visiteurs        Instruction religieuse      Tsinouth et Psychologie

LE BICENTENAIRE DU GRAND SANHEDRIN DE NAPOLEON

attention : ce site a migré

NOUVEAU SITE : http://www.harboun.fr

 

VAY'HI

      

Societe Sionisme Sidra de la Semaine Psychologie Politique Pedagogie Musique Le Couple Judaisme Histoire Hebreu Education Juive Curriculum Vitae Pensee Juive Chavouoth Le Grand Sanhedrin GAZA

TELECHARGEZ LES TEHILIM EN MP3

TEHILIM 1 - TEHILIM 2  - TEHILIM 3

LES JUIFS DANS LE MONDE MUSULMAN

TELECHARGER en PDF "le Temps juif" et "Tichri"

: Michel Garroté

GAZA - L'IRAN manipule ?
Miguel Garroté - J'ai plusieurs fois écrit que pour comprendre le Proche et le Moyen Orient, il était souhaitable de lire, de temps à autre, les analyses de Walid Farès et de Michael Ledeen de la Foundation for Defense of Democracies (1) ainsi que les analyses de Caroline Glick du Center for Security Policy (2), analyses que celle-ci publie notamment dans le Jerusalem Post. J'écris qu'il est souhaitable de lire Walid Farès, Michael Ledeen et Caroline Glick, car je partage leurs analyses, notamment leurs analyses sur le rôle de l'Iran dans tout ce qui touche au Hezbollah libanais et au Hamas palestinien. A ce propos, il serait bon, dans le cadre de la présente guerre Israël ? Hamas, de revenir sur certaines réalités libanaises issues de la guerre Israël ? Hezbollah de 2006. Se souvient-on par exemple que le Commandement européen de la FINUL renforcée au Liban n'a pas empêché le Hezbollah, de 2006 à 2009, de tripler son arsenal de missiles ? A-t-on seulement réalisé que sous le Commandement européen de la FINUL renforcée, le Hezbollah a pris l'entier contrôle de 130 villages libanais le long de la frontière avec Israël ?
-
Et puisque j'écris à propos de forces multinationales néfastes, sait-on qu'une Force Multinationale d'Observateurs sous Commandement américain dans le Sinaï égyptien n'a pas empêché le Hamas, pendant la trêve idiote accordée par le gouvernement israélien, d'introduire, dans la bande de Gaza, depuis l'Egypte, des obus de mortier, des roquettes et des missiles de type Grad ? Sait-on que pendant cette trêve idiote le Hamas a doublé non seulement le nombre de ses roquettes mais doublé la portée de ces mêmes roquettes, l'une d'entre elle ayant atteint ce matin mardi 6 janvier 2009 des civils israéliens à plus de 45 km de la frontière entre Israël et la bande de Gaza ? Sait-on que pendant cette trêve idiote des instructeurs iraniens ont formé 20.000 soldats du Hamas ?
-
Si j'ai écrit que la FINUL renforcée au Liban et la Force Multinationale d'Observateurs en Egypte n'ont pas empêché le réarmement du Hezbollah libanais et du Hamas gazaouï, c'est parce qu'en ce moment même, le gouvernement israélien négocie secrètement avec tous les imbéciles de la terre l'établissement d'une force multinationale dans la bande de Gaza. Une force multinationale supposée mettre fin à l'introduction d'armes depuis l'Egypte dans la bande de Gaza et supposée mettre fin aux tirs de roquettes et de missiles depuis la bande de Gaza sur Israël. Une force multinationale dont on ignore à ce jour si elle regroupera des Egyptiens, des Israéliens, des Palestiniens du Fatah, des Américains et des Européens. Connaissant l'esprit de vaine gloire des Sarkovazy, Moucasselabarak et autres Obamba, je m'attends au pire, quant à la mission et à la composition de cette force multinationale en territoire gazaouï. De plus, je me pose la question de savoir si cette future force folklorique implique au préalable, ce qui serait tout de même le minimum avant d'envisager un cessez-le-feu, le renversement du régime terroriste du Hamas et la destruction de sa capacité militaire.
-
J'ai écrit que je partage les analyses - notamment les analyses sur l'Iran - de Walid Farès, Michael Ledeen et Caroline Glick. J'ai écrit cela car avant hier dimanche 4 janvier, sur la chaîne de télévision du Hezbollah, la chaîne Al Manar, Saeed Jalili, un des plus hauts dignitaires du régime iranien, a laissé entendre, avec, il est vrai, une certaine dose de poésie persane, que son poulain le Hamas n'avait qu'à se débrouiller. Ce qui laisse supposer que la rupture de la trêve par le Hamas aux ordres de l'Iran ne se déroule pas aussi bien que prévu par les commanditaires iraniens. Néanmoins, la rupture de la trêve, exécutée par le Hamas sur ordre de l'Iran, a du bon pour le régime iranien. Car dans peu de temps, Bush cède la place à Obamba. Et dans encore un peu de temps, il y aura des élections en Israël. Or, l'Iran redoutait et redoute encore une série de frappes israéliennes contre ses centrales nucléaires offensives avant l'entrée en fonction de Obamba. En déclenchant les hostilités depuis la bande de Gaza et en forçant ainsi Israël à passer à l'offensive, l'Iran espère peut-être, en dépit de ou grâce à une défaite relative à Gaza, remporter une victoire autrement plus importante sur le front atomique : à savoir, passer le cap de la passation de pouvoir à la Maison Blanche sans recevoir des missiles israéliens sur ses têtes nucléaires.
-
Copyright Miguel Garroté 2009

 

 

 

Mourir à Gaza

Martin Birnbaum décrypte les récents événements de Gaza.

Actualité oblige il faut essayer de comprendre ce qui se passe à Gaza (ou à cause de Gaza) car les tombereaux de reproches, insultes, accusations, non-dits qui se déversent sur Israël depuis quelques jours ne font que créer des confusions malheureuses. Certes on est habitué à ce que la presse française (mais pas seulement) se déchaîne contre Israël, mais cette fois-ci c’est différent. En quoi ?

Gaza : un territoire deux fois plus grand que celui de la Seine-Saint-Denis avec une population équivalente (1,5 million environ) dispose de 70.000 fonctionnaires et de 80.000 policiers : des chiffres ahurissants, non pas en comparaison avec le «9-3» mais avec n’importe quel pays. De plus, une armée évaluée à 17.000 hommes équipée et instruite par les iraniens et disposant d’un armement varié parmi lequel des fusées «artisanales» ou industrielles par milliers. Comment en est-on arrivé là ?

En 2005 Israël a évacué ce territoire conquis sur l’Egypte en 1967 et qui n’a pas voulu le récupérer en 1977 quand les deux pays ont fait la paix, alors qu’Israël lui rendait le Sinaï dans sa totalité. Ensuite, on a «permis» par voie démocratique, imposée par les Etats-Unis, l’arrivée au pouvoir du Hamas qui depuis belle lurette est considéré par l’Occident entier, ou presque, comme organisation terroriste. Puis, par un coup de force d’une grande férocité, le Hamas a expulsé du territoire tout ce qu’il y avait comme structures du Fatah, parti principal de l’OLP (cela vaut la peine de se souvenir qu’il s’agit de l’Organisation de Libération de la Palestine qui s’est toujours et encore proposée de faire disparaître Israël)… Depuis 2006 on se retrouve avec un «peuple», deux gouvernements (un à Gaza, l’autre de Mahmoud Abbas à Ramallah en Cisjordanie) et pas d’état… Pauvres palestiniens, vu le sort qu’ils se sont choisi, il faut les aider et, l’Europe en particulier, utilise une bonne partie de ses ressources pour atténuer les souffrances de cette population, tout en demandant à Israël qui est considéré par d’aucuns comme puissance occupante, d’assurer une vie «normale» à une population qui ne l’est pas.

Le Hamas se fiche comme d’une guigne du bien être de la population. Pour sa subsistance, l’UNRWA, créée après la guerre de 1948 pour aider 650.000 réfugiés à retrouver une vie normale et qui, maintenant, s’occupe de plusieurs millions, et les aides «humanitaires» y pourvoiront. Pour l’eau, le combustible, l’électricité, Israël fera le nécessaire car considéré, toujours, comme puissance occupante. Pour les armes et les munitions, l’Iran directement ou via la Syrie, assure ce qu’il faut avec la complicité tacite de l’Egypte. Le Hamas peut donc concentrer ses activités dans deux domaines essentiellement : les relations publiques et le tir de fusées. Relations publiques ? Souvenez-vous de Gaza à la lumière des chandelles pour montrer qu’il n’y avait plus de combustible pour faire tourner les centrales électriques. Souvenez-vous des mises en scène (certaines avec l’aide de «journalistes» occidentaux) pour montrer les morts des "frappes indiscriminées" israéliennes (dont certains se relevaient des brancards pour vaquer à d’autres occupations). Regardez les «images» tournées par les palestiniens et diffusées en boucle depuis samedi, toutes faites pour montrer la «barbarie sioniste» (dixit Ahmadinejad) et toutes reprises par les télévisions françaises, anglaises ou allemandes en oubliant leur source.

Que le Hamas ait voulu transformer ce territoire en mini état taliban, personne n’en doute. Son parlement vient de passer une loi permettant aux tribunaux de rendre des sentences dans l'esprit de l'Islam (Al-Hayat, Londres). Selon cette loi, les tribunaux pourront condamner les délinquants à une pléthore de mesures punitives violentes. Elles incluent la flagellation, l’amputation de mains, la crucifixion et la pendaison. La loi réserve la peine de mort à des personnes qui négocieraient avec un gouvernement étranger «à l’encontre de l'intérêt palestinien» ou se livreraient à une activité qui pourrait «saper le moral palestinien». De plus, tout Palestinien pris en train de boire ou vendre du vin sera puni de 40 coups de fouet quand la loi sera promulguée, tandis que les voleurs pris en flagrant délit verront leur main droite coupée. On peut toujours attendre les protestations des gauches françaises convaincues qu’elles sont que les palestiniens sont humiliés par Israël, pays diabolisé comme les Etats-Unis mais qui n’a pas élu son Obama pour tenter vainement de se faire aimer.

Le fond de commerce du Hamas tient en deux mots : détruire Israël. Depuis l’évacuation du territoire en 2005 Israël a vu s’abattre sur le Sud de son territoire des milliers de fusées. De quelques unes par jour jusqu’à presqu’une centaine la semaine dernière. Devenue l’activité principale, elle s’alimente via des tunnels aboutissant en Egypte qui assurent un flux continu d’armes ou munitions.

Gaza a une frontière, hermétiquement fermée, avec l’Egypte. Ce pays ne veut pas l’ouvrir (ou seulement de temps à autre) car elle aurait dû être gérée et contrôlée par l’Autorité Palestinienne et des observateurs européens. Le coup de force du Hamas a fait déguerpir et les uns et les autres. Un premier paradoxe est visible : le Hamas a intérêt à avoir la frontière avec l’Egypte ouverte pour faire entrer plus facilement des armes et des munitions. Israël a intérêt à ce que l’Egypte tienne ouverte cette frontière car, ainsi, il sera encore plus visible qu’il n’occupe plus Gaza et souligner encore plus fortement que les tirs de fusées de Gaza sur le territoire israélien n’ont rien à voir avec une quelconque «occupation». En revanche, l’Egypte n’a aucun intérêt (bien au contraire) à garder la frontière ouverte : elle deviendrait partie prenante de ce qui se passe à Gaza, laisserait des «barbus» entrer pour faire alliance avec les Frères Musulmans (dont le Hamas est une branche) et perdrait un moyen de faire saigner, en permanence, Israël tout en lui laissant le mauvais rôle sur le plan international.

Pendant quelques jours, la semaine dernière, la presse française (essentiellement) se fondant sur des dépêches de l’AFP (Agence France–Palestine ?) nous abreuvait de nouvelles venant de Gaza : le Hamas a mis fin à une trêve de six mois pendant laquelle il n’a tiré «que» 300 fusées sur le Sud d’Israël. La condition d’un retour à la trêve était, tenez-vous bien, l’ouverture du point de passage de Rafah sur la frontière égyptienne… Et Comme les égyptiens firent la sourde oreille, le Hamas et ses partenaires tirèrent le jour de Noël, 87 fusées et obus de mortier en moins de 24 heures sur Israël qui fit savoir, urbi et orbi, que si cela ne cessait pas elle se ferait justice toute seule.

Voilà un deuxième paradoxe. Selon Al-Hayat de Londres, «Les «modérés» du monde arabe, non seulement s’attendaient mais souhaitaient un coup d'Israël contre le leadership du Hamas, y compris contre son infrastructure organisationnelle, militaire et civile. Face au calme qui a prévalu jusqu’ici et devant la reprise du tir de fusées, les Arabes sont mal à l'aise de voir le Hamas créer un équilibre de la terreur vis-à-vis d'Israël». Le Hamas, fort de sa conviction qu’Israël ne ferait rien, fort de sa conviction (justifiée) de pouvoir gagner la «guerre des images» vu que son adversaire était Israël, fanfaronnait et n’a suivi ni les souhaits de l’Egypte, ni les mises en garde de des frères de Ramallah.

Ce qui devait arriver est arrivé… c’était écrit sur les murs…

Samedi dernier, 110 avions ont détruit en un seul passage de 3 minutes 97% des plus de 100 cibles qui leur étaient assignées. Toutes les infrastructures militaires, de communication et de commandement du Hamas ont été pulvérisées ainsi que l’essentiel des «usines» de fabrication de fusées «artisanales» et leurs dépôts de stockage. On sent là la «patte» d’Ehud Barak, celui qui a conçu l’action «Entebbé» ou des incursions inimaginables à Beyrouth du temps où les terroristes d’Arafat avaient transformé le Liban en territoire sous leur coupe. Plus de 300 «activistes» ou «militants» ou «combattants» du Hamas tués qui sont probablement en train de réfléchir maintenant sur l’ineptie de leur organisation dans les bras de vierges aux yeux noirs du paradis des terroristes musulmans. Des officiels palestiniens assurent que la plupart des morts sont des membres des services de sécurité du Hamas, y compris plusieurs commandants de rang supérieur. Il y aurait aussi des victimes civiles… Si des civils sont morts il faut se souvenir que, d’un côté, le Hamas construit ses infrastructures militaires dans le centre des villes (comme le Hezbollah au Liban), et que de l’autre, le «peuple palestinien» a bien voté pour eux et pour leur programme de destruction d’Israël. De plus, un civil dans le jardin duquel on installe, moyennant finances, un lanceur de Qassam n’est plus vraiment un civil…

C’est donc la guerre. Le Général Sherman, pendant la guerre de sécession disait "La guerre est la cruauté. Il ne sert à rien de tenter de l'adoucir. Plus elle est cruelle, plus tôt elle sera terminée. Toute tentative visant à faire la guerre facile et sans pertes, se traduira par l'humiliation et la catastrophe".

