inaliénable ; aussi nul ne peut les en déloger. Absorbés dans la lecture de leur livre sacré, ils n’ont guère pris garde aux changements apportés au monde réel qui les entoure. Des nations ont surgi et se sont évanouies, des Etats ont fleuri et sont déchus, des révolutions ont fait rage à travers la terre- mais eux, les Juifs, restaient plongés dans l’étude de leur livre, inconscients de la ruée sauvage du temps au dessus de leurs têtes.
H. Heine (1830)
LA BIBLE
De siècle en siècle et jusqu’à ce jour même, à travers les régions les plus admirables de la civilisation, la Bible domine l’existence. Sa vision de la vie pétrit les Etats et les sociétés. Ses Psaumes sont plus populaires, en tout pays, que les poèmes des propres poètes de ce peuple. Auprès de ce seul livre aux éditions infinies… toutes les autres littératures apparaissent légères comme l’air. Israël Zangwill. (1895)
Notre grand titre à la gratitude de l’humanité, c’est que nous avons donné au monde la parole de D. la Bible Hébraïque. Nous avons pris d’assaut le ciel pour en rapporter ce don céleste, comme dit le poète. Nous nous sommes lancés dans la brèche que nous avons couverte de nos corps contre toute attaque. Nous nous sommes laissés égorger par centaines et par milliers plutôt que de lui être infidèles, et nous portons témoignage de sa vérité, veillant à sa pureté, face à un monde hostile. La Bible est notre unique raison d’être ; c’est précisément cela que l’antisémitisme supérieur, à la fois à l’intérieur de nos rangs et au dehors, cherche à détruire, déniant toutes nos revendications pour le passé et nous laissant sans espoir pour l’avenir. Cette persécution intellectuelle ne peut être combattue que par des armes intellectuelles ; à moins que nous ne fassions effort pour recouvrer notre Bible, nous sommes irrévocablement perdus aux deux mondes.
S. Schechter (1903)
L’histoire d’Israël est la grande preuve vivante de l’action de la Providence divine dans les affaires du monde. Seul parmi les nations, Israël a pris part à tous les grands mouvements depuis que l’humanité est devenue consciente de ses destinées. S’il n’y a point de but divin dans le labeur d’Israël, il serait vain d’en rechercher un dans la vie de l’homme. A la lumière réfléchie de ce dessein, chaque Juif devrait mener son existence avec une dignité accrue. Joseph Jacobs (1897)
M. Gaster (1906) TOLERANCE
L’un tombe au puits de destruction et l’autre tombe au piège, et leur fatigue est vaine. Mais Tes servants sont comme ceux qui ont les yeux ouverts, et qui marchent dans la vois droite, ne déviant ni à gauche ni à droite, avant que d’être arrivés dans la cour de la maison du Roi. Tu es D. appuyant les êtres créés en Ta Divinité, soutenant les êtres créés avec Ton Unité. Salomon Ibn Gabirol (1050 (a couronne de Royauté)
Le Royaume de Dieu soutenaient nos Maîtres – est incompatible avec un état de misère sociale. Ils ne se contentaient pas de nourrir le pauvre. Leur grand idéal était de ne pas permettre qu’un homme soit pauvre, de ne pas le laisser s’effondrer dans les profondeurs de la pauvreté. Ils disent : « Essaie d’empêcher qu’il tombe si bas en lui enseignant un métier. Emploie toutes les méthodes avant que de le laisser devenir un objet de charité, ce qui doit le dégrader, quelque affectueux que soit votre comportement à son égard » S. Schechter (1893)
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RAHMANOUTH (Pitié)
Le Juif a subi tant de coups, il a enduré tant d’injustices, il a fait si complètement l’expérience des misères de l’existence, que la commisération pour le pauvre et pour l’humble est devenue une seconde nature en lui. Et dans ses errances douloureuses, il a vu de si près tant d’hommes de toutes les races et de tous les pays, partout différents et semblables partout, qu’il a compris, qu’il a senti dans la chair de sa chair que l’homme est un, comme D. est Un. Ainsi se forma une race qui peut avoir les mêmes vices et les mêmes vertus que les autres races, mais qui est sans aucun doute la plus humaine de toutes les races.
Edmond Fleg (1928)
LE DEVOIR DU RESPECT DE SOI-MÊME
Plusieurs Juifs perdent tout sens de proportions et de perspective quand ils jugent les défauts juifs. L’autocritique est une rare vertu. Toutefois, comme toute autre vertu, elle peut être excessive ; tandis que la dépréciation de soi-même n’est pas une vertu du tout, elle n’est certainement pas la marque de l’homme libre. Les communautés, comme les personnes, sont astreintes à la prescription de l’étique juive : « Ne sois pas méchant dans ta propre estime » Et pour les communautés comme pour les personnes, le respect de soi même demeure un devoir cardinal.
J.H.Hertz
TOLERANCE
Tu es D. et tout être est Ton servant, Ton domaine ; Et ton honneur n’est point diminué par les servants d’autres que Toi, car, tous ont le désir d’arriver jusqu’à Toi ; mais ils sont comme des aveugles ; ils dirigent leur route vers la face du Roi et, hors de la route, ils égarent leurs pas.
L’un tombe au puits de destruction et l’autre tombe au piège, et leur fatigue est vaine. Mais Tes servants sont comme ceux qui ont les yeux ouverts, et qui marchent dans la vois droite, ne déviant ni à gauche ni à droite, avant que d’être arrivés dans la cour de la maison du Roi.
Tu es D. appuyant les êtres créés en Ta Divinité, soutenant les êtres créés avec Ton Unité.
Salomon Ibn Gabirol (1050
(la couronne de Royauté)
NOTRE HERITAGE
Nos lois ont été telles qu’elles ont toujours inspiré l’administration et l’imitation des autres hommes.
Plus encore, des multitudes humaines ont manifesté une grande inclination, depuis longtemps, à suivre nos prescriptions religieuses ; car il n’est point de cité grecque, ni barbare, ni de quelque nation que ce soit, où notre coutume d’observer le repos du septième jour ne soit parvenue, et où nos jeûnes et nos lumières sacramentelles ainsi que plusieurs de nos interdictions ne soient respectées ( *) On s’y efforce également à imiter la concorde mutuelle qui règne entre nous, ainsi que la distribution charitable de nos biens et notre diligence dans le labeur, et notre fortitude à endurer les pires détresses au nom de nos lois. Et ce qui est ici matière à la plus grande admiration, notre Torah n’offre aucun appât de plaisir pour abuser les hommes, mais elle prévaut par sa propre force, et comme D. lui-même est immanent dans tout l’univers, ainsi notre Torah s’est-elle répandue sur le monde entier.
Quant aux lois mêmes, un surplus de mots est inutile, car elles sont visibles dans leur propre nature et elles apparaissent pour enseigner non l’impiété, mais la plus authentique piété du monde. Elles ne font pas se haïr les hommes entre eux, mais les encouragent à se prodiguer librement ce q’ils possèdent. Elles sont ennemies de l’injustice ; elles proscrivent la paresse et la prodigalité ; elles instruisent les hommes à être satisfaits de ce qu’ils ont et à être laborieux dans leur vocation. Elles interdisent aux hommes de faire la guerre pour accroître ce qu’ils ont mais rendent les hommes courageux pour la défense des lois. C’est pourquoi j’aurai l’audace de dire que nous sommes devenus les maîtres des hommes pour la plupart des choses, celles qui sont de la plus excellente nature seulement, car qu’y a-t-il de meilleur qu’une inviolable piété ? Qu’y a-t-il de plus juste que la soumission aux lois et de plus avantageux que l’amour mutuel et la concorde ? Tant et si bien que les calamités ne nous divisent pas, non plus que la prospérité ne nous rend offensants ou séditieux. Mais cela fait que nous méprisons la mort lorsque nous sommes en guerre et que, dans la paix, nous nous appliquons à nos métiers ou au labour du sol. Car en toutes choses et dans toutes les voies nous sommes convaincus que D. est le Juge et le Gouverneur de nos actes.
Flavius Josephe (1er siècle)