CHAVOUOTH
Chaque printemps, les Juifs du monde entier célèbrent la fête de Chavouoth, qui commémore l’événement le plus important dans l’histoire de l’humanité : la révélation de Dieu au mont Sinaï.
Le nom même de "Chavouoth" signifie "les semaines", c’est-à-dire le temps de l’anticipation qui a précédé l’expérience du Sinaï. La fête de Chavouoth se situant 50 jours après le premier jour de Pessah.
Chavouoth vient couronner la période de sept semaines pendant laquelle nous comptons l’Omer, et qui commence le 2ème jour du Pessah. C’est la période pendant laquelle nous comptons chaque jour (et chaque semaine) qui nous sépare du moment où nous allons rééditer la révélation du Sinaï. Mais pourquoi l’appeler Chavouoth - " semaines " ?
Le concept de la semaine et sa constitution en sept jours est d’origine strictement divine et a été adopté par l’ensemble de l’humanité. Un événement vient rappeler aux hommes que Dieu a créé le monde en sept jours. (Six jours seulement ont été nécessaires pour fabriquer les structures physiques, mais le processus n’a été achevé qu’avec l’ajout du Chabbat, leur couronnement spirituel.)
Il y a 3300 ans, après avoir fui l’Egypte la nuit de Pessah, les Juifs ont sillonné le désert du Sinaï. C’est là -bas que la nation juive tout entière a vécu en direct l’expérience de la Révélation divine.
"Le Seigneur vous parla du milieu du feu; vous entendiez le son des paroles, mais vous ne voyiez aucune apparence, rien qu’une voix. Il vous déclara son alliance, qu’il vous ordonna d’observer, les Dix Paroles, et il les inscrivit sur deux tables de pierre "
Le don de la Torah fut un événement d’une portée incalculable, qui imprima à la nation juive son caractère unique, sa foi et son destin.
Pourquoi " 7 " ?
Le chiffre 7 représente l’intégralité et l’achèvement. Après sept jours, le monde est devenu complet.
Chavouoth, qui marque l’émergence du peuple juif en tant que nation, parce qu’il a reçu et accepté la Tora, marque aussi un achèvement. Voilà peut-être pourquoi la fête est appelée Chavouoth (" Semaines "). Nous caractérisons ainsi cette fête comme l’achèvement du processus de création de la nation juive.
Chavouoth est l’une des trois grandes fêtes de la Thora et c’est aussi la « fête du don de la Thora » "Zeman matan toraténou", le temps du don de notre Torah. Notre Torah. Chavouoth porte quatre noms différents :
· HAG HAKATSIR - « Fête des moissons »
· HAG HACHAVOUOTH – « Fête des semaines »
· YOM HABIKOURIM – « Jour des prémices »
· ATSERET – « Assemblée solennelle »
Les trois jours qui précèdent la fête elle-même sont appelés « Chélochet yémé ha-hagbalah » - les 3 jours de délimitation ». Le jour de Chavouoth est aussi un jour de jugement pour les arbres fruitiers, l’occasion de se rappeler et de prier pour eux.
COMMENT FETER CHAVOUOTH
Comment commémorons-nous Chavouoth ? Dans de nombreuses communautés, Il est d’usage de veiller toute la nuit en étudiant la Torah. Cette nuit d’étude s’appelle "Tiqoun Leil Chavouoth", c’est-à-dire " le perfectionnement personnel de la nuit de Chavouoth", la Torah étant le guide qui nous permet de devenir meilleurs. La lecture du Tiqoun se trouve dans le livre « Kérié Moède ».
Le jour de Chavouoth, les synagogues sont décorées de fleurs et de plantes vertes, c’est le symbole de Maâmad Har Sinaï – la verdure devant le mont Sinaï- du fait que ce jour-là, le mont Sinaï s’est miraculeusement couvert d’une riche végétation embaumée.
Pendant l’office du matin de Chavouoth, Nous lisons la Kétouba de rav Israèl Nadjora, avant la sortie du séfer Thora et les dix commandements pendant la lecture du sefer thora. Nous lisons également les Azharot, portant sur le thème des 613 mitsvot ainsi que la moitié du livre de Ruth pendant le 1er jour et le reste le 2ème jour. Ruth était une non juive que son amour de Dieu et de la Torah a conduit à se convertir au judaïsme. La Torah nous enseigne que les âmes des convertis potentiels étaient également présentes au Sinaï, ainsi qu’il est dit: "Mais ce n’est pas avec vous seulement que je contracte celle alliance et ce pacte, c’est avec celui qui se tient aujourd’hui avec nous devant le Seigneur notre Dieu, comme avec celui qui n’est pas présent aujourd’hui"
Ruth est associée à Chavouoth pour une autre raison : elle est devenue l’ancêtre du roi David, qui est né et mort le jour de Chavouoth. Certaines communautés ont l’habitude de lire le livre des psaumes (de David).
Chavouoth est également associée à la moisson du froment et à la récolte des fruits dont on apportait les prémices au Temple.
Chavouoth est fêtée pendant une journée en israèl et deux jours en diaspora.
LES ALIMENTS LACTES
Il existe une tradition juive universelle qui consiste à consommer des aliments lactés à Chavouoth. Les Sages ont avancé plusieurs raisons. En voici six :
1 - Dans le livre de l’Exode, au chapitre 23, le verset 19 juxtapose la fête de Chavouoth et l’interdiction de consommer le chevreau dans le lait de sa mère, et donc de mélanger le lait et la viande. A Chavouoth, on fait donc deux repas séparés : un à base de lait, et un à base de viande.
2 - Sitôt qu’ils eurent reçu la Torah, les Juifs durent appliquer les règles de la ch’hita (l’abattage des animaux). Le temps leur manquant pour préparer de la viande cachère, ils consommèrent des laitages (Michna Béroura).
3 – La valeur numérique du mot « Halav » (lait) est 40 : Moshé est resté 40 jours et 40 nuits au Mont Sinaï pour recevoir la Thora.
4 – On rappelle le souvenir de Moshé qui, lorsqu’il a été sauvé des eaux du Nil, a refusé de boire tout lait qui ne provenait pas d’une femme du peuple hébreu. C’est finalement sa propre mère qui l’a nourri au palais du Pharaon. Moshé ne voulait s’abreuver qu’à une source pure, ce qui signifie, sur le plan symbolique, que Moshé est resté fidèle à son peuple et à sa culture, bien qu’élevé chez le Pharaon.
5 – Le lait est la nourriture de base des bébés. A Chavouoth, on se retrouve dans la situation du bébé qui doit tout apprendre, puisque l’on doit réaccepter tous les principes de base de la Thora.
6 – Le Roi Salomon a dit : « Lorsque l’on prononce les paroles de la Thora, elles sont douces comme le lait et le miel.
Rav Raphaël Pinto.
LES JUIFS DE PERSE AU TEMPS D’ASSUERUS
Les récits de la Bible concernant l’histoire de Pourim sont bien connus, pourtant, ce que nous ignorons souvent – et cela a une importance capitale pour une compréhension réelle des textes et des événements ; ce sont les circonstances extérieures, politiques, qui accompagnent telle période ou telle phase de notre histoire.
Nous sommes en effet à Pourim, la Méguila nous relate le récit détaillé de l’événement, mais- de but en blanc- elle nous pose en plein époque perse !... Et ce fut au temps d’Assuérus…Que font donc les Juifs en Perse ? Comment y ont-ils été amenés ? Comment y vivent-ils C’est à quoi nous tâcherons de répondre.
A la fin du 6em siècle, en 586 avant notre ère , la Palestine subit l’invasion des armées babyloniennes, cette invasion entraîne l’abolition de l’indépendance juive, la destruction du premier Temple, l’exil de la plus grande partie de la population juive et sa déportation en Babylonie. Cette contrée, appelée aussi la Chaldée, est située aux confins de l’Irak du nord, là où se touchent les frontières de la Turquie et de l’Iran. Babylone, la capitale à cette époque, est le siège d’une dynastie puissante ayant étendu sa domination sur un bon nombre de pays voisins , dont la Perse, la Médie, la Syrie et aussi la Israël… C’est l’empire babylonien. Les rois des pays soumis, vassaux du roi de Babylone vivent en assez mauvais termes avec leur pouvoir central et ce qui devait arriver arriva : Cyrus le grand de Perse se révolte fait assassiner le roi de Babylone : Balthazar. L’immense empire change simplement de nom : ce sera dorénavant l’Empire Perse. La capitale –symbole du pouvoir établi- est transférée en terre perse à Suse. La Palestine annexée auparavant à l’empire babylonien passe sous la tutelle perse. Quelle est à ce moment la situation des Juifs ?
Sous le régime babylonien, malgré une certaine autonomie et la permission pour les plus nobles d’entre leurs fils, de recevoir une éducation princière ; la plaie était encore trop fraîche, le souvenir de Jérusalem trop vif pour qu’ils pussent songer à accepter définitivement leur vie nouvelle (voir le psaume 137) Comment pouvons-nous chanter les chants de Sion en terre étrangère ?
A la suite de son coup d’état, Cyrus le Grand, désirant se rallier le maximum d’habitants procède à une série d’amnisties. Il entame notamment une émancipation presque totale des Juifs qui deviennent peu à peu des citoyens très loyaux et très fidèles à leur nouvelle patrie. Ils rentrent en contact avec des gens du pays et commencent à participer à la vie publique. Désertant en grande partie la Babylonie ils viennent se fixer en terre Perse et surtout à Suse.
Le véritable centre du Judaïsme, dès le début du Vèm siècle avant notre ère est donc en Perse. Les Juifs y mènent une vie libre et facile. Ils prennent notamment une part considérable dans la direction politique du pays. Ils monopolisent pratiquement toute la vie économique de la Perse ce qui leur attire l’animosité des princes perses et d’une partie de la population. La situation des Juifs de Babylonie ne ressemble en rien à celle des Juifs restés en Palestine. Ces derniers en proie à une suspicion constante, sont bien moins heureux et ne participent que très faiblement au travail de la collectivité juive.
C’est pourquoi les dangers qui menacent le Judaïsme perse sous le régime d’Assuérus sont infiniment plus graves. Car,ce n’est pas une petite fraction du peuple qui y est exposée, mais bien son centre nerveux, la partie la plus vivante, la plus prospère, la plus homogène du Judaïsme en exil.
C’est dans ces conditions, qu’en 456 l’orage éclate sous le règne d’Assuérus, autrement dit Artaxerxés Ier, fils de Xerxès ( Selon certains historiens ce serait lui Assuérus) fils de Darius le Grand, lui-même successeur de Cyrus le rebelle, que se déroule l’étonnante histoire de Hamane. Et là encore, l’histoire nous confirme le portrait que la Méguilath Esther nous donne du Roi. Celui-ci, à l’instar de ses prédécesseurs représente le type parfait de l’autocrate détenant entre ses mains le sort de ses sujets et du pays. Au demeurant, assez lunatique- et volontaire- le Tyran.
Voilà l’histoire dans laquelle se place l’histoire de Pourim, période mouvementée et profondément caractéristique pour l’immanente action de D. en faveur de son peuple.