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LE CHIDDOUKH ET LE MIDRACH
Les Sages enseignent : « Si quelqu’un doit étudier la Torah et épouser une femme, il doit d’abord se marier et ensuite étudier. Rav Yéhouda a dit au nom de Samuel : « Voici la halakha : un homme se marie d’abord et étudie ensuite » RABBI yohanann dit : « Avec une pierre autour du cou, un homme peut-il étudier la Torah ?
Rabbi Hisda a dit : « La raison pour laquelle je suis supérieur à mes collègues est que je me suis marié à seize ans (alors mon âme était parfaitement libre pour étudier). Et si je m’étais marié à quatorze ans, j’aurais pu dire à Satan : « Une flèche dans ton œil » (kiddouchin 29b-30a)
Plus tard, Rabbi s’occupa de marier son fils dans la famille de Rabbi Yossi ben Zimra. Il fut convenu que le fiancé étudierait auparavant pendant douze ans dans un collège. Mais lorsqu’on lui présenta la jeune fille, il demanda à n’étudier que six années. Et lorsqu’elle fut devant lui pour la seconde fois, il dit [à sa famille] : « J’aimerais me marier d’abord et aller étudier ensuite » Puis, il eut honte devant son père. Ce dernier lui dit : « Tu as l’approbation de ton Créateur ; mon fils, car il est écrit d’abord : « Tu les amèneras [sur la terre d’Israël] puis tu les installeras (Exode 15,17) Et plus loin : « Ils me feront un Temple, et j’habiterai au milieu d’eux. (Exode, 25,8) (Kiddouchin, Ein Yaacob)
« De nos jours , quand tout le monde est concerné par le fait de gagner sa vie, un homme doit préparer sa maison et ses revenus en premier et seulement par la suite il pourra servir son Créateur et s’occuper à l’étude de la Torah, en accord avec ce qu’ont dit les Sages : « S’il n’y a de blé, il n’y a pas de Torah »(Avoth 3, 17) … On peut déduire de ceci l’exemple du Saint Béni soit-Il ; Il a en premier lieu préparé une maison [ le monde] et toutes les sources de subsistance pour l’humanité et seulement ensuite a-t-Il créé l’homme et la femme et les fait engendrer des enfants dans le monde » (Zohar Béréchith 5)
« Le Talmud affirme que Dieu a initialement créé l’homme et la femme en une entité unique qui, par la suite, fut divisée en deux parties, l’une masculine et l’autre féminine. (Sotah 2a) Il a créé Adam, un être dépositaire des attributs mâles et femelles, comme il est écrit dans la Torah : « D. fit l’homme à son image […] mâle et femelle Il les créa » (Béréchith 1,27) et Il les a appelés Adam le jour où Il les a créés » (Béréchith 1, 27) Voilà ce qui ressort de l’enseignement des Sages du Talmud qui définissent l’être humain comme un seul être à deux faces. Il paraît donc plus facile de comprendre la Création comme celle du genre humain plutôt que celle de deux individus : D. créa l’humanité, la divisant également en composantes mâles et femelles, c’est-à-dire les hommes et les femmes »
« Le changement du singulier au pluriel, que nous avons tenté de reproduire dans notre traduction de cette première mention de l’homme et de la femme dans le récit de la Création, indique déjà la pleine égalité de statut, ou l’unité intérieur entre l’homme et la femme dans la conception et la destinée de « l’homme formé à l’image de D. » Ce termes englobe les deux sexes. Seuls l’homme et la femme ensemble forment l’idée de « l’homme » et D. les a créés semblables, sans intermédiaire, avec la conscience et le libre-arbitre » ( Samson Raphaël HIRSCH, Judaïsme Eternel, Vol. II, Londres, Soncino Press 1959,p.51)
« Mâle et femelle, Il les créa » Rabbi Chim’one a dit : De profonds mystères sont révélés dans ces deux versets. Les mots : « Mâle et femelle Il les créa » font connaître la grande dignité de l’homme, la doctrine mystique de la création. Assurément de la même manière que furent créés le ciel et la terre, fut créé l’homme ; car pour le ciel et la terre il est écrit : « Voici les générations du ciel et de la terre » et de l’homme il est écrit : « Voici les générations de l’homme » du ciel et de la terre il est écrit : « Quand ils furent créés » et de l’homme il est écrit : « Au jour où ils furent créés » « Mâle et femelle, Il les créa » De ceci nous apprenons que chaque figure qui ne comprend pas à la fois des éléments mâles et femelles n’est pas une propre et vraie figure, et voilà comment nous avons posé les enseignements ésotériques de notre Michna. Observe ceci : D. ne place pas se Demeure au dessus d’un endroit où un mâle et une femelle ne se retrouve pas ensemble, ni ne donne Ses bénédictions comme il est écrit : « Il les a appelés Adam le jour où Il les a créés » Note qu’il est dit les et non pas lui. Le mâle ne peut être appelé « homme » tant qu’il n’est pas uni à une femelle. ( Zohar I, 55b.)
« Chaque âme et esprit, avant son entrée en ce monde, consiste en un m^le et une femelle unis en un seul être. Quand il descend sur la terre, les deux parties se séparent et animent deux corps différents. Au moment de la rencontre, le Saint béni soit-Il, qui connaît toutes les âmes et tous les esprits, les réunit à nouveau comme ils étaient au début, et ils constituent à nouveau un corps et une âme, formant les parties droite et gauche d’un individu ; donc, « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil » […] Cette union, cependant, est influencée par les actions de l’homme et par la façon dont il chemine. Si l’homme est pur et que sa conduite plaît au yeux de D., il sera uni à la partie femelle de l’âme dont il était une composante avant sa naissance » (Zohar I, 91b)
« Rabbi Yéhouda dit : « C’est parce qu’il a été pris de adama (terre) que son nom était Adam » Rabbi Josué ben Qor’ha réplique : « Il fut appelé Adam du fait de sa chair et de son sang » Il lui dit : « Adam ! Adam ! » Mais lorsqu’Il lui eut bâti une aide féminine, l’un et l’autre furent appelés Eich (feu) Que fit le Saint béni soit-Il? Il mit Son nom entre les leurs en disant : « S’ils marchent dans Mes voies et observent mes commandements, Mon non sera partagé entre eux et il les délivrera de toutes les afflictions ; mais s’ils s’en écartent, j’enlèverai Mon nom d’entre les leurs et ils deviendront feu (Eich) et feu (Eich) car le feu dévore le feu, comme il est dit : « C’est un feu qui dévore jusqu’à Abadone (extermination totale) (Midrach Iyob 31,12.)
« Rabbi Méïr prêchait publiquement pour l’édification des gens, la veille du Chabbath. Parmi son large public, il y avait une femme qui est restée jusqu’à la fin. Elle s’en retourna à la maison pour prendre part au repas généralement préparé en l’honneur de ce jour ; elle fut grandement déçue, en arrivant près de sa maison, de trouver la lumière éteinte et son mari sur le pas de la porte, de fort mauvaise humeur « Où étais-tu ? » demanda –t-il sur un ton qui démontrait qu’il n’appréciait pas son absence. « Je suis aller écouter notre sage Rabbi prêcher et son cours était extraordinaire ! » Le mari répondit : » Vraiment ? Alors si le rabbi t’a autant plu, je fais le vœu que tu n’entres pas dans cette maison tant et aussi longtemps que tu ne lui auras pas craché dans l’œil, en remerciement pour la distraction qu’il t’a procurée […] Elle était très pieuse pour infliger une telle humiliation à qui que ce soit, encore moins à un érudit ; elle se résigna donc à demeurer dans la rue. Un voisin charitable lui offrit l’hospitalité, ce qu’elle accepta. Elle y demeura un certain temps, tout en tentant d’attendrir la volonté de son mari, qui persistait dans sa demande. Cette histoire se répandit dans le village, et parvint jusqu’aux oreilles du Rabbi Méïr, qui, immédiatement l’envoya chercher. Elle vint, et le Rabbi la fit asseoir. Il fit semblant d’avoir une douleur à l’œil et lui demanda si elle ne connaissait pas un remède, « Maître, dit la femme, je suis une pauvre créature ignorante ; comment pourrais-je connaître ce qui pourrait te guérir ? » « Très bien dit le rabbi, fais ce que je te dis, crache moi dans l’œil sept fois, cela pourrait me faire du bien » La femme, après avoir hésité, s’exécuta. Le Rabbi lui dit : » Bonne femme, retourne chez toi et dis à ton mari : » C’était ton exigence que je crache dans l’œil du Rabbi. Je l’ai fait et même plus : je lui ai craché dans l’œil sept fois. Maintenant réconcilions-nous. Les disciples de Rabbi Méïr lui firent remarquer qu’en lui offrant une telle humiliation, ceci ouvrait la porte à ce que les gens rejettent la Loi et ceux qui l’enseignent. « Mes enfants, dit le Rabbi, pensez-vous que votre maître est plus pointilleux sur son honneur que l’est votre Créateur ? Même Lui, le Saint, béni soit-Il, a permis que son nom saint Nom soit oblitéré, afin de promouvoir la paix entre un homme et une femme […] Apprenez qu’il n’ y a aucun acte qui soit disgracieux lorsqu’il est temps d’apporter joie et paix entre deux conjoints »
( Vayiqra Rabba 9.
« Ce ne fut que lorsque l’union du ciel et de la terre eut lieu pour la première fois, union qui se manifesta par la pluie, que l’union de l’homme et de la femme modelée sur la nature, eut lieu face à face. Le désir qu’éprouve la femelle pour le mâle ressemble aux nuées qui s’élèvent d’abord de la terre vers le ciel ; et après avoir formé les nuages, c’est le ciel qui arrose la terre. L’homme et la femme ne furent réellement unis que lorsqu’ils se regardèrent face à face et ce fut dans cette union parfaite que naquit le principe médiateur : l’amour » (Zohar I, 35a)
« Le Saint béni soit IL fit défiler les animaux devant Adam, mais cette fois par couple : « Chacun a sa partenaire s’écria Adam sauf moi : « Mais pour l’homme il ne trouva pas la femme qui lui convienne. » « Pourquoi ne lui créa –t-Il pas sa partenaire d’emblée ? C’est que le Saint béni soit-Il, voyant que l’homme devait un jour se plaindre d’elle, ne lui créa pas avant que la bouche même d’Adam ne la réclamât » (Béréchith Rabba 17, 5)
« Pour la femme, le matériau qui servit à former son corps ne fut pas tiré de la terre, comme ce fut le cas pour l’homme. D. a formé un côté de l’homme en femme ; l’homme fut donc divisé et une part fut formée en femme[…] Alors ce qui ne fut qu’une seule créature devint maintenant deux ; de là la complète égalité de la femme fut pour toujours attestée » (Hirsch sur Béréchith 2, 21.)
« On demanda à Rabbi Yéhochoua : Pourquoi l’homme naît-il le visage vers le bas et la femme vers le haut ? L’homme regarde vers le lieu d’où il a été créé [ la terre] et la femme vers le lieu d’où elle a été créée [ la côte] Pourquoi la voix de la femme porte-elle au loin et pas celle de l’homme ? C’est un peu comme quand tu remplis de viande une marmite ça ne résonne pas, mais si tu y mets un os, ça résonne. Pourquoi l’homme est-il facile à apaiser et pas la femme ? L’homme a été créé à partir de la terre, or dès que l’on jette une goutte par terre, elle est absorbée. Hava a été créée à partir d’une côte, tu pourrais verser pendant des jours et des jours de l’eau sur un os sans qu’il n’absorbe rien […] (Midrach Rabba 17, 8)
« Ton D. est un voleur, dit l’empereur à Rabbane Gamliel, Il a endormi Adam pour lui voler une partie de son corps » La fille de Rabbane Gamliel était présente pendant la discussion. « Laissez-moi répondre, dit-elle. Et, se tournant vers l’empereur elle ajouta : » Hier, il y a eu un vol dans la maison de mon père. Ils ont pris tous les gobelets d’argent. A la place, ils ont laissé des gobelets d’or. Je demande que justice soit rendue au tribunal ! » « Pourquoi demanda l’empereur. Je souhaite que de tels voleurs fassent irruption tous les jours dans mon palais » « Attention à ce que vous dites, dit la fille de Rabbane Gamliel, n’est-ce pas le cas d’Adam, dont une côte fut enlevée pour lui donner une femme ? » « Si D. n’était pas un voleur il aurait procédé en sa présence sans l’endormir » « Apportez moi un morceau de viande » dit la fille de Rabbane Gamliel. Elle le prit et le fit rôtir au dessus du feu, pendant que l’empereur regardait. Peu après, elle lui dit : « C’est prêt, vous pouvez manger » « Je ne peux pas manger cette viande, répondit l’empereur en proie à des nausées, je l’ai vu crue et sanglante ! » « Tu as ta réponse, dit la fille de Rabbane Gamliel, si Adam avait vu Hava pendant sa création, il n’en aurait pas voulu » (Sanhédrin 57 a)
« Le Saint béni soit-Il, fit dix dais nuptiaux pour le mariage du premier homme du jardin d’Eden, tous parés de pierres précieuses, de perles et d’or. Mais l’usage n’est-il pas de n’apprêter qu’un seul dais nuptial pour un marié et trois pour un roi ? Pourtant, afin de faire honneur au premier homme, le Saint béni soit-Il en fit dix dans le jardin d’Eden, conformément au verset : » Tu était en Eden au jardin de D ; toutes sortes de pierres précieuses étaient ton manteau : sardoine topaze et diamant, chrysolithe, onyx et jaspe, saphir, escarboucle et émeraude, or » (Ezéchiel 28, 13.) ce sont les dix dais nuptiaux, Les anges jouèrent du tambourin et dansèrent au son des flûtes […]Le Saint béni soit-Il dit aux anges de service : « Venez,allons combler de générosité le premier homme et sa compagne , car le monde tient sur la dimension de la bonté, plus que les sacrifices et les holocaustes qu’Israël M’offrira sur l’autel. J’aime la générosité prodigue, ainsi qu’il est dit : « Je désire la bonté du cœur et non les sacrifices » (Osée 6,6) Les anges de service allaient et venaient devant le premier homme, comme des garçons d’honneur veillant sur les dais nuptiaux, ce qu’exprime : « Car il ordonna à ses anges de te protéger dans toutes tes voies » (Ps. 91, 11) Or, il n’est point de voie que celle des nouveaux mariés. Le Saint béni soit- Il, était semblable au premier chantre. Et que fait habituellement un premier chantre ? Il se tient sous le dais nuptial et il bénit la mariée. De la même façon, le Saint béni soit-Il bénissait Adam et sa compagne, comme il est dit « D. les bénit » (Genèse 1, 28.)
(Pirqé de Rabbi Eliézèr 12)
Le rejet du célibat
« Celui qui n’a pas de femme demeure sans joie, sans bénédiction et sans le bien être. Sans joie comme il est écrit : « […] et qui le réjouira avec ta maison », sans bénédiction ainsi qu’il est mentionné : » il n’est pas bon que l’homme soit seul. En Eretz Israël on dit : « [ celui qui n’a pas de femme demeure sans Torah, sans protection ] Selon Rabba bar Ola : il est sans paix, comme il est écrit : « Tu sauras que la paix est fixée dans ta demeure »[…] Rabbi Eléazar enseigne : » Celui qui n’a pas de femme ne peut pas prétendre au titre « s’homme », comme il est dit : « Il les créa mâle et femelle et les appela « homme » (Yébamoth 62b-63a)
La complicité de D.
Rabbi Lévi commence son discours sur le verset « Car D. est juge » comme ceci : une matrone romaine demanda un jour à Rabbi José ben Halafta : « En combien de jours D. a-t-Il créé son monde ? » Il répondit : « « n six jours » Elle demanda ensuite « Depuis ce temps, comment D. occupe son temps » Il répondit : « Il forme des couples, en disant : la fille de cette personne devra être l’épouse de cette personne » La matrone dit : « C’est tout ,moi aussi je peux faire de même ;J’ai beaucoup de serviteurs et de servantes, et je peux en faire des couples en moins d’une heure »Rabbi José lui fit cette remarque : » Tu penses peut-être que c’est facile , mais D ; trouve cela aussi difficile que de séparer la Mer Rouge », et sur ce, il prit congé. Que fit la matrone ? Elle fit venir ses mille serviteurs et ses mille servantes, les aligna sur deux rangées et les réunit en couples pour la nuit. Le matin venu, ils allèrent à elle, un avec le crâne défoncé, un avec les yeux sortis de leurs orbites, un troisième avec un coude cassé. Ils ont tous dit : « Je ne veux pas de cette femme pour épouse ». Elle fit venir Rabbi José et lui dit : « Rabbi, ta Torah est vraie, tout ce que tu as dit est juste » Le Rabbi répondit : « Le couple heureux chante, le couple malheureux pleure ; cependant D. forme les couples sans égard à leurs préférences.
Vayiqra Rabba 8, 1
« Avant que Rabbi Akiba ne devienne un savant, il était berger du riche Kalba Chaboua de Jérusalem. Cet homme riche avait une fille, qui avait remarqué qu’il était modeste dans ses actions. Alors, elle lui a dit : « Si je me marie avec toi, vas-tu étudier la Torah ? » Il répondit : « oui, avec tout mon cœur.» Et il s’est marié secrètement avec elle, de sorte que personne n’a rien su et, quittant son maître et son travail de berger, il est allé au loin étudier la Torah. Quand Kalba Chaboua a appris que sa fille s’était mariée à un berger, il fut irrité, car il aurait pu la donner en mariage à un homme plus méritant. Alors, il a expulsé sa fille de la maison et a fait vœu qu’aussi longtemps qu’il vivrait, elle ne pourrait jouir de ses propriétés.
Le bon Akiba est resté au loin pendant douze années. Ensuite, il est rentré à la maison, avec à sa suite douze mille disciples. Une vielle femme a dit à l’épouse : « Tu es comme une veuve, car ton mari vit au-delà des mers. » Elle répliqua : « Si mon mari m’écoutait il retournerait étudier pour encore douze ans. Quand Rabbi Akiba entendit ces paroles, il se dit : « Je vois qu’elle serait heureuse si je retournais étudier. Alors, il s’en retourna et continua d’étudier dans une autre école, où il demeura douze ans. »
Après ce temps, il revint et ramena à sa suite douze mille disciples, en plus des douze mille qui étaient demeurés avec lui, pour un total de vingt-quatre mille disciples. Quand elle apprit que son mari rentrait à la maison, elle sortit pour aller à sa rencontre, et les voisins lui dirent : « Nous allons te prêter quelques vêtements, pour que tu ne puisses pas aller à la rencontre de ton mari avec ces hardes. » Mais elle répondit : « Un homme juste connaît l’âme de sa bête » (Pr.12, 10) Elle voulait dire que son mari connaissait les sentiments qu’elle avait pour lui, même si elle ne portait pas de vêtements fins. Lorsqu’elle arriva, elle se prosterna devant lui et lui baisa les pieds. Les disciples voulaient l’écarter, mais Rabbi Akiba leur dit : « Ne la repoussez pas, car ma Torah et toute votre Torah, nous la lui devons » Et il leur raconta toute l’histoire.
Quand Kalba Chaboua entendit qu’un grand savant était de passage dans son village, il se dit : « Je vais aller le trouver et lui demander de me délier de mon vœu. » Il ignorait que Rabbi Akiba était son gendre, mais il éprouvait de la compassion pour sa fille. Il alla vers Rabbi Akiba et lui dit qu’il avait exclu sa fille de tous les bénéfices reliés à sa richesse, mais qu’il le regrettait maintenant. Il avait fait ce vœu rude, car cela l’avait ennuyé d’apprendre qu’elle s’était elle-même engagée avec un pauvre berger qui, de plus, était ignorant.
Akiba lui dit : « Si tu avais su qu’il était un érudit, aurais-tu fait ce vœu ? » Il répondit : « Si j’avais su qu’il connaissait seulement un seul chapitre ou une seule halakha je n’aurais pas fait ce vœu. » Alors Akiba lui dit : « Je suis le berger qui gardait ton troupeau, et c’est ta fille qui m’a fait étudier et revenir avec tant de disciples. » Quand Kalba Chavoua entendit ceci, il tomba à ses pieds et lui donna la moitié de sa fortune.
Kétouboth 62b
Le Mazal et la rencontre
« Une jeune fille se promenait loin de la maison de son père. Elle se perdit et se trouvera brusquement dans le désert. Elle marcha longtemps et eut très soif. Pour son soulagement, elle trouva un puits ; elle courut et trouva près du puits une corde qui descendait jusqu’au fond. « Je vais descendre pour prendre de l’eau » pensa-t-elle. Elle descendit et but, mais lorsqu’elle voulait remonter, elle s’en trouva incapable. Elle pleura, pria, et appela à l’aide. Mais qui pouvait l’entendre dans un endroit aussi désert ?
A ce moment passa une caravane parmi laquelle il y avait un jeune homme qui entendit une voix s’élevant du fond du puits. Etonné, il appela : « Qui est au fond ? Es-tu un démon ou un humain ? »
La fille raconta du fond du puits ce qui lui était arrivé. Elle se lamenta de son sort et le supplia de l’en sortir. « Je vais t’aider, dit-il mais à une condition. Acceptes-tu de m’épouser ? » La fille accepta et il la sortit du puits. Ils se parlèrent puis consentirent à se marier. Le jeune homme promit d’aller voir ses parents aussi vite que possible pour officialiser les fiançailles.
« Qui sont les témoins de nos fiançailles ? » demanda la jeune fille. A ce moment une belette passa devant eux et le jeune homme dit : « Que la belette et le puits soient les témoins de notre engagement à être fidèles l’un envers l’autre. »
Ils se quittèrent, le jeune homme partit chez lui et la jeune fille vers la maison de ses parents. Elle attendit chez elle que son fiancé revienne et qu’il remplisse sa promesse, mais le temps passa et il ne revint pas. Ses parents lui suggérèrent d’autres candidats mais elle refusait, disant qu’elle ne pouvait épouser personne d’autre. Quel que soit le candidat qu’on lui proposait, elle refusait. Finalement, les gens en vinrent à la considérer comme bizarre et ne pensèrent plus qu’elle puisse se marier.
Qu’advint-il du jeune homme ? Lorsqu’il retourna chez lui, il fut très occupé et oublia son aventure dans le désert. Il épousa une jeune fille de son village. Sa femme lui donna un enfant, mais quand celui-ci eut trois mois, une tragédie se produisit ; l’enfant fut mordu par une belette et succomba à ses blessures. Un autre fils vint au monde, mais un jour, alors qu’il jouait près du puits, il tomba au fond et mourut.
Inconsolable la femme dit à son mari : « Si nos enfants avaient eu une mort normale, j’accepterais le décret divin sans question. Mais comme les événements furent extraordinaires, nous devons trouver la raison de cette étrange punition et chercher en nous la faute que nous avons commise. »
La scène oubliée du désert revint à l’esprit du mari : « Serais-je puni parce que je n’ai pas tenu parole ? » Il raconta à sa femme ce qui s’était passé au puits. Celle-ci le réprimanda ; » Il est de ton devoir de trouver ce qui est advenu de cette fille, c’était ton devoir de lui être fidèle »
L’homme se rendit au village de la fille et s’informa pour savoir s’il y avait une fille de tel nom et si elle était mariée ou non. « Il y a bien une fille de ce nom, fut la réponse, mais elle est dérangée, Il ne sert à rien de lui parler de se marier. Si un soupirant se présente, elle se met à agir bizarrement. Elle lui crache au visage et déchire ses habits.
L’homme se rendit à la maison de ses parents et leur expliqua l’histoire, se blâmant pour les malheurs de la fille. « Je me suis libéré de ma femme pour respecter ma parole, dit-il au père, et je dois épouser votre fille » Le père l’amena à sa fille, mais quand l’homme commença à lui parler, elle se mit à crier et à se comporter aussi étrangement qu’elle le faisait chaque fois qu’on lui proposait un candidat. L’homme dit seulement deux mots : « La belette et le puits » La fille perdit conscience mais lorsqu’elle revint à elle, elle redevint comme avant. Ils se marièrent et eurent une vie heureuse, avec des enfants et vivant assez longtemps pour voir les enfants de leurs enfants.
Traité Taanith 8a
« Ceci est l’histoire d’une reine qui a donné sa fille an mariage à un jeune roi et qui lui a donné les instructions suivants. […] Elle lui dit : « Ma chère enfant, je te donne à un étranger, et comme je ne sais pas quel genre de personne il est, je vais t’instruire et te donner dix règles. Si tu suis mes instructions, tout se passera bien, sinon, tout ira mal. Apprends ces dix règles par cœur, tu dois y penser jour et nuit, en tout temps ; si tu les appliques ton mari t’aimera. «
La première, ma chère fille, est de prendre garde à sa colère, si tu le fais enrager. Quand il est contrarié, ne sois pas enjouée ; et quand il est enjoué, ne sois pas contrariée ; et quand il est en colère, souris-lui et réponds-lui avec des mots doux et gentils, qui lui plairont. De la sorte, tu apaiseras sa colère »
« La seconde, ma chère fille, concerne sa nourriture et sa boisson. Recherche et considère ce qu’il aime manger, et que ce soit tes mots : « Aimeriez-vous manger autre chose ? » […] Tâche que ces repas soient prêt à l’heure, puisque la faim ne fait du bien à personne. S’il rentre à la maison et ne trouve pas son repas prêt, il pourrait se fâcher. S’il rentre saoul ne lui dis pas ce qu’il a fait ou ce qu’il a dit dans cet état ; s’il te dit de boire, bois mais ne t’enivre pas, sinon il te verra dans cet état et te détestera. »
« La troisième ma chère fille : quand il dort, veille à que son sommeil ne soit pas perturbé car, s’il dort mal, il pourra devenir très fâché. »
« La quatrième, ma chère fille : essaie d’être économe et de faire attention à l’argent de ton mari, et fais un effort pour qu’il ne lui arrive aucune perte. Ne donne rien sans l’accord de ton mari, à moins que ce ne soit un petit objet qui n’a pas de valeur pour lui. »
« La cinquième, ma chère fille, ne sois pas impatiente de connaître ses secrets, et si tu sais quelque chose de ses secrets, ne le confit à personneau monde ; ne révèle rien à personne. »
« La sixième, ma chère fille : apprends qui il aime, et aime ces personnes aussi ; apprends qui il déteste, et déteste ces personnes aussi. N’aime pas ses ennemis et ne déteste pas ses amis. «
La septième, ma chère fille : ne le contrarie pas, fais tout ce qu’il demande. S’il ne dit rien devance ses paroles. Ne lui dis jamais : « mon opinion est meilleure que la tienne »
« La huitième, ma chère fille : n’attends pas de lui des choses qu’il considère comme difficiles. Il pourrait cesser de t’aimer si tu attendais de lui qu’il exécute des choses qu’il considère trop difficiles. »
La neuvième, ma chère fille : fais attention à tout ce qu’il te demandera, attendant en retour qu’il t’aime et qu’il soit ton esclave et qu’il te serve dans la joie »
La dixième, ma chère fille : garde toi de la jalousie. Ne le rends aucunement jaloux. Ne dis rien qui puisse le blesser, laisse-le faire à sa manière. Fais ce qu’il aime et ne fais pas ce qu’il déteste. Si tu le traites comme un roi, il te traitera comme une reine. (Goodman, Philippe et Hannah, Jewish marriage anthology, p. 52-53)
Ce texte, ci-contre, est inspiré par un ouvrage intitulé Lev Tov rédigé par Isaac ben Eliakim, un juif polonais du XVII e siècle. Dans ce livre figure un texte : Les dix commandements pour la femme mariée qui met en relief certaines qualités d’une épouse. Le but recherché est de faire du mari un homme aimant, docile, et esclave. Dans la Tradition juive cependant, homme et femme sont considérés comme des êtres égaux.
Les Qualités morales
« La pureté de caractère fut la dot que la première fiancée juive apporta avec elle […] Ce n’est ni par sa richesse, ni par ses charmes physiques, ni par ses réalisations intellectuelles, mais par son caractère, la bonté de son cœur, par promptitude à aider les autres ; en d’autres termes, par sa guémilouth héssèd, ses actions d’amour étendues aux autres ; c’est par ce trait, cette caractéristique […] Il ( le serviteur d’Abraham) a recherché une fille à qui il pourrait demander à boire à sa cruche et qui, par sa réponse, non seulement accepterait, mais d’elle-même s’offrirait à apaiser la soif de ses dix chameaux [… ], qui ne penserait pas seulement aux humains, mais aux pauvres bêtes assoiffées […] et qui traduit ( ce sentiment) en action et en aide spontanée ; la jeune fille qui en son cœur fait brûler une étincelle du feu sacré qu’est l’amour humain »
HIRSCH Samson Raphaël Judaïsm Eternal,vol.II, p. 67-68.
“ Même si la femme de Yitshaq a du continuer le travail de notre mère Sarah, de convertir les femmes à la croyance en un D. unique pour ce monde, malgré cela, Eliézèr n’a pas cherché une femme qui maîtrisait la philosophie religieuse et d’autres sciences connexes, mais une qui maîtrisait le Hessè. Celle qui maîtrise le Hessèd et n’est pas égoïste est préparée à recevoir la Vérité et également à la transmettre. »
Binyane Adé Ad, p. 24.
« La viabilité de l’institution plusieurs fois millénaire que sont les chiddoukhim et les ziwouguim repose entre les mains de tous les Juifs. Que ceux qui vivent un mariage harmonieux en deviennent les ambassadeurs, qu’ils partagent leur expérience auprès des jeunes et que, de la sorte, ils puissent transmettre leur amour pour D. et le désir qu’ils ont de perpétuer sa Création. Se pencher sur la véritable signification du mariage, redécouvrir les Kiddouchin, voilà le véritable défi des jeunes Juifs et Juives de ce début de millénaire. Qu’ils se rappellent la notion fondamentale que nous avons exposée dans cette recherche ; chaque couple est formé par D. lui-même. Ils ne pourront conclure qu’un mariage épanoui et une réussite si remarquable qu’elle ne peut être issue que du Créateur. C’est un défi qui peut permettre de donner ou de redonner le goût de se marier, de vivre cette union idéalisée entre D. et l’humanité, comme l’a si bien décrit le prophète Osée, union proclamée au ciel et renouvelable à chaque instant : » Alors, Je fiancerai à Moi pour l’éternité ; tu seras ma fiancée par la droiture et la justice, par la tendresse et par la bienveillance (Osée 2, 21)
S. Régnière Une union proclamée au ciel, P.U.L