Le Chidoukh

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Introduction

                                              

 

Le terme « chiddoukh » est d’origine araméenne ; il signifie dans la littérature rabbinique « négocier, arranger. » on le trouve dans le traité chabbath 150a, et dans le midrache rabba sur le livre d’Esther chapitre 2. Par extension,  en hébreu moderne, il s’applique uniquement à l’arrangement d’un mariage, plus exactement, à mettre en rapport une jeune fille et un jeune homme en vue d’un mariage. Le « chadkhane » est par conséquent un marieur, au féminin « chadkhanith.

 

Le verbe « chadèkh » recouvre une autre signification : trouver la sérénité, le calme. Autrement dit, le chadkhane est celui qui conduit un jeune homme et une jeune fille vers une vie de tranquillité, une vie d’équilibre et  de bonheur. Cependant, cette signification était, pour les juifs d’Europe Centrale, purement théorique. Ils avaient, quant à eux, leur explication qui dérivait de la réalité quotidienne. Avec l’humour qui particularisait ces juifs, ils disaient que le mot« chadkhane » était l’acronyme de : « chékère dovère,  késsèf notène »   ce qui se traduit par : «  le mensonge il parle, l’argent il réclame. » ceci  est significatif de l’estime dans lequel on tenait les « chadkhanim. Il y a même un très grand maître qui a trouvé autre chose  de plus original encore. En effet, les lettres hébraïques qui forment le mot « chadkhane » sont, le chine, le daleth, le khaf, et le noun ; ces lettres  constituent les premières consonnes du verset 16 du Psaume 107, qu’on peut traduire par « car il a brisé des portes d’airain, abattu des verrous de fer. » ce grand maître,  voulait  nous mettre en garde contre le pouvoir de persuasion  du chadkhane, qui parvenait, tout de même, à assainir toutes les situations et aplanir tous les obstacles pour parvenir, en fin de compte, à former un couple. Connaissant les familles respectives du garçon et de la fille, le chadkhane  avançait  exactement les arguments les plus pertinents  à chaque famille pour lever toutes les oppositions.

 Le chiffre d’affaires des chadkhanim était en nette augmentation le 15 du mois d’av. C’est le jour, qualifié par rabbi Chim’on fils de rabbane Gamliel, de moment propice, pour se choisir un partenaire. « Israël, disait rabbi chim’one, n’a jamais connu un jour aussi joyeux que le 15 Av, car en ce jour, la tribu de Benjamin avait intégré l’assemblée d’Israël » (traité taanith )

Rabbi Chim’one faisait allusion à un événement historique qui a eu lieu en Israël : « des filles originaires de la ville de Chilo sont sorties  dans les vignobles le 15 av. Des jeunes gens de la tribu de Benjamin  les ont prises pour épouses.

C’était effectivement un grand jour car, les  jeunes gens issus de la tribu de Benjamin, ne contractaient mariage qu’avec des filles de leur tribu.  

Depuis cet heureux événement, le 15 av est devenu le jour de la formation des couples et un jour de fête du calendrier hébraïque, plus connu sous l’appellation de « hag habétouloth » (la fête des vierges) ou «  hag hachiddoukhim » (fête des présentations) ce processus de formation des couples, n’est plus en vigueur actuellement, bien que les vignobles en israël soient nombreux. En guise de fête, les chadkhanim s’épuisent à faire le va et vient entre la maison de la jeune fille et celle du jeune homme. C’est un dur métier, car les tractations peuvent durer des mois, avant d’avoir l’accord des parents. Il est indispensable de convaincre des récalcitrants par des arguments de choc. Le montant de la dot fait l’objet de tractations serrées, parfois épuisants, mais que faire ! Il faut bien gagner sa vie. Le travail des chadkhanim a fourni à la littérature hébraïque de nombreux sujets  de plaisanterie. Mais les chadkhanim savent très bien que le talmud dit : « le ziwoug est l’œuvre de D. » et qu’ils ne sont que des missionnaires de D.  Former un couple pour un chadkhane, c’est accomplir la volonté divine qui a proclamé : «quarante jours avant la formation du fœtus une voix du ciel proclame, telle fille est destinée à tel garçon  et tel garçon épousera telle fille » autant dire que le chadkhane est conscient qu’il accomplit la volonté divine, certes, cela lui rapporte un peu d’argent, mais quelle importance ?  quand il  se considère  le collaborateur de D. Il faut dire que, même de nos jours, les chadkhanim sont des figures humoristiques. On a beau critiquer le chadkhane, la fonction reste solide et très demandée. De grands maîtres de la torah se sont occupés et continuent de s’occuper des chiddoukhim. Ne dit-on pas : «  que celui qui a  le mérite  de former trois couples, aura certainement une part au monde futur. » 

 

Le mariage qui résulte d’un chiddoukh  n’a pas bonne presse  en général dans le monde dit moderne, sauf dans un milieu bien particulier. Cependant,  il est temps  de redonner au chiddoukh ses lettres de noblesse. Lorsqu’un jeune présente une fille à son ami, c’est un chiddoukh, mais celui-ci bénéficie d’une opinion favorable. Mais quand un chadkhane professionnel présente une fille à un jeune homme, cela devient un mariage arrangé. Pourtant, dans la société actuelle, les agences matrimoniales se multiplient et tout le monde ne  trouve rien à redire. Il serait temps de considérer que le chadkhane est plus compétent  qu’une agence matrimoniale. Tous les mariages se font en principe par un chiddoukh, mais souvent on l’occulte ou l’on ne s’aperçoit même pas.

 

Tout le monde rêve de rencontrer l’âme sœur et créer une vie de couple harmonieuse et durable. Très souvent  ce rêve ne se réalise pas et demeure au stade de rêve. Notre objectif dans ce travail, est de proposer les conseils indispensables pour la réalisation de ce rêve. Mais auparavant, il est nécessaire de comprendre pourquoi tant de couples  ne parviennent pas à instaurer l’harmonie dans leur famille.

Notre Maître, le Rav Shlomo Wölbe, s’est penché sur cette question  et avance l’argument suivant : « Notre époque  diffère de celle qui a précédé la deuxième guerre mondiale. Dans le passé les gens étaient plus aptes à lutter et à se mesurer aux obstacles et aux  crises. Aujourd’hui la majorité des jeunes éprouvent des difficultés à affronter les tensions nerveuses de toutes sortes. Quand un problème sérieux survient, ils optent pour le psychologue et parfois même pour les anxiolytiques. De toute évidence, le jeune aujourd’hui, dans la plupart des cas, ne parvient pas à imposer sa volonté. De ce fait, il n’existe pas une famille sans problème d’adaptation à l’intérieur de sa famille, et de subsistance à l’extérieur. On constate que des jeunes se marient sans jamais avoir appris au préalable, à faire face aux tensions, à lutter et à vaincre. Ils se trouvent soudain, pris dans un tourbillon de problèmes. Ils s’imaginaient trouver dans leur nouvelle famille un havre de paix  débarrassé de tout conflit, où régneraient le bonheur et la tranquillité. Que peuvent-ils faire donc ? Que peuvent-ils penser ? Comment ces jeunes, vont-ils conduire leur foyer ?... Même les étudiants en Torah et les filles rigoureusement pratiquantes, se retrouvent dans l’incapacité de faire face à la moindre début de crise. Cette incapacité touche toute la génération. Cependant il eut été logique qu’un couple fortifié par la foi, et par la Torah, fût en mesure, plus que tout autre de surmonter les crises et les malentendus… Nous avons déjà dit que le fondement de la famille juive est la conviction profonde que les deux partenaires du couple soient faits pour vivre ensemble. Par conséquent, ils peuvent  être convaincus, d’une foi absolue que  le Créateur de « la joie, de l’allégresse, du marié et de la mariée, de la jubilation, du chant, de l’exultation,  de la gaîté, de l’amour,  de la fraternité, de la paix et de l’amitié » C’est lui, béni soit-Il, qui a créé ces qualités, non seulement pour les sept premiers jours du mariage, mais pour la durée de toute la vie » ( Hadrakha lécaloth, page 30 )

Pour parvenir à toutes les qualités mentionnées dans les sept bénédictions  du mariage, il est indispensable de prendre conscience de la complexité et de la difficulté de former un couple. Il convient par conséquent de ne pas hésiter à être très avide de conseils et  très attentif aux conseils donnés par les spécialistes, les Rabbanim et les parents.

La décision la plus cruciale de la vie qu’une personne puisse prendre est de choisir un partenaire pour fonder avec lui une famille pour toute une vie. Notre époque, malheureusement, a banalisé le mariage, et parfois même, avant toute décision de trouver un conjoint, on n’exclut pas la possibilité de divorcer en cas d’échec. Il n’est donc pas étonnant de voir le nombre de familles qui se déchirent, se multiplier chaque jour un peu plus. Chaque couple qui  se sépare en laissant des enfants traumatisés par cette séparation, essuie certes un échec personnel, mais la dislocation du couple aura aussi des répercussions dramatiques sur l’ensemble du peuple juif. Chaque famille juive constitue un chaînon dans l’immense chaîne, trois fois millénaire,  qui constitue l’histoire du peuple juif. C’est pourquoi, avant de se lancer dans l’aventure de la vie en  couple, il serait nécessaire de savoir : «  Comment  construire son couple sur de bonnes bases ? Comment entretenir l’amitié et le respect, préserver le désir, continuer de se surprendre mutuellement au cours des années ? Comment ne pas encombrer la relation d’attentes déçues, de rancoeurs, de malentendus ? Comment protéger l’autre de nos dysfonctionnements et se protéger des siens ? Comment conjuguer harmonieusement le « je, tu, nous » ( Christel Petitcollin, réussir son couple, Edit. Jouvence, 2005)

Pour cela, il faut autant de vigilance que de savoir faire. Avant toute décision de s’installer définitivement dans le couple, il serait infiniment utile d’apprendre ce savoir-faire, surtout dans les sociétés occidentales, où la montée de l’individualisme et la quête d’un épanouissement personnel, ont fait voler en éclat la solidité du couple. L’épanouissement dans la relation semble aujourd’hui bien compliqué. Les échecs du couple se multipliant, on se dit, à quoi bon multiplier les chances de rencontre si l’on ne sait pas s’accorder ensuite.

Pour se prémunir contre les échecs, les déceptions, les malentendus, le dysfonctionnement, la mésentente, nous préconisons de se  reporter à l’enseignement de nos Maîtres et aux directives de la Torah qui ont traversé le temps et fait leurs preuves. Par contre, quand il s’agit de couple, le monde occidental a complètement échoué. Les tribunaux sont encombrés par les demandes de divorce. Il est malheureusement triste d’observer une multiplication de divorces et des enfants de plus en plus traumatisés.

Toute personne qui veut s’éviter les souffrances d’un couple conflictuel doit adhérer à la méthode du chiddoukh, tel que nous allons la définir dans ce travail.  Avant d’entamer le processus du chiddoukh une préparation est indispensable sur le plan psychologique. Il serait utile de prendre contact avec une personne compétente, ayant beaucoup d’expérience dans ce domaine, pour acquérir les connaissances nécessaires et savoir quoi faire et comment agir. Il faut particulièrement connaître les points sur lesquels il faut mettre l’accent et ceux que l’on peut négliger. Les négociations devraient avoir lieu avant que le couple n’envisage de se marier. Dans la pratique, un nombre étonnant de gens s’installent à deux, sans avoir jamais eu de conversation sérieuse sur ce qu’ils aiment ou non, sur leurs valeurs et leurs aspirations profondes.

Dans la civilisation dans laquelle nous évoluons, la plupart des gens ne conçoivent pas que le choix d’un partenaire puisse s’opérer par une tierce personne et non par la personne intéressée elle-même. A ces gens, il convient d’opposer les résultats des statistiques. Les couples qui se sont formés à la suite d’une rencontre fortuite et  sans prendre aucun avis de qui que ce soit, comptent le plus grand nombre de divorces. Ces derniers ne sont que la conséquence d’un choix fondé sur l’attirance physique, tout se passe comme si l’inconscient de chaque individu percevait dans l’inconscient de l’autre une série de conflits intérieurs. Si ces conflits sont pour une part analogues aux siens propres, et qu’il ressente chez l’autre une manière différente d’y réagir, l’individu se trouvera alors puissamment attiré vers cet autre, avec une force de réciprocité.  Autrement dit, le couple se forme parce que chaque partenaire voit dans l’autre une possibilité de régler ses conflits intérieurs. C’est ainsi que se forme un couple fusionnel, formé par deux êtres qui ont perdu toute raison, et qui ne sont plus maîtres de leurs facultés. Le «  coup de foudre » se paye souvent trop cher. Comme l’écrit Jean G. Lemaire : «  Aucun raisonnement, aucune dénégation ne parvient tout à fait à annuler l’espoir spontané d’un ravissement. Chacun sent bien intuitivement que quelque chose de nouveau va se vivre, qu’un nouveau regard sur le monde, sur le partenaire, et sur soi-même, va se poser, qui reversera les positions antérieurs, inaugurant pour chacun une ère nouvelle. Que cette perception reste naïve pour la plupart, ou qu’elle soit parfois compliquée de raisonnements ou de dénégations ne change rien à ce qui est, là, profondément vécu » ( Payot 1979 Le couple sa vie sa mort )

Le chiddoukh a pour fonction de faire garder la tête froide aux deux partenaires. Les rencontres fortuites donnent des couples qui perdent tout sens critique. On pardonne tout, on méconnaît les défauts de l’élu(e), ou ses défaillances ? Chacun idéalise l’autre au point d’aller jusqu’au déni de la réalité. L’élu est véritablement transformé. Chacun est plus ou moins ressenti comme fusionné avec l’autre, comme faisant partie de lui. Chaque partenaire n’existe pas comme être et différent. Or dans un couple harmonieux, les partenaires doivent aussi parvenir à se différencier nettement l’un de l’autre.

Un couple qui se forme sur cette base à savoir : une union symbiotique avec un Moi commun séparé du monde, ne dure qu’un temps, parce que chez tout individu il existe une quête narcissique, elle est constante. On ne peut pas  gommé définitivement le Moi narcissique qui continue de caractériser l’être humain tout au long de son existence. Il peut trouver, pour un temps limité, en apparence du moins, une intense satisfaction. Mais la durée de ce couple est limitée. Il n’est pas possible de conserver  l’état de bébé indéfiniment, celui-ci grandira inéluctablement. A l’instar du bébé qui, en grandissant s’opposera à sa mère, le couple fusionnel finira par grandir et sera dans l’incapacité de faire face à tous les problèmes qu’il a occultés jusqu’à présent. Très souvent la séparation sera le seul moyen pour retrouver la tranquillité.

 Il peut arriver, qu’à la suite d’un chiddoukh, lors de la première rencontre, les partenaires perdent la tête et tombent dans un état d’excitation extrême, perdant tout contrôle de soi. Dans ce cas ce chiddoukh ne remplit pas sa fonction correctement. Tout chiddoukh qui aboutit après quelque temps à une passion amoureuse, ou à ce qu’on appelle vulgairement le « coup de foudre » annonce un avenir incertain. La solidité du couple repose sur une connaissance mutuelle profonde. Cette connaissance doit précéder le mariage. 

Il existe dans notre  société des couples qui  cohabitent ensemble dans le but de vérifier que l’entente est parfaite, et c’est après cette constatation, que le mariage est célébré. Cette façon d’agir est tout à fait une faute grossière. Car l’expérience a démontré que même après des années de cohabitations, les partenaires ne se connaissaient pas mutuellement. Ils découvrent que tous leurs efforts étaient vains. Dans la plupart des cas, ils se rendent à l’évidence que chacun des partenaires a occulté son véritable caractère. Même dans un mariage réussi, heureux, équilibré, il s’avère parfois, qu’un des partenaires n’était pas exactement comme avant. A la question : si vous avez connu  à l’avance comment allait évoluer votre mariage avec votre épouse, l’auriez-vous épousée ? La plupart des personnes répondent  négativement.

On aurait pu logiquement croire, que lorsque des gens ont choisi, de leur propre initiative, un partenaire pour vivre en couple,  qu’ils se sont connus durant une longue période avant le mariage, que le nombre de divorces serait beaucoup moindre que lorsque  les parents étaient associés au choix du conjoint. On constate tout le contraire. Les statistiques prouvent que cette logique ne tient pas et que les divorces sont plus nombreux que dans le passé, lorsque les parents avaient leur mot à dire.  

La cause principale des échecs  que l’on relève actuellement,  réside dans la compréhension du terme se « connaître ». La plupart des jeunes considèrent que se « connaître » passe obligatoirement  par un rapport physique avec le partenaire. Ces jeunes ne sont pas conscients du monde pulsionnel qui les habite, et qui peut faire d’eux des véritables marionnettes. A partir du moment où les partenaires éprouvent une attirance mutuelle, ils ne veulent plus se donner le temps de la réflexion. Les pulsions sexuelles sont si puissantes que toute réflexion disparaît soudain. Par contre, au départ, le chiddoukh  aboutit à un véritable respect mutuel et le plaisir d’être en compagnie de l’autre. Le but du chiddoukh est de bien se connaître. Chaque partenaire doit savoir parfaitement ce que l’autre aime ou n’aime pas, ses particularités de caractère, ses espoirs, ses rêves.

Au début, c’est l’estime qui doit dominer, jour après jour, sans se contenter de grandes déclarations d’amour.  L’estime se reconnaît à travers les détails apparemment insignifiants : se parler souvent pour avoir des nouvelles de la santé de l’autre ; avoir des relations amicales pour les belles familles. Mais les cadeaux extravagants, les escapades romantiques  sont tout fait inutiles. L’essentiel est que les sentiments positifs prédominent.

Certains chiddoukhim  démarre sur des promesses et des constructions de châteaux en Espagne. Le plateau de positivité est tellement élevé qu’il est difficile aux partenaires d’imaginer qu’ils puissent chuter.

Il est très étonnant de constater que lorsqu’on doit acquérir un objet  d’une certaine importance, comme une voiture, un appartement, on s’entoure de plusieurs avis de personnes suffisamment informées, pour apprécier la valeur de l’objet, et surtout pour ne pas commettre une erreur. Mais lorsqu’on doit chercher un partenaire pour la vie, qui engagera l’avenir, qui décidera du malheur ou du bonheur, qui aura des conséquences capitales dans l’existence, on se passe de tout concours, de tout avis et l’on décide seul, parce qu’il existe une attirance physique.

C’est à la période du chiddoukh qu’il faut mettre au point les moyens de régler réellement les désaccords et de résoudre durablement les problèmes. Rares cependant sont les jeunes gens formés à la résolution des conflits. Un séminaire de formation sur ce thème serait le bien venu.

Les jeunes s’imaginent à tort, que l’amour qu’ils se portent l’un à l’autre se suffit à lui-même, pour de nombreuses années et qu’ils n’auraient aucun effort à fournir pour entretenir l’harmonie dans leur couple. Or il n’en est rien. On peut aimer quelqu’un et lui offrir une relation invivable. Pour qu’une relation soit durable il faut que chaque partenaire ait une parfaite connaissance de l’autre.

Un des sujets le plus important auquel il convient d’assurer une attention particulière est la relation que les partenaires ont avec la Torah. En dehors de toutes les autres conditions préalables qu’il faut scrupuleusement régler celui du degré de l’attachement des partenaires à la Torah est capital. Pour que le futur époux puisse assurer l’autorité souhaitable à l’équilibre des enfants, il est  indispensable qu’il soit pénétré de l’étude de la Torah. Celle-ci lui apprendra le comportement nécessaire à l’application de  son rôle d’époux et de chef de famille. Il tient sa compétence de dirigeant spirituel de la famille, de son niveau d’études en torah. Il va de soi, que sur le plan de la pratique de la Torah à la maison, l’identité de vue entre le mari et sa femme doit être absolument identique. Il appartient aussi à la femme d’étudier toutes les valeurs de la torah. La parfaite symbiose de la compréhension de la torah est la garantie d’une parfaite éducation des enfants et du moyen le plus sûr de régler pacifiquement tous les  conflits qui ne manqueront pas de remonter à la surface.

Toute personne qui ne se préoccupe pas de savoir que, toutes ces conditions fondamentales sont  remplies par son partenaire, et ne voit que sa  beauté extérieure,  s’expose à des déboires futurs. L’identité de vue, entre les partenaires, relative à la conception de la vie juive et de la pratique des mitsvoth dans la future famille,  diminue l’intensité des conflits et de tous les problèmes susceptibles  de se poser. Si l’on ne démarre pas - tout au moins  en ce qui concerne la parfaite identité de vue de la conception de la vie juive – dans la vie à deux, avec une connaissance approfondie de son partenaire, il serait facile de s’égarer lorsque l’existence sera profondément et subitement bouleversée.                

 

 

                                                  CHAPITRE I

 

LE GUIDE DU CHIDDOUKH   

 

 

Former un  couple qui s’entend bien, évoluant dans le bonheur, l’équilibre et

l’entente  parfaite, ne relève  pas du pouvoir des humains. C’est une entreprise qui a préoccupé nos Maîtres depuis l’avènement du Judaïsme. Le Talmud est arrivé à la conclusion « qu’il est plus facile de traverser la mer rouge, que de former un couple. » Un couple parfait ne peut être que l’œuvre de D. Mais alors, dans ce cas, comment faire pour trouver un « zivoug » convenable ? Dans un premier temps, il faut réciter  plusieurs fois la prière du « zivoug. »  Si nos Sages  ont composé une prière  ad-hoc, c’est que la Providence  est cordialement et instamment  priée d’intervenir pour que l’opération réussisse. Dans un deuxième temps, il faut faire appel à une chadkhanite professionnelle. Dans  notre  propos il est davantage conseillé de s’adresser à une femme. Celle-ci dispose de plus de doigter, d’une fine intuition et de savoir-faire. 

Mettre deux personnes  qui ne se sont jamais rencontrées, face à face, dans le but de former un couple, est une entreprise délicate. C’est pourquoi, la première mission de la chadkhanite consisterait à briser la glace  et les barrières qui séparent le futur couple. Comment doit-on  procéder ?

On  doit donner des instructions au jeune homme et lui indiquer clairement comment se comporter et quoi dire en se présentant la première fois à la famille de la fille. Dans le monde rigoureusement observant ce sont les parents qui  conduisent tout le processus du choix de l’époux pour leur fille. Quant à la couche sociale qui vit selon la  torah mais qui évolue dans la sphère dite moderne, elle  préfère organiser  une  fête où l’on invite la fille et le jeune homme en question. La rencontre en collectivité est plus supportable, surtout si le jeune homme est timide. En cas d’échec, le traumatisme est moindre. Dans tous les  cas, que le prétendant porte un chapeau ou une «  calotte tricotée » l’intervention d’une tierce personne est indispensable. Celle-ci  évitera à la personne de sombrer dans la période amoureuse qui annihile toute volonté et rend le couple aveugle pour un temps. Cette période  est responsable de tous les déboires des couples et des vicissitudes qu’il traversera. Quand elle s’installe, personne ne peut strictement rien faire. Le couple se regarde dans les yeux et non pas dans la même direction.

Le journal « Hatsofé », paru au mois d’août 2000, raconte le cas d’une femme qui est devenue chadkhanite  à la suite d’un vœu qu’elle avait fait. Son fils n’était pas du genre à marier très vite. Sa mère voyant que les années passaient à une vitesse vertigineuse, ne cachait plus son angoisse. Elle décida de se rendre sur les tombeaux des « tsadikim », elle pria avec cœur  et concentration, elle pleura toutes les larmes qu’elle avait accumulées pendant les années d’attente, elle sollicita  les Saints afin d’intercéder en faveur de son fils auprès du Créateur, elle lut les psaumes  plusieurs fois, elle passa même toute une nuit au pied du « Cotel » priant et pleurant sur son oreiller qui était déjà bien mouillé. Même si les anges pouvaient manifester quelque réticence devant tant de sollicitation, le Créateur par contre, dans son infinie bienveillance, exauça  sa prière. Aujourd’hui encore, en voyant son fils, heureux avec sa femme et ses enfants, elle exhibe l’oreiller encore mouillé de ses larmes. A la suite de toute cette histoire, elle décida de devenir chadkhanite pour accomplir son vœu.

Quels conseils peut-on donner aux jeunes ? On ne se lassera pas de répéter que  le premier contact au téléphone  est capital. Un jeune homme doit s’abstenir de demander des renseignements sur le physique de la jeune fille. Il ne cherchera pas à savoir si elle belle, grande, petite ou mince. Tout cela mettra fin à n’importe quel chiddoukh. Le premier coup de téléphone ne doit  pas devenir un interrogatoire, mais uniquement une occasion pour  préparer la prochaine rencontre. On peut, éventuellement dans ce premier contact, aborder des sujets généraux  comme par exemple, les études, les moments de détentes, le sport, le lieu de travail, les vacances, les projets, la vision du monde, la conception de la vie. On peut tout discuter hormis des sujets portant sur le physique et l’apparence de la personne. Il en est de même pour la photo, c’est une grave erreur  de demander une photo. Il y a des personnes qui ont un  visage agréable et même très beau que la photo déforme. Cette dernière n’a aucune importance dans un chiddoukh.

Dans le journal « Hatsofé » du 11-08-2000, la Chadkhanith Esther Wasserloff raconte : « Une fois, j’ai eu la visite d’un célibataire  de 45 ans  qui n’acceptait de rencontrer que des filles célibataires ne dépassant pas 35 ans. J’avais pourtant une fille qui pouvait convenir à son caractère, mais elle avait 38 ans. Le candidat refusa de la  rencontrer. C’est bien dommage car ce chiddoukh, réunissait toutes les conditions pour  réussir »

De cette  histoire, on peut retenir qu’il n’est pas recommandé d’opposer un refus dès le premier coup de téléphone. Un jeune homme ou une jeune fille  se fait mentalement une image de la personne désirée. Cette image ne correspond pas, en général, ni à la réalité ni à la raison. Souvent, elle relève du fantasme ou de l’idéalisation. C’est pourquoi, il faut savoir se remettre en question et ne pas aborder la première rencontre avec  une image toute faite de l’autre.     

 

                                                       

La même chadkhanite  rapporte un autre cas ; il s’agit d’un jeune homme  qui  prend contact par téléphone avec une jeune fille. Le dialogue s’avère infructueux

Et les deux décident de ne pas se rencontrer. Dix ans après, chaque membre de ce couple tentait toujours de rencontrer le partenaire qu’il pensait lui  convenir, mais en vain. En définitive, par  la volonté de la Providence, ils se sont rencontrés  en assistant à une conférence sur le zivoug. Ce couple, estimant dix ans  avant, qu’il était inutile de se rencontrer,  s’était   marié et  fonda une très belle-famille, heureuse et prospère. Mais, il a perdu dix ans. C’est pourquoi encore une fois, il faut faire abstraction des idées reçues et de l’image fantasmatique que chacun se fait de son ziwoug.

Passons maintenant au stade suivant le premier contact par téléphone. Les deux partenaires décident de se voir et fixent une heure et un lieu de rencontre. Cette étape est d’une importance capitale, elle nécessite une bonne préparation. Le premier conseil qu’on donnera à ce couple est d’arriver à cette rencontre dans un état mental serein et reposé. Les heures qui précèdent la rencontre doivent être consacrées au repos. Il convient de se débarrasser de toutes les idées  paralysantes. La disponibilité d’esprit, la décontraction et la spontanéité sont des éléments qui favorisent beaucoup la réussite de la rencontre. Le jeune homme doit se présenter dans une tenue impeccable. Les filles sont particulièrement sensibles à la moindre tâche sur la chemise, à la coiffure et à l’aspect de propreté du prétendant. Toutefois, il n’est pas utile de s’habiller comme si l’on se rendait à un mariage. Il faut garder un aspect naturel et éviter l’égocentrisme. La tenue vestimentaire peut décider du résultat de la rencontre. On peut relever plusieurs cas  de rencontres qui n’ont pas eu de suite, parce que la jeune fille est arrivée avec une jupe en jean, froissée et pas très propre.       

Le chiddoukh est un système qui exclue la période amoureuse, celle-ci annihile totalement la volonté du couple. C’est dans cette période que l’on commet le maximum d’erreurs parce que toute prospective est absente. On ne se préoccupe pas du tout de l’avenir ? Le chiddoukh par contre, laisse le couple conscient de ses actes, et le futur est une composante importante dans la construction du couple. C’est ce qui explique l’importance de cette première rencontre. Chaque membre du couple projette ce qu’il voit et ce qu’il entend sur l’avenir. Une tenue négligée sera interprétée comme le signe d’un caractère désordonné. Un mot mal placé, donnera l’impression que la personne sera grossière. Tout est interprété lors de cette première rencontre.

La sincérité est un élément capital lorsqu’un couple décide de se rencontrer. Un mensonge sera toujours dévoilé et mettra fin à toute tentative de construire le couple. Un homme qui a divorcé deux fois  se présente en affirmant qu’il est veuf. Un simple ouvrier se dit grand cadre dans une grande entreprise. Ce genre de mensonge ne contribuera pas à la construction du couple. Tout ce qui peut être dévoilé par la suite, doit être dit,  même les problèmes de santé.

La première rencontre ne doit pas se dérouler dans un lieu public. On peut la fixer chez des amis communs ou chez des proches parents. La deuxième par contre, peut avoir lieu dans un grand salon d’un hôtel. Si l’un des membres du couple est hésitant ou timide, il est possible de se rencontrer dans une salle plus à l’écart d’un grand passage.  Deux jeunes hommes peuvent se rendre ensemble pour rencontrer deux jeunes filles. L’émotion et le stress seront, dans ce cas, moins intenses. Le jeune homme doit entamer la discussion et évitera les silences  prolongés. Il doit aussi savoir donner l’occasion à la fille de parler et ne pas accaparer la parole. On a remarqué souvent que dans le dialogue qui s’instaure lors de la première rencontre, le jeune homme faisait  preuve d’un ego  hypertrophié. 

 

Une seule rencontre est insuffisante pour tirer des conclusions. C’est pourquoi il est recommandé d’envisager toujours des rencontres supplémentaires et bien réfléchir avant de prendre une décision de poursuivre ou de cesser toute relation. Une personne ne dévoile pas sa personnalité véritable dès la première rencontre. Il serait utile de rappeler que de nombreuses présentations se sont terminées par un échec, parce que le garçon se croyait la centralité du monde et dans toutes les rencontres, il n’arrêtait pas de parler de sa personne,  pour plaire à la fille. Un échec est souvent définitif.

Abordons maintenant un sujet qui fait beaucoup hésiter une fille : il s’agit du rapport du garçon avec l’argent. Une rencontre peut avoir lieu dans un moment de canicule. La fille est au bord de la déshydratation et le garçon ne propose pas à la fille de lui payer une boisson. Dans ce cas il y a de forte chance que cette rencontre soit la dernière. L’avarice d’un homme génère inéluctablement l’insécurité de la fille. Or la première qualité que recherche une fille chez un homme, c’est le pouvoir de sécurisation qu’il inspire.

Un bon chadkhane ne doit jamais proposer à une fille, une liste de prétendants, mais seulement, un seul. En cas d’échec, il serait utile d’en analyser les causes et d’en tirer les conclusions. Ce n’est qu’après, qu’il proposera un autre prétendant.

Un chiddoukh n’est pas une plaisanterie. Il est indispensable avant de réclamer l’intervention d’un chadkhane d’être pénétré par l’idée du mariage. Cette exigence paraît superflue, mais de nombreuses personnes font appel à un chadkhane sans vraiment prendre conscience de ce qu’est un mariage.                      

  

Après la première rencontre et les suivantes, le couple constate avec satisfaction que les perspectives sont positives et que ce ziwoug est appelé à réussir. Dans ce cas il est conseillé aux deux partenaires de faire preuve de beaucoup de discrétion. Il est parfaitement inutile de le crier sur les toits. Lorsqu’il s’agit d’un chiddoukh il n’existe aucun commandement qui enjoint au couple de faire étalage de ce miracle. On réserve cela pour  Hanoucca. Il existe comme une pulsion irrésistible, de faire savoir au monde entier, la réussite d’un chiddoukh. Malheureusement, toute réussite déclenche une réaction contraire qui peut entraîner des mots déplacés susceptibles de remettre en question tout le processus. La discrétion doit être de rigueur même, envers les membres de la famille les plus proches du couple.

En guise de conclusion, il faut rappeler que le ziwoug est l’affaire de Hachem. C’est pourquoi il faut vraiment mettre toute sa confiance en lui. Il faut se mettre dans la tête que la réussite est au bout et focaliser toute  la pensée sur la réussite. N’oublions pas que le temps passe à une vitesse vertigineuse.

 

                                            Chapitre II

 

 

QUE DOIT-T-ON VERIFIER DANS LA PERIODE DU CHIDDOUKH ?

 

Les différentes rencontres des deux partenaires ne doivent pas se limiter à la constatation qu’il existe bien une attirance mutuelle. Celle-ci n’est rien d’autre qu’une première étape qui ouvrira la voie à une véritable recherche de la compréhension de l’autre. Le véritable but de la période du chiddoukh est une véritable étude de l’un par l’autre. Pour cela, la première rencontre ne doit pas conduire le couple à une exaltation amoureuse, et une passion dévorante. Il n’est pas possible d’étudier le caractère de l’autre sans une tête froide et sans le concours de l’entourage. La passion amoureuse ferme toutes les portes, et conduit le couple directement à l’échec. Si l’attirance physique n’est pas celle qu’on espérait, il appartiendra aux partenaires eux-mêmes, et à personne d’autre, de prendre la décision de mette fin à la relation ou de continuer.

Quand à l’obligation de connaître le caractère de l’autre, et surtout son enfance, il convient de faire appel à l’aide des personnes extérieures. Ces dernières ne sont pas concernées par le problème du chiddoukh, par conséquent, elles se montreront neutres. Il existe beaucoup de domaines que l’on peut vérifier soi-même, dans beaucoup d’autres il vaut mieux faire appel aux autres.

Le seul danger à éviter- ce qui n’est pas toujours facile- est d’être à un point ébloui par la beauté de l’autre, au point de renoncer à toute connaissance de son caractère de ses qualités et de ses défauts. Il faut savoir que plus on connaît la vie intérieur de l’autre plus la relation sera profonde et enrichissante.

L’expérience a montré qu’il existe plusieurs cas,  susceptible de se reproduire à tout moment. Il s’agit de jeunes filles et de jeunes gens ayant des qualités exceptionnelles qui ont été attirés par un partenaire qui avait apparemment toutes les qualités requises et qui s’est avéré par la suite sans volonté et intéressé uniquement par le luxe et la grande vie. Ils se sont rendus compte, très vite, de leur erreur. Mais c’est toujours trop tard, et se sont ceux qui se sont trompés qui se mettent au diapason du tricheur. Pour ne pas tomber dans ce cas de figure, il est indispensable de garder toute sa raison et son sens de réflexion.

Comment éviter de tomber entre les mains d’un partenaire qui ne convient pas ? Il faut pour cela n’accepter  de rencontrer qu’une personne sur  laquelle on tient des renseignements objectivement bons. L’avis des parents et des Maîtres, doit être entendu. On peut consulter toute personne connue pour être clairvoyante mais n’appartenant pas à la famille de l’intéressé. Ce n’est qu’après toute cette recherche qui s’avère positive que la première rencontre ait lieu.

Les rencontres qui vont suivre serviront à vérifier tous les renseignements récoltés auparavant.

Il existe aujourd’hui une idée bien répandue –même dans la population juive éloignée de la Torah- que la formation d’un couple relève de la « destiné »  ou du « mazal ». Cette conception est totalement erronée. On la doit à la tendance de l’homme de fuir la réalité et d’aller planer dans les sphères de la métaphysique. Parce que la vie quotidienne, le travail, la société, imposent des obstacles  que l’on n’arrive pas à surmonter. Il est plus facile de se remettre entre les mains à la destinée que de se prendre  en main, en priant l’Eternel afin d’accorder finalement la réussite. Croire que le destin de chaque être humain est tracé d’avance, que tout dépend du « Mazal » c’est exclure Hachem de la direction de ce monde. Bien que selon la vision de la Torah  « quarante jours avant la formation de l’embryon, une voix céleste proclame que tel garçon est appelé à épouser telle fille et telle fille tel garçon » il n’en demeure pas moins que la Torah elle-même nous impose des directives pour le choix d’un partenaire. Il appartient à tout un chacun d’agir  avec discernement, raison, et intelligence pour parvenir à trouver la personne qui convient, pour former un couple heureux et respectueux de la Torah.

La société actuellement, sous l’emprise d’une médiatisation à outrance et une publicité tapageuse, conduit l’homme à s’évader de la réalité quotidienne pour verser dans le fantasme et la facilité. Il est très difficile à une personne qui vit sans mitsvoth d’échapper à ce lavage de cerveau dont il est l’objet par les médias, la publicité, et les magazines de mode. La conception de l’amour est imposée par tout l’environnement médiatique. Il n’est donc pas étonnant que le nombre de couples en état d’échec soit aussi important. L’aspect extérieur prend le dessus sur les qualités de l’âme, sur l’intégrité, l’honnêteté, la droiture, l’amitié, l’aménité, la gentillesse etc. Et comme la société fonctionne selon la mode du moment, les couples se forment d’après l’aspect extérieur.           

                                                            

                                                  CHAPITRE III

 

LE CHIDDOUKH D’ISAAC

 

La torah nous fournit à propos du mariage d’Isaac, un modèle parfait du chiddoukh qui n’est rien d’autre qu’une leçon moderne de psychologie du couple. Eliézère, le premier chadkhane de l’histoire juive, peut rivaliser avec les meilleurs psychologues modernes. Il nous donne la leçon la plus exhaustive du Chiddoukh tel qu’il convient de le concevoir.

Abraham chargea son serviteur Eliézère, « le plus ancien de sa maisonnée qui gérait tout ce qui était à lui » de se rendre « dans son pays et dans sa parenté » pour prendre une femme pour son fils Isaac.  Eliézère arrive en Mésopotamie à l’entrée de la ville de Nahor. « Finalement, il fit agenouiller les chameaux en dehors de la ville, près d’un puits d’eau, vers le soir, vers le temps où les femmes ont coutume de sortir pour puiser de l’eau. Puis il di : «  Eternel D. de mon Maître Abraham, s’il te plaît, fais que cela arrive devant moi en ce jour et use de bonté de cœur envers mon maître Abraham. Me voilà posté près d’une source d’eau et les filles des hommes de la ville sortent pour puiser de l’eau. Voici donc ce qui devra arriver : la jeune personne à qui je dirai ; Abaisse ta jarre, s’il te plaît pour que je boive, et qui dira vraiment : «  Bois, et j’abreuverai aussi tes chameaux, c’est elle que tu dois assigner à ton serviteur, à Isaac ; et par là fais-moi savoir que tu as usé d’un fidèle amour envers mon maître » ( Genèse, 24,11-14) 

En analysant ce passage de la Genèse, nous verrons que Eliézère fait preuve d’une intuition psychologique remarquable. Nous retiendrons de ce texte plusieurs leçons. La première est qu’il faut d’abord se connaître profondément soi même pour connaître l’autre. Car le but de la connaissance de l’autre n’a pas pour but d’avoir des éléments pour mettre fin à la relation ou continuer. Il ne s’agit pas de dire que le partenaire masculin ne peut pas supporter l’autorité, or le partenaire féminin est très autoritaire  et ne peut pas supporter qu’on lui donne des ordres et veut toujours imposer son propre avis, par conséquent ces deux-là  doivent  mettre fin au chiddoukh. La clé d’un mariage heureux n’est pas d’avoir une personnalité  « normale » mais de trouver quelqu’un avec qui l’on fonctionne bien. Dans ce cas il suffit que la jeune fille sache que le partenaire qu’elle rencontre est un homme qui ne peut pas supporter l’autorité. En le sachant à elle de juger si elle peut se remettre en question et ne palus être autoritaire. Dans le cas où elle refuse de renoncer à son caractère autoritaire elle arrêtera la relation. Le chiddoukh a pour fonction de décéler les défauts de l’autre. Mais si l’on peut vivre avec les défauts de l’autre et y réagir de façon attentionnée,  affectueuse et respectueuse, alors on peut parfaitement s’épanouir dans le couple. La connaissance de l’autre sert d’abord à comprendre comment il fonctionne pour que l’on puisse  adapter une conduite qui n’exacerbe pas les défauts de l’autre. Il va de soi que lorsque les partenaires présentent des caractères contraires définitivement fixés, toute relation doit immédiatement cesser. Un exemple : Sarah a une peur profondément enracinée de l’abandon. Elle a vécu dans une famille  insécurisante. Si le partenaire  qu’on lui présente s’avère, après plusieurs rencontres, un grand séducteur,  qui ne peut pas voir une femme passer, sans la suivre des  yeux ; alors, Sarah serait bien avisée de mettre fin à ce chiddoukh. Car ce partenaire va exacerber sa peur.

Dans le même ordre d’idée, David rencontre une fille qui a eu une enfance insécurisée, ses parents travaillaient tous les deux et faisaient tout, pour lui montrer qu’elle n’était pas très aimée, elle était par conséquent timide. David doit savoir que s’il épouse cette fille, elle  manifestera une jalousie pathologique. Il ne pourra pas la laisser seule, toute absence sera interprétée comme une tromperie.  

C’est ce principe que Eliézère applique en arrivant à Nahor en Mésopotamie. Il est le serviteur le plus ancien d’Abraham. Il a vu naître Isaac. Il a suivi toute son enfance et toute son adolescence. Or l’enfance détermine le choix du couple, et la vie toute entière. Pour trouver exactement la compagne qu’il faut  à Isaac, il était nécessaire de connaître profondément le caractère d’Isaac. Si l’on étudie ce caractère en se basant sur le livre de la Genèse, on constate qu’il fait partie des personnalités dépendantes. Isaac a toutes les caractéristiques de ce caractère. Il a souvent besoin des autres il est trop heureux d’être en compagnie, parfois il manque de confiance en lui. Il est très fidèle, hyper sociable, il écoute beaucoup et ne juge pas, c’est les filles qui le choisissent. Il ne peut pas vivre seul, il a besoin d’amis. Il est prêt à de nombreux compromis, il est pacifique, docile, obéissant, généreux, impressionnable, admire la force, l’autorité. Il préfère se sacrifier pour les autres.

Eliézère connaît parfaitement tous ces traits de caractère d’Isaac. Il lui faut donc une femme dont le caractère est complémentaire à celui d’Isaac ou qui le corrige. Pour vivre avec un caractère dépendant il faudrait une femme autoritaire, qui prend des décisions quand il le faut. Une femme sécurisante, sûre d’elle et exigeante. Mais aussi une femme qui fait admettre son avis avec respect et délicatesse. Cette femme doit pouvoir échafauder des projets et se charger de leur exécution. Pour vivre une vie harmonieuse avec une personne dépendante il est nécessaire de savoir gérer ce caractère. Le dépendant a peur de l’échec, c’est pourquoi il convient de renforcer ses initiatives plutôt que ses réussites. Il faut l’aider à banaliser les échecs et relever ses efforts. Le dépendant a peur de la critique, parce qu’il craint toujours d’être ridicule, et décevoir. S’il sollicite un  conseil, il faut lui demander d’abord son point de vue personnel, avant de lui répondre. Il faut lui parler des faiblesses et des doutes des autres et ne pas hésiter à lui demander des conseils et de l’aide. Eliézère, résume toute cette gestion de la personnalité dépendante en un seul mot à savoir : la générosité et l’autorité.

Dans le désert de Haran à quoi s’attache la bourgade de Nahor. La denrée la plus précieuse est l’eau. C’est donc par l’eau que la générosité de rébecca sera mise à l’épreuve.

La torah précise aussi que la jeune femme était très séduisante, ceci règle le problème de l’élan amoureux.  Nous constatons que le choix d’une épouse doit répondre au caractère de l’autre et vice et versa.

C’est Rébecca elle-même qui descendit à la source, c’est elle qui puisa de l’eau, généralement les femmes attendaient que les hommes se servent en premiers, puisque  ce sont les eux qui avaient suffisamment de force pour soulever le couvercle qui fermait le puit. Dans notre cas, c’est Rébecca qui fait tout ce travail. A la demande du serviteur d’Abraham, Rébecca répondit : » Bois, mon seigneur » Et vite elle fit descendre sa jarre sur sa main et lui donna à boire… Après avoir donné de l’eau au serviteur, elle dit encore : « Pour tes chameaux aussi je vais puiser de l’eau jusqu’à ce qu’ils aient fini de boire. Elle vida bien vite sa jarre dans l’abreuvoir, courut au puits encore et encore, pour puiser de l’eau, et puisa sans relâche pour tous les chameaux. » (Genèse 24, 18-20)

Connaissant le caractère d’Isaac, Eliézère était persuadé que Rébecca était l’épouse idéale qui réunissait les qualités qui  correspondaient  à ce caractère. En effet, le mariage d’Isaac et de Rébecca a été une union harmonieuse, Rébecca assuma sa fonction avec décision et autorité. Mais à la base de ce couple, il y avait beaucoup d’amitié et de respect. Les couples qui se renforcent sont ceux qui dès le départ ont basé leur relation sur l’amitié. Ils ont pris le temps de se connaître, de s’apprécier humainement d’égal à égal dans un esprit d’entraide, d’écoute, d’estime  et de respect mutuel. Dans le couple où règne une solide amitié chaque partenaire peut  confier ses soucis, se sentir épaulé et vivre une complicité sécurisante.

Le travail entrepris par Eliézère constitue le programme du chiddoukh. Ce programme doit comporter comme base, ce que l’on appelle en hébreu le Hessèd qu’on peut traduire par «  bonté »  « générosité »  « bienveillance » « empathie » « amour » « bienfait ». Mais il faut savoir, au préalable, qu’on peut avoir des tempéraments, des centres d’intérêt très divergents et former un couple parfaitement heureux, à une exception prêt : l’adhésion aux mitsvoth et à l’étude de la Torah. Aucune entente n’est possible si au départ il existe une divergence sur ce point.  Quand la Torah est au centre du couple, on peut avoir des conflits, à propos de l’argent, du travail, des enfants, de la maison, des belles familles et former un couple satisfait. Il faut se mettre en tête que les unions heureuses étaient loin d’être parfaites. Les couples heureux sont ceux qui ont bien vécu leur chiddoukh. Bien vivre le chiddoukh c’est découvrir le fonctionnement de l’autre et pour cela, il faut d’abord se connaître soi-même. 

La qualité de « héssèd » est mise en exergue dans la Torah. C’est la qualité première de Moïse qui a fait de lui le Serviteur de D. celui qui a eu le mérite de transmettre la Torah au peuple d’Israël. Le Midrach raconte que lorsque Moïse était le berger de Jéthro dans le désert, un agneau avait quitté le troupeau et s’était éloigne  dans le désert. Il arriva dans un lieu où il trouva un bassin plein d’eau. L’agneau se mit à boire. Moïse alla à sa recherche et parvint à le trouver en train de boire et lui dit : «  Je ne savais pas que tu es parti pour boire, tu dois être fatigué. Il le mit sur ses épaules et retourna vers le troupeau. Le Saint béni soit-il se dit : «  s’il manifeste tant de bonté envers un agneau et conduit un troupeau de la sorte il sera le berger de mon troupeau à moi » De ce midrach nous pouvons apprendre qu’une seule qualité peut englober beaucoup d’autres. C’est à travers un détail apparemment insignifiant que l’on peut déduire beaucoup d’autres conséquences. Toutefois connaître absolument une personne est impossible. Seul D. « peut sonder les cœurs et les reins ».      

   

 

                                       Chapitre IV

 

COMMENT RECONNAITRE LE HESSED

 

Cette qualité qui a fait de Rébecca l’épouse parfaite de la Torah, est difficile à déceler, parce que très souvent on la confond avec la satisfaction d’un Moi narcissique. On peut être très serviable, répondre à une demande d’aide, indiquer une adresse, participer à une collecte de fond pour nécessiteux, se porter volontaire pour servir dans un restaurant du cœur etc. Tout cela ne signifie pas que l’on a fait preuve de « Héssèd » Il y a des comportements qui peuvent être confondus avec le « Héssèd » mais en vérité ces comportements apportent une satisfaction et nourrissent le Moi narcissique. On peut se faire admirer en se portant volontaire à secourir  ceux qui souffrent, sans pour cela pratiquer du « Héssèd ».

Comment reconnaître le vrai Héssèd ? Quelques cas pratiques nous aideront à comprendre la définition du Héssèd.

« Une personne se trouvait dans une situation matérielle très difficile. Elle se rendit chez une personnalité bien connue dans la ville pour sa richesse, afin de solliciter son aide. Le notable le reçut convenablement et lui remit une somme d’argent qui le soulageait pour un moment. Ce notable, pourtant, n’a pas fait preuve de Héssèd, il a fait de l’aumône, il a porté secours à une personne en difficulté. Mais si le notable avait remarqué que  le pauvre était exténué pour avoir parcouru une grande distance. S’il avait remarqué la sueur qui coulait sur son front, et lui proposer  de s’asseoir, de se reposer, et d’étancher sa soif ; s’il accompagnait son invitation de quelques mots d’encouragement, sachant qu’il avait essuyé de nombreux refus de la part d’autres personnes, alors ce notable aurait fait preuve d’un comportement de héssèd. »**

Deuxième cas.

« Un jour d’hiver, il neigeait abondamment à New York, un étudiant d’une Yéchiva importante, faisait la tournée chez les donateurs pour ramasser les fonds nécessaires au fonctionnement de son institution. L’étudiant était transi de froid au point que ses mains avaient gonflé avec beaucoup de gerçures ; Il rendit visite à un donateur qui répondit généreusement à sa demande. Mais tout en lui remettant son enveloppe il jeta un coup d’oeil sur les mains de l’Etudiant et lui dit : « attendez moi j’arrive tout de suite » Le donateur alla dans sa chambre  et revint avec des gants avec une doublure en fourrure. Il dit à l’étudiant : «  Prenez ces gants, j’en ai plusieurs paires et je ne m’en sers jamais » Ce donateur a fait preuve de héssèd. » **

 

De ces deux cas on peut retirer une définition : Le héssèd  est une attitude de laquelle on ne retire aucun bénéfice narcissique. A la suite de cette définition on peut dire que Rébecca a un caractère avec la composante du héssèd.

En offrant de l’eau à  Rébecca n’était pas dans le cadre du Héssèd parce qu’elle répondait à la demande d’Eliézère. On peut dire qu’elle se trouvait dans une situation où elle ne pouvait pas refuser. Ce geste au surplus lui procurait une  satisfaction personnelle. Mais quand elle offre de sa propre initiative d’abreuver les chameaux, de les nourrir, de les loger, elle fait preuve de héssèd.

Du comportement de Rébecca, on peut aussi déduire un autre trait de son caractère très significatif. Eliézère lui demanda particulièrement de boire directement de la jarre qu’elle portait sur son épaule. Allait-elle lui donner à boire directement de la jarre, en agissant ainsi elle serait obligée de jeter le reste de l’eau dans la jarre. Car personne n’accepterait de boire cette eau. Eliézère voulait bien savoir qu’allait-elle faire avec le reste de l’eau ? Quel que soit sa décision elle commettrait une erreur. Si elle retourne chez elle avec l’eau restante, elle ferait preuve de maladresse, car cette eau est impropre à la consommation. Elle serait ainsi qualifiée de personne peu intelligente. Si elle verse par terre l’eau restante, elle commettrait également une erreur, car ce serait un acte de mépris envers Eliézère. La décision de Rébecca de donner l’eau restante dans la jarre aux chameaux et continuer à courir jusqu’au puits pour remplir plusieurs jarres, révèle  les  qualités de cœur et l’intelligence de Rébecca.           

 

Quand un jeune homme rencontre une jeune fille à l’occasion d’un chiddoukh dans le but de parvenir à une relation durable. Il y a toujours de part et d’autre une part d’un jeu de rôle. Chacun ne dévoile pas complètement les traits de son caractère et s’efforce de montrer uniquement les bons côtés de son comportement. Cette attitude a pour but d’impressionner l’autre et donner un aspect agréable à la rencontre. Les traits négatifs du caractère peuvent être réprimés. Un coléreux se montrera très gentil, un avare se montrera très généreux, un timide deviendra expansif, et un dépendant fera preuve d’autorité. Le véritable caractère a besoin du temps pour apparaître. C’est pourquoi toute précipitation est mal venue. Il convient de prendre le temps et  d’être un très bon observateur. Le bon conseil que l’on puisse donner est de ne pas hésiter à demander, avec la discrétion qui s’impose, l’aide de personnes de l’entourage le plus proche de l’autre.

Pour plus de précision, reportons-nous à l’exemple de la mission d’Eliézère. Le texte dit : «  Il fit agenouiller les chameaux en dehors de la ville, près d’un puits d’eau, vers le temps du soir »  (Genèse, 24,11)

Le verset  fournit deux précisions qui doivent avoir uns signification particulière. On apprend qu’Eliézère  choisit un endroit se situant près d’un puits, et un moment précis : « vers le soir ». C’est le moment où de nombreuses personnes sortent pour abreuver leurs troupeaux. En plein jour il fait très chaud et le lieu est déserté. L’objectif d’Eliézère est de se trouver en présence d’un groupe, car un individu dans un groupe  dévoile davantage son caractère. Le groupe est sécurisant. C’est dans un groupe que l’on peut véritablement observer le caractère d’un individu. L’exemple le plus classique est celui de la conduite d’un enfant. Quand il est en classe, il perturbe tout le cours, mais à la maison il est tout à fait calme. Le choix du lieu et du temps par Eliézère ne sont  pas fortuits. C’est dans un groupe que les filles chantent,  plaisantent, crient et se disputent.    

A l’instar d’Eliézère, qui ne s’est pas contenté de son propre avis seulement, mais a cherché à savoir ce que les autres disent, le candidat au chiddoukh doit agir de même ; et ne pas hésiter à connaître les avis des personnes qui côtoient l’autre.

 

                                         CHAPITRE V

 

QUEL CREDIT ACCORDER A L’AVIS DE L’ENTOURAGE

 

S’il est utile de demander l’aide des personnes de l’entourage d’un partenaire au chiddoukh, il n’en demeure pas moins, que tout avis doit être passé au crible. Il serait prudent de marquer des réserves à l’égard des éloges excessives à propos d’un partenaire. En général, les avis des personnes extérieures, comportent des généralités avec beaucoup d’imprécisions. Aucune décision ne doit être prise, uniquement, sur la base des avis des personnes de l’entourage du chiddoukh. Cependant il ne faut rien négliger. Tous les avis rentrent dans un ensemble susceptible de servir à une décision finale.

Les avis des amis des candidats au chiddoukh sont en général élogieux, et négligent  de mentionner les défauts. Il convient donc de tenir compte  de cette réalité et vérifier avant tout le degré d’attachement des candidats au chiddoukh et les personnes donnant un avis. Toutefois, si on obtient un avis négatif à propos d’un des candidats au chiddoukh, il faudrait faire preuve de circonspection et ne pas prendre l’avis négatif comme définitif. Dans le cas où l’avis négatif ne peut être vérifié il serait recommandé de l’abandonner. Le renseignement de caractère négatif à l’égard d’un partenaire au chiddoukh peut avoir pour motif une animitié envers le candidat, Il faut par conséquent émettre beaucoup de réserves dans ce cas.

 

Le CHIDDOUKH DE DEUX DIVORCES

 

Le remariage de deux personnes divorcées comporte  des difficultés sérieuses. Le premier point qu’il convient de vérifier est l’état psychologique de chacun. Un divorce est toujours traumatisant  parce qu’il constitue un grand échec dans la vie. On ne peut envisager un second chiddoukh que lorsqu’on a fait le deuil du premier. Ce deuil peut parfois prendre des années. Le second point, concerne la difficulté de connaître les véritables causes du divorce. En général chaque conjoint rejette la faute sur l’autre. Chacun pense  qu’il n’est pour rien dans le divorce. Les familles,  sont en général de l’avis de leur enfant. En réalité dans un divorce il y a beaucoup de non-dits et personne ne peut véritablement s’ériger en juge ou connaître les causes véritables du divorce. C’est pourquoi, quand bien même il s’agit de deux personnes divorcées, on se  comporte envers eux comme s’il n’ y a pas eu de divorce.

Il faut encore préciser que le but du chiddoukh  est de se pénétrer de l’idée que le couple qui se forme peut bien fonctionner. Un partenaire peut présenter manifestement un  défaut, or ce défaut peut  convenir parfaitement à l’autre parce qu’il guérit le sien propre. Une fille d’une personnalité anxieuse convient parfaitement à un homme qui assume, qui relativise, qui plaisante beaucoup, et qui est sécurisant. A l’égard des personnes qui ont déjà subi le traumatisme d’un divorce, le seul point qui convient à mettre au clair est la capacité des partenaires   de s’entendre. La seule difficulté qu’il convient de dépasser est l’inquiétude de retomber dans les mêmes erreurs du passé. Le divorcé est toujours plus inquiet  que celui qui se marie pour la première fois. L’inquiétude le rend plus réticent et moins malléable.

Peut-on considérer un renseignement négatif  à propos d’un chiddoukh comme une médisance  (lachone  har’a) ? La distance entre un langage de médisance et un renseignement utile, dans ce domaine, est très courte. C’est la raison pour laquelle il faut bien réfléchir avant d’émettre un avis sur un chiddoukh. En tout état de cause, il ne faut pas hésiter de donner un renseignement susceptible d’éviter un dommage considérable. Donner un avis à propos d’un chiddoukh, est une décision très délicate. Car il faut mesurer la répercussion et les conséquences de cet avis. C’est pour cette raison que de nombreuses personnes s’abstiennent d’émettre un avis. En tout cas, si l’on éprouve le moindre doute il est préférable de s’abstenir et ne rien dire.

Il convient, avant de donner un avis de savoir exactement à quel stade se situe le chiddoukh. Si la relation entre les deux partenaires est déjà très avancée. Autrement dit le couple est très prêt de la décision de se marier. Dans ce cas, l’avis doit être très positif. Si la relation est à peu près au milieu du processus, il faut donner un avis  moyennement positif. Si les partenaires ne se sont pas encore rencontrés, il faut répondre « Je ne sais pas » (***)

 

*** Yéouda Leibowicz shidducuim vézivouguim  Edit.Feldheim, Jérusalem 1988

 

 

Réunir des informations sur les partenaires du chiddoukh s’avère parfois très malaisé. Les familles savent bien qu’elles ne parviendront jamais à la connaissance parfaite de celui qui veut la  main de leur fille ou de leur fils. A ces parents il convient de rappeler que le mariage restera entre les mains de D. Car si la fille et le garçon sont appelés à former un couple leurs deux inconscients communiqueront entre eux, la rencontre d’une jeune fille et d’un jeune homme n’est jamais le fruit du hasard. C’est pourquoi, tout acharnement à réunir des renseignements sur l’un et sur l’autre est tout à fait déplacé. La connaissance parfaite du caractère d’un individu, de son comportement, de ses projets, de ses rêves, ne peut jamais être possible. Les familles doivent s’entourer de beaucoup de précaution sans arriver à l’acharnement et laisser le temps aux partenaires  de bien se connaître. C’est cette connaissance mutuelle qui décidera en définitive si la relation sera durable ou non.

 

Placer ici l’article sur la rencontre  

                                                            

LA CONNAISSANCE DE L’AUTRE

 

Nous avons souvent insisté sur la période  du chiddoukh parce qu’elle permet la connaissance de l’autre. Celle-ci à son tour permet d’éviter de nombreux conflits par la suite. Connaître profondément l’autre est la seule solution pour prendre une décision d’accepter ou de renoncer à ce chiddoukh. Les couples qui auront le moins de conflits sont ceux qui se connaissent intimement. Ils savent parfaitement ce que l’autre aime, n’aime pas ses particularités de caractères ses espoirs et ses rêves. La connaissance de l’autre implique l’estime mutuelle. A partir de l’estime, ils  peuvent  exprimer leur affection de plusieurs manières. Les grandes déclarations d’amour ne sont pas nécessaires, l’affection  se pratique jour après jour. C’est dans la période du chiddoukh que l’on doit juger si la relation peut aboutir. Précipiter les diverses étapes c’est s’exposer à une véritable déception. La maturité prend du temps, décider de s’installer avec quelqu’un(e) ne se fait pas  sans une certaine gravité. Vivre en couple est une décision qui concerne autant la société juive que les individus. Beaucoup de gens se trompent dans le choix d’un conjoint, pour la simple raison qu’ils ne savent pas identifier le type de personne avec qui ils auront le plus de chances de nouer des liens à long terme. Ce que l’on peut faire, c’est de mieux préparer les candidats au mariage et les mettre en garde contre la passion amoureuse. «  Si à la force de cette passion aussi impulsive qu’impérieuse qui nous pousse à nous attacher  s’ajoutent chez nous la croyance et l’espoir, en un amour sans condition, nous risquons d’autant  plus de jeter notre dévolu sur quelqu’un qui ne nous convient pas. Nous nous condamnons ainsi à des années d’une vie commune démoralisante et totalement coupée de la réalité » **

 

** John Jacobs, les sept mensonges du mariage, first édition, Paris 2004.

Par conséquent, plus on connaît la vie intérieure de l’autre plus la relation est profonde et enrichissante. De la connaissance de l’autre naît non seulement l’amour, mais aussi la force nécessaire à traverser les tempêtes conjugales, Les époux qui se connaissent  sont préparés à affronter des événements stressants ou des conflits.

  

LA FAMILLE DE L’AUTRE

 

Chaque génération transmet à la suivante ce qu’elle a reçu. Tout ce processus s’opère d’une manière inconsciente. Les modèles antérieurs agissent à leur insu, justement là où ils croyaient sincèrement s’être dégagés de leur propre éducation dans l’exemple qu’ils donnent à leur enfant. Les générations antérieures expriment à l’insu du couple les singularités qu’elles ne veulent pas voir disparaître. Comme l’écrit le psychologue Serges Hefez : «  On souhaiterait que le temps commence avec la vie à deux, que les traces de l’histoire antérieure, les traumatismes du passé, voire toute inscription généalogique s’effacer pour laisser le  place à de nouveaux mythes et des rituels communs. Ainsi le couple cherche à gommer le passé pour fabriquer ses règles de vie et élaborer le récit de son histoire. Mais le passé  n’est pas loin qui toujours nous rattrape. Construire ensemble, c’est avant tout intégrer l’héritage de générations antérieures. Parfois même liquider certaines dettes » ****

Chaque conjoint apporte dans sa corbeille de mariage sa propre enfance. La famille  est une scène où va se jouer l’enfance des partenaires du couple. La construction d’un couple repose souvent sur des bases infantiles et familiales. Ces bases sont plus ou moins conscientes. Elles sont marquées par l’enfance, par les épreuves des parents, ou des grands parents. Maryse Vaillant dit à ce sujet : «  Celui qui ne sait rien de ces motivations enfouies, peut-il réussir ses projets conjugaux  sans risquer des répétitions massives ? Autrement dit engager sa relation avec quelqu’un dans un espace domestique est-ce reproduire une vie de famille connue, rêvée, absente. » *

 

**** Encyclopédie de vie de famille, Paris 2004

*              idem    P. 75

 

 

La réponse à tout ce questionnement est positive. Un couple ne fait que reproduire ce qu’il a entendu et qu’il a vu, chez ses parents et ceci depuis l’âge du berceau. Par conséquent, dans la plupart des conflits qui éclateront après la formation du couple, personne ne porte la responsabilité de son comportement  si l’on juge sous l’angle de la psychologie. Connaître profondément l’autre permet donc de comprendre les motivations d’une conduite, d’une colère, d’un        comportement, d’un silence, etc.

Hefez dit : «  Le couple est à la fois porteur de continuité et de changement. C’est ce qui en fait sa force et sa faiblesse. Chacun répète un rôle appris dans l’enfance, tout en espérant désespérément s’en dégager ; chacun cherche à se libérer de sa famille d’origine » ( opus  cité P.92.) Autrement dit le lien conjugal n’est souvent que la répétition de modèles de liens plus anciens. Les premières expériences d’attachement, la manière dont nous avons été portés et aimé, tenus et sécurisés, dont nous avons pu ressentir l’environnement comme source de satisfaction et de sécurité vont permettre la stabilité intérieure et une estime de soi suffisamment solide pour investir nos propres pensées et reconnaître nos sensations.

Pour plus de compréhension  prenons le cas de Sarah. Cette dernière a été marquée par une tragédie, quand elle avait 14 ans : le décès brutal de sa mère. Quant à son père, il sombra dans une dépression, suivie par une époque d’alcoolisation. Sarah prit en charge ses deux petits frères et s’occupa de son père. Le courage de cette fille est donc digne d’éloge.

A 22 ans, Sarah rencontre David. Celui-ci, fils unique de parents séparés, est élevé par sa mère seule, il avait vingt six ans.

Pourquoi Sarah et David vont s’attirer mutuellement ?

L’analyse de ce cas très répandu, nous fera comprendre que  la rencontre n’est pas le fait du hasard, et que la connaissance mutuelle dans le couple peut seule, nous faire comprendre le pourquoi de l’intensité des conflits futurs.

David est élevé par sa mère seule, par conséquent, il sera beaucoup culpabilisé et terrifié par une mère possessive, intrusive  impossible à combler. Il sera attiré par Sarah qui est l’imago négative de sa mère. Parce qu’elle a été maman avant sa maturité. La mère de David l’accablait de reproches, Sarah, par contre,  pardonne et rassure. De son côté David, va se montrer reconnaissant, et Sarah enfin, aura quelque chose en retour. David va remplacer les frères dont elle s’est occupée. Et Sarah remplacera la mère accablante. Nous remarquons que l’enfance, est à la base de l’attirance des partenaires du couple. Cela ne veut pas dire que tout ira dans le meilleur des mondes. Il y aura des conflits parce que Sarah sera victime du désir inconscient de David d’éliminer sa mère. Les rapports entre Sarah et David seront par conséquent ambivalents. Ce cas  nous montre l’importance de la famille. La connaissance d’un partenaire au chiddoukh passe nécessairement par celle de sa famille. Cependant, la qualité des familles ne rend pas incompatible le couple. La seule incompatibilité se situe au niveau spirituel. Les deux familles doivent avoir les mêmes valeurs fondamentales. C’est une vision absolument identique de la Torah qui conduira le couple à entreprendre les mêmes activités, chaque fois que ses partenaires passeront le temps ensemble.     

« Chaque homme et chaque femme ont dans l’esprit une quête explicite. L’un veut une femme qui accepte ses règles à lui. La femme cherche un homme protecteur parce qu’elle se sent fragile… La femme qui cherche un homme fort et l’homme qui cherche un petit oiseau fragile, vont se trouver, parce que leurs demandes explicites se correspondent. Parfois ces demandes explicites ne sont pas en concordance avec le contrat, c'est-à-dire avec les demandes inconscientes, construites à partir des expériences du passé. Peut être que la demande inconsciente de cette femme est de trouver un homme sur qui elle puisse exercer son pouvoir » (Serges Hefez, opus cité, p. 91)

Autrement dit, l’origine des conflits qu’un couple aura plus tard, provient de la dichotomie existant entre la quête explicite et la quête inconsciente, qui elle, a été forgé durant l’enfance dans le cadre de la famille. La connaissance approfondie de la famille permettra de comprendre l’opposition entre les deux quêtes.

Un enfant qui a vécu dans une famille où le père ne lève pas le petit doigt, ne participe  à aucun travail ménager et reste complètement indifférent à tout se qui se fait à la maison, peut avoir une quête explicite de rencontrer un conjoint qui puisse le valoriser en lui proposant des travaux à faire à la maison. Mais sa quête inconsciente sera en opposition à son désir explicite. A cause de son enfance, il ne comprendra pas, une fois en couple, pourquoi sa  femme attache une telle importance aux travaux domestiques.

Il en est de même pour un enfant qui a eu une mère de caractère obsessionnelle. Cette dernière sera particulièrement attentive à ce que tout soit fait parfaitement. Elle montrera une extrême attention aux détails, ne tolérera pas le moindre désordre, tout doit être à sa place. Par conséquent, elle fera tout pour que son enfant soit propre  trop tôt. A l’age adulte, cet enfant aura une quête explicite de trouver une fille  qui aime l’ordre comme sa mère. Cette quête explicite sera en contradiction avec sa quête inconsciente Celle-ci a été fixée lorsque la mère l’a rendu propre très tôt, ce qui va se traduire par le rejet de l’ordre. D’où la naissance des conflits futurs.

La connaissance de l’autre passe par la connaissance de soi. C’est en fonction de la connaissance de soi qu’on  comprendra dans un premier temps les motivations de sa propre conduite.  Sarah a passé  son enfance dans une famille chaotique. Elle ne pouvait s’appuyer sur personne. Elle ne savait jamais qui allait l’accompagner à l’école ou venir la chercher. Il arrivait parfois que sa mère l’oublie. Quand elle rentrait à la maison, elle   ne trouvait ni dîner ni vêtements propres. C’était à elle qu’il revenait un semblant d’ordre et de sens de la responsabilité face à ses petits frères  et sœurs. Elle en voulait à sa mère d’avoir supporté tant de souffrances. Celui qui aura Sarah comme épouse doit savoir, avant de l’épouser, qu’elle aura l’obsession de procurer à ses enfants un environnement familial très sécurisant. A cette fin, elle sera pour l’ordre et pour que tout puisse se dérouler selon ses prévisions et rien ne sera laissé au hasard. Si la maison est sens dessus dessous, cela lui rappellera le chaos de son enfance. Autant dire que chaque fois qu’elle se trouvera devant le désordre, elle manifestera son désaccord par une grande colère.

 

LA CONNAISSANCE  DE L’AUTRE

 

 

 

La connaissance de l’enfance de l’autre fera comprendre les motivations de ses réactions. La compréhension des motivations atténue l’intensité du conflit. Mais tout ce travail de recherche de la connaissance de l’autre doit se faire pendant le chiddoukh. Ce dernier a essentiellement pour but la connaissance de l’autre. Un enfant qui a vécu avec des parents très stricts sur la discipline,  considérant   tout désaccord avec eux comme un signe d’insubordination, aura des problèmes avec l’autorité, quand il sera adulte. Si le conjoint  qu’il rencontrera est une personnalité autoritaire, il a intérêt à le savoir avant de se marier.  

Un enfant  a grandi dans une famille où tout débordement affectif était prohibé. Où le self-control affectif était valorisé, et où on ne laisse pas parler ses émotions. L’émotivité était considérée comme un signe de  faiblesse.  Quand il sera adulte, il y a une grande probabilité pour qu’il soit très froid, très peu présent. Si son futur conjoint réagit à tout ce qui l’entoure, à l’art, à la musique, à l’architecture, aux enfants  il y aura problème.

Il y aurait par conséquent intérêt à ce que chaque partenaire ait une connaissance la plus poussée possible de l’autre. Ceci n’a pas pour but de mettre fin à une relation, mais pour savoir comment réagir mutuellement dans le couple.

Si l’on suit John Gottman (**)  il faudrait «  connaître les amis de l’autre, sa musique préférée, ce qui le stresse, qui l’énerve. Connaître ses rêves les plus chers, ses espoirs, ses aspirations dans la vie, ses projets, ce qu’est sa philosophie de la vie. Etre capable de connaître sa famille et les parents préférés. Déceler les périodes heureuses de sa vie, les traumatismes que l’autre a vécu dans son enfance. Connaître ses préoccupations actuelles, sa relation avec l’argent. Quels sont ses plats préférés. Comment occupe-t-il ou elle son temps libre. Quelle est sa conception des vacances ? Aime-t-il la mer ou la montagne ? Quels sont ses souvenirs d’enfances ? Quel sport pratique- t-il ? Est- ce pour un développement personnel ou pour la compétition ? Quelles sont ses opinions politique et sociale ? Qu’est-ce qu’il ou elle redoute le plus ? Qu’est-ce qui le rend triste ? Qu’est-ce qui le préoccupe en ce moment ? Quels sont les problèmes de santé de l’autre ? Quel est l’épisode le plus humiliant qu’il ou elle a vécu ? »

A cette liste déjà exhaustive, il convient d’ajouter les points suivants : Quel est son attitude vis-à-vis du Judaïsme en général ? Que pense-t-il (ou elle) des lois de pureté familiale ? Comment conçoit-il (ou elle) une journée du chabbath ? Que pense t-il (ou elle) de la cachrouth ? Quelle est sa conception de l’éducation juive. ? Quelle place réserve-il à l’étude de la Torah ?

On peut prolonger indéfiniment la liste des points à connaître, cependant chaque membre du couple, se connaissant bien lui-même doit savoir les points les plus importants à connaître chez l’autre. Toutefois,  il existe des points qu’il ne faut,

 

** Les couples heureux, Edit. J.C.Lattes, Paris 2000.

 

 

en aucune façon, négliger parce que leurs conséquences, peuvent mettre, par la suite, en danger l’harmonie du couple. Par exemple, la conception des deux conjoints de la maternité. Avec l’arrivée d’un bébé le mari peut se sentir frustré. L’arrivée d’un enfant est l’un des événements les plus heureux, mais aussi, pouvant égarer le couple ne possédant pas une connaissance l’un de l’autre.

Il est aussi conseillé de connaître si  la famille de l’autre, au cous de son enfance, a-elle dû affronter un problème affectif particulier. Par exemple, une agression entre parents, un parent déprimé ou affectivement meurtri ? Ces événements auront des implications pour le couple futur.         

Au cours d’un chiddoukh il convient de réfléchir dans les cas suivants :

1-     Quand l’un des partenaires fait constamment subir des rebuffades à l’autre. Ceci révèle un conflit larvé.

2-     Lorsqu’un des partenaires se sent régulièrement mis à l’écart par l’autre. Ceci indique qu’il existe une disparité entre leurs besoins respectifs d’intimité et d’indépendance.

3-     Lorsqu’il y a un déséquilibre de pouvoir il y a presque toujours une énorme détresse du couple.

4-     Lorsqu’un des partenaires n’accepte pas de partager le pouvoir avec l’autre.

La période du chiddoukh sert aussi à instaurer une communication saine entre les partenaires. Comment savoir si la communication est de bonne qualité ? Il convient de déceler pour cela dans les discussions les « non-dits ». Si l’on aborde tous les sujets sans qu’un des deux se mette à intimider l’autre par des pleurs, des cris, des menaces ou de la culpabilisation.   Si l’on a la possibilité de confronter les points de vue en écoutant et en respectant celui de l’autre.

Il y aura une bonne communication si les confrontations aboutissent au règlement des problèmes. Si elles sont infructueuses la communication n’est pas de bonne qualité.

Pour clore ce chapitre il serait nécessaire de ne pas négliger les points suivants : Quels seront les rapports à entretenir avec les familles respectives ? Où habiter, qui fréquenter ? Le problème des loisirs, la place de la télévision, le déroulement des vacances, les carrières professionnelles. Comment traiter les différents et les litiges ? Un doit obligatoirement céder. Comment discuter et négocier.

La tâche est colossale. Ce sont deux éducations, deux modes de pensées qui vont devoir se combiner. Le mode relationnel que le chiddoukh  mettra en place aura des implications profondes et durables. Il est donc important de se poser toutes les questions possibles dès le début.

Les unions les plus durables sont celles où, durant la période du chiddoukh, le jeune homme a traité la jeune fille avec respect et n’a pas hésité à partager avec elle le pouvoir ainsi que le processus de décision.

    

LE RAPPORT AVEC L’ARGENT.

 

Le problème du futur couple avec l’argent  constitue le sujet par excellence à clarifier pendant la période du chiddoukh. L’argent peut servir à établir une relation de pouvoir et de dépendance. Il peut aussi servir de moyen d’exploiter l’autre. Mais il peut panser les blessures et prouver sa générosité. L’argent a donc de multiples facettes. C’est pourquoi il convient, bien avant de décider une union durable, de vérifier que dans le futur couple l’argent sera un élément vivant d’une relation de confiance et d’intimité.

Comment peut-on déceler la relation à l’argent des partenaires du chiddoukh ? Dans ce domaine aussi, il n’y a aucun moyen de mettre au jour cette relation, à moins d’avoir une connaissance pointue   de l’enfance et de la famille de l’autre.

Le chiddoukh renvoie les partenaires à la source de l’enfance  et des expériences vécues face à un premier couple celui des parents. Par conséquent le futur couple se construit à partir d’un accord, d’un pacte inconscient et mutuel qui doit répondre aux besoins, et aux manques affectifs et matériels que l’un et l’autre ressentent. Chacun attend de l’autre soit une réparation soit un apaisement. Chacun s’est senti investi dans sa famille d’origine d’une mission qu’il doit poursuivre dans le couple.

Si dans une famille, un enfant avait subi des frustrations dans son enfance, sans que ses parents ne lui aient pas laissé d’espace de solitude pour calmer cette douleur, Il agira avec violence dans son couple lorsqu’il sera frustré. Si une personne a eu une relation trop dépendante avec l’un de ses parents, l’intimité de son couple en sera perturbée. Il en est de même pour la relation avec l’argent. Pour la comprendre, il est nécessaire d’aller chercher cette relation dans la famille des partenaires. Si une personne a vécu dans une famille très pauvre, qui l’a privé  de tout. Il est évident qu’en couple, cette personne profitera de la vie, et  n’admettra pas la moindre privation. Il lui sera impossible de  se restreindre. Elle estimera que la vie trop courte pour se priver.

Prenons le cas de M. Celui-ci a eu un père, qui était frugal. Grâce à lui, la famille a toujours eu ce dont elle avait besoin. Après sa mort, sa femme n’a manqué de rien, parce qu’il avait mis beaucoup d’argent de côté. Celle qui entreprend un chiddoukh avec M. doit savoir qu’il collera à la référence paternelle. Il sera le genre de personne qui dira : « Je ne veux pas entrer dans le système de la société de consommation » Il se contentera de posséder peu et de dépenser peu. Il agira comme un moine qui a un but dans sa vie.