ANNEE 5766

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La SIDRA de HAAZINOU

LA SIDRA DE NITSAVIM-VAYELEKH

LA SIDRA KI TAVO

LA SIDRA DE DEBARIM

La SIDRA MATOTH-MASSE

LA SIDRA DE PINHAS II

LA SIDRA DE HOUQAT

LA SIDRA DE QORAH

LA SIDRA DE CHELAH LEHA

LA SIDRA DE BEHAALOTEKHA

LA SIDRA DE NASSO

LA SIDRA DE BAMIDBAR

LA SIDRA DE BEHAR-BEHOUKOTAÏ

LA SIDRA DE EMOR

LA SIDRA DE AHARE MOTH –KEDOCHIM

La SIDRA DE TAZRIA-METSORA

LA SIDRA DE TSAV

LA SIDRA DE VAYIKRA

LA SIDRA DE TETSAVE   Chabbath Zakhor

LA SIDRA DE BECHALAH

LA SIDRA DE BO

LA SIDRA DE VAERA

LA SIDRA DE CHEMOTH

LA SIDRA DE MIKETS

LA SIDRA DE VAYECHEV

LA SIDRA DE VAYICHLAH

LA SIDRA DE VAYETSE

LA SIDRA DE TOLEDOTH

LA SIDRA DE hayye SARAH

LA SIDRA DE VAYERA

LA SIDRA DE LEKH LEKHA

LA SIDRA DE NOAH

LA SIDRA DE BERECHITH


La SIDRA de HAAZINOU

Pour réaliser  le sens de la parole du prophète Osée :  « Reviens, Israël, vers l’Eternel, ton Dieu » il faut non  seulement à l’époque de repentance, mais tout le long de l’année, être conscient de notre passé. «  Souviens-toi des jours antiques, médite les annales de chaque siècle ; interroge ton père, il t’apprendra, tes vieillards, ils te le diront ! » Nos Sages estiment que le terme « père » désigne le prophète, car pour comprendre les événements, même actuels, et en tirer des conclusions valables, il faut jouir d’une inspiration prophétique. Cette vue particulière nous permet de découvrir l’histoire, c’est à dire la morale de l’histoire et non pas sa transposition poétique. Alors, nous ne confondrons plus les  problèmes extérieurs avec les problèmes intérieurs : techniques et religieux, économiques et politiques. La conscience du présent ne peut pas être réelle, sans que l’on comprenne au préalable l’enchaînement logique des faits et sans que l’on prenne position vis à vis de l’histoire.  Et cette attitude doit en premier lieu tenir compte du trait caractéristique du peuple d’Israël : sa religiosité, par laquelle il se distingue des autres nations et acquiert son vrai sens de personne morale impérissable.

 

La sidra «  Hazinou » renferme la quintessence morale et historique de la Torah. Elle exprime sa conception sur le peuple d’Israël,  son sort et sur l’attitude que l’Eternel adoptera à son égard. Après une série de malheurs physiques et moraux,  dus à la rupture de l’alliance, le peuple d’Israël sera sauvé. Son salut n’est soumis à aucune condition, car sa destinée irrévocable le ramènera vers D.

 

En ce qui concerne le châtiment de ses ennemis, il est prévu d’avance, car ce n’est pas à cause de sa défaillance que ceux-ci le persécutaient, mais plutôt en raison de son attachement qu’ils supposaient réel, aux principes divins. (Nahmanide)

 

Rabbénou Saadia Gaon prévoit deux périodes dans la délivrance  finale : la repentance et la fin de l’exil ; il estime que le rassemblement des dispersés peut éventuellement précéder la repentance (Emounoth védéoth)

A notre époque cette explication prend un sens tout particulier, car si le rassemblement et la reconstruction ont recommencé, la conscience morale de la nation ne s’est pas encore éveillée.

Persécuté et maltraité, Israël n’a pas hésité  d’invoquer D. dans la plus sombre nuit de son existence. Quoique ayant détourné sa face du peuple indigne, l’Eternel, père miséricordieux, n’a pas omis de lui répondre, sans cependant révéler sa présence.

La renaissance du passé et de ses valeurs permanentes aura seule raison de notre scepticisme moderne et nous conférera cette étincelle prophétique qui nous aidera à enchaîner les faits et les événements par des liens de causalité et de continuité, si bien que notre histoire nous apparaîtra comme un tout, un tout sans fissure.

