ANNEE 5765

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LA SIDRA DE VEZOT HABERAKHA

LA SIDRA DE HAAZINOU

LA SIDRA DE NITSAVIM

LA SIDRA DE VAYELEKH

LA SIDRA DE KI TAVO

LA SIDRA DE KI TETSE

LA SIDRA DE CHOFTIM

LA SIDRA DE MATTOT

LA SIDRA DE PINHASS

LA SIDRA DE BALAK

La SIDRA DE HOUQATH

LA SIDRA DE KORAH


LA SIDRA DE VEZOT HABERAKHA
La mort de Moïse 

« Moïse mourut dans le pays de Moab, et fut enseveli dans la vallée  du pays de Moab qui fait face à Beth-Péor ; mais nul n’a connu sa sépulture jusqu’à ce jour. Moïse était âgé de cent vingt ans lorsqu’il mourut ; son regard ne s’était point terni, et sa vigueur n’était point épuisée. Les enfants d’Israël pleurèrent Moïse, dans les plaines de Moab, trente jours  épuisant complètement le temps des pleurs, le deuil de Moïse. »

 

Il serait utile de comparer les textes de la Torah concernant les ancêtres et les guides du peuple d’Israël. Contentons-nous de trois   personnages illustres : Aaron,  Moïse, et Jacob.

En ce qui concerne Moïse, le peuple pleura  sa mort durant trente jours, cette durée est la même que pour Aaron et Jacob. Cependant, pour Moïse la Torah emploie l’expression : vayitémou yémé évèl Moché   ce qui signifie : «  Les jours de deuil de Moché ont pris absolument fin »  Le mot Vayitémou  est construit à partir de la racine Tamom = achever totalement. C’est une fin définitive qui n’aura plus de suite. En ce qui concerne Jacob la Torah utilise un autre terme : «  Vaya’avrou » ce qui signifie : «  les jours de deuil de Jacob sont passés » ce qui revient à dire que le deuil de Jacob ne fait que passer, or ce qui passe, est susceptible de revenir. Ce n’est pas une fin définitive.

Pourquoi la Torah fait une telle discrimination à l’égard de Moïse ? Les commentateurs avancent la  raison suivante :  Moïse a eu deux enfants qui n’ont joué aucun rôle sur le plan politique. On ignore complètement tout de leur vie. C’est pourquoi, la Torah emploie le mot vayitémou  le deuil est terminé car ce ne sont pas ses propres enfants qui le pérenniseront, mais le peuple entier. En effet, Moïse, qualifié de Maître du peuple d’Israël, considère que tous les  membres de ce peuple sont ses propres enfants. Si les enfants de Moïse sont restés dans l’ombre c’est que sa mission était écrasante et ne lui permettait pas de  s’occuper de ses enfants au détriment de tout un peuple.  Quant à Jacob, qui avait pour charge de former le socle  du peuple, la Torah emploie l’expression vaya’avrou. En effet, la mort de Jacob n’est pas une fin définitive parce que Jacob a consacré son existence à ses enfants et son enseignement doit être constamment rappelé. Moïse avait un successeur qui était préparé depuis longtemps et qui faisait preuve de grandes qualités pour assumer la suite de la mission de conduire Israël vers la terre promise. Jacob a laissé un grand vide, car il constituait pour sa nombreuse famille un guide. Il n’y a  pas eu de remplaçant à Jacob. Par conséquent, le deuil de Jacob ne faisait que passer. A tout  instant   ses enfants se demandaient,  chaque fois qu’une difficulté se présentait à eux, qu’aurait dit notre père ?  Ce qui fait qu’aux yeux de ses enfants, leur père n’était pas définitivement mort, et par conséquent son deuil ne faisait que passer.
Le cas de Aaron, le frère de Moïse est différent, le texte dit : «  Il fut pleuré durant trente jours par tout Israël » En ce qui concerne Moïse le mot « tout » ne figure pas. Faut-il comprendre que, Aaron était plus populaire que Moïse ? Ce dernier,  n’a-t-il pas été pleuré par « tout » Israël ?  Ibn-Ezra dit : «  Quand Aaron est décédé, Moïse était  en vie, c’est pourquoi en son  honneur TOUT le peuple a manifesté sa douleur. En effet, l’émotion et la douleur ressenties après un décès, sont provoquées par celui qui a la charge de prononcer l’éloge funèbre. En l’occurrence, après la mort de Aaron, c’est Moïse lui-même qui a retracé la vie de son frère. L’évocation faite par Moïse a  touché un grand nombre de fidèles. Ce qui explique le terme  «  tout » Israël. 

Une autre explication est avancée en ce qui concerne l’expression « Tout » Israël. La fonction de Aaron était purement spirituelle. C’est une fonction respectée parce que son titulaire n’aborde avec les gens que  des circonstances  heureuses, des sujets de moral, d’encouragement, d’aide, de bienfaisance, Les rapports avec Aaron sont toujours excellents, ce qui explique la formule qui accompagne toujours son nom : «  ohèv chalom  vérodef  chalom » - aimant la paix et recherchant la paix -  Sa fonction lui attirait la sympathie de tout un peuple. Après sa mort tout le peuple manifestait sa compassion. Il n’en est pas de même pour  Moïse. Chef et guide d’Israël, il était amené souvent à prendre des décisions, faire des choix, assumer des responsabilités. Sa fonction faisait inéluctablement des mécontents, à l’instar de tout homme politique. Ce qui expliquerait  l’absence de l’expression tout le peuple. 

                                                                                           H.H                                 

 

LA SIDRA DE HAAZINOU

LA SIDRA DE NITSAVIM

« Vous êtes placés aujourd’hui, vous tous, en présence de l’Eternel, afin d’entrer dans l’Alliance de l’Eternel … voulant te constituer aujourd’hui pour son peuple, et lui-même être ton D. »

L’union idéologique existante entre le peuple d’Israël et son D. est le gage le plus absolu de la pérennité pour le peuple. Combien de fois dans l’histoire d’Israël ne s’est –on pas posé la question sous une forme ou une autre, pour mettre en doute la pérennité d’Israël ? Combien de peuples dans l’antiquité et dans le monde moderne, n’ont-ils pas tenté de mettre fin à ce peuple ? Et chaque fois le démenti est général, l’Alliance entre Israël et son Dieu est pérenne.

Après avoir entendu dans la sidra précédente tant de malédictions, le peuple d’Israël commençait à douter de sa survie. Qui peut tenir devant ces malédictions ? C’est pourquoi l’Eternel vient les assurer de sa fidélité en leur disant : " Malgré toutes les vicissitudes de votre histoire, malgré vos déviations, vos faiblesses, vos transgressions, vos trahisons, vous restez tout de même mon peuple, parce que je vous ai accordé mon alliance et, celle ci, est éternelle. »

Cependant Israël est responsable des transgressions commises contre les commandements révélés, mais ne peut être coupable pour les fautes qui échappent à la connaissance humaine. Il n’incombe pas à l’homme de sonder les mystères métaphysiques. C’est le sens du verset  XXIX, 28 : «  Les choses cachées appartiennent à l’Eternel notre D. mais les choses révélés importent à nous et à nos enfants éternellement. »

La Sidra de Nitsavim  précède Roche Hachana, que rappelle le verset XXX-8 : «  Tandis que toi, tu reviendras au bien et tu seras docile à la voix de l’Eternel, accomplissant tous ses commandements que je te prescris aujourd’hui. » La Téchouva (repentance) est considérée par nos sages comme une des sept choses qui furent créées avant que l’univers ait reçu son existence. Le premier effort fourni par l’être humain dans la voie de la téchouva lui assure le concours divin dont dépend la réussite finale, c’est  pourquoi la forme affirmative est employée dans le verset. Autrement dit toi Israël je suis convaincu que, quelle que soit la nature de la transgression, « tu reviendras au bien et tu obéiras.

La civilisation juive, contrairement à la civilisation occidentale, est cyclique. Celle de l’occident est linéaire, d’un côté le bien de l’autre le mal. C’est pourquoi en Occident celui qui plonge dans la transgression, voyant que le bien est si loin, ne trouve pas suffisamment de force en lui pour entreprendre  le chemin de retour. Par contre dans une civilisation cyclique, le bien  et le mal sont très proche. Quelle soit la conduite de l’individu le chemin du retour vers le bien n’est pas loin. La Torah opère ce miracle. L’homme fut créé avec ses pulsions du mal ( yétsère har’a) Mais la torah lui a donné l’antidote pour qu’il puisse trouver la voie du bonheur. L’importance attachée par la Torah à la téchouva se dégage de la façon la plus éclatante du passage suivant : «  Or, quant te seront survenus tous ces événements, la bénédiction et la malédiction que j’offre à ton choix ; si tu les prends à cœur au milieu de tous les peuples où t’aura relégué l’Eternel, ton D., que tu retournes  à l’Eternel ton D. et que tu obéisses à sa voix en tout ce que je te recommande aujourd’hui, toi et tes enfants, de tout ton cœur et de toute ton âme, l’Eternel, ton D. , te prenant en pitié, mettra un terme à ton exil, et te rassemblera du sein des peuples parmi lesquels Il t’aura dispersé. Tes proscrits fussent-ils à l’extrémité des cieux  l’Eternel ton D., te rappellerait de là, et là même il irait te reprendre. Et il te ramènera, l’Eternel, ton D., dans le pays qu’auront possédé tes pères »

 

                                                                                        H. H

 

 

LA SIDRA DE VAYELEKH

Moïse, âgé de cent vingt ans, arrive au bout de sa mission. En tant que guide d’Israël durant quarante ans il est préoccupé par la pérennité d’Israël. Il lui faut donc préparer la continuité de la direction sachant pertinemment qu’il ne rentrerait pas en Israël. Cependant il a l’assurance de l’Eternel  continuera à préserver Israël en leur livrant tous les peuples idolâtres qui habitent encore dans le pays de Canaan. Josué, qui a été le second de Moïse est tout à fait indiqué pour prendre la succession de Moïse. Ce dernier le présenta officiellement au peuple et lui donna ses instructions en s’adressant d’abord au peuple en ces termes : «  Soyez forts et courageux, ne vous laisser effrayer ni intimider par eux ( les peuplades idolâtres)  Car l’Eternel ton D. marche  lui-même avec toi, il ne te laissera pas succomber, il ne t’abandonnera pas » Puis se tournant vers Josué il lui dit : «  Sois fort et vaillant. Car c’est toi qui entreras avec ce peuple dans le pays que l’Eternel a juré à leurs pères de leur donner, et c’est toi qui leur en fera le partage. L’Eternel lui-même sera à tes côtés, il ne te laissera  fléchir ni ne t’abandonnera : sois donc sans peur et sans faiblesse ! »

La deuxième partie de la Sidra  est réservée à la mort de Moïse. Avant sa mort Dieu lui annonce que le peuple d’Israël sans lui «  se laissera débaucher par les divinités du pays barbare où il va pénétrer, et il abandonnera l’Eternel et il brisera l’alliance que D. avait conclu avec lui » Cette conduite entraînera  beaucoup de malheurs pour Israël. Afin que le peuple qui rentrera en terre de Canaan, n’oublie pas les conséquences de l’Alliance qu’il a contractée avec D. il devra consigner par écrit toute la Torah qui portera témoignage le moment voulu et qui engagera les générations à venir. « Et Moïse écrivit le cantique le jour même et le fit apprendre aux enfants d’Israël »

 

Commentaire

 

Le Titre de la Sidra  est « vayélèkh » ce qui signifie « Il alla » Il s’agit bien entendu de Moïse. Le texte aurait du commencer par « Moïse parla » en fait, il alla où ? Les commentaires à propos de ce terme sont nombreux. Selon les uns Moïse, après avoir  dit à Israël : «  Vois, je te propose en ce jour d’un côté la vie avec le bien, de l’autre, la mort avec le mal » alla ensuite  vers le peuple pour lui annoncer que son âge avancé ne lui permet plus de rester à la tête du peuple et que sa mort n’allait pas tarder » selon d’autres commentateurs, Moïse, respectueux de la démocratie alla annoncer son départ aux chefs des tribus et les encourager dans leur effort de répandre la Torah. On peut dire aussi que lorsque Moïse sentit le moment ou il allait quitter ce monde il s’adressa au peuple pour lui annoncer la décision de nommer Josué comme le nouveau guide d’Israël. De la conduite de Moïse nous apprenons un grand enseignement. Jusqu’à la fin de sa vie Moïse, le plus grand des prophètes, est resté humble. En général quand un homme sait qu’il va mourir, il ne se préoccupe pas de  consulter qui que  ce soit. L’humilité est un trait de caractère qui peut dévoiler la nature de toute la personnalité de l’homme. Il n’est pas facile de dominer son Ego et de rester humble jusqu’au dernier moment de la vie. Le deuxième enseignement de cette Sidra est la place capitale, primordiale de la Torah dans l’identité juive. Affirmer qu’on est juif sans torah est un non-sens. De nombreux Juifs ont emprunté l’expression  « Je suis un juif non pratiquant » De cette Sidra nous apprenons que sans la Torah il n’y a pas d’identité juive. Ne pas conformer sa vie à l’exigence des Mitsvoth a très certainement comme conséquence la mort du Juif en tant que juif. Il sera autre chose. Il y a à travers la terre des milliers  de non-juifs qui ont une ascendance juive sans Torah.    

 

                                                                                                H.H

 

LA SIDRA DE KI TETSE

Notre Sidra est la plus chargée de commandements positifs et négatifs. Maïmonide Dans son traité « Séfère Hamitsvoth » en compte soixante douze. Cette profusion de Mitsvoth dans une même Sidra doit ouns interpeller et nous inciter  à examiner de plus près la signification et la portée des Mitsvoth en général et ceci par l’intermédiaire du Midrache.

L »e support de ce midrache sera constitué par le Midrache portant sur certains versets   du Deutéronome, le livre où se situe notre Sidra.

A propos du verset (XII, 6-7 ) que nous lisons dans cette section : «  Si tu rencontres en chemin un nid d’oiseau sur quelque arbre<ou à terre, de jeunes oiseaux ou des œufs sur lesquels soit posée la mère, tu ne prendras pas la mère avec ses petits »

Ce verset est analysé par le Midrache rabba de la manière qui suit : «   Il est écrit dans les Proverbes : «  Elles (les Mitsvoth ) sont une gracieuse auréole ( Levyatt hènn )sur ta tête » On peut lire aussi bien Livyah= Auréole que Lévaya =accompagnement ; cortège. Quelle est donc cette auréole qui t’accompagne ? Ce sont les Mitotique qui te suivent partout où tu vas. Ainsi, lorsque tu construiras une maison nouvelle, » tu garniras sa terrasse d’une balustrade. Elles seront près de toi lorsque tu feras une porte, car il est écrit : « Tu les inscriras sur les poteaux de ta ma maison. Elles t’assistent lorsque  tu mets un nouveau vêtement : " car il est écrit : « Tu ne vêtiras pas de chaatnez. Même chez le coiffeur, elles te rappellent : «  ne rase pas les coins de ta barbe. Lorsque tu laboureras, elles te feront penser à la défense «  d’atteler  ensemble le bœuf et l’âne. Pendant les semailles tu te rappelleras la défense de «  mélanger les plantations. Elles sont auprès de toi pendant la récolte, pour te dire : « Ne reprends pas  les épis que tu as oubliés, elles appartiennent à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve » … Or voici que le saint béni soit-Il ajoute encore ; Même si, sans occupation précise, tu te promènes dans la nature les mitsvoth t’accompagnent encore puisque « si tu rencontres en chemin un nid d’oiseaux… tu ne prendras pas la mère avec ses petits »

Selon ce Midrache les mitsvoth sont des fixateurs du temps. Chaque acte de la vie doit être accompagné d’une mitsva qui fixe le temps. Les autres doctrines ne cessent de dire : il faut que la vie ait un sens pour le Judaïsme c’est le sens qui doit être vécu. La vie a le sens que chacun de nous en fonction de sa structure mentale et de sa propre construction lui donne. Par contre  le sens de l’acte ne peut être vécu que par la Mitsva. Celle-ci fige le temps parce qu’il est vécu.  Le midrache veut nous  dire que la plupart des actes dans notre vie se déroulent hors de la conscience. C’est la  négation de l’existence. Mais quand un acte est accompagné par la mitsva, il ne peut pas être inconscient. Ceci explique la raison pour laquelle notre Sidra consacre de nombreux versets à l’aspect moral de la vie. En voici un verset typique de notre Sidra : « Tu ne dois pas voir le bœuf de ton frère ou sa brebis errant et te dérober à eux : tu les ramèneras à ton frère. »(chap.XXII, I )

«  Et si ton frère n’est pas à proximité  ou si tu ne le connais pas, tu  ramèneras l’animal dans ta maison et il restera chez toi jusqu’à ce que ton frère le réclame et alors tu le lui rendras »

Cette conduite éthique n’est vraiment  possible que pour quelqu’un  qui a parfaitement la maîtrise de soi. Autrement dit quelqu’un qui conforme sa vie aux Mitsvoth.   

LA SIDRA DE CHOFTIM

Cette Sidra porte bien son nom, puisqu’elle traite principalement des questions de droit. Elle débute en prescrivant la nomination de juges dans toutes les villes et la manière dont ils devront s’acquitter de leur charge. Voici ce texte : «  Tu institueras des juges et des magistrats dans toutes les villes que l’Eternel, ton Dieu te donnera selon les tributs et ils jugeront le peuple avec équité »  Quant au régime politique  que suggère la Sidra, elle laisse pratiquement le soin au peuple de choisir le régime qu’il veut. : «  Lorsque tu arriveras dans le pays que l’Eternel ton Dieu te donne et que tu en auras pris possession et y seras installé, si tu dis : «  Je voudrais mettre un roi à ma tête à l’exemple de tous les peuples qui m’entourent » tu te donneras alors un roi, celui dont  l’Eternel  ton D. approuvera le choix,  tu n’auras pas le droit de te soumettre à un étranger qui ne serait pas ton frère. »

Ce passage de la Sidra a soulevé beaucoup  l’étonnement  de nombreux commentateurs. Comment est-ce possible que la Torah puisse permettre au peuple d’Israël d’être comme les autres peuples. C’est pratiquement la négation de tout ce que la Torah ordonne. Cette dernière aurait pu se contenter de dire simplement : Lorsque vous serez arrivés dans votre pays, vous mettrez un roi à votre tête ?

Ce même thème revient dans le livre de Samuel I, (chap.8 )  Nous y voyons le peuple venir demander un roi en employant exactement l’argument mentionné dans la torah. Les Hébreux disent à Samuel : «  Donne-nous un roi qui nous gouverne comme tous les autres peuples. Cette requête ne trouve pas du tout grâce aux yeux de Samuel   La réaction de celui-ci est violente, et tout à fait incompréhensible. Pour Samuel, choisir  le régime de la royauté, c’est aliéner sa liberté, c’est transformer tout un peuple en serviteurs d’un seul homme qui ne manquera pas de se conduire avec despotisme et iniquité.  Cette attitude de Samuel est contredite par la Tradition orale. En effet  Rabbi Yéhouda déclare (Sanh.V, p. 4) : «  Trois devoirs (Mitsvoth) ont été expressément  prescrits à Israël, qu’il devra accomplir en arrivant dans le pays. Ce sont la nomination d’un roi ( ainsi qu’il est écrit « Tu mettras un roi à ta tête », la construction du Temple et la destruction des descendants de Amalek »

S’il en est ainsi, pourquoi le peuple a-t-il été puni pour avoir demandé un roi à l’époque de Samuel ? La Tradition orale répond parce que la demande du peuple était prématurée. Rabbi Néhouraï dit : «  A cause de la façon inconvenante dont ils formulèrent leur demande. Rabbi Eliézer, fils de Yossé, dit : Les Anciens avaient formulé leur demande conformément à la Loi en disant «  Donne-nous un roi qui soit notre juge » mais la populace détériora la situation en clamant : nous voulons être comme tous les autres peuples »

Le Grand commentateur Abravanel donne une solution qui paraît plus rationnelle. Il écrit : « Les contemporains de Samuel ont été réprimandés à cause de la façon  inconvenante dont ils formulèrent leur demande »  Ce passage de la Torah doit être, selon moi, ainsi compris : Lorsque vous aurez occupé le pays, ce serait une ingratitude de votre part d’exiger un roi dont vous n’avez nul besoin, rien que pour suivre la coutume des nations environnantes. Pendant la conquête, un roi eut été utile et vous n’en avez pas demandé et maintenant, une fois le pays conquis et que vous vous y êtes installés en paix grâce à l’aide de D., vous éprouvez soudainement le besoin d’avoir au-dessus de vous un monarque pour la seule raison que les autres peuples en ont aussi. C’est en prévision de ce  cas que la Torah nous dit : Si, installés dans le pays, vous succombez à la tentation d’avoir un roi comme en ont les autres peuples, que ce roi soit  celui dont l’Eternel votre D. approuvera le choix. La Torah n’exige pas que l’on nomme un roi, mais si vous tenez absolument à en avoir un comme tout le monde, il faut qu’il remplisse certaines conditions, il doit être agréé par D. et ne pas être étranger. Nous trouvons de nombreuses autres prescriptions de ce genre dans la Torah, ainsi celle-ci ( Deutéronome XXI, 10 ) : «  Quand tu iras en guerre contre tes ennemis et que tu feras des prisonniers ? Si tu remarques dans cette prise, une femme de belle figure, qu’elle te plaise et que tu la veuille prendre pour épouse, tu l’emmèneras dans ta maison et elle se rasera la tête… »Il est évident que la Torah ne nous commande pas d’épouser les captives. Le  seul devoir qu’elle nous impose est, si nous succombons à la tentation, de traiter cette femme avec égards. De même dans notre cas. La nomination d’un roi est considérée comme une concession aux faiblesses de la nature humaine. La Mitsva ne réside pas l’institution d’une monarchie, mais dans les conditions à remplir par celui que le peuple voudrait avoir à sa table pour suivre l’exemple des autres peuples. »

Il ressort de tout cela  que la Torah ne s’adresse pas à des hommes parfaits, elle connaît parfaitement la nature humaine. Elle cherche seulement à endiguer nos insuffisances et nos faiblesses. Quant à la nature du régime politique, la Torah n’en impose pas  un ; Quel que soit ce régime il faut qu’il soit conforme aux règles imposées par la Torah.

                  

                                                                                               H.H

LA SIDRA DE MATTOT

«  Moïse parla aux chefs des tribus des enfants d’Israël, en ces termes : Voici ce que l’Eternel ordonne : Lorsqu’un homme fera un vœu à l’Eternel Il ne violera point sa parole, il agira selon tout ce qui est sorti de sa bouche » (Nombres XXX, 2-3. )

Pour donner plus  d’écho à l’importance de la Parole, Moïse passe par l’intermédiaire des chefs de tribus. Il aurait pu, comme il l’a fait jusqu’à présent,  avertir le peuple lui-même. Cette fois il passe par des intermédiaires pour deux raisons.

a)     Dans cette Sidra le passage qui traite des vœux se rattache à celui qui parle de la mort de Moïse et c’est pourquoi il s’adresse aux chefs des tribus qui auront l’obligation de les enseigner à la communauté.

b)     La parole est déterminante de la personnalité, Cependant il n’est pas aisé de réfléchir constamment chaque fois qu’on doit parler. C’est pourquoi, Moïse confie la mission d’inculquer le respect de la parole donnée, l’interdiction de pratiquer la médisance, les effets dramatiques que peut provoquer la parole etc. aux chefs des tribus qui sont plus près de des membres de leurs tribus et de ce fait ont beaucoup plus de chances d’être entendus.

Dans cette paracha, on relève la préoccupation majeure de Moïse avant de quitter ce monde. En effet, il donne l’ordre d’attaquer les Madianites. Moïse qui connaît si bien le peuple juif et qui surtout, se préoccupe de sa pérennité, trouve pour dernière et ultime recommandation d’e faire une guerre. Cela peut paraître étrange. Pour comprendre la réaction de Moïse, il faudra se rappeler  qu’il était le plus élevé dans la hiérarchie de la prophétie. Il savait que la nature du message juif,  consigné dans la Torah, dressera toujours sur le chemin de son peuple des obstacles insurmontables. Le peuple juif a introduit dans le monde des valeurs qui ne sont pas à la portée du premier venu. Moïse savait qu’Israël serait toujours en guerre. S’il n’est pas en guerre contre un autre peuple il sera en guerre contre lui-même. C’est pourquoi le dernier devoir de Moïse est de débarrasser son peuple des ennemis qui présentaient un danger grave pour les principes fondamentaux du Judaïsme

En effet les Madianites se sont rendus coupables envers D. par la propagation de l’idolâtrie, et avaient causé la mort de 24.OOO Israélites. Si Moïse Avait dit aux enfants d’Israël de venger leurs morts, ils auraient peut être préféré renoncer à la guerre. C’est pourquoi il évoque un argument  dont le pardon n’était guère dans leur pouvoir.      

LA SIDRA DE PINHASS

Notre Sidra s’ouvre sur la mention  élogieuse de l’acte de Pin’has qui venait de tuer Zimri ben Salou,  notable et chef de la tribu de Siméon. Cette ouverture est étonnante en soi. En effet comment comprendre que la Torah  félicite celui qui vient de commettre un meurtre ? Quel fut le comportement de Moïse dans tout cet épisode ? Pour plus de clarté, il est utile de rappeler que l’acte de Zimri est mentionné en ces termes dans la sidra précédente : « Israël s’établit à Chittim. Là, le peuple se livra à la débauche avec les filles de Moab…Alors Moïse dit aux juges d’Israël «  Que chacun de vous immole ceux des siens qui se sont livrés à Baal-Péor. Cependant quelqu’un des Israélites s’avança, amenant parmi ses frères la Madianite  à la vue de Moïse et de toute la communauté des enfants d’Israël, qui pleurait au seuil de la tente d’assignation. A cette vue, Pin’has, files d’Eléazar, files d’Aaron le pontif, se leva du milieu de la communauté, arma sa main d’une lance …et transperça [ la Madianite ] »

La première question qui vient à l’esprit est : Pourquoi les enfants d’Israël pleuraient-ils ? Le talmud Sanhédrine (chap. II,I) apporte la précision suivante. Il écrit : « Les enfants d’Israël pleuraient, parce que Ziride avait dit à Moïse « Toi, fils de Aram, ta femme Tsipora, est –elle permise, ou non. ? Si tu penses qu’elle t’est interdite, qui t’a autorisé d’épouser la fille de Jéthro ? » A cet instant Moïse oublia la Loi, et toute l’assemblée éclata en sanglot »

Si Moïse, était en mesure de répondre à Ziride peut-être que Pin’has n’eut pas été contraint d’intervenir. Toutefois le silence de Moïse face à Ziride, qui était un personnage très influent, exige une explication. D’autant plus que la torah prescrit  : «  Ne hais point ton frère en ton cœur : reprends ton prochain, et  tu n’assumeras pas de péché à cause de lui »(Lévitique XIX, 17) En vertu de ce verset Moïse aurait dû reprendre Ziride et le remettre sur la bonne voie »

Le comportement de Moïse est instructif et en même temps didactique. Si Moïse n’a pas réagi aux paroles blessantes de Ziride, c’est que la règle, prescrite par la Torah, de tancer son prochain quand il commet une transgression, n’est pas absolue et comporte des limites à ne pas franchir. Il n’est pas permis dans toute circonstance et dans toute conjoncture  reprocher à son prochain sa conduite. Avant toute intervention il faudra  prendre en considération un certain nombre de paramètres qu’on peut résumer en quelques mots. A savoir : le caractère de son prochain et  sa docilité. Si l’on est persuadé que le reproche ne fera qu’exacerber la réaction de l’autre, que le résultat serait le contraire de ce que l’on  voulait atteindre, alors il serait plus sage de s’abstenir. En l’occurrence, Moïse n’a pas réagi à la désinvolture et à l’insolence de zimri  parce que le climat psychologique dans lequel s’est déroulée la scène ne permettait pas une réaction. Moïse ne pouvait pas se permettre de répondre publiquement à Ziride qui était un chef de tribu respectable, car inéluctablement  Ziride eut été humilié aux yeux  de sa tribu, ce qui aurait eu des conséquences dommageables sur tous les enfants d’Israël. Le sentiment de culpabilité de Ziride était probablement intense, et par conséquent sa réaction ne pouvait être que violente Le comportement de Moïse constitue pour nous une bonne leçon. C’est effectivement un devoir de reprendre son prochain et  d’attirer son attention  en cas de transgression d’une mita.  Cependant, il n’est pas convenable de s’ériger en juge pour évacuer sa propre culpabilité ou pour réparer un Ego atrophié. Il convient plutôt de tenir compte de la personnalité du transgresseur, de son caractère, du temps et de l’espace, de l’environnement, et surtout de l’impact du reproche. Il ne faut  en aucune façon, sous prétexte que la Torah  autorise le reproche, de porter atteinte à la personne de son prochain. Il convient chaque fois d’évaluer le résultat et les conséquences chaque fois que l’on reprend autrui.

C’est dans ce contexte que l’on peut comprendre l’initiative de Pin’has qui a sauvé l’honneur de Moïse et assurer la pérennité du peuple d’Israël.

Notre Sidra évoque encore indirectement le sort des enfants de Moïse. Celui-ci doit se choisir un successeur, D. lui dit : « Fait approcher de toi  Josué fils de Noun…et impose ta main sur lui. Tu lui communiqueras une parie de ta majesté afin que toute l’assemblée des enfants d’Israël lui obéisse » Pourquoi Moïse n’a-t-il pas  nommé un de ses fils ? Ces derniers n’ont pas hérité de la grandeur de leur père, ils n’ont pas été nommés à sa place,  n’ont jamais pris la moindre part dans la direction du peuple et leurs noms n’ont même pas été mentionnés. A ce sujet le Talmud (Nédarim 71a) écrit : «  Comment se fait-il que les fils des savants deviennent rarement des savants ? Afin qu'on ne puisse pas dire que la science se transmet par héritage » C’est aussi ce qu'on peut  lire dans les Pirké Aboth : « applique--toi à étudier la Loi, car on en acquiert pas la connaissance par héritage.

Néhama Leibovitz dans ses considérations sur les sections chabbatiques écrit à ce propos : « Dans les paroles de Moïse, dans sa prière au sujet du successeur, il n’y a pas trace d’amertume. Le berger fidèle ne fait aucune allusion à la déception du chef qui, après avoir amené le peuple  à son but, n’aura pas la joie de le faire entrer dans le pays promis et ne verra point ses fils lui succéder. Toute sa demande et tout son souhait, dans la mesure où ils trouvent leur expression dans sa prière, se limitent au bien de son   troupeau -Israël- « afin que la communauté de l’Eternel ne soit pas comme un troupeau sans pasteur »

Ce n’est cependant pas de la sorte que nos sages, auteurs du Midrache, interprètent le verset en question. Ils ne recherchent pas dans les récits bibliques l’incident passager qui ne s’est produit qu’une fois, mais ils mettent en exergue l’événement typique qui se répète à tout temps et en tout lieu. Pour nos Maîtres l’homme le plus parfait recèle en lui des faiblesses et des ruses. Même en moïse «  qui a couru devant eux comme un cheval durant les quarante ans de leur séjour au désert et au sujet duquel,  quand ils arrivèrent au seuil du pays, il fut décrété que ses ossements resteront dans  le désert » - même en lui, ils voient l’homme qui s’oppose à son sort, et ils perçoivent dans sa prière une expression d’amertume. Par conséquent  nos Sages estiment que ce n’est pas de gaîté de cœur que Moïse accepta le sort réservé à ses fils. A ce sujet Le Midrache Rabba écrit : «  Pourquoi l’Eternel demande-t-Il d’instituer un chef immédiatement après l’épisode de l’héritage ? C’est parce que, voyant les filles de Sélofhad hériter de leur père, il s’était dit : « Du moment que les filles ont droit à la succession, pourquoi mes fils ne l’auraient-il pas et n’hériteraient-ils pas  de mes honneurs ! »Le Saint béni soit-Il lui dit alors ( Prov.XXVII  ) : « Qui veille sur le figuier jouira de ses fruits. Tes fils ne se sont pas occupés de la Torah, tandis que Josué veillait sur toi et te servait ; il se levait de bon matin et se couchait tard, afin d’être toujours présent dans ta maison de réunion. C’est lui qui rangeait les bancs et étendait le tapis. Puisque c’est lui qui te servait de toutes ses forces, il est aussi digne de servir Israël, et qu’il ne soit pas privé ainsi de sa récompense. « Fais approcher de toi Josué fils de Noun »afin d’accomplir ce qui est dit « Qui veille sur le figuier jouira de ses fruits » 

 

LA SIDRA DE BALAK

 Moab et Midiane affolés par l’approche d’Israël,   par sa réputation comme peuple protégé par son D., et par ses réussites depuis sa sortie d’Egypte, se concertent et appellent à l’aide le Prophète des nations : Bil’am et sa voix magique de la malédiction pour arrêter la marche triomphante, irrésistible du peuple, qui depuis l’Egypte n’en poursuivait pas moins le destin pour lequel D. l’avait élu.

Bil’am au fond de lui aurait bien voulu répondre positivement à l’invitation de   Balak, mais D. freine son ardeur à répondre  sans attenter cependant à son libre arbitre. En effet l’homme est libre de ses gestes et de ses décisions, à condition toutefois qu’il ne devienne pas un écran entre D. et le devenir de l’humanité, à condition aussi que ses actions n’entravent pas les objectifs de la Création ;  C’est pourquoi D. laisse aller Bil’am mais  lui inspira des appréciations élogieuses à l’égard d’Israël dans une langue poétique et d’une très   haute spiritualité.

C’est le prophète des nations qui répand dans le monde la spécificité d’Israël, lequel échappe à la catégorie des peuples ordinaires  parce qu’il est marqué d’une empreinte divine. Bil’am dit en effet : «  Voici un peuple demeurant à part qui ne s’additionne  pas aux autres nations. »

 

Cette constatation est évidente à cette époque c’est celle qui saute aux yeux,  qui s’impose lorsque l’on  se penche sur le comportement d’Israël, le tracé de son histoire, sa trajectoire dans l’espace et dans le temps échappent à la raison historique et à la logique des événements.

Au moment où l’humanité entière est plongée dans l’obscurantisme le plus opaque, un peuple errant dans le désert lance au monde le principe social  le plus moderne dans la formule «  aime ton prochain comme toi-même »  Quand on lit la Torah, avec ses préceptes moraux, son organisation judiciaire, ses principes sociaux on comprend mieux pourquoi le peuple d’Israël ne peut être « additionné » aux autres peuples.

La deuxième constatation que fait Bil’am c’est que « l’Eternel est le D. d’Israël et qu’il est avec son peuple » Cette constatation découle de la première. Si le peuple d’Israël a un schéma historique différent,  il ne le doit pas à la magie ou au hasard mais par l’action de la proximité de D. Tous les peuples de la terre sont appelés à bénéficier de cette proximité. C’est pourquoi en agissant dans le but d’éloigner Israël de son Dieu, les peuples font leur propre malheur. Toute la terre doit reconnaître le  sens du particularisme juif  pour son propre bonheur.

Dans la troisième série des éloges décernés à Israël : «  Que tes tentes sont belles O Jacob » Les tentes de Jacob, les centres de spiritualité  d’Israël apparaissent, ils sont des centres de rayonnement, des écoles où, de génération en génération, l’âme juive se ressource, se nourrit, y prend la force pour parcourir le dur, l’interminable chemin qui conduira inlassablement à l’éclosion de l’époque messianique.                                                                                                     Haïm Harboun

 La SIDRA DE HOUQATH

 «  Ceci est un décret de la Torah » il s’agit , dans ces premiers mots de la sidra, de préciser que le commandement de sacrifier une vache rousse et d’utiliser ses cendres dans un processus de purification, est un « hoq » comme toutes les lois touchant en particulier aux questions de pureté –par  opposition à d’autres susceptibles d’avoir un éclairage rationnel.

Pourquoi le Torah promulgue-t-elle des lois apparemment irrationnelles ? Parce qu’elle veut nous rappeler constamment que l’intelligence humaine a des limites. Lorsque l’homme dans son immense orgueil, croit que son intelligence est en mesure d’apporter un éclaircissement sur tout les phénomènes de la nature,  il en vient à détruire l’équilibre de ce monde. Or celui-ci a été confié à l’homme pour qu’il puisse le «  travailler et le  protéger ».  D. qui nous a donné la Torah qui est le mode d’emploi pour préserver notre monde de la destruction. Or le caractère fondamental  de la Torah est d’être avant tout un « hoq » un décret divin. Toutes les explications que nous pourrons trouver aux « mitsvoth » ne peuvent rendre compte que d’un aspect- et sans doute le plus infime de la Loi, notre intelligence étant sans commune mesure avec celle de D.,

 La pureté et l’impureté sont des notions abstraites relevant de l’esprit . La Torah englobe toute l’existence de l’homme et matérielle et spirituelle, c’est pourquoi elle est avant tout action. Elle a été donné pour être pratiquée, vécue. L’étude ne peut avoir d’autre but ni d’autre couronnement que l’action. Toute étude qui reste au niveau de la théorisation ne contribue en rien à changer l’homme, à le remettre en question. C’est pourquoi , même en ce qui concerne une notion aussi abstraite  que la pureté et l’impureté, la Torah introduit toute un processus qui relève essentiellement du concret, comme pour rendre palpable ce qui est abstrait.

Il est vrai que de tout temps , nous avons assistons à une tendance de vouloir à tout prix rationaliser les commandements divins afin de satisfaire un ego démesuré. Les commandements de D. devaient, pour avoir  quelque valeur, se trouver en accord avec la science. On a donné en exemple les lois alimentaires juives parce qu’on les réduisait à des lois d’hygiène découvertes de nombreux siècles  avant la microbiologie et la toxicologie . De là à dire, puisque la science nous fournit les moyens de préserver notre santé, la Torah devient caduque, il n’ y a qu’un pas .

C’est pourquoi la Torah insiste pour que l’on prenne soin des statuts qui ne paraissent pas rationnels. Le commandement de la vache rousse nécessite par conséquent une application rigoureuse afin qu’on ne le négligeât pas, comme cela arrive lorsque le sens de quelque chose nous échappe.

A propos de la vache rousse Maïmonide  dit qu’il faut chercher l’explication  dans la réparation d’un mal par son contraire. La cendre est le produit du feu et l’eau est l’élément opposé au feu. Aussi, cite-t-il pour exemple, qu’il faut guérir le vice de l’avarice par celui de la prodigalité afin de faire acquérir à l’avare de la générosité . Il en est de même dans notre cas, afin que l’impur devienne pur. Comme on peut le constater , bien que la Torah précise que le statut de la vache rousse est un « hoq »

Nos maîtres ont tout de même voulu trouver une raison d’être à la loi. 

LA SIDRA DE KORAH

 Notre Sidra est consacré, en très grande partie, au personnage de Korah, figure emblématique de l’ambition démesuré  et aux  conséquences d’un narcissisme exacerbé. L’étude du personnage de Korah a donné lieu à une très abondante littérature exégétique. Nous allons par conséquent nous limiter à quelques réflexions d’ordre moral.

Notre Sidra ne se contente pas de citer exclusivement le nom de Korah ,mais aussi de mentionner toute son ascendance familiale. Nous apprenons ainsi qu’il était fils de Yitshar lui même fils de Kéhat  de la tribu des Lévy.  Les Exégètes s’appuient sur l’insistance de la Torah à mentionner son arbre généalogique, pour souligner que les descendants de familles célèbres  bénéficient dans ce monde  de beaucoup de considérations de la part de leurs coreligionnaires. Celle-ci leur procure la meilleure situation sociale et économique pour faire le bien et non pour en faire un instrument de domination et d’oppression.  En outre le texte spécifie que la fortune de Korah avait disparu avec lui dans les profondeurs du sol « La terre les avait engloutis, eux  et tous leurs biens » et nos moralistes s’appuyant sur ces versets soulignent que la fortune  est un simple instrument que D. confie à l’homme pour soulager la misère de ses frères. Le riche est un simple dépositaire d’un bien appartenant à D. Que ceux qui ont eu le privilège d’avoir des parents et des ancêtres  célèbres et qui possèdent une fortune, en soient  heureux et fiers ceci paraît légitime , mais qu’ils demeurent toujours sur leurs gardes, en ne faisant bénéficier personne de leur fortune, ceci  constitue un danger pernicieux qui les détournera de la voie de la justice et de l’équité. C’est ce qui  est arrivé  à Korah et à ses partisans. Ils ont interpellé Moïse et Aaron, avec beaucoup de véhémence, en leur disant : «  Pourquoi vous élever-vous au dessus de l’assemblée de D. »

Ce reproche paraît d’autant plus injuste concernant Moïse  que la Paracha précédente dit  explicitement que « l’homme Moïse était le plus modeste de tous les hommes sur la terre » et à propos de Aaron, la Tradition laisse clairement entendre que sa passion pour la paix n’avait d’égale que ses trésors d’indulgence. A ces hommes, que leurs hautes fonctions obligeaient peut-être parfois à savoir garder leurs distances, on reprochait injustement d’être orgueilleux. Et à nos Sages d’ajouter avec un soupir : ah combien la colère peut rendre aveugle et la jalousie être mauvaise conseillère !

Nos Sages se sont attardé sur la réaction de Moïse face aux attaques de Korah et ses partisans. La torah dit que Moïse tomba face à terre, autrement dit il ne voulait pas voir ses détracteurs face à face. Ce faisant Moïse, disent nos Sages mettait en application  la défense de regarder en face une personne en colère. Celui qui se met en colère est semblable à celui qui adorent des idoles. La colère transforme le visage, siège de l’identité de l’homme et le met au niveau de l’animal. C’est pourquoi il est prescrit de s’abstenir de regarder en face un homme en état de colère. Quant à la sanction qui frappa Korah et ses partisans elle aussi est conforme à la règle juive de « Mida Kénéguèd mida » : une mesure pour un mesure. Korah et ses partisans ont « ouvert leurs bouches » pour proférer des mensonges et de la médisance. Et à propos de la sanction le texte dit : «  la terre ouvrit sa bouche et les engloutit » La médisance  a le pouvoir de tuer une personne, et c’est donc par la « bouche de la terre » qu’ils furent tués.

Le Psaume 106 fait allusion à la révolte de Korah : «  Ils murmurèrent contre Moïse dans le camp et contre Aaron le saint serviteur de Dieu » A propos de ce verset, un maître du ‘hassidisme enseignait à ses élèves : «  Sachez qu’il est difficile d’être chef ! A Moïse, la foule reprochait de trop s’occuper des affaires matérielles du camp, de l’organisation de la cité. Et en même temps, elle accusait Aaron d’être trop exclusivement consacré à D. , de ne pas assez vivre avec le peuple, dans le siècle. Vous voyez donc, mes chers disciples, dit le Rabbi, quoi que vous fassiez, il y aura toujours des mécontents. Tenez donc uniquement compte de la recommandation de D. à Aaron et à ses fils dans notre Sidra : « Vous monterez la garde autour de mes saintes prescriptions pour que ne se déchaîne plus la colère contre les enfants d’Israël » Que votre activité soit comme la branche d’amandier dont la subite floraison a désigné Aaron comme unique Grand-Prêtre en Israël. Que votre travail, où que ce soit, porte comme elle, fleurs et fruits en chaque saison. Cela seul importe.                                                                                            Haïm HARBOUN