Clonage

 

• Accueil • Remonter • la Thora et L'Etat • judaisme protecteur des animaux • La priere • Halakha du jour • Le respect de la Vie dans le Judaisme • Bioethique et Judaisme • Rien de nouveau • Le miracle de la Fiole • Le Guiyour • Clonage • Democratie et Judaisme • Haggada •

 

Le CLONAGE DANS LE JUDAISME Version 2

 

Le Problème du clonage n’est pas tout à fait inconnu dans le Judaïsme. En effet le Talmud en parle déjà d’une manière certes, très discrète mais néanmoins évidente pour les habitués du Talmud. Voici le texte de Sanhédrine 65b : «  Si les justes le voulaient, ils pourraient créer le monde, comme il est écrit (Isaïe 59) : « Seules vos fautes vous séparent de votre Dieu. »Et pour bien étayer cette affirmation le Talmud enchaîne par ces mots : « Rava créa un homme et l’envoya à Rabbi Zéira. Celui-ci entreprit de parler avec cet envoyé, mais, remarquant qu’il était incapable de donner la réplique, il dit : « Tu es un produit de nos collègues ; retourne à la poussière. »

Ce texte est pour le moins très audacieux et paraît quelque peu très difficile. Dans ce cas, il n y a qu’une solution, c’est de faire appel au commentateur :  Rachi. Voici le commentaire de Rachi : « Rava créa un homme au moyen du Livre de la Création qui lui a enseigné toutes les combinaisons possibles du nom de D. »

Le Livre de la Création est un ouvrage vraisemblablement rédigé dans les cercles proches de Rabbi Akiba et de Rabbi Yichmaël au 2e siècle de l’ère vulgaire, dont Rava se servit pour constituer ou reconstituer un être vivant.

 

Le clonage, bien que le Judaïsme s’y oppose formellement, a tout de même certains partisans qui apparemment ne manquent pas d’arguments.

a)     Il n’est pas prouvé du tout que le clonage produit des créatures semblables quant à leur caractère, et à leur génome

b)     Le caractère  relève de plusieurs composantes, l’environnement, la famille,  la qualité de l’enfance, l’éducation etc.

c)     Le risque de créer des êtres sanguinaires pour les destiner à la guerre et au génocide ne tient pas. Sans le clonage, Hitler a réussi à assassiner des millions d’êtres humains.

d)     Pourquoi récuser le clonage si l’on peut avoir à volonté des Einstein et  des mozart ?

e)     La procréation médicalement assistée ne se conforme pas à la nature. Si l’on admet cette dernière, pourquoi ne pas admettre le clonage ?

Le Judaïsme a pour fondement l’idée que l’homme participe à la Création et constitue de ce fait, un collaborateur de D. C’est en vertu de ce principe que nous pratiquons la circoncision. Pour quelle raison  refuse-t-on le clonage,  si par ce biais il était possible d’améliorer l’homme ?

 

Pour répondre à tous ces arguments, il convient dans un premier temps de préciser la base halakhique, de l’interdiction absolue du clonage.

Le texte fondamental se trouve dans le Talmud Yérouchalmi (Kil’aïm) : « Comment l’interdiction de croisement (Kil’aïm)  est - elle possible à propos des poissons ? »Et le Talmud de répondre : « En vertu de l’interdiction d’atteler ensemble deux bêtes différentes »   En d’autres termes, il était clair pour nos Sages que toutes les catégories d’êtres vivants qui, selon la Torah, doivent rester distinctes depuis le début de la création (voir Genèse 1) tombent sous le coup de l’interdiction de croisement.

Le Rav Zini du Téchnion de Haïfa formule la question ainsi : «  Comment cette interdiction peut-elle s’appliquer techniquement aux poissons ? Le Talmud nous a suggéré une première réponse. La biologie moderne en ajoute une seconde : dans un avenir proche nous pourrons créer un hybride de deux êtres vivants, dans le domaine des animaux marins notamment. Et qui sait si de telles combinaisons hybrides ne pourront pas toucher ultérieurement d’autres catégories d’êtres vivants, de la bactérie à l’homme ? Or, ces croisements hybrides tomberont sous le coup de l’interdiction de la Torah et si les combinaisons entre catégories animales sont  interdites, elles le sont à fortiori lorsqu’elles concernent l’être humain. »(1)

 

Ce texte fondamental est corroboré par toutes les conséquences du clonage. On peut les résumer en quelques phrases. Le clonage soulève  de nombreuses questions d’ordre éthique. Il fait disparaître l’identité individuelle de l’homme. Celui-ci n’a plus de spécificité  humaine, il devient un élément d’un ensemble qu’on ne peut pas distinguer. L’homme perd ainsi son unité ce qui est totalement contraire à la pensée de la Torah.

 Celle-ci est précisée dans la Tossefta de Sanhédrin(8, 4-6) en  ces termes. « L’homme a été créé unique. Et pourquoi a-t-il été créé unique ? Afin que les Justes ne disent pas : « Nous sommes les fils d’un Juste et que les impies ne disent pas nous sommes les fils d’un impie. Autre chose ; pourquoi l’homme a-t-il été créé unique ? Afin que les familles ne se disputent pas entre elles. Si déjà, en étant créé unique, les familles se querellent, que serait-il arrivé si l’homme n’avait pas été créé unique ? Autre chose, pourquoi l’homme a-t-il été créé unique ? A cause des malfaiteurs et des voleurs. En étant créé unique, cela n’empêche pas les malfaiteurs et les voleurs d’agir, à plus forte raison s’il n’avait pas été créé unique. Autre chose, pourquoi a-t-il été créé unique ? Afin de proclamer la toute puissance de D. Il a crée le monde avec un seul sceau, et d’un seul sceau sont sortis beaucoup de sceaux. Comme il est écrit : «  Elle se transforme comme l’argile sous un sceau, et les choses se placent comme dans un vêtement. »(Job, 38,14. Pourquoi les visages sont-t-ils différents ? A cause des fraudeurs, car tout un chacun peut à sa guise s’emparer du champ et de la femme de son prochain. Comme il est dit : « Et aux méchants est refusée leur lumière et le bras élevé se brise »(Job, 38,15) Rabbi Méir dit L’Eternel a créé, des visages et des intelligences différents, à cause des malfaiteurs et des voleurs. Il a créé la voix particulière à chacun, à cause de la débauche. »        

 

Tous les arguments que nous avons avancés, bien que pertinents, ne peuvent pas être pris en considération à partir du moment où  le clone n’a aucune identité, parce qu’une identité ne se partage pas. Quant à l’argument  souvent mentionné, à savoir : que la Torah a fait de l’homme un collaborateur de D. et que  la création a été intentionnellement créée imparfaite pour que l’homme puisse intervenir ? C’est  ce principe d’ailleurs  qui motive la pratique de la circoncision. La base scripturaire de ce principe figure dans la genèse  au chapitre 2 verset 3. En effet ce verset s’achève par la phrase suivante : « Toute son œuvre que D. a créée dans le but de faire. On a déduit de cette fin de verset qu’une part de la création est réservée à l’homme. Si l’homme  a acquis le droit d’intervenir pourquoi a- il été limité lorsqu’il s’agit de reproduire un être vivant ? A cette réflexion, on répondra que sur le plan éthique la Torah attend finalement d’un Juif qu’il soit l’associé de son Créateur et non son contradicteur. En d’autres termes, elle lui enjoint d’utiliser son savoir pour poursuivre la création divine sans la déformer. Eventuellement, il pourra la rectifier, lorsqu’elle aura subi des déformations dues à  des erreurs morales ou autres. En revanche écrit le Rav Zini : «  Il lui est interdit de reprendre la création à sa base en lui conférant un tout autre aspect et en lui attribuant par là-même un tout autre objectif et une toute autre histoire. Il n y a  rien  d’étonnant à cela dès lors qu’on se rend compte que  ces pleins pouvoirs biologiques ne sont que la compréhension et l’imitation de ce que le vrai Créateur a déjà écrit dans sa création » (1)

   

(1) Rav Dr E.Zini Apostrophé N°1,Juin,1993 .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                           

(1)