 LA SIDRA DE NITSAVIM-VAYELEKH
La Torah n’est pas au ciel

« Car cette loi que je t’impose aujourd’hui, elle n’est pas trop ardue pour toi, ni placée trop loin. Elle n’est pas dans le ciel, pour que tu dises : «  Qui montera pour  nous au ciel et nous l’ira quérir, et nous la fera entendre pour que nous l’observions ? » Elle n’est pas non plus au- delà de l’océan, pour que tu dises : » Qui traversera pour nous l’océan et nous l’ira quérir et nous la fera entendre pour que nous l’observions ? » Car la chose est tout près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur pour l’observer ! » (XXX, 11-14 )

Ce passage, selon Nahmanide se rapportent au passage précédent, où il est question du repentir. La plupart des autres commentateurs, suivant en cela les Sages du Talmud, pensent par contre qu’il concerne la Torah tout entière. Suivant ces derniers, « Cette loi que t’impose aujourd’hui » c’est la Torah dans sa totalité. C’est elle qui «  n’est pas trop ardue pour toi, ni placée trop loin.. »

Certains Maîtres voient dans ces versets l’énoncé de la grande responsabilité qui nous incombe d’étudier la Torah et d’en déduire les conséquences, puisqu’elle n’est pas «  dans le ciel » et que c’est à nous qu’elle a été donnée.

Ce sont ces versets qui furent cités à l’appui de la controverse surgie entre Rabbi Eliézer et ses collègues à propos d’une question et d’impureté :

Ce jour –là, Rabbi Elézer produisit tous les arguments possibles, mais ses collègues ne se déclarèrent pas convaincus. Il leur dit alors : » Si la loi me donne raison, que ce caroubier en fasse la preuve ! » Le caroubier se déplaça de cent coudées, certains disent de quatre cents. Il lui répliquèrent : «  Aucune preuve ne se tire d’un caroubier » Rabbi Eliézer reprit » Si la loi est conforme à mes vues, que ce cours d’eau le prouve ! »

Le cours d’eau fit demi-tour. Il lui objectèrent « Un cours d’eau ne fournit pas de preuve » Il leur dit : «  Si la loi est de mon côté, que les murs de cette maison d’étude le démontrent : Les murs se penchèrent, menaçant de s’écrouler. Rabbi Yéhochoua invectiva contre les murs et leur dit : » Si ceux qui étudient la loi se disputent sur un point de droit en quoi cela vous regarde ? » Par respect pour Rabbi Yéhochoua  les murs ne s’écroulèrent pas mais, par respect pour Rabbi Eliézer ils restèrent inclinés. Ils sont aujourd’hui encore penchés. Rabbi Eliézer insista et dit « Si la loi est pour moi, que le ciel lui- même en fournisse la preuve ! « Aussitôt on entendit une bath-kol   ( voix céleste) qui déclara :

« Qu’avez-vous donc Rabbi Eliézer : C’est lui qui a toujours raison en manière de droit ! » Alors Rabbi Yéhochoua se dressa et dit : «  Il est écrit : Elle n’est pas dans le ciel ! La loi donnée sur le mont Sinaï nous prescrit elle-même de décider suivant l’opinion de la majorité ! »(B.M 59b)

Ce Midrach vient nous prouver que la Torah n’est pas une construction supra-terrestre qu’il ne serait pas à notre portée d’observer. Il souligne aussi la grave responsabilité qui incombe à ceux qui l’étudient et l’approfondissent. Les versets que nous venons d’étudier prouvent que l’interprétation de la Torah tout entière a été confiée aux Sages de chaque génération, qui ne peuvent prendre de décision qu’à la majorité et en ne se basant que sur des arguments rationnels. Ils ne peuvent attendre aucune intervention supra-humaine qui les guiderait dans leur choix.

LA SIDRA KI TAVO

 

En cette veille des journées redoutables de Tichri, nous allons lire dans toutes les synagogues du monde la Sidra de Ki Tavo. Moïse, l’homme de D. en a presque terminé de ses recommandations au peuple d’Israël. Moïse s’adresse aussi à nous, ici et maintenant, et à toutes les générations à venir. Ses paroles nous marquent de leur profonde empreinte.

 

Et Moïse appela tous les enfants d’Israël, et il leur dit :

Vous, vous avez vu tout ce qu’à fait l’Eternel à vos yeux, dans le pays d’Egypte, au Pharaon et à tous ses esclaves et à tout son pays- les grandes épreuves qu’ont vues vos yeux, ces grands prodiges et signes. Et l’Eternel ne vous a pas donné un cœur pour savoir et des yeux pour voir et des oreilles pour entendre jusqu’à ce jour. (XXIX, 1-3)

 

D’après David Hoffmann, ces versets viennent justifier la nécessité d’une seconde remontrance, après les bénédictions et les malédictions déjà prononcées lors de la conclusion de l’alliance au Mont Horev  (parachatt Bé’houkotaï)

Le verset 3 répond à cette question «  Les signes et les prodiges n’ont pas conduit les enfants d’Israël à la compréhension souhaitable, à la connaissance de D. Ce n’est que l’éducation des  quarante années d’errance et les miracles divins, notamment son récent secours lors de la conquête de la Transjordanie, qui ont préparé les cœurs à la connaissance de la vérité. C’est pourquoi il est maintenant nécessaire de renouveler l’alliance » Ainsi se résument, selon David Hoffmann, les versets 1 à 8 du chapitre XXIX.

Cependant à propos du verset 3 Abrabanel ajoute : « Ce verset semble indiquer que l’esprit séditieux qui les a accompagnés jusqu’à ce jour était voulu et organisé par le Très-Haut. Or il n’en est rien, puisque « tout vient des cieux, sauf la crainte des cieux. Et, quoique l’Eternel soit la cause première de toute chose, il est donné à l’homme de choisir s’il veut connaître D. et Lui obéir. La Torah dit en effet (Deutéronome IV, 35-36) : «  On t’a fait voir pour savoir que l’Eternel est le Dieu, il n’y en a plus à part Lui. Des cieux, Il t’a fait entendre sa voix pour te corriger, et sur la terre Il t’a fait voir son grand feu, et tu as entendu ses paroles… » Alors comment peut-on dire : «  Et l’Eternel ne vous a pas donné un cœur pour savoir et des yeux pour voir et des oreilles pour entendre jusqu’à ce jour » ?

 

A brabanel se donne lui-même la réplique, en expliquant le verset par son contexte et en considérant chaque verset comme marquant un degré dans la mercuriale  de Moïse :

 

« Moïse les a réprimandés pour la sédition et leur faute, [qui se manifestaient par le fait] qu’ayant vu de leurs propres yeux tant de miracles et de merveilles, ils n’y avaient pas pris garde, et que quoique possédant une raison naturelle excellente, ils n’en aient pas fait usage.

C’est ce qu’exprime la phrase : « Vous avez vu tout ce qu’a fait l’Eternel dans le pays d’Egypte », qui veut dire qu’ils ont perçu les miracles et les merveilles qui avaient été faites en Egypte aux petits comme aux grands »de l’aîné du Pharaon qui est assis sur son trône, jusqu’à l’aîné du captif » ce à quoi font allusion les mots « au Pharaon et à tous ses esclaves et à tout son pays », où sont mentionnés le degré supérieur- le roi, le degré moyen – ses esclaves, et le degré inférieur- son pays. Et il expose quelles sont les choses qu’il a faites en disant : « Des grandes épreuves qu’ont vues tes yeux », à savoir les dix plaies… et il ajoute «  les prodiges et les signes » pour faire allusion à la traversée de la Mer  des joncs, à la guerre d’Amalek au don de la Loi et aux autres miracles… Ainsi il démontre qu’Israël a bénéficié parfaitement de la réalité de ces merveilles, afin qu’elles lui permettent de développer parfaitement ses croyances.

Et Pour que les enfants d’Israël ne disent pas que cette merveilleuse perception par les sens ne leur a pas servi parce qu’eux-mêmes étaient privés de raison et imparfaits intellectuellement, ce pourquoi cette leçon concrète ne leur a pas servi, il dit : «  Et l’Eternel ne vous a pas donné un cœur pour savoir, des yeux pour voir et des oreilles pour entendre ?! Car ce sont  là les deux sens les plus délicats et qui sont capables plus que les autres de contribuer à l’acquisition de la perception. Il n’est pas douteux que l’Eternel vous a donné un cœur disposé à savoir, des oreilles et des eux sains et bons pour percevoir les choses concrètes. Vous aviez donc naturellement un cœur  sachant  et disposé à penser et des yeux pour voir ces miracles et des oreilles pour entendre ces choses prodigieuses.    

       

 

LA SIDRA DE DEBARIM

Le livre de Dévarim est la répétition de toutes les Lois qui ont été données dans les quatre premiers livres.  Il débute par un rappel de sgrads événements qui ont précédé l’ »entrée en terre sainte. Nos Sages se sont demandé pourquoi ce premier chapitre débute par l’histoire des explorateurs. Il eut été plus logique que la Sidra  commençât par la sortie d’Egypte. ?

La question n’a pas échappé  au grand commentateur  Abrabanel : «  Si Moïse dit-il aavait voulu reprocher aux Juifs les fautes qu’ils avaient commises, pourquoi ne débute-t-il pas par l’incident du Veau d’Or qui fut certainement  le plus grave ? Il n’a certainement pas voulu le passer sous silence puisque, trois sections plus tard ( La sidra Eqev ), il s’étend longuement sur ce sujet.  Or le veau d’or se place au début  du voyage dans le désert alors que l’histoire des explorateurs a eu lieu bien plus tard. Pour quelle raison commet-il cet anachronisme ? Sans compter que la Torah nous rapporte encore d’autres péchés ( voir  Nombres chap. XI )

Qui, tous, eurent lieu avant le départ des explorateurs. Pourquoi donc ce désordre apparent dans le récit des péchés de nos ancêtres ?

Qu’il s’agisse de reproches adressés au peuple pour sa conduite ou d’une capitulation historique, l’anomalie est flagrante. »

Quant au professeur David Kaufmann il ajoute : «  Pour comprendre le discours de Moïse, il faut tenir compte du moment et de la situation où il a été prononcé. Moïse s’adresse à la génération qui d’apprête à entrer dans le pays et qui est, par conséquent, en face des mêmes problèmes qui se posaient à leurs parents.

 

« Vous êtes arrivés jusqu’à la Montagne d’Emori que l’Eternel nous donne. Vois, l’Eternel ton D. met devant le pays ainsi que te l’avait promis l’Eternel D. de tes ancêtres. Sois sans peur et sans crainte 

 

Moïse s’adressait ainsi aux pères de ceux qui sont face à lui maintenant. Il leur rappelle que C’est à ce moment décisif, à la veille de prendre possession du pays que leurs pères par leur manque de confiance ont fait remettre à 38 ans plus tard l’entrée dans la terre promise. Par leur faute, ils ont dû errer dans le désert et attendre l’extinction de tous ceux qui avaient eu vingt ans lors de la sortie d’Egypte Nous lisons :   Vous êtes tous venus vers moi et me dites : Envoyons des hommes devant nous, qu’ils explorent pour nous le pays…

 

Les Hébreux qui ont été les témoins de tant de miracles, ne pouvaient pas se permettre  de prendre cet excès de précautions pour rentrer dans le pays promis. Ces précautions ont causé tout le malheur. Le rapport des explorateurs les a découragés et l’exécution de la promesse fut remise à plus tard.

La leçon que veut nous donner la Sidra est claire. Le peuple juif ne peut avoir une destiné classique, identique à celle des autres peuples. Ce qui peut paraître rationnel peut ne pas cadrer avec l’histoire Juive. Celle-ci est providentielle. La conduite du peuple doit être conforme à ce dit la Torah et la réussite sera au bout.  


La SIDRA MATOTH-MASSE

Notre Sidra nous fait assister (chap. XXXII ) aux pourparlers entre deux tribus et demie et Moïse à la veille de l’entrée dans le pays d’Israël. Pourparlers riches de signification puisque nous voyons s’affronter deux attitudes opposées : d’un côté la recherche du profit, des seuls avantages matériels, d’une terre à pâturages bonne pour le bétail, sans rien attendre de la parole divine, d’un autre côté la conviction d’avoir été guidé vers une terre de promesse et d’avoir une mission à remplir.

 

Le Midrach juge sévèrement les deux tributs et demie  qui sont devenues le symbole  même du matérialisme et parle de la vanité de la richesse.

 

« Trois biens, dit encore le Midrach, ont été créés pour être donnés à l’homme qui a eu le privilège de recevoir en partage l’un d’eux, jouit de ce qu’il y a de plus précieux au monde. Celui qui a reçu la sagesse possède toutes choses. Il en va de même de celui qui a reçu le courage ou la richesse. Mais ceci  n’est vrai que dans le cas où ces biens sont des dons du ciel et ont été acquis grâce à la Torah. Le courage et la richesse d’origine purement humaine, en revanche, ne sont rien. Aussi le roi Salomon nous dit-il «  J’ai encore observé sous le soleil que le prix de la course n’est pas assuré aux plus légers, ni la victoire dans les combats aux plus forts, ni le pain aux gens intelligents, ni la richesse aux sages, ni la faveur aux plus avisés : «  car mêmes destinées et mêmes accidents sont le lot de tous » (Ecclésiaste IX )

 

Le même sujet revient chez le prophète Jérémie : «  Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, que le riche ne se glorifie pas de sa richesse, mais que celui qui veut se glorifier se glorifie seulement de ceci : d’avoir assez d’intelligence pour Me comprendre et savoir que je suis l’Eternel qui exerce la bonté, le droit et la justice sur la terre, que c’est à cela que je prends plaisir » dit l’Eternel  (Jérémie 11, 22-23 )

 

Si ces biens ne viennent pas de D. ils finiront par faire défaut à l’homme.

 

Les deux tribus de Gad et Réouven qui étaient riches, à la suite de leur installation au-delà du jourdain  ont perdu toute cette richesse. En effet  ils furent les premiers à être exilés par le roi d’Assyrie. Celui-ci les emmena captifs en Babylonie. ( Chronique V, 26 )

Le fait de s’être séparé de leurs frères  par l’appât du gain et de la richesse les a fragilisé sur le plan de leur défense et ils ont été une proie plus facile.

 

La cohésion nationale devait être maintenue pour la réalisation d’un objectif militaire commun, qu’il fallait considérer comme tel parce que le retrait d’une  fraction  du peuple détruirait les conditions psychologiques du succès, et que nul n’échapperait aux conséquences d’un échec.  Une convention fut alors établie : La transjordanie, terre de pâturages, fut concédée aux tribus riches en troupeaux  qui les revendiquaient, mais à condition que tous leurs hommes de guerre constituent l’avant garde des troupes d’Israël dans la conquête  du pays.   

LA SIDRA DE PINHAS II

 

La Sidra débute par la généalogie de Pinhas. Ceci n’est pas l’habitude de la Torah. Si celle-ci  juge  nécessaire  de nous donner la généalogie du principal acteur de la sidra, c’est qu’elle veut nous transmettre un enseignement. De quel enseignement s’agit-il ?  

Rappelons  d'abord que : «  Le nom de l’Israélite frappé par lui, qui avait péri avec la Médianite était Zimri, fils de Salou, chef d’une famille paternelle des Siméonites ; et la femme qui avait été frappée, la Midianite, se nommait Kozbi, fille de Tsour, qui était chef des peuplades, d’une famille paternelle de Madian  »( Nb. XXV, 14-15 )

Ces deux versets, peuvent nous aider à comprendre l’enseignement que la Torah voudrait nous donner. L’homme et la femme tués par Pinhas ne sont pas des personnes ordinaires, mais l’un est un prince et l’autre est aussi fille d’un prince. Pinhas appartenait à une lignée certes prestigieuse mais qui, aux yeux du peuple, avait pas mal  de faits critiquables. La masse du peuple, qui n’était pas libérée de la mentalité d’Egypte, et impressionnée par la noblesse des victimes pouvait dire à Pinhas : « Tu es le fils de El’azar qui avait épousé une fille de Jethro, qui avait, avant sa conversion, engraissé des veaux destinés à l’idolâtrie. Et ton père lui-même qui l’a donc autorisé à épouser la fille de Jethro, une Midianide ? »(Kéli Yakar )

Pinhas avait donc toutes les raisons  de ne pas intervenir dans cette histoire sachant qