Democratie et Judaisme

 

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Démocratie et Judaïsme

 

Les hébraïsants peuvent lire souvent dans les  revues en hébreu : «  un Etat  démocratique ou un Etat juif. » Cette formulation est erronée, car on arrive à la conclusion qu’un Etat juif est antinomique à un Etat démocratique. C’est là une grave erreur,  le Judaïsme est pour la démocratie. On trouve déjà dans le Talmud  les fondements de la démocratie, puisque les décisions sont toujours prises à la majorité des votants. L’expression hébraïque qui veut dire se « se concerter » ou «  voter » se dit en hébreu  nimnou  de la racine mano qui signifie « compter. C’est donc la majorité qui l’emporte.

Ceci posé, il  serait utile de préciser le sens de la démocratie. Précisons qu’il n’existe pas de démocratie idéale. Il existe beaucoup de pays dits démocratique où sévit la corruption. Athènes la mère de la démocratie a versé dans une dictature implacable. Hitler, le plus grand criminel de tous les temps, est arrivé au pouvoir démocratiquement. La Russie soviétique où régnait une dictature absolue  se qualifiait de démocratie populaire. Enfin  de nombreux pays musulmans  du Moyen Orient,  totalement fermée à la civilisation, se disent démocratiques. Quelle est donc la signification  de la démocratie ?

Il n’est pas concevable  de dissocier  la Torah du Judaïsme. Qui dit Judaïsme dit application rigoureuse de la mitsva ? Dans ce cadre seul on peut parler de démocratie. La qualité et l’âme de la démocratie se jugent par la qualité des représentants du peuple. Nous partons par conséquent du principe que ces représentants observent les mitsvoth  avec leur véritable esprit. Dans ce cas ces représentants  ne se serviront pas de la démocratie pour satisfaire leur Ego atrophié ou pour redresser un narcissisme déficient. Ils seront là pour mettre en application les principes de la Torah à savoir la justice sociale, le respect de la vieillesse, l’égalité entre les citoyens, le bien être de la collectivité, et non pas seulement d’une catégorie de personnes privilégiées. La démocratie conçue par la torah est la négation du principe si répandu, à savoir chacun peut faire ce qu’il veut. La démocratie est souvent confondue avec une idée de la liberté qui est totalement négative, et qui finit par générer l’anarchie. La démocratie implique une responsabilité collective. Dans un régime démocratique authentique, la société n’est pas  une agence d’assurance où chacun tente de s’emparer du plus gros morceau du gâteau national. Où chacun devient un loup pour son prochain ? Mais une société qui avance avec un idéal commun dans l’unité et la conviction que le bien de la collectivité prime. Pour que cette idée soit comprise, il est indispensable que la collectivité puisse trouver un ciment de son unité. Ce ciment ne peut être que la Torah.

La langue hébraïque est seule en mesure de véhiculer la pensée  de la Torah. Quand on aborde la Torah  par l’intermédiaire  d’une langue latine ou anglo-saxonne on se heurte inéluctablement à des problèmes de sémantique. Dans toute la langue hébraïque il n y a pas de mot susceptible de traduire le concept « de non pratiquant. On le rend par une phrase entière. On dit « celui qui n’est pas observant des mitsvoth »Si la langue hébraïque ne comporte pas ce mot c’est qu’en réalité ce mot n’est pas concevable  dans l’esprit de la torah. Après la création de l’Etat d’Israël, l’Académie s’est mise à construire un vocable pour traduire le terme de « non observant » et a trouvé le mot hiloni. Ce terme construit à partir de hol l’équivalent de profane  en Français. On aurait pu dire holani  mais ce mot est déjà pris et signifie maladif. Toute cette savante composition pour introduire l’idée que l’on peut être Juif sans Torah. C’est à partir de là que l’idée de la démocratie a été pervertie et devenue  l’apanage des individualités au lieu du bien être de la collectivité et l’écrasement de la minorité par la majorité. La démocratie est souvent avancée comme argument  par une poignée d’individus pour pressurer la grande majorité d’un pays. C’est pourquoi  la démocratie commence par l’éducation et l’instruction seule en mesure d’inculquer  à l’homme l’intérêt de la collectivité, ce qui correspond parfaitement à l’exigence de la Torah.

L’éducation au bien de la collectivité  est le fondement même de la Torah. Elle doit commencer dès le jardin d’enfant et se poursuivre tout au long des études scolaires.

En Israël le Ministère de l’éducation  a effectué un sondage auprès d’un panel de parents représentant la société israélienne. La question a été la suivante : « Quelle est d’après vous  le but idéal de l’éducation pour  votre enfant ? » Les parents hiloni  ont répondu : «  Il faut que l’enfant tire le maximum afin de réaliser tout son potentiel personnel, que l’enfant soit fier  et satisfait de ses résultats et qu’il puisse apprécier ce qu’il a de particulier, qu’il puisse  exprimer sa personne d’une manière spontanée, libre, directe et vraie » Les parents pratiquants ont répondu : « Le but de l’éducation doit être de favoriser l’enfant à intégrer  le groupe, que l’enfant ne soit pas mis outre mesure en exergue, qu’il puisse s’adapter à un cadre qu’il soit sociable, qu’il sache qu’il n’est pas le centre du monde qu’il apprenne le respect d’autrui et la générosité qu’il puisse être en parfaite harmonie avec son groupe » A partir de ces réponses on peut aisément se faire une idée de l’abîme qui sépare la conception de la démocratie par la Torah et la conception sans Torah

                                                                                            Rav Haïm Harboun