Puisque c’est la guerre, puisque le Hamas n’a pas voulu arrêter «les attaques à la roquette visant à tuer des civils israéliens» (dixit Tony Blair, envoyé du «Quartette» au Proche-Orient), Israël l’a fait avec deux objectifs précis : détruire les infrastructures du Hamas et obtenir le calme pour ses citoyens, en utilisant la puissance maximum qu’elle considère nécessaire pour cela. Et c’est là où les choses se compliquent.

D’un côté, le Hamas et ses alliés un peu partout dans le monde parlent de «massacre» et dirigent le chœur des idiots utiles d’Europe surtout (car la «rue arabe» lui est acquise) pour obtenir la «condamnation de l’agression barbare d’Israël». Pourtant, le Ministre égyptien des Affaires Etrangères, en conférence de presse, déclare «L'Egypte a longtemps mis en garde que celui qui refuse de comprendre les avertissements doit prendre ses responsabilités». Naturellement, l’Egypte est accusée par le Hamas de collusion avec Israël.

Et voilà notre président qui sort de l’armoire du Quai d’Orsay la vieille et éculée antienne de «la force disproportionnée». Ce qui ne semble pas compris c’est la vraie nature de la guerre. On peut tourner «autour du pot» autant que l’on veut mais, à la fin, la vraie question reste posée en termes clairs : si l’on est menacé de mort, a-t-on le droit de choisir ses armes ? Il semblerait que tout ce que l’on a trouvé de nouveau pour diaboliser Israël se lie à l’utilisation d’une force "disproportionnée" pour vaincre le Hamas. Certes, les prédicateurs faisant usage de ce concept ont le droit de considérer que le nombre de fusées ou obus de mortier tirés par le Hamas (et ses acolytes) depuis 2005 était proportionnel au mal que ce dernier voulait infliger à Israël. Mais, depuis que des conflits militaires existent, la capacité d’un protagoniste d’infliger un maximum de pertes à l’autre, tout en souffrant un minimum, est une des lois écrites ou non écrites (Sun Tzu). Appliquée au conflit avec le Hamas cette loi ne peut conduire qu’à poser une question simple : pour que sa réponse soit proportionnelle Israël aurait-il dû utiliser des fusées artisanales tirées sur les agglomérations civiles de Gaza ? Et si ce pays ne dispose que de fusées perfectionnées, à quel nombre aurait-il eu droit ?

Bien sûr, on peut dire avec Libération (Laurent Joffrin, d’habitude plus circonspect quand il s’agit de dire des idioties…) que le raid israélien est «cruel et disproportionné». Mais ajouter un adjectif n’est pas innocent car on passe du registre rationnel (proportion/disproportion, donc quelque chose de mesurable) au registre affectif, celui qui s’adresse non pas au cerveau du lecteur mais à ses sentiments. Comme cela, sans le dire, on diabolise encore mieux Israël.

En réalité, ceux qui parlent de «disproportion», pas seulement ses détracteurs mais aussi certains qui assurent être ses amis, veulent qu’Israël reste sans rien faire pendant que ses populations sont bombardées. Si au moins ils disaient à quoi il faut être «proportionnel» quand on a affaire à 1 million d’habitants d’un territoire qui s’est choisi comme dirigeant une organisation terroriste dont la raison d’être, clairement énoncée, est la volonté de vous détruire… Ne pas les prendre au sérieux ? Qui le ferait pour soi-même ?

En dénonçant la trêve qui durait depuis six mois, en refusant à l’Egypte d’en renégocier une nouvelle, le Hamas a menacé Israël de «tirer des milliers de fusées contre les villes d’Ashdod ou Beersheva». Les deux dirigeants principaux de cette organisation terroriste (Hanyeh et Zahar) disaient que, si nécessaire, ils seraient «honorés de joindre le train des martyrs palestiniens». Remarquons, en passant, que pour l’instant ils se terrent Dieu sait où à Gaza tandis que leurs troupes se font décimer par les bombardements israéliens.

Pourquoi le Hamas s’est-il comporté d’une manière tellement irresponsable vis-à-vis de ses propres intérêts ? La réponse n’est pas simple mais elle tient d’un côté à son assurance selon laquelle Israël ne devait rien faire et parce qu’il sait d’expérience que si Israël fait quelque chose, le monde entier se retrouvera solidaire des «frères palestiniens», en oubliant qu’il s’agit de gens qui supportent et aident les terroristes. Et, cerise sur le gâteau, l’Iran, le Hezbollah (donc le Liban) et la Syrie sont là pour l’aider.

Le Hamas se retrouve seul : le Hezbollah (chat échaudé craint l’eau froide) dit qu’il ne prendra pas les armes contre Israël et l’Iran ne fait qu’annoncer l’ouverture d’un registre appelant des volontaires à s'inscrire et à se mobiliser «pour combattre les sionistes et venger la mort des 318 hommes du Hamas tués dans cette opération». Cette nouvelle est utile : à la différence des télés et radios occidentales qui reprennent, sans vérification aucune, les chiffres des morts et des blessés donnés par le Hamas et laissant croire qu’il s’agit de civils, l’Iran reconnaît que les morts sont des hommes du Hamas. Bien sûr il y a des dizaines de civils touchés : dans toutes opérations militaires (Irak, Afghanistan, Pakistan, etc.) on constate un ratio de victimes collatérales de l’ordre de 10 %. La différence entre Israël et le Hamas vient du fait que le Hamas tire ses fusées contre des populations civiles tandis que l’armée d’Israël doit faire face à quelqu’un qui utilise son propre peuple comme bouclier humain… Et, naturellement, toute bavure israélienne contribue à la campagne de relations publiques du Hamas facilitée par la «compréhension» des médias occidentaux et qui se rattache, en réalité, à une campagne de propagande soutenue par des fonds essentiellement européens. La Norvège, la Suisse, la Communauté Européenne supportent avec des millions d’euros une nébuleuse d’organisations non gouvernementales dont l’objet social, n’est rien d’autre que la diabolisation d’Israël et le terrorisme.

Comme par hasard, le dernier «idiot utile» en date (mais il a fait la même chose avec Arafat), Marek Halter, légitime Khaled Mashaal, le chef du Hamas, en le laissant dire (Le Figaro, se devait d’être complice de cette grande action) «à la place de Shalit, on aurait pu prendre des otages civils, mais comme on est en guerre, on a pris un soldat. Quant à un affrontement à Gaza, cela ne m’effraie pas, au contraire». Bon, c’était avant samedi. Depuis, et bien que la rupture de la trêve lui soit attribuée, il est prêt à en accepter une nouvelle pour laquelle Marek Halter se mobilise déjà… Poser la question «qu’avez-vous fait de Gaza depuis trois ans, depuis qu’Israël s’est retiré ? Qu’avez-vous fait des milliards de dollars que la communauté internationale et surtout l’Europe vous a consenti ?» n’est pas venu à l’esprit de ce grand donneur de leçons. Comme il n’a pas eu l’idée de vomir sur ce terroriste quand il a déclaré «il n'y a pas d'alternative aux attentats suicide, c'est ce qui aidera à protéger la bande de Gaza et la Cisjordanie».

La disproportion érigée au rang de dogme pour accepter ou pas une légitime défense ne suffisant pas, on ajoute «il n’y a pas de solution militaire à Gaza». Il n’y aurait donc jamais de solution militaire. Comme pour l’Iran, tant qu’on n’aura pas le courage de reconnaître la complicité de l’Occident à la marche de ce pays vers la bombe.

Mais Gaza ? Un territoire gouverné (avec l’assentiment enthousiaste de ses habitants) par une organisation terroriste et qui a devant lui l’armée israélienne dont les victoires militaires sont nombreuses, la mer et enfin l’Egypte qui, minée par une surpopulation galopante et une crise économique sans précédent, doit se défendre de la mère du Hamas, les Frères Musulmans. C’est dire que, n’en déplaise à tous les «apaiseurs» en rond, il y a une solution militaire certainement, au moins temporaire : la destruction des infrastructures militaires, organisationnelles et sociétales du Hamas. C’est ce qui est en train de se faire à Gaza. Ne pas le croire, ne pas le faire serait se plier à la volonté de ceux qui veulent vous détruire. Ce n’est pas le cas d’Israël, ses ennemis le savent, ses amis devraient s’en souvenir avant de lui demander de se suicider en chantant…

Les jours qui viennent, nous apprendrons que le temps où Jésus, un juif qui a réussi au delà de tout espoir, prêchait «tendre l’autre joue», est révolu depuis longtemps. On est toujours obligé de suivre la loi du Talion. Nonobstant la volonté de l’Europe d’apaiser l’ogre islamiste et la propension générale des élites bien pensantes à diaboliser Israël pour mieux le délégitimer, quelque chose est en train de se passer à l’échelon mondial. Une certaine révulsion contre la terreur islamique, certes pour l’instant quand il s’agit de ce qui se passe en Indonésie, en Thaïlande ou à Bombay, commence à se manifester avec de plus en plus de vigueur. L’espoir n’est pas perdu, qu’un jour les assassinats suicides, les actions terroristes de tout poil, les tirs de fusées, fussent-elles «artisanales», tout ce dont Israël a bénéficié en premier avant le reste du monde, soit considéré comme l’expression de la barbarie islamiste qui ne se justifie par rien d’autre que la volonté de détruire ceux qui ne sont pas les adeptes du prophète… Et qui sait, à partir de là (mais cela a commencé déjà) le monde entier commencera à se détacher de la «cause palestinienne».

Quant au Hamas, «Nous croyons à la mort, dit-il, tandis que vous croyez à la vie». Parfois on obtient ce que l’on souhaite (Barry Rubin). C’est le cas aujourd’hui à Gaza, ils ne devraient pas s’en plaindre.

La France, assurant encore deux jours la présidence de l’Europe, a convoqué à Paris les ministres des affaires étrangères des 27. Tandis que les pays arabes, eux, ont quelques difficultés à se mettre d’accord sur la tenue d’une réunion pour condamner d’une seule voix Israël. Ils devaient se rencontrer en urgence mais ils ne le feront que le 2 janvier. Comment ? Faire attendre les frères palestiniens encore trois jours ? Cela ressemble à la volonté de laisser Israël casser le Hamas autant que faire se peut, non ? Et pour que l’on ne se trompe pas, Monsieur Moubarak explique à l’Europe que ceux qui tirent les ficelles sont l’Iran et la Syrie et que l’Europe a tort d’accorder le bénéfice du doute à ces derniers.

Sans doute on reparlera de «disproportion» et de la «nécessité du dialogue». En sortant de réunion, Bernard Kouchner a menti doublement en parlant de «catastrophe humanitaire» et en travestissant le communiqué officiel qui parlait d’une «trêve permanente respectée de tous» en disant «une trêve de 48 heures», ajoutant «j’ai vu des trêves de 48 heures qui ont tenu longuement et des trêves supposées longues qui n’ont pas tenu 48 heures». Pourquoi ? Pourquoi la France veut-elle sauver le Hamas comme jadis elle a sauvé Arafat en l’évacuant avec armes et bagages de Beyrouth à Tunis ?

© Marin Birnbaum pour LibertyVox

 

 

 

INTRODUCTION A LA COMMEMORATION DU BICENTENAIREDE LA CREATION DES CONSITOIRES.

 

Les Rois de France et les Juifs.

Certains mots du vocabulaire français ont, pour les Juifs, une connotation toute particulière ; celui «d’émancipation» est certainement le plus chargé de sens.

 

Tous les historiens considèrent la Révolution française comme la grande bienfaitrice du Judaïsme français. Quel homme de bonne foi ne le reconnaîtrait-il pas ?  En s’appuyant sur la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, véritable décalogue de la révolution, l’Assemblée Constituante changea complètement la condition  des Juifs en leur accordant la qualité de citoyens français.

Ils ont toutefois négligé ou omis de préciser, que l’émancipation était le point de départ d’un processus lent, mais inexorable, qui allait diluer les Juifs dans une masse anonyme et leur enlever leur âme et leur identité.

L’histoire juive évolue dans la contradiction permanente. Quand les juifs sont l’objet de répression, soumis à une législation avilissante, ils se replient sur eux-mêmes et trouvent dans leur propre culture  de quoi satisfaire leur curiosité intellectuelle ; par contre s’ils bénéficient des mêmes droits que les autres, le judaïsme  en fait les frais.

Il est curieux de constater que l’assimilation et le rejet du judaïsme par les Juifs eux-mêmes sont des faits méconnus quand ceux-ci font l’objet d’une législation particulière

Les conséquences d’une législation particulière.

 

Le premier indice d’une disposition législative statuant sur le sort des Juifs de France est l’édit de Childebert rendu, soit en 533, soit en 540 leur interdisant de paraître en public depuis le Jeudi Saint jusqu’au dimanche de Pâques.

Clotaire II, en 614  leur interdit toute fonction donnant autorité sur les Chrétiens et en 629 Dagobert Ier s’inspirant de l’exemple de Childéric I, leur enjoignit de se convertir ou de vider ses Etats. Philippe II chassa les Juifs de son royaume en 1096. Philippe Auguste et Saint Louis prirent contre les Juifs des mesures d’une importance particulière ; l’un et l’autre réglementèrent très étroitement le prêt à l’intérêt permis aux seuls juifs  et firent remise de tout ou partie des dettes contractées par les chrétiens envers leurs créanciers juifs.

Philippe Auguste, en 1182, ordonna aux Juifs de quitter son royaume, confisqua leurs immeubles et fit vendre leur mobilier. Saint Louis alla plus loin en obligeant tous les Juifs à porter une marque particulière sur leurs vêtements conformément aux décisions des conciles de Latran (1215), de Narbonne (1229) et d’Arles en 1234. Par ailleurs, il défendit de recevoir en justice le témoignage d’un Juif contre un Chrétien.

Philippe III le Hardi marcha sur les pas de ses prédécesseurs, son attitude envers les  Juifs était conforme au droit Canon. Ce dernier précise que :

I) Les Juifs ne peuvent avoir d’esclaves chrétiens, ni employer des chrétiens pour le service de leur maison ou de leur famille. Il est interdit aux Chrétiens d’accepter un emploi permanent et rémunéré chez des Juifs.

2) Il est spécialement et sévèrement interdit aux chrétiennes de s’engager comme nourrice chez des Juifs.

3)  Les Chrétiens ne peuvent recourir, en cas de maladie, aux services de médecins juifs, ni accepter des médicaments préparés par des mains juives.

4)   Il est interdit, dans tous les cas, aux Chrétiens sous peine d’excommunication d’habiter dans la même maison ou dans la même famille que les Juifs.

5)  On doit veiller à ce que les Juifs ne parviennent pas à la vie publique, ni à occuper des fonctions qui leur donneraient une certaine autorité sur les Chrétiens.

6)  Il est interdit aux Chrétiens d’assister aux mariages des Juifs et de prendre part à leurs fêtes.

7)  Les chrétiens ne peuvent inviter les Juifs à dîner, ni accepter les invitations des Juifs.

L’évêque autrichien d’origine juive Mgr Kohn, ancien professeur de droit Canon qui rapporte ces règles ajoute ce commentaire édifiant : « Si ces règles de hautes sagesse avaient toujours été suivies dans notre pays, nous n’aurions pas à redouter les périls de la « question juive » Ce sont elles qui avaient inspiré un grand nombre des ordonnances royales grâce auxquelles pendant tant de siècles, la France a été préservée de l’envahissement sémitique si menaçant de nos jours. Notre droit public aurait bien fait de ne pas s’en écarter ; il n’est jamais salutaire pour un Etat de suivre une politique contraire aux lois de l’Eglise. L’histoire est là pour témoigner de la prudence de l’Eglise pour cette difficile question et les Juifs se sont chargés eux-mêmes comme on le verra plus loin, de rendre hommage, dans une circonstance solennelle , à la paternelle bonté des pontifes et du clergé catholique à leur égard. Quant aux mesures prises par les rois de France contre les sémites, elles ont excité au plus haut point l’indignation, généralement de commande de certains écrivains heureux de trouver cette occasion d’attaquer les traditions chrétiennes et monarchiques de l’ancienne France. Les ordonnances royales furent sévères, sans doute, pour les Juifs mais la sévérité est souvent un mérite, parfois même une vertu.  Quand on étudie l’histoire du peuple hébreu en France, on comprend bien vite que cette rigueur fut une épreuve de sagesse de la part de nos rois ; et qu’une législation coercitive à l’égard des sémites usuriers et perfides était conforme à l’intérêt du pays et à la sécurité même des populations chrétiennes. Deux des rois qui contribuèrent le plus à la grandeur de la France Philippe Auguste et Saint Louis, furent particulièrement sévères à l’égard des Juifs. Dira-t-on que leur politique était injustifiée et essayera-t-on de prétendre que Saint Louis, modèle incontesté de vertu et de justice, ait édicté des lois contraires à l’équité ? »

Comme on peut le constater dans ce commentaire, les rois de France rendaient des ordonnances sévères et humiliantes pour préserver les chrétiens d’une influence néfaste des Juifs.

Il convient de constater qu’en dépit des expulsions, des brimades et des vexations, le Judaïsme durant toute ces époques n’a cessé de progresser sur le plan culturel, social et religieux.

On a l’impression que les actes vexatoires des chrétiens n’ont pour effet que de rendre les Juifs encore plus juifs.

Certains rois se montrèrent assez bienveillants au début de leur règne ; c’est le cas de Philippe le Bel, qui fut davantage guidé par ses intérêts que par des scrupules religieux. Mais, lui aussi, les expulsa de son royaume par une ordonnance du 22 août 1311.

Louis X, en 1315, leur ouvrit les portes moyennant certaines conditions dont Philippe V adoucit la rigueur. A la fin du règne de ce prince, de nombreux Juifs, accusés d’avoir empoisonné les puits, furent brûlés vifs et le fisc encaissa, par la confiscation de leurs biens, environ 150.000 livres.

Les règnes de Jean II et de Charles V apportèrent une tranquillité relative, mais peu après les Juifs furent victimes en 1380  d’un grand massacre à Paris et dans plusieurs villes.

Le 17 Septembre 1394 Charles VII prononça leur bannissement perpétuel. Peu de temps après il proclama l’abolition de leurs créances. Louis XIII à son tour prononça contre eux un nouvel édit de bannissement. Louis XIV les chassa des colonies françaises, Louis XV leur interdit  le commerce hors des villes où ils étaient domiciliés.

Comme on peut le constater, humiliations, vexations répressions expulsions ne vinrent pas à bout des Juifs. En dépit des bannissements, ils retournent presque toujours dans le pays. C’est l’illustration d’une vitalité remarquable et surtout du réel attachement à leur particularisme juif. Tant de haine et de violence pouvaient conduire à renoncer au Judaïsme ; il n’en fut rien et le contraire se produisit. Faut-il en conclure que les Juifs ne conservent leur Judaïsme que dans l’adversité ? Que l’antisémitisme est un allié précieux du Judaïsme ? Il est difficile de soutenir ce paradoxe cela nous conduirait à une situation absurde.

Pourtant, il s’agit d’une donnée permanente : quand les Juifs marquent bien l’originalité de leur culture et de leurs traditions le patrimoine culturel juif s’en trouve enrichi.

 

DES MAÎTRES EMINENTS

 

C’est ainsi qu’en dépit des vexations de toutes sortes, la culture juive en France parvenait au plus haut degré de sa gloire, elle vit naître un grand maître en la personne Rabbi Salomon Ben Isaac, plus connu sous le non de RACHI.

 

Né en 1043, à Troyes, en Champagne, Rachi par ses immenses travaux porta les connaissances juives à une hauteur jamais égalée. Cet homme fut au plus haut degré ce qui caractérise, dans les annales des nations, les grandes figures littéraires : C’est d’être l’expression vivante d’une époque. C’est par là que leur mémoire est immortelle comme symbole des principes éternels qu’ils ont enseignés et des œuvres indestructibles qu’ils ont laissées.

Les Français qui honorent  son mérite le nomme communément le Prince des Commentateurs, et ce titre est justifié par les éloges que les savants font de l’immense érudition de ses commentaires, où il question de différentes sciences avec la connaissance des causes.

C’est ainsi que dans son commentaire sur le Talmud, Rachi décrit comment la chirurgie opérait la taille latérale pour suppléer l’accouchement naturel, et ailleurs, il cite l’ouvrage fondamental du fondateur de l’école de Montpellier (Carmoly, la France israélite, Paris,1855)

La famille de Rachi donna à la France des Rabbins illustres : son gendre Rabbi Meïr ben Samuel, fut un grand savant, son petit fils Rabbi Samuel ben Meïr de Troyes (RACHBAM) fut un grand commentateur et il acheva l’ouvre de son grand père, notamment les commentaires sur le Talmud.

Un autre petit fils de Rachi, Rabbi Jacob Ben Meïr  de Ramerupt, plus connu sous le nom de RABBENOU TAM, s’est fait remarquer par ses gloses sur le Talmud, qui  ont exercé sur le monde juif la même influence que les écrits de son grand-père. Enfin le troisième petit fils de Rachi, Rabbi ISAAC Ben Meïr, se distingua aussi par ses gloses sur le Talmud.

Paris fut au cours du XIIe et XIII e siècles le siège d’écoles très célèbres. Parmi les rabbins distingués de l’école de Paris, Rabbi Elie Ben Yéhouda mérite la première place, son nom est souvent cité dans les gloses sur le Talmud. Le second Rabbi Yéhouda Ben Isaac, dit Sir Léon de Paris naquit dans la capitale en 1160 et devint l’un des principaux disciples de Rabbi Isaac Ben Samuel de Dompière. Sir Léon parvint à rétablir et à faire fleurir les études talmudiques en France.  On compte parmi ses disciples  Rabbi Yéhiel de Paris, qui le remplaça à la tête de l’école de Paris ; Rabbi Moïse de Covey et Rabbi Isaac or Sérouya  de Vienne.

Rabbi Yéhiel de Paris avait dans son école plus de trois cents disciples ; tous ces savants sont des auteurs de livres qui ont enrichi le patrimoine littéraire et religieux du peuple juif.

Son gendre, Rabbi Isaac de Corbeil jouissait d’une grande réputation ; s’apercevant que de nombreux préceptes n’étaient pas observés, il entreprit en 1277 de composer un manuel pratique où il n’est question que de préceptes de morale et de religion d’un usage journalier ; cet ouvrage est intitulé « Séfer Mitsvoth Qatan »

A côté  des rabbins que nous venons de citer, on en distinguait encore beaucoup d’autres qui ont par leurs œuvres renforcé le Judaïsme, enrichi la connaissance juive et de ce fait préservé la Torah de la perdition.

A l’exemple des écoles du nord et du centre, des académies juives s’étaient formées dans un grand nombre de villes méridionales ; Narbonne, Lunel, Béziers, Carcassonne, Nîmes, Montpellier, Arles, Marseille et ailleurs encore. De ces académies sont sortis d’éminents docteurs de la Loi qui ont fait respelendir la gloire d’Israël dans le monde entier. Il faudrait des volumes entiers pour tracer à grands traits la vie de ces illustres rabbins et pour dresser la liste de leurs œuvres.

Le XIV e siècle, qui fut pourtant une ère de décadence intellectuelle, a vu fleurir des écoles de renom comme celle fondée à Paris par Rabbi Mathias ben Joseph Tierres pour former des rabbins.

Par ailleurs, ce même siècle a vu naître un rabbin illustre Rabbi Lévi ben Gerson qui fut le représentant le plus éminent du mouvement philosophique juif français. Il faut également citer Rabbi Moïse Narboni de Perpignan, Grand commentateur de Maïmonide.

Mais comme l’écrit Simon Schwarzfuchs : «  Le XIVe siècle marque aussi bien la fin d’une histoire culturelle que celle d’une histoire physique. Le Judaïsme français n’existe pratiquement plus.

Les persécutions incessantes, les expulsions, les spoliations, les vexations sont venues à bout des Juifs. Cependant, chose étrange, leur culture, leur identité, leur fidélité à la Tradition et leur attachement aux valeurs juives n’ont jamais faibli, même à des époques difficiles comme le XV° et le XVI° siècles. Puis vinrent la révolution française et l’émancipation avec son cortège de catastrophes.

NAPOLEON ET LES JUIFS

 

La révolution française et ses conséquences sur la communauté juive ne sont pas l’objet de notre propos, la structure actuelle de la communauté juive est l’œuvre de Napoléon Ier,  c’est donc à lui que nous voudrions consacrer cette  partie de

notre travail.

Napoléon, en effet, eut une perception fine et exacte de la manière de faire disparaître les Juifs sans la moindre violence. Il est tout à fait étrange de constater que des Juifs éminents n’éprouvaient aucune inquiétude devant le comportement de Napoléon.

Bedarride, historien juif, écrivait : «  Le nom de Napoléon doit être inscrit en tête de l’ère nouvelle qui s’est ouverte pour les Juifs ». Cette ère nouvelle est en fait, la plus triste de l’histoire  du judaïsme  français. L’assimilation galopante, la dilution rampante et la disparition de milliers de familles surviennent dans la parfaite quiétude et l’ambiance euphorisante de l’émancipation.

Napoléon réglementa les cultes et en fit un rouage administratif de son gouvernement. Le culte israélite ne fit pas exception ; il fut l’objet des bons soins de Napoléon. Mais tel un iceberg, ce que Napoléon disait ou faisait ne représentait que la face visible.

L’organisation des assemblées de notables réunis à Paris sur  l’ordre de l’Empereur, et l’important décret du 17 Mars 1808, ne sont que les paravents d’une entreprise machiavélique, à laquelle les Juifs se sont associés sans percer un seul instant les véritables intentions de l’Empereur.

Quant aux Juifs eux- mêmes, ils firent preuve de servilité, pour prouver qu’ils méritaient la citoyenneté française. Ils se comportaient comme de bons enfants que l’ont aurait gâtés.

En 1800 déjà, une association de juifs hollandais avait publié la résolution de ne connaître que la religion pure et consolante de Moïse et de rejeter les institutions qui, jusque là étaient dénommées talmudiques.

Lors du rétablissement des cultes en 1802, l’Israélite ne fut pas reconnu. Portalis, commissaire impérial à l’Assemblée des notables  donnait la raison suivante : » Les Juifs forment bien moins une religion qu’un peuple qui existe chez toutes les nations sans se confondre avec elles… et qui, pour tout ce qui concerne son sacerdoce et son culte, regarde comme un de ses plus grands privilèges de n’avoir que D. même, pour législateur. » Traduit clairement, cela veut dire que les juifs doivent devenir comme les autres. D’ailleurs, dans le livre  « Les cultes non catholiques en France et en Algérie »  M. Hepp exprimait tout haut ce que les autres pensaient tout bas. Avant d’accorder  écrivait-il, au culte Israélite les privilèges qui sont l’apanage des cultes reconnus, il fallait mettre les usages juifs en harmonie avec les lois de leur pays d’adoption et soumettre à des règles uniformes tous les groupes de Juifs »

Ce travail qui allait entraînait le déclin de la communauté juive de France fut précisément entrepris par l’Assemblée générale des Notables Juifs réunie à Paris en 1806.

Il est tout à fait surprenant que les Juifs ne se soient pas rendu compte de la finalité de toute l’entreprise  napoléonienne : régler le problème juif par leur assimilation. Pour cela, il fallait créer les conditions pour précipiter cette assimilation ; c’est pourquoi, avant les décrets qui suivirent les Assemblées réunies par Bonaparte en 1806, il y eut de la part, soit du gouvernement consulaire, soit du gouvernement impérial, quelques décisions intéressantes, dont le but ultime était de préparer le terrain aux mariages exogamiques. Et dire que les Juifs se réjouissaient tous, d’être enfin devenus comme les autres, quelle tragédie.  

 

 

 

 

 

 

       

 

 

 

Analyse du livre « Pour Allah jusqu’à la mort.

 

Islamisme et nazisme : une convergence occultée

La convergence entre certains aspects de l’islamisme contemporain et le nazisme n’est pas fortuite, et elle permet de comprendre plusieurs dimensions largement occultées du mouvement islamiste. Le chercheur allemand Matthias Küntzel a observé que les deux mouvements – l’islamisme et le nazisme – sont apparus à la même époque, et qu’ils représentaient tous les deux une tentative de répondre à la crise économique mondiale de 1929 et à la crise politique du capitalisme libéral. Cette coïncidence historique s’accompagne d’une convergence idéologique, soulignée par Küntzel, mais très souvent passée sous silence par les spécialistes de l’islamisme.

Dans mon livre
Le Sabre et le Coran, j’ai abordé le thème de la connivence idéologique entre le fondateur des Frères musulmans, Hassan Al-Banna, le grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amin Al-Husseini, et le nazisme. Trop souvent, les liens entre le Mufti – organisateur de la « révolte arabe » en Palestine mandataire dans les années 1936-1939 – et l’Allemagne nazie sont attribués à une pure alliance de circonstance, en vertu du principe selon lequel « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». En réalité, comme je l’ai souligné et comme l’ont montré différents auteurs, ces liens traduisaient une profonde convergence idéologique et politique, qui s’est perpétuée depuis, alors même que le nazisme a été vaincu en tant que régime politique et que son idéologie a été apparemment éradiquée. Matthias Küntzel - auteur d’un ouvrage pionnier sur ce sujet (Matthias Küntzel, Jihad and Jew-Hatred : Islamism, Nazism and the Roots of 9/11, Telos, 2007.)- et d’autres chercheurs ont abordé ce sujet tabou, en montrant comment l’idéologie nazie et son corollaire, la haine des Juifs, se sont perpétuées après 1945 au sein du monde arabe, et comment l’antisémitisme européen a été transféré au sein du monde musulman par la propagande nazie, dont le Mufti Al-Husseini a été un acteur important (notamment par le biais de son émission en arabe sur les ondes de Radio Berlin). (Pierre-André Taguieff aborde ce thème à travers l’exemple du mythe des « Sages de Sion », dans son livre Prêcheurs de haine. Traversée de la judéophobie planétaire, Fayard 2004.)

Pour expliquer le phénomène des conversions à l’islam radical, Farhad Khosrokhavar souligne un autre aspect important : celui du culte de la mort. Elément fondamental de l’islamisme jihadiste, le culte de la mort – qui se traduit notamment par le recours aux attentats-suicides – est devenu de manière paradoxale un facteur d’attraction pour de nombreux convertis qui veulent échapper à la monotonie et à la vacuité de l’existence dans la société de consommation occidentale. Comme l’explique Khosrokhavar :

Mourir pour la cause sacrée est un stratagème qui permet de surmonter le sentiment de vide qui habite les classes moyennes des sociétés occidentales où la perspective d’une guerre généralisée s’éloigne des esprits et où aucune solution héroïque ne pointe à l’horizon.

Ainsi, la conversion à l’islam radical est à la fois, comme le fut autrefois la conversion à l’islam mystique que nous avons évoquée plus haut, un moyen de fuir l’ennui occidental (le fameux « spleen » dont parlait Baudelaire), et aussi une porte d’entrée dans un monde nouveau, d’où n’a pas été évacuée la dimension héroïque de l’existence. Cette « solution héroïque » dont parle Khosrokhavar, et qui prend la forme de l’engagement dans le djihad « sur le sentier d’Allah », correspond aussi à la soif d’aventure, présente chez certains convertis, qui est épanchée par la dimension guerrière et apocalyptique de l’islam contemporain.

La dimension apocalyptique de l’islam radical

Celle-ci est en effet un aspect important et peu connu du réveil de l’islam dans le monde contemporain. Elle traverse tous les clivages du monde musulman : entre sunnisme et chiisme, entre islam traditionnel et islamisme. Toutes les composantes de la mouvance islamiste contemporaine, depuis les Frères musulmans jusqu’au Hamas et à la nébuleuse Al-Qaida, partagent en effet l’espoir de voir le Califat islamique rétabli, et considèrent le « renouveau de l’islam » actuel – dont une des manifestations est la multiplication des conversions – comme le signe manifeste de la véracité des prophéties sur la victoire finale de l’islam et sa propagation dans le monde entier.

Ces croyances eschatologiques sont intrinsèquement liées à la dimension guerrière de l’islam contemporain, c’est-à-dire au djihad. En effet, dans la vision apocalyptique de la fin des temps, la victoire de l’islam doit être précédée par un affrontement généralisé entre l’islam et ses ennemis, c’est-à-dire l’Occident en général, et l’Amérique et Israël en particulier. Cette croyance est illustrée par le hadith cité à l’article 7 de la Charte du Hamas, passage essentiel qui éclaire la vision du monde du mouvement islamiste palestinien :

L’Heure ne viendra pas avant que les Musulmans ne combattent les Juifs et les tuent ; jusqu’à ce que les Juifs se cachent derrière des rochers et des arbres, et ceux-ci appelleront : Ô Musulman, il y a un Juif qui se cache derrière moi, viens et tue-le !

Ce hadith, cité sur d’innombrables sites Internet musulmans, signifie que le « combat contre les Juifs » constitue pour le Hamas un impératif non seulement politique, mais eschatologique. L’affrontement avec Israël n’est pas seulement le moyen de conquérir la terre de Palestine, mais il est la condition sine qua non à la venue de la fin des temps… Cette remarque s’applique également au combat entre Al-Qaida et l’Occident, qui s’inscrit lui aussi dans une vision apocalyptique de la fin des temps.

Farhad Khosrokhavar montre comment cette conception apocalyptique du djihad est précisément l’élément qui attire les convertis à l’islam radical, en proie à l’ennui et au vide existentiel de la société occidentale :

En l’absence de lutte majeure qui puisse galvaniser les esprits, reste le spectacle dérisoire d’une vie quotidienne que rien ne ragaillardit si ce n’est des faits divers dépourvus de sens ou des guerres lointaines qui se vivent par procuration à l’écran, dans une irréalité qui tranche avec l’ennui du réel…
Adhérer, de la part des convertis, à une vision djihadiste donne sens à la vie en lui assignant une fin tangible, une forme de défi qui consume dans la mort ce sentiment d’un temps quasiment immobile et d’une immanence qui nivelle tout . (F. Khosrokhavar, Les nouveaux martyrs d’Allah, op. cit., p. 314-315.)

Le culte de la mort est indissociable de cette dimension apocalyptique de l’islam djihadiste. Pour l’illustrer, plusieurs observateurs citent une affirmation récurrente dans la bouche de nombreux militants et dirigeants islamistes, du Hamas palestinien à Al-Qaida : celle de l’amour de la mort.
« Nous sommes entièrement dévoués à la cause de l’islam. Nous aimons la mort tout autant que vous aimez la vie », déclare ainsi un des auteurs des attentats du 7 juillet 2005 à Londres, cité par Matthias Küntzel. Mais en réalité, c’est un véritable leitmotiv du discours islamiste, que l’on retrouve notamment chez Arafat, chez le dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah, chez les terroristes de Madrid et de Londres, ou chez Oussama Ben Laden. L’origine de cette affirmation est peu souvent mentionnée : il s’agit d’une citation d’un hadith qui qualifie de faiblesse l’amour de la vie :

Un jour, les nations vous assiègeront de tous côtés, comme des convives affamés autour d’une seule jatte… Vous serez telle l’écume du torrent, Dieu fera que vos ennemis ne vous craindront plus, et il insinuera la faiblesse dans vos cœurs – Qu’est-ce à dire, ô Envoyé de Dieu ? – L’amour de ce monde et l’aversion de la mort. (Cité par G. Kepel [dir.], Al-Qaida dans le texte, op. cit. p.154.)

Le thème de l’amour de la mort et du « martyre dans le sentier d’Allah » est ainsi devenu un élément central du discours islamiste contemporain, que l’on retrouve tant chez les djihadistes d’Al-Qaida que chez les représentants du courant « centriste » comme Qaradawi. Il joue un rôle important dans la conversion à l’islam radical de jeunes Occidentaux en quête d’aventure, en proie à une haine farouche de leur pays natal, devenus des soldats et des cadres de la mouvance djihadiste, à l’instar du porte-parole américain d’Al-Qaida, « Azzam l’Américain ». Ces jeunes Occidentaux, convertis à l’islam sous sa forme la plus radicale et guerrière, sont prêts à sacrifier leur vie pour leur nouvelle foi, à l’instar des djihadistes nés musulmans, en suivant le « sentier d’Allah » jusqu’à la mort.


© Paul Landau pour LibertyVox

 

 

OMNISCIENCE DIVINE ET LIBRE ARBITRE

Le problème de la présence divine et de la libre volonté humaine, deux principes fortement ancrés dans la conception de la Torah, semble à première vue insoluble. Comment, en effet, concilier la libre volonté de l’homme qui comporte le libre choix avec la connaissance parfaite que D. a à l’avance de nos actes ? Si D. sait, avant que l’acte soit accompli, de quelle manière il sera accompli, nous sommes forcément loin d’être libres, ou notre liberté n’est qu’apparente  et non réelle. Ou bien nous sommes réellement libres d’agir dans un sens comme dans un autre, il est alors impossible que quiconque, même D. puisse avoir d’avance dans quel sens nous agissons.

 

Saadia Gaon explique dans le quatrième volume de son livre «  Croyances et opinions » que la connaissance de D. concerne les développements possibles, mais n’est pas la raison pour que le sel ou tel développement se fasse à la place d’un autre. Similairement, sa connaissance des choses possibles n’est pas une raison suffisante pour leur existence éventuelle… Rabbi Yéhouda Halévy  dans son Kouzari s’y rallie. Mais il est évident que cette explication est loin d’être suffisante, car elle revient à dire que D. ne connaît pas tout, que les choses et les actes dépendent d’autre chose que de lui, et qu’un événement actuel peut très bien être en contradiction avec sa connaissance qui serait non pas connaissance, mais ignorance.

 

Le problème se simplifie si nous réalisons que cette affirmation se rapportant à D. ne peut être que relative, et que toute action et toute pensée divine relèvent d’éléments qui échappent à notre pouvoir d’imagination au point qu’il est quasiment impossible d’appliquer des notions d’ordre philosophique ou scientifique à Dieu.

Cela signifie que le processus de la connaissance divine relève d’un domaine entièrement différent de celui dont relève la volonté de l’homme, en son libre arbitre. Il s’avère à ce moment-là que le problème ne peut se poser puisque, pour employer une image, les deux forces ne se choquent pas mais passent l’une à côté de l’autre. Maïmonide présente ces idées de la manière suivante :

 

Tu demanderas peut-être si Dieu ne doit pas connaître nécessairement tout ce qui sera et de même aussi ce que l’homme veut faire avant d’avoir commencé la réalisation de sa décision. Si Dieu sait que tel homme sera bon, il est impossible qu’il ne le soit pas. Mais aussitôt que tu auras affirmé une telle idée tu ne concevras plus où la liberté de l’homme peut s’intercaler, à moins que tu admettes que Dieu ne sache pas entièrement et absolument ce que l’homme s’apprête à faire, mais alors tu détruis ce que tu viens de construire. Mais sache que la réponse à cette question dépasse la mesure de cette terre et  qu’une foule de grands principes dépensent d’elle. Sache que Dieu sait, mais que sa connaissance n’est pas quelque chose d’extérieur à lui, comme c’est le cas pour l’homme, car les hommes et leurs connaissances sont deux choses différentes. Par contre, Dieu et sa connaissance ne sont qu’un, et notre esprit n’est pas capable de saisir la nature de cette unité. Et comme l’homme ne peut pas percevoir et comprendre la vraie nature du Créateur, ainsi l’homme n’a pas le pouvoir non plus de comprendre et de percevoir l’esprit de Dieu. Les prophètes  le disent clairement : car « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas Mes voies » Et parce que c’est ainsi, nous ne pouvons pas savoir comment Dieu connaît ses créatures et leurs actions nous ne pouvons qu’affirmer qu’il les connaît, en toute vérité. Et en même temps, nous sommes à même de dire que l’action de l’homme est entre la main de l’homme sans qu’aucune prédestination ou intervention extérieur n’entravent sa libre décision. Cela n’est pas seulement connu par la tradition de notre religion, mais aussi par des démonstrations logiques sans contredit, et c’est pourquoi il est dit que l’homme est jugé pour ses actes et ses faits, qu’il soit bon ou mauvais, et c’est cela le principe essentiel de toutes les prophéties depuis Moïse »

Le problème de la providence est intimement lié à la notion du temps, comme le terme même l’indique. Faisons abstraction du temps, et le problème cesse d’exister.

Le temps n’est pas seulement reconnu pour être une dimension de la matière, mais il participe aussi à l’univers matériel ( ce qui se retrouve déjà dans le premier mot de la Bible où le mot » au Commencement »  prouve que nous ne pouvons pas penser que quelque chose puisse se situer au-delà du commencement comme par ailleurs ce commencement n’existe que dans l’univers matériel dont l’existence débute par la création originale. Aristote dans le huitième chapitre de sa « Physique » s’exprime ainsi : « Comment parler de « avant » et de « après »  s’il n’y a pas de temps, et comment parler du temps, s’il n’y a pas de mouvement. Mais si le temps est la mesure du mouvement nécessairement est aussi éternel. Mais quand au temps, tous ont la même opinion, ils disent, qu’il n’a pas été créé. Platon seulement considère que le temps a été créé avec le ciel et que le ciel lui de son côté a aussi été créé. »

 

Avançons d’un pas. Dieu est indépendant du monde matériel. Le temps, mesure du mouvement, est uniquement une dimension à la mesure humaine. Donc, il n’y a pas de temps pour Dieu. Ainsi, la question de sa connaissance de l’avenir n’a plus de sens quand on la rattache au fait de Dieu, mais uniquement quand on la limite à la sphère humaine. A vrai dire, il n’est pas possible de parler de la « providence » (dans le sens de prévoir) de Dieu.

Cette conception est d’autant plus facilement acceptable que les découvertes récentes ont démontré que la notion du temps, même à l’intérieur du monde physique, ne peut pas avoir une signification absolue, qu’on ne peut pas parler d’un temps absolu. Même des faits tels que «  la simultanéité », ou «  la succession » ne sont valables que d’un point déterminé, que pour une position établie et soigneusement circonscrite. Vu d’un autre point, comparativement au premier, les relations du temps sont tout autres. Strictement parlé, chaque système possède son temps propre, incomparable, d’une manière directe avec celui d’un autre système.  

Ce fut Einstein qui a précisé ce fait capital par la démonstration qui se sert de deux sources de lumière en action. Même après avoir mesuré le temps nécessaire pour le parcours d’un rayon de lumière depuis la source lumineuse jusqu’à l’observateur, il subsiste la question relative à la valeur réelle de la mesure prise. Einstein démontra que si l’observateur A se déplace relativement à l’observateur B, deux événements qui ont paru simultanés à B n’ont pas apparu de la même manière à A. Aussi, même si l’on considère les rectifications nécessaires en raison de certains erreurs extérieurs, chaque observateur trouvera une différence de sa constatation avec celle de l’autre » (A-H Compton, »le temps »

Cette idée nouvelle est extrêmement claire dans le passage suivant que nous extrayons de l’ouvrage d’un physicien britannique renommé, Sir A. Ellington :

 

Quoique nous ne puissions pas réaliser l’expérience de placer quelqu’un à la partie extrême de l’univers, nous avons des connaissances scientifiques suffisantes pour déterminer d’une manière précise les processus physiques se produisant dans un corps immobile et dans un corps se trouvant en mouvement rapide. Nous pouvons affirmer définitivement que le processus physique dans un corps en mouvement apparaît comme étant plus lent que le même processus dans un corps immobile (par rapport au temps astronomique) Ainsi, en ce qui concerne la vie physique, il s’avère que le corps en mouvement rapide vit plus lentement. Son système circulatoire, ses phénomènes de fatigue, le développement de son corps depuis la jeunesse jusqu’à la maturité, les opérations psychologiques et mentales se produisent à une cadence plus lente, sa perception et sa réaction étant subordonnées également aux mêmes restrictions. Même  la montre qui marche dans sa poche n’en est pas exclue. Si la rapidité est très accélérée, nous trouvons que, pendant que l’objet immobile atteint l’âge de 7a ans, l’objet en mouvement peut ne parcourir qu’une année. Il ne sait trouver de l’appétit que pour 365 déjeuners et dîners, son intellect, ralenti par le phénomène général dont il est l’objet, a traversé une progression de maturité correspondant à une année terrestre  seulement. Et sa montre, suprême témoin du temps reconnu à ses sens, le lui confirme. A en juger par le temps enregistré par les deux consciences respectives, l’une de l’être immobile, et l’autre de l’être en mouvement, on s’aperçoit que deux hommes n’ont pas vécu, entre deux points de repères, la même « quantité » de temps.

 

Il nous importait uniquement de trouver que notre problème peut être élucidé par la nature si particulière de Dieu. Pour Lui il n’existe pas de temps, et sa connaissance est d’un ordre entièrement différent du sens que ce mot peut avoir pour nous. Ceci peut être démontré logiquement sans que, mentalement, en puisse saisir la valeur complète de ce phénomène. Nos facultés, strictement façonnées à la mesure du temps et de l’espace, nous refusent leur service dès que nous abordons le fond de la question. Mais si nous ne comprenons pas comment Dieu « opère » nous savons qu’Il « sait » (quoi que cela signifie) et il reste que nous possédons entièrement la liberté morale et la responsabilité qui en sont les conséquences immédiates.

 

                                                      Paul Forchheimer  (Yéchouroun  MAI 1946)    

 

LES BASES DE LA MORALE JUIVE

Il n’est pas possible de parvenir à une compréhension  parfaite de la Tradition juive sans une connaissance approfondie  de l’idée du Dieu d’Israël. De nombreuses déviations proviennent   du parallélisme que l’on fait, souvent  inconsciemment, entre la conception juive de D. et la conception dans  d’autres doctrines. La connaissance  de l’esprit juif et de la civilisation hébraïque suppose une approche de D. telle que le Judaïsme l’entend. C’est pourquoi nous donnons ci-après deux textes qui traitent du D. d’Israël. Le premier est celui du Rabbin Benjamin LIPMAN  (1859) et le second celui de Aimé PALLIERE.

 

«  Connaître D. est le but le plus élevé qui soit proposé aux efforts de l’humanité (Isaïe 11,9). Lorsque tout entière elle l’aura atteint, l’époque bien heureuse du Messie sera venue. Cependant  les infirmités attachées à notre existence éphémère, ne permettent à notre intelligence impuissante qu’une connaissance imparfaite de son Créateur. Moïse lui-même dut reconnaître que nul mortel ne saurait, pendant sa vie terrestre, voir la Divinité (Exode 33,20)

 

N’essayons pas de franchir les justes limites au-delà desquelles la raison cesse de nous guider, l’imagination seule nous conduit dans le vague et dans l’inconnu, et nous fait errer d’écueil en écueil comme un vaisseau sans gouvernail. Craignons que les idées les plus contraires ne viennent se mêler dans notre esprit et faire naître les conceptions les plus monstrueuses. Craignons que nos recherches insensées sur l’essence divine ne nous mènent à la négation de la divinité, ce qui serait le juste et terrible châtiment de notre orgueil.

D. est essentiellement incorporel, il est  un pur esprit qu’on ne saurait, en aucune manière se représenter. Aucune forme n’est apparue à nos pères, au jour de la révélation (Deut.4, 15). Quelle ressemblance pourrions-nous trouver à D. ? A quel être le comparer ? (Isaïe 40,18). Rien ne peut le contenir, les cieux et les cieux des cieux ne peuvent l’enfermer (Rois I, 8,27)  Il est lui-même, au contraire, selon l’heureuse expression de nos Sages, l’espace, pour ainsi dire, dans lequel se trouve l’univers .Il n’a ni fin ni commencement, Il n’existe par aucune cause étrangère : Il est parce qu’il est (Exode 3,14) Sans lui, rien ne peut être conçu comme existant. Il peut dire : «  Je vis éternellement  (Deut. 32,40) Je suis le premier et Je serai le dernier (Isaïe 44,6). » Il peut se proclamer immuable (Malachie 3,6). Ce qui est créé et matériel ne saurait être affranchi de la corruption et du dépérissement ; mais l’être spirituel qui n’existe que par lui-même, ne peut subir aucun changement. Toutes les créatures périront et lui demeurera ; elles s’useront comme s’use un vêtement, mais lui restera toujours le même, ses années ne cesseront jamais de couler. (Ps. 102,27) C’est l’ignorer, c’est le blasphémer que de supposer en lui quelque variation. Celui qui est parce qu’il est, disent nos Sages, a protégé Israël pendant son esclavage dans l’Egypte, et il se trouvera partout avec son peuple opprimé. (Bérakhoth 9.b). Celui qui tient tout de lui-même, doit réunir en lui des perfections infinies, en sorte qu’il est impossible à la parole même de représenter la Divinité. Nous ne pouvons adresser à Dieu que des éloges partiels, dictés par les circonstances ; nous ne saurions épuiser les louanges que nous lui devons.

Ô D. ! Ô Toi qui seul te suffis à toi-même et à tout ce qui existe ! Nulle

 intelligence n’est capable de comprendre ton être.

Notre pensée se perd, s’évanouit devant l’éclat de tes perfections infinies. Un silence humble et recueilli est la seule louange que nous puissions dignement t’adresser ! Tant que nous vivons de la vie terrestre, nous ne pouvons pas voir ta « Face », nous ne pouvons que t’entrevoir par derrière (Exode 33,20) dans les effets merveilleux par lesquels tu as voulu te manifester à nous ; mais cela nous suffit. Soyons attentifs, comme le chantre sacré, (Ps. 19, 2-5) à l’éloquence des cieux qui nous racontent la gloire de D. L’étendue offre à notre administration des ouvrages du Créateur. C’est un enseignement continuel que le jour communique au jour et la nuit à la nuit. Ce ne sont pas des paroles dont on perçoive le son, et pourtant elles sont entendues d’un bout de l’univers à l’autre. Qu’elles retentissent au fond de notre âme, ces paroles magnifiques, et nous nous sentirons élevés sur les aides de la plus fervente adoration vers le divin Créateur, qui, sans en éprouver le moindre besoin a tout tiré du néant par un acte de sa volonté toute puissante, par un effet de la bonté.

Quel besoin  pouvait avoir l’Etre éternel de produire toutes les créatures sorties de ses mains ? Est-il une influence capable de faire agir celui de qui émane toute puissance ? Lui qui est immuable et qui a éternellement existé avant ses œuvres, a-t-il pu, en les formant, subir quelque nécessité survenue ? Non, D. n’a rien créé que par un acte libre de sa volonté. Il a tout fait : il a suspendu les cieux, lui seul, il a étendu la terre par son propre mouvement. (Isaïe 44,24)

Les bases de la morale juive suite I

 

La nature révèle l’intelligence de son auteur, une rigoureuse logique enchaîne les lois qui la gouvernent, et dont les effets ont été prévus avec une infaillible prescience. C’est par sa force que D. a produit, c’est son autorité qui a commandé et fait obéir, c’est sa puissance qui seul maintient tout, fait tout subsister ; il prononce avec droiture sur le  sort de chaque être ; sa justice imprime à chaque effet le caractère de la création une source intarissable de bienfaits, enfin sa miséricorde tient compte de faiblesses de ses créatures, pour qui ses bontés leur soient conservées malgré leurs fautes.(Haguigua 12) Reconnaissons à ces traits un Créateur libre dans ses résolutions.

 

C’est par sa seule puissance que D. agit, par cette puissance partout présente qu’il faut exalter avec le prophète (Isaïe, 6,3) Saint, saint, saint est l’Eternel, sa majesté remplit l’univers ; Par cette puissance dont l’action ne peut être éludée et devant laquelle il faut s’humilier, se confondre et dire : Où irai-je ? Où fuir devant toi ?... Dans les cieux ? Dans l’abîme ? … Tu es là ! Au levant et au couchant, partout c’est ta main qui me conduit ! Les ténèbres les plus épaisses ne me cachent pas devant toi : la nuit devient resplendissante de lumière devant ton regard pénétrant ! Par cette puissance enfin qui jamais ne se fatigue, (Isaïe 40,28) qui produit tous les êtres en leur commandant d’exister. C’est par sa parole que les cieux ont été formés, (Ps. 33,6) c’est au souffle de sa bouche que les constellations obéissent. La création la plus sublime, celle qui dépasse le plus notre conception, la lumière, D. dit qu’elle soit, et la lumière fut. (Gen.1, 3)

 

C’est ce n’est pas une fois sentiment que la puissance et la bonté divine ont agi pour tirer l’univers du néant. L’œuvre de la créatrice continue depuis l’origine de toutes choses jusqu’à la fin des siècles. Chaque jour le D. puissant et bon créé ; car rien ne saurait exister sans que le Créateur le conserve et cette conservation continuelle est une création incessante. La Providence de D. est l’exercice constant de sa puissance, de sa bonté, de sa grâce infinie. Glorifions cet attribut divin. D. a commandé, tout fut créé, et il maintient tout constamment : les règles qu’il a établies son immuables. Seul  il a formé les cieux et tout ce qu’ils renferment, la terre et tout ce qui s’y trouve, la mer et tout ce qu’elle contient, seul aussi il entretient tout. Il nous a donné la vie et il nous donne chaque jour la nourriture qui la  sustente

Notre intelligence et notre activité seraient stériles, si D. ne veillait sans cesse sur nous. C’est en vain que nous édifions quand le ciel ne veut pas que notre œuvre réussisse, en vain la sentinelle garde la cité que la Providence ne protège pas de son égide. (Ps. 127,1) Partout et dans quelque situation où nous nous trouvions, l’Eternel est toujours avec nous. Dussent notre père et notre mère nous abandonner, le ciel nous recueillera (Ps. 27, 10)  Pensée consolent ! Elle rassure Jacob fuyant devant la haine d’Esaü. Seul, sans ressources, sous un ciel étranger, il se livre à un sommeil paisible, après les fatigues du voyage, et aperçoit, dans un rêve, une échelle qui, posée sur la terre, atteint jusqu’au nues, et où les anges de D. montent et descendent (Genèse 28,22) Le Patriarche, plein d’une pieuse confiance

 

 

                                                                                   A suivre..

 

 

LES JUIFS DANS LE MONDE MUSULMAN.

 

Un certain nombre d’auteurs juifs, emportés par une rancune à l’égard du christianisme, qui trouve ses justifications  dans le passé, ont soutenu que les Juifs avaient bénéficié d’une large tolérance dans le monde musulman, alors qu’ils subissaient d’atroces persécutions dans le monde chrétien.

 

Il est vrai que les musulmans se sont rarement comportés avec la stupide férocité qui a animé les chrétiens à l’égard des Juifs au Moyen Age : expulsions et massacres, dont certains ont revêtu une particulière cruauté ; tel celui des Juifs de Jérusalem brûlés dans leurs synagogues par les croisés lors de leur entrée  dans la Ville sainte. Mais il est faux de se référer aux excès des uns pour conclure à la tolérance des autres. Si les Musulmans firent rarement montre de la violence chrétienne, ils accablèrent les Juifs  (comme les Chrétiens) d’humiliations  qui prirent souvent le caractère d’une insupportable oppression.

 

Et pourtant Mahomet devait beaucoup aux Juifs et aux Chrétiens. Il se présente lui-même comme le successeur d’Abraham, de Moïse et de Jésus ; ou mieux comme leur somme : le sceau des prophètes. Le Coran fait en plusieurs passages allusion à des hommes qui instruisirent le Prophète, ou du moins l’inspirèrent. Ces hommes ne pouvaient être que Juifs ou Chrétiens. Une abondante littérature existe sur ce point, et une longue controverse opposa les partisans des inspirateurs juifs à ceux des inspirateurs chrétiens ; certains avancent que Mahomet a trouvé ses modèles dans une secte gnostique  judéo-chrétienne, les Qaysites ; d’autres formulent l’hypothèse qu’il a été en contact avec une secte de Juifs réformés. Au-delà de ces controverses, il parait incontestables que le Coran, dans le fond et jusque dans son vocabulaire, a largement fait appel aux philosophes, à l’histoire et aux légendes juives et chrétiennes. Il semble toutefois que l’Islam s’apparente plus étroitement au Judaïsme qu’au christianisme, par le rite de la circoncision, par ses lois alimentaires, par la rigueur de son monothéisme.

Aussi bien Mahomet, rejeté par ses convictions mecquoises, comptait-il sur les Juifs de Médine pour adopter et répandre la religion qui lui avait été révélée. Mais à son grand désappointement ceux-ci, loin de se laisser convaincre, le harcelèrent de leurs contradictions. Aussi, dès qu’il eut assuré son pouvoir par sa victoire sur les habitants de la Mecque, en 624, il expulsa ou massacra les Juifs de Médine, et installa ses premiers sectateurs sur leurs florissants domaines. Les Juifs de Khaïbar ne furent guère mieux traités : ils furent dépossédés des terres de la riche oasis qu’ils durent cultiver pour des maîtres musulmans. Ce fut le premier affrontement, sinon judéo-arabe, du moins judéo-musulman. 

 

Malgré sa déception, et les mesures de rigueur qui s’ensuivirent, Mahomet ne traita cependant pas les Juifs et les Chrétiens (et, dans une certaine mesure les Zoroastriens) comme les païens. Les derniers n’eurent que la ressource de se convertir  s’ils voulaient  échapper au massacre. Les premiers purent conserver leur religion. C’est que le Prophète estimait avoir reçu, avec le Coran, la suite et la somme des révélations contenues dans la Bilble et l’Evangile. Juifs et Chrétiens avaient donc reçu les Ecritures, ils étaient gens du Livre, Ahl el-kitab. Bien qu’ils aient, selon Mahomet, corrompu ces Ecritures, Ils avaient droit à une certaine considération. Ils pouvaient, sous la protection des musulmans, devenir Dhimmi- protection bien entendu rémunérée par une taxe- conserver leurs  croyances, leur hiérarchie religieuse, leur organisation sociale, leurs juridictions en matière de statut personnel. Mais ils devaient être tenus rigoureusement en dehors de la société musulmane.

O croyants ! Ne prenez pas pour associés les Juifs et les Chrétiens…Quiconque parmi vous les prendre pour associé sera des leurs (Coran, V, 56)

Cette relative tolérance s’explique en partie par des considérations fiscales : les gens du Livre, que leur exclusion des emplois publics rejetait vers les activités lucratives du commerce et de la banque, étaient en effet soumis à une capitation, exigée pour le rachat de leur vie et de leur liberté, et à un impôt foncier qui grevait le sol devenu dans sa totalité propriété de la communauté musulmane. Ces taxes constituaient une partie importante des revenus des premiers califes.

Cette tolérance était d’ailleurs précaire : le Coran lui-même contient des versets où parait la menace :

Faites la guerre à ceux d’entre les hommes des Ecritures qui ne professent pas la croyance de la vérité. Faites-leur la guerre jusqu’à ce qu’ils paient le tribut, tous sans exception, et qu’ils soient humiliés… Ils ressemblent… aux infidèles d’autrefois, que Dieu leur fasse la guerre ! (Coran, IX, 29-30)

Cette menace latente ne tarda d’ailleurs pas à être mise à exécution en Arabie même. Attaqués l’une après l’autre les tribus juives de ce pays eurent vite à choisir entre la conversion et le massacre, et bientôt elles disparurent de la péninsule, à l’exception du Yémen.

Après la mort de Mahomet, les tributs arabes s’élancèrent  hors de la péninsule dans une chevauchée qui les conduisit, à travers l’Afrique et le Levant, aux confins du monde méditerranéen. Ces conquêtes devaient placer sous la suzeraineté des arabes la presque totalité des Juifs, et c’est donc à partir de ce moment qu’il est intéressant d’étudier les rapports qui s’établirent entre eux.

Le rappel d’un certain nombre de faits montrera comment il faut entendre cette tolérance dont des auteurs juifs accordent le bénéfice à l’Islam.

Dans la conquête de la Syrie, Juifs et samaritains, qui n’avaient pas à se louer du maître byzantin, avaient embrassé le parti des conquérants musulmans, les renseignant et leur servant d’éclaireurs. Ils ne durent pas à cette conduite un traitement de faveurs. La première dynastie arabe, celle des Omeyyades, ne les traita ni mieux ni plus mal que les Chrétiens. Plutôt bien que mal, appliquant les principes libéraux qu’avait énoncés le Prophète, mais sans toutefois leur témoigner une bienveillance excessive. Les Califes omeyyades maintiennent en particulier l’interdiction faite aux Juifs par l’empereur Adrien de vivre à Jérusalem.

C’est sous la dynastie abbasside que la condition « dhimmi » empira. Haroun al-Raschid publia un édit les astreignant au port d’un costume spécial. Cette mesure, semble-t-il, tomba vite en désuétude, sauf dans la capitale, mais elle fut reprise et aggravée cinquante  ans plus tard par un autre calife abbasside, Motawakkil. Il imposa aux Juifs – comme aux chrétiens –des vêtements jaunes ; ils durent niveler leurs tombes, clouer des diables de bois sur leurs portes ; il leur fut interdit de monter d’autres animaux que des ânes ou des mulets, et sur leurs selles devaient être fixées deux boules en forme de grenades. Toutes ces injonctions avaient pour objet d’humilier, d’exposer à la dérision du peuple les gens du Livre, corrupteurs des Ecritures. Elles furent appliquées par intermittence, il es vrai, mais reparaissaient toujours assorties de quelque mesure qui accentuait la recherche du ridicule : au XIe siècle le calife Hakim  ajouta à la discrimination  vestimentaire une mesure qui obligeait les Juifs, dans les bains,à porter suspendu au cou un billot du poids de cinq livres  auquel étaient fixées des clochettes ; c’est dans ce même esprit que les femmes juives furent astreintes, à une certaine époque, à porter deux chaussures de couleur différente, l’une blanche et l’autre noire ;c’est au même désir d’humiliation encore qu’il faut compter l’interdiction faite aux « dhimmi » de construire des maisons plus hautes que celles des musulmans.

Au XIe siècle, le juriste Mawardi codifia ces mesures dans un statut comportant six obligations « nécessaires » -dont la violation entraînait rupture du contrat de protection et par conséquent possibilité de mise à mort- et six obligations « désirables », dont la violation n’entraînait  qu’une amende. Les six obligations nécessaires avaient trait au respect de la religion musulmane, de son livre et de son prophète, à la loyauté due aux musulmans et à l’interdiction de toucher à une femme musulmane. Les obligations « désirables » reprenaient les mesures  que nous avons citées plus haut : couleur du vêtement (jaune pour les Juifs, bleu pour les chrétiens) , hauteur des maisons,interdiction de lire à haute voix les livres sacrés, de faire entendre des lamentations aux enterrements, de monter des chevaux, etc.

Ces vexations n’étaient d’ailleurs qu’un cas particulier dans un ensemble de mesures  de discrimination religieuse, économique, sociale et juridique. En matière judiciaire, le meurtre d’un Juif ou d’un chrétien par un musulman était simplement puni d’une amende, le crime inverse entraînait bien entendu la mort.

S’il était permis aux Juifs de conserver leurs anciennes synagogues, il leur était interdit par contre, d’en construire de nouvelles. La loi comporta de nombreux accommodements, mais la synagogue nouvelle était toujours sous la menace de l’arrêt d’un cadi qui pouvait en ordonner la destruction.

En matière économique, outre que les gens du Livre étaient astreints , comme nous l’avons vu , à des impôt spéciaux- capitation fort lourde et impôt foncier-, les droits de douane frappant les importations des marchands juifs étaient plus élevés que ceux imposés à leurs collègues musulmans.

Non seulement les gens du Livre étaient exclus des emplois publics, mais encore il leur était- en principe- interdit d’exercer un certain nombre de métiers ; une loi faisait défense aux musulmans de faire appel à des docteurs juif ou chrétiens ; elle n’empêcha d’ailleurs pas la présence de ces médecins à la cour de la plupart des califes. C’est ainsi que le célèbre Maïmonide fut médecin de Saladin…

Le déplacement des « dhimmi » était soumis à de sévères restrictions. Ils ne pouvaient quitter leur village sans transporter le reçu de leurs impôts. Ce reçu fut même, en Iraq, cautérisé sur leur cou ; ceux qui ne portaient pas cette marque étaient passibles de la peine de mort. Au Yémen, une mesure particulièrement odieuse imposait la conversion forcée des orphelins de père, qui étaient brutalement arrachés à leurs mères.

L’énumération rapide de ses mesures de discrimination suffit à montrer que la condition  des Juifs dans le monde islamique n’était généralement pas enviable. Mais il y a plus, et il arriva que les Juifs soient atteints par les mêmes violences qui endeuillèrent leurs communautés du monde chrétien. C’est ainsi que sous la dynastie des Fatimides, le calife Hakim, après avoir fait montre de dispositions bienveillantes, fut soudain saisi, l’an 1012,d’une rage contre les « dhimmi ».Il fit raser la plupart des synagogues, anciennes ou nouvelles, de son empire. La nuit de la Pâque, il fit brûler le quartier juif du Caire avec ses habitants.

En 1066, à Grenade, toute la population juive fut massacrée. Mais la persécution la plus brutale eut sans doute lieu à l’époque du mouvement des Almohades qui, au XIIe siècle, domina l’Afrique du Nord, puis l’Espagne. Tous les Juifs qui refusèrent d’embrasser la religion islamique  furent passés au fil de l’épée ; tel fut le cas de Fez. Quant aux convertis, ils n’en subirent pas moins d’intolérables persécutions. Lorsqu’en 1172  les Almohades eurent assuré leur contrôle sur la totalité   de l’Espagne musulmane, il ne resta pas un seul Juif dans leurs Etats ;  et c’est dans les royaumes chrétiens du Nord que les survivants réussirent à reconstituer leurs communautés.

Il serait toutefois injuste d’apprécier le sort des Juifs dans le monde islamique comme si toutes les mesures de discriminations que nous venons d’énumérer s’étaient appliquées simultanément et dans toute leur rigueur. <en réalité la condition des Juifs- comme les chrétiens- varia considérablement selon les époques et les régions, selon la conjoncture politique, selon la densité du peuplement juif, selon que le maître musulman professait l’islam orthodoxe ou appartenait à une secte hétérodoxe.

Deux exemples montreront combien le comportement musulman a pu varier. La puissante colonie juive de Mésopotamie- qui datait de la captivité de Babylone- s’était donnée un chef, l’Exilarque, dont la famille était censée descendre de David. Les premiers califes non seulement reconnurent l’Exilarque et lui maintinrent le droit de juridiction sur sa communauté, mais encore ils lui témoignèrent la plus grande considération.  

Lorsque l’Exilarque se rendait chez le calife, une escorte de cavaliers musulmans se joignait à ses cavaliers juifs, des hérauts proclamaient son approche, le calife se levait pour le saluer et le plaçait sur un trône en face du sien. Il est vrai que c’est l’Exilarque qui levait sur sa communauté, pour le compte du calife, un impôt d’un poids écrasant.

En Espagne, les Juifs étaient arrivés dans la foulée des Arabes. Lorsque au VIIIe siècle (756) la péninsule devint un Etat indépendant, ne relevant plus de Bagdad, la présence de nombreux chrétiens dans ce nouvel Etat amena ses suzerains à faire preuve d’une grande tolérance dont bénéficièrent les Juifs. Par leurs connaissances des langues, les Juifs s’imposèrent comme    négociateurs entre   l’Etat et les royaumes chrétiens du nord. C’est ainsi que Hasdaï ibn chaprouth, au Xe siècle, devint le conseiller et le véritable ministre des affaires étrangères du Calife Abd-al-Rahman III. Non seulement il acquit à son maître des succès qui lui valurent les plus grands honneurs, mais encore il fut en mesure d’exercer une pression diplomatique sur plusieurs Etats- en particulier à la cour de Constantinople- pour y améliorer la condition des Juifs.

Lorsque le royaume arabe d’Espagne se fractionna en plusieurs principautés, les Juifs jouèrent dans ces nouvelles cours des rôles éminents. Ils ne furent plus seulement des conseillers, mais portèrent le titre de vizirs, comme Samuel Ibn Nagréla dans le royaume  de Grenade, Yékoutiel ibn Hassan et Abou Fadhel ibn Hasdaï  dans le royaume de Saragosse. Lorsque l’émirat de Séville réussit à refaire  l’unité éphémère de l’Espagne musulmane, au XIe siècle, les Juifs, et en particulier Isaac Ibn Albalia y prirent une part importante. Pendant trois siècles, s’établit une symbiose et une collaboration judéo-arabe admirables. Cette belle aventure- traversée de quelques sursauts-   se termina malheureusement avec la conquète des Almohades.

                                                      **

L’influence du Judaïsme sur Mahomet et la présence de ses idéaux dans le Coran sont incontestables. Mais cette influence ne se limite pas au Coran. De même que le Judaïsme a continué à évoluer après l’époque biblique, s’exprimant en une littérature religieuse bien plus vaste que la Bible hébraïque, de même l’islam a élaboré après le Coran un ensemble d’idées, de lois, de coutumes et de traités. Et là encore, pendant  plusieurs siècles, le Judaïsme a exercé son influence sur l’islam.

C’est en Iraq, centre des études et de la pensée juives aux XIIe et XIIIe siècles, qu’a été élaborée la loi religieuse musulmane post-coranique. Elle a pris sa forme définitive, comme la loi juive, après être passée au moule des écoles interprétatives les plus représentatives de la communauté. Ce processus, le raisonnement, les formules même appliquées à la loi démontrent l’existence de rapports directs entre les docteurs des deux religions.

Mais à partir du Xe siècle c’est l’islam qui apporte au judaïsme une riche contribution, jusqu’au XIVe siècle qui marque l’effacement de la grande communauté arabo-juive : les Arabes disparaissent de l’histoire du monde en même temps que leurs commensaux, les Juifs orientaux, disparaissent de l’histoire juive.

L’islam qui a balayé les populations agricoles de l’Orient, Araméens et Juifs, entraîne les Juifs dans le sillage de ses conquêtes, et leur permet de renaître en tant que nation de commerçants, de s’étendre, de renouer le contact avec d’autres communautés juives, en même temps que l’adoption de l’arabe apporte au Judaïsme d’immenses acquisitions intellectuelles et littéraire, en particulier celle de la pensée grecque qui pénètre en grande partie dans le monde juif par le canal de l’arabe.

L’âge d’or espagnol marque l’apogée de la symbiose arabo-juive. C’est alors que fleurit une merveilleuse poésie, juive, mais produit de la civilisation arabo-musulmane, dont les principaux représentants sont Chalom Chabazi, Salomon Ibn Gabirol, Moïse ibn Ezra, Judah Halévy. La participation juive n’est pas moindre dans le domaine de l’artisanat, dans l’orfèvrerie, le tissage, la broderie.

Ce n’est pas dans l’art seulement que le contact des deux communautés porte ses fruits : les pensées religieuses continuent une évolutions parallèle, mais c’est l’islam maintenant qui propose à la religion sœur les élans mystiques du soufisme, c’est l’islam qui colore le schisme caraïte. C’est l’islam encore qui inspire les écrits des grands théologiens juifs : Ba’hya ibn Paqouda et Abraham Maïmonide.

Malgré les persécutions et les humiliations auxquelles furent soumis les Juifs des pays d’islam, malgré l’obstacle des préjugés et des incompréhensions, musulmans et juifs ont réalisé, à divers époques de l’histoire, une symbiose qui a provoqué d’admirables éclosions dans le domaine de l’art et qui a exercé une influence profonde sur la pensée philosophique et religieuse.

La question qui se pose naturellement aujourd’hui est de savoir si la renaissance arabe et la création d’Israël conduiront à une nouvelle symbiose et à une nouvelle  forme de civilisation judéo-arabe, ou si l’opposition des tendances nationales ramènera les uns et les autres aux époques noires du mépris et de la haine.

 

                                                                      Jean-Pierre ALEM

Note N° 8 du livre Juifs et Arabes

3000 ans d’histoire.                                

 

 

                        

 

 

 

PETITES DOUCEURS DE L’ÂME

J’ai eu en main un livre qui m’a beaucoup intéressé. Il est l’œuvre de Jack Canfield et Mark Victor Hansen. Il a pour titre Petites Douceurs pour l’âme. Ce livre comporte 8O histoires  qui réchauffent le cœur et remontent le moral. En guise de conclusion  il m’a paru tout à fait opportun de citer un extrait qui résume à lui tout seul le contenu de centaines  d’ouvrages traitant de l’éducation des enfants. Voici ce texte :

Les enfants apprennent du milieu où ils vivent.

Les enfants qui vivent parmi les critiques,

     apprennent à condamner.

Les enfants qui vivent dans un climat d’hostilité,

     apprennent à se battre.

Les enfants qui vivent dans la peur,

     apprennent à être craintifs.

Les enfants qui vivent dans le ressentiment,

     apprennent à se prendre en pitié.

Les enfants qui vivent parmi les moqueries,

     apprennent à être timides.

Les enfants qui vivent dans un climat de jalousie,

    apprennent ce qu’est l’envie.

Les enfants qui vivent dans la honte

   apprennent à se sentir coupables.

Les enfants qui vivent dans un climat de tolérance

   apprennent à être patients.

Les enfants qui vivent parmi les encouragements,

   apprennent à être confiants.

Les enfants qui vivent dans les compliments,

   apprennent à apprécier ce qui les entoure.

Les enfants qui vivent dans la dignité,

   apprennent à s’aimer eux-mêmes.

Les enfants qui vivent dans l’harmonie,

   apprennent à trouver l’amour dans le monde.

Les enfants qui vivent dans la fierté

   apprennent à se fixer de buts.

Les enfants qui vivent dans le partage,

   apprennent à être généreux.

Les enfants qui vivent dans l’honnêteté et l’équité,

   apprennent la vérité et la justice.

Les enfants qui vivent dans une atmosphère sécurisante,

   apprennent à avoir foi en eux-mêmes.

    et confiance en autrui.

Les enfants qui vivent dans le bonheur,

   apprennent que le monde est un

   endroit où il fait bon vivre.

Les enfants qui vivent dans la sérénité,

   apprennent ce qu’est la paix de l’esprit.

Dans quels sentiments vos enfants vivent-ils ?

 

                                                                               Dorothy L. Nolte

 

 

 

                                           LE  CHEMA

 

LE SENS DU CHEMA

«  Ecoute, O Israël, l’Eternel est notre Dieu, l’Eternel est Un » Ces paroles renferment la plus grande contribution du Judaïsme à la pensée religieuse de l’humanité. Elle constitue la primordiale profession de Foi dans la religieux de la synagogue déclarant que le Dieu saint adoré et proclamé par Israël est Un et que Lui seul est Dieu,  Qui a été, Qui est  et qui sera  toujours. Cette phrase qui ouvre le chéma occupe à juste titre la place centrale dans la pensée religieuse juive, car toute autre croyance du Judaïsme tourne autour d’elle ; tout y retourne ; tout en découle.

SES NEGATIONS.

Polythéisme – Cette énonciation sublime du monothéisme absolu était une déclaration de guerre contre toute sorte de polythéisme, l’adoration de plusieurs divinités, et contre le paganisme, la définition d’une quelconque chose finie ou d’un être ou d’une force de la nature. Elle rejeta avec mépris le culte des  étoiles et l’adoration du démon qui se pratiquaient à Babylone, le culte des animaux en Egypte, l’adoration de la nature en Grèce, le culte de l’empereur à Rome, aussi bien que les idolâtries de la pierre, de l’arbre et du serpent d’autres religions païennes, avec leurs sacrifices humains, leurs rites lascifs, leur barbarie  et leur inhumanité. Le polythéisme rompt l’unité morale  des hommes et implique une variété de catégories morales, c'est-à-dire aucune catégories du tout.  L’étude des religions comparée montre clairement que, dans le polythéisme, « côte-à-côte avec un Dieu Supérieur de Justice et de vérité, le culte d’une déesse de l’amour sensuel, d’un dieu de l’ivresse, ou même d’un dieu des voleurs et des menteurs peut être maintenu » (Farnell)

Ce n’est certainement  pas le sol sur lequel peut pousser un système éthique élevé et logique. Cela est vrai même de la forme supérieure du polythéisme, comme le paganisme des Grecs. « Les divinités de l’Olympe se bornaient à copier et même à exagérer les plaisirs et les souffrances, les perfections et les imperfections, la douceur et la bassesse de la vie terrestre. L’homme ne saurait en recevoir une direction morale quelconque. Les Grecs ne possédaient rien qui ressemblât même de loin au décalogue, pour les retenir et lier » (Kastein). Malgré l’amour de la beauté, qui caractérisait les Grecs et en dépit de leur esprit chatoyant, ils demeurèrent barbares tant religieusement que moralement. Et leur race fut perpétuée par leurs disciples, les romains de l’époque impériale, comme le prototype de tout ce qui était mensonger, cruel, âpre et injuste. Le fruit de l’enseignement païen des Grecs s’identifie le mieux dans les horreurs de l’arène, les crucifixions en masse, les bestialités indicibles de ces mêmes disciples : les Romains de l’époque impériale.

 

Tout à fait autre fut l’œuvre du monothéisme Hébreu. Sa prédication du Dieu Un et Omnipotent libérera l’homme de l’esclavage de la nature, de la peur des démons, des lutins et des fantômes ; de toutes les créatures de l’imagination puérile ou maladive de l’homme. Et ce Dieu Un est Celui qui est «  sanctifié par la justice ». C’est ce qu’on a appelé le monothéisme éthique.

 Il a pu avoir certaines reconnaissances de l’unité de la Nature Divine parmi quelques peuples : par exemple, le culte solaire unitaire d’Akhnaton en Egypte, - ou quelques faibles lueurs fugitives comme on perçoit  dans l’ancienne Babylone. Mais dans aucun de ces systèmes de culte ça n’était là un élément essentiellement éthique, transfusé avec la Loi Morale et considérant la conduite morale comme le commencement et la fin de la vie religieuse. De même, la pensée morale et des pratiques morales ont existé  partout et de tous temps ; mais l’idée  sublime que la moralité est quelque chose de divin, spirituelle dans son essence la plus intime, -c’est là l’enseignement distinctif des Ecritures hébraïques. Dans le monothéisme hébreu, les valeurs éthiques ne sont pas seulement les valeurs humaines les plus élevées, mais ce sont exclusivement les seules valeurs éternelles. « Il n’est personne sur terre que je désire à côté de Toi » s’exclame le psalmiste. Ces mots ne sont que la transposition poétique du Chéma en termes d’expérience religieuse.

 

Dualisme : Le Chéma exclut le dualisme, toute hypothèse de deux puissances rivales, l’une de la lumière et l’autre des ténèbres,  l’univers étant considéré comme l’arène d’un conflit perpétuel entre les principes du Bien et du Mal.  C’est la religion de Zoroastre, le prophète de la Perse ancienne. Son enseignement était, de loin, en avance sur toutes les autres religions païennes Cependant, elle était en profonde contradiction avec la croyance en un Maître Unique et Suprême du Monde, formant la lumière et, dans le même temps, contrôlant les  ténèbres.  (Isaïe 45,7)

Dans la conception  juive, l’univers avec toutes ses forces contradictoires est merveilleusement harmonisé en sa totalité et en somme, le mal est maîtrisé et finit par fournir une nouvelle source de puissance pour la victoire du bien. » Il fait la paix en Ses hauts lieux. » D’aucuns prétendent que c’est au zoroastrisme que la théologie juive doit plusieurs éléments folkloriques, notamment son angéologie. Mais quoique les générations ultérieures du Judaïsme aient parlé de Satan et de toute une hiérarchie d’anges, ceux-là ont toujours été considérés invariablement  et d’une manière absolue comme des « créatures »  de Dieu. Attribuer à l’un quelconque de ces êtres des pouvoirs divins et les voir comme indépendants de Dieu, ou en une façon quelconque les placer sur un pied d’égalité avec l’Être suprême, eut  à toutes les époques paru, pour les Juifs, un blasphème monstrueux. Il convient de noter que les mystiques juifs plaçaient l’homme- parce qu’il est doué de libre arbitre- plus haut, dans l’échelle de l’existence spirituelle, que n’importe quel « messager », ce qui est la traduction littérale du mot « ange » et du terme hébraïque original également.

 

Le panthéisme -   Le Chéma exclut aussi le panthéisme, qui considère que la totalité des choses est  la divinité. Le résultat inévitable de la croyance  que toutes choses sont divines et toutes également divines, c’est que la distinction entre le bien et le mal, entre le sacré et le profane, perd tout sens. En outre, le panthéisme frustre l’être divin de la personnalité consciente. Dans le Judaïsme, au contraire, quoique D. pénètre l’univers, Il lui est transcendant, « Les cieux sont l’ouvrage de Tes mains. Ils périront ; mais Toi, Tu subsistes. Ils s’useront tous  comme un vêtement. Tu les changeras, comme un habit, et ils seront changés. Mais Toi, Tu restes le même et Tes années ne finiront point » (Psaumes 102 26-28).

Les Rabbins exprimèrent la même pensée lorsqu’ils disaient : «  L’Être Saint, béni soit-Il, renferme l’univers mais le l’univers ne le renferme pas.» Et loin de soumettre le Créateur à son univers créé, ils auraient endossé les vers d’Emily Bronté :

                          Bien que fussent disparus les hommes et la terre,

                          Et astres et univers eussent cessé d’être.

                          Et Toi, Tu serais resté solitaire,

                          Tout en Toi continuerait d’être.

Le Judaïsme ne reconnaît pas d’intermédiaire entre Dieu et l’homme ; et déclare que la prière doit être adressée à Dieu seul et non à  aucun autre être dans les cieux ou sur la terre.

         

                                              IMPLICATIONS POSITIVES

 

Fraternité des hommes : La croyance à l’unité de la race humaine est le corollaire naturel de l’Unité de D., car le D. Un doit être le Dieu de toute l’humanité. Il fut impossible au polythéisme d’atteindre la conception de l’Humanité  Une. Il n’aurait pas d’avantage pu écrire le dixième chapitre de la Genèse, qui fait remonter l’ascendance de toutes les races des hommes à un ancêtre commun, qu’il  n’aurait pu écrire le premier chapitre de la Genèse, lequel proclame le Dieu Un comme le Créature de l’univers et de tout ce qu’il contient. C’est seulement grâce au Monothéisme si hébreu qu’il a été possible d’enseigner la fraternité  des Hommes et c’est le Monothéisme hébreu qui proclame le premier : » Tu aimeras ton prochain comme toi-même.  Et l’étranger qui séjourne parmi vous sera pour vous comme celui qui est né parmi vous ; tu l’aimeras comme toi-même » (Lev.18, 34)

 

Unité de l’Univers : La conception du monde a été la base de la science moderne et de la vision moderne du monde. La croyance à l’Unité de Dieu ouvrit les yeux de l’homme à l’unité de la nature ; «  qu’il y a une unité et une harmonie dans la structure des choses parce qu’il y a unité dans leur source » (L. Roth) C’est ainsi que Whitehead déclare que la conception d’une régularité cosmique absolue est monothéiste à l’origine. Et «  chaque nouvelle découverte confirme le fait que dans toute la vérité infinie de la Nature il y a un seul et même Principe à l’œuvre ; qu’il y a une Puissance de contrôle  qui- dans les termes mêmes de notre hymne d’Adon Olam,- n’a ni commencement ni fin, existant avant que toutes les choses n’aient été formées et subsistant lorsque toutes auront disparu » (Haffkine)

 

Unité de l’Histoire- Le Judaïsme enseigne que ce Dieu est l’équitable et omnipotent, Maître de l’univers. Dans le polythéisme il était pratiquement impossible d’aboutir à « la conception d’une seule Providence gouvernant le monde par des lois établies ; la multitude des divinités suggère la possibilité de discorde dans le cosmos divin et fait pénétrer le sens du capricieux et de l’incalculable dans le monde invisible »(Farnell). Il n’en est pas de même pour le Judaïsme avec sa foi passionnée dans un juge de toute la terre, qui peut et qui veut faire justice. Dès l’époque du second Temple, la notion de la Souveraineté de Dieu était rattachée au chémâ. Les Rabbins ordonnèrent que les mots «  Ecoute, O Israël, l’Eternel est notre Dieu, l’Eternel est Un » soient immédiatement suivis de ces paroles : « Béni soit Son nom dont le règne glorieux est pour toujours »- proclamation du triomphe final de la justice sur la terre. Le Monothéisme juif souligne ainsi la suprématie sur le cours de l’histoire de la volonté de Dieu pour l’équité. «  L’Un gouvernera tout à une seule fin : le monde tel qu’il doit être » (Moore)

 

                                       

                                           L’HISTOIRE DU CHEMÂ

 

L’œuvre des Rabbins : Qui révéla aux masses du peuple juif les merveilles spirituelles renfermées dans le Chémâ ?  C’est le mérite immortel des Rabbins, au cours des siècles  qui ont immédiatement précédé et suivi l’ère vulgaire, d’avoir fait que ces trésors religieux ne demeurassent pas la possession de quelques-uns, mais devinrent l’héritage de toute la Maison d’Israël. Grâce aux Rabbins, la plénitude de cette vérité sacrée satura graduellement l’âme des plus humbles comme des plus grands en Israël. La récitation du Chémâ fit parti du culte régulier et quotidien au Temple. Ils le transportèrent à la synagogue et lui donnèrent la place centrale dans les prières, du matin et du soir, pour chaque Juif. On peut juger de la part capitale que la conscience rabbinique lui confèrent par le fait que la Michna toute entière s’ouvre sur cette question : «  A partir de quelle heure le Chémâ vespéral doit-il être lu ? Ce sont les Rabbin qui élevèrent les mots «  Ecoute, O Israël, l’Eternel est notre D. l’Eternel est Un »à une profession de foi ; qui ordonnèrent qu’ils soient répétés par toute l’assemblée des fidèles quand la Torah est présentée les jours de Chabbath et les fêtes ; lors de la sanctification  (Kédoucha) en ces occasions sacrées ; après le service de Néilah comme point culminant du grand jour de Kippour ; et à la dernière heure de l’homme lorsqu’il se dispose à comparaître  devant son père céleste. De cette façon, le chémâ devint l’expression collective et dynamique de l’existence spirituel d’Israël. Mais même dans la prière privée de chaque  Juif, les Rabbins n’ont rien négligé pour mettre en valeur la solennité de cette proclamation du chémâ- qui doit être dit à haute voix, les oreilles (ordonnèrent-ils) devant entendre ce que prononcent les lèvres ; le dernier mot « Ehad » doit être articulé avec une emphase particulière. Toutes les pensées, autres que celles de l’unité  de Dieu, doivent être éliminées. Le chémâ doit être dit avec une totale concentration de l’esprit et du cœur ; sa récitation ne doit point être interrompue fut-ce pour répondre au salut d’un roi. Si les paroles du chémâ  sont prononcées avec ferveur et révérence- enseignaient les Rabbins,- elles exalteront l’âme du fidèle et lui vaudront la réalisation de la communion avec le très Haut. «  Quand les hommes en prière déclarent l’Unité du Saint Nom en amour et révérence, les murailles des ténèbres de la terre se fendent en deux et la face du Roi Céleste est révélée, illuminant l’univers » (Le Zohar)

 

Le chémâ et le martyre : Le chéma devint la première prière de l’enfance innocente et les derniers mots du mourant. Ce fut le cri de ralliement par lequel une centaine de génération en Israël ont été unies en une même Fraternité pour accomplir la volonté de leur Père au ciel ; ce fut le mot d’ordre pour des myriades de martyrs qui agonisèrent et moururent pour l’Unité « considérée  comme l’ultima ratio  de leur religion » (Herford)  A chaque persécution, à chaque massacre, des Croisades à l’égorgement massif de la population juive d’Ukraine de 1919  à 1921, « Chéma Israël » était le dernier  des sons sortis des lèvres des victimes. Tous les martyrologues juifs se déroulent autour du chéma. Les Maîtres juifs dans l’Allemagne médiévale, instituèrent une bénédiction régulière pour la,  récitation du Chéma à l’heure de « la sanctification du Nom »

C'est-à-dire lorsque le Juif doit faire face au martyre. Elle est ainsi conçue : « Béni es-tu, Ô Eternel notre Dieu, roi de l’Univers, qui nous a sanctifiés par Tes commandements et qui nous a ordonné de T’aimer de tout notre cœur et de toute notre âme, et de sanctifier Ton Nom glorieux et terrible en public. Béni es-Tu  Ô Eternel, qui sanctifies Ton Nom parmi le grand nombre » Innombrables furent les occasions de détresse où cette bénédiction fut récitée. Un seul exemple suffira. Lorsque les hordes des Croisés parvinrent à Xanten, près du Rhin (27 juin 1096), les Juifs de cette localité étaient en train de prendre ensemble leur repas de samedi soir. L’arrivée des Croisés signifiait évidemment pour eux une mort certaine et le repas fut arrêté. Mais ils ne quittèrent pas la salle commune avant que le vénéré Rabbin Moïse Ha Cohen n’eut dit la Grâce, élargissant le texte régulier de la prière en y introduisant des éléments appropriés à l’épouvantable circonstance. La Grâce fut conclue par la synagogue où ils subirent tous le martyr  La récitation du chéma a rempli la promesse, faite par les Rabbins, qu’elle investira l’homme d’une force invincible comme celle du lion. Elle a pourvu le Juif du sabre à deux tranchants de l’esprit contre les inexprimables terreurs de sa longue nuit de souffrances et d’exil.

 

Défense de l’Unité : Les Rabbins n’ont pas seulement préparé Israël à comprendre la signification vitale de l’Unité Divine : ils ont  aussi protégé l’idée juive de Dieu chaque fois que sa pureté était menacée par des ennemis du dehors ou de l’intérieur. Ils ne tolèrent aucun jeu avec le polythéisme, quelque raffinés que fussent ses déguisements ; ils n’admirent aucun écart, fut-ce de l’épaisseur d’un cheveu, du plus rigoureux monothéisme ; ils rejetèrent absolument tout ce qui pouvait l’affaiblir ou l’obscurcir. La lutte contre l’idolâtrie et le paganisme, commencée par les prophètes, fut poursuivie par les Rabbins. Abraham, le père du peuple hébreu, enseignèrent-ils, commença sa vocation en priseur d’idoles. Par des légendes, des paraboles et des discours, ils n’ont cessé de démontrer la folie et la futilité du culte des idoles, faisant ressortir l’infamie et la dégradation morale manifestée par la déification romaine de l’empereur régnant. Les Rabbins défendirent l’Unité de Dieu contre les Gnostiques juifs, ces anciens hérétiques qui blasphémèrent le Dieu d’Israël, ridiculisèrent les Ecritures et affirmèrent une dualité de Puissances divines. Et les Rabbins défendirent l’Unité de Dieu contre les Juifs chrétiens, qui enténébrèrent le ciel du monothéisme d’Israël en prêchant une nouvelle doctrine de la qualité de « fils » de Dieu, en identifiant un homme, né d’une femme, avec Dieu et en préconisant la doctrine de la Trinité.

 

Au Moyen Âge : A travers le Moyen Âge, les maîtres juifs continuèrent l’éducation religieuse du peuple, commencée  plusieurs siècles auparavant. Ils soutinrent la cause du Monothéisme pur aux Disputations religieuses auxquelles ils étaient contraints de participer par l’Eglise triomphante et toute-puissante. D’une importance spéciale est l’œuvre des philosophes juifs dont les efforts constituent un enrichissement particulier de la pensée religieuse du monde. Saadia Gaon,  Ibn Gabirol, Bahia Ibn Paquda, Rabbi Yéhouda Halévi, Mïmonide  épurent le concept de Dieu de tout anthropomorphisme et confirment l’unité et l’Unicité de la conception de Dieu d’Israël. Salomon Ibn Gabirol, aussi célèbre comme philosophe que comme poète de la synagogue, ouvre sa «  Couronne Royale » par ces mots : «  Tu es Un, la première grande Cause de tout. Tu es Un, et nul ne peut pénétrer – même le plus sage de cœur,- le mystère insondable de ton Unité. Tu es Un : Ton Unité ne peut être ni accrue ni diminuée, car ni la pluralité ni le changement ni aucun attribue ne peuvent T’être appliqués. Tu es Un, mais l’imagination échoue en toutes ses tentatives de Te définir ou limiter. C’est pourquoi je dis : «  Je prendrai garde de peur que je ne commette le péché avec ma langue »

 

De nos jours La lutte ardue et longue initiée par nos Prophètes et poursuivie par les Rabbins, n’a pas encore pris fin. L’Unité de Dieu a ses antagonistes dans le temps présent comme dans les époques anciennes. Même les écrivains non-juifs éclairés, traitant de la religion, ne sont en règle générale que les témoins hésitants de l’Unité de Dieu ; et des théologiens chrétiens libéraux deviennent très éloquents lorsqu’ils décrivent les aménités de la vie sous le polythéisme. Ils plaident que cela a beaucoup contribué à infuser la « religions » dans toute la vie, à intensifier la «  joie de vivre » et la délectation au monde de la nature et que cela nous procure la tolérance religieuse.

 

Mais à y regarder de plus près, toutes ces prétentions partisanes s’écroulent. Quant à la tolérance même du polythéisme grec, pourtant éclairé, permit que l’on mît à mort, pour des motifs d’ordre religieux, trois des plus grands penseurs de l’ère de Périclès : Socrate, Protagoras, et Anaxagore. Les Juifs entrèrent en contact avec le polythéisme grec dans ses dernières phases. Mais ni Antiochus Epiphane, qui tenta de noyer le Judaïsme dans le sang de ses enfants fidèles, ni Apion, l’interprète frénétique des antisémites d’Alexandrie, ne montrèrent aucune  tolérance particulière.

 

 De plus, l’infusion prétendue de la religion dans toute la vie sous le polythéisme, ne sauva pas les sectateurs du polythéisme grec de se livrer au relâchement moral, à la licence et à la conduite inhumaine, tant dans la paix qu’à la guerre. Enfin, au sujet de l’intensification de la « joie de vivre », cette « joie de vivre »- même parmi les Grecs,- semble n’avoir été que la prérogative d’une peu nombreuse élite. Par exemple, la société hellénique était largement fondée sur l’iniquité : l’esclavage humain, et en Grèce « l’instrument vivant » selon la définition qu’Aristote donnait de l’esclavage- était privé de tout droit humain. Il est encore plus difficile de voir en quoi consistait la «  joie de vivre » pour les sacrifices humains offerts régulièrement par les païens sémites et slaves, germains et grecs .A propos de ces dernier on rappelle généralement guère que nous retrouvons des traces de sacrifices humains à travers le monde hellénique, dans le culte de presque chaque dieu et à toutes les périodes de l’existence des Etats grecs indépendants. Dans l’empire romain, ce hideux attribut de polythéisme dura jusqu’au quatrième siècle de notre ère, alors que la consommation, par les flammes, des veuves aux Indes, n’a été officiellement abolie qu’en 1826.

 

Les autres prétentions formulées en faveur du polythéisme sont tout autant insoutenables. La délectation au monde de la nature n’a pas été limitée aux seuls polythéistes. Elle ne pouvait être étrangère au peuple qui a produit le Cantique des Cantiques et ce n’est donc pas le bien exclusif du paganisme. Un grand savant et penseur comme Alexandre de Humboldt a montré que la contemplation esthétique de la nature a commencé seulement lorsque le paysage fut délivré de ses dieux et que les hommes purent se réjouir de la grandeur et de la beauté de la nature elle-même.

 

Divers auteurs séculiers, écrivant sur la religion, vont bien plus loin que les théologiens modernistes dans leur dépréciation du monothéisme. A la différence de ces théologiens ils ne s’arrêtent pas entre deux opinions et ils ne connaissent point d’hésitation. Ernest Renan attribua la naissance de la croyance en Un seul Dieu au milieu désertique des premiers Hébreux. «  Le désert est monothéiste », proclame-t-il. Il omit toutefois d’expliquer pourquoi, s’il en est ainsi, les autres habitants sémitiques  du désert demeurèrent polythéistes, ni pourquoi les tribus primitives du Sahara, du Gobi et du Kalahari n’ont pas été monothéistes.

 

Les antisémites vont encore plus loin. Afin de diminuer la gloire infinie d’Israël en tant que prophète du Monothéisme, Ils dénigrent l’Unité de Dieu comme « une idée stérile, arithmétique et nue » ; comme « le minimum de religion ». (Il est étrange que ce prétendu « minimum de religion » ait donné au monde le Décalogue, ait produit les Psaumes qui sont le livre de dévotion de l’humanité civilisée, ait réussi enfin à fracasser toutes les idoles, à faire changer le cours de l’histoire, à libérer les enfants de l’homme de l’antiquité païenne au cœur de pierre)

 

Quelques-uns de ces antisémites font contraster l’abondance bienfaisante déployée par la Grèce avec ses centaines de dieux et déesses et par les Indes avec leurs milliers de déités fantastiques, avec le seul Dieu d’Israël. «  Quoi, rien qu’un Dieu, quelle pauvreté, quelle misère ! » s’exclamèrent-ils. Il est superflu de répéter encore d’autres critiques contre le monothéisme, formulées par des hommes qui estiment qu’en attaquant les Juifs, il n’est besoin d’être ni logique ni loyal et que l’on peut dire ce que l’on veut  des Juifs et du Judaïsme pourvu que cela les couvre de ridicule. Mais la Vérité est en marche et le nombre des penseurs croît qui reconnaissent que « le Chéma est là base de toute religion supérieure, éthique et spirituelle : message impérissable qui se reflète jusqu’à ce jour dans toues les conceptions idéalistes de l’univers » (Gunkel)

 

CONCLUSION.

Ce fut un indéniable coup de génie religieux – une véritable inspiration de l’Esprit Saint- que de choisir, ainsi que le professeur Steinthal nous le rappelle ce verset (Deutéronome 6, 4) entre les 5845 versets que compte le Pentateuque, comme la devise de l’étendard victorieux d’Israël. «  Dans tout le domaine de la littérature, profane ou sacrée, il n’osa probablement aucune autre expression qui puisse être comparée dans sa force, intrinsèquement intellectuelle et spirituelle, ou dans l’influence  qu’elle exerça sur toute la pensée et sur les sentiments de l’humanité civilisée, à ces mots (six en hébreu) qui ont été le cri  de guerre du peuple juif pendant plus de vingt cinq siècles » (Kohler)

                                                   J.H.Hertz   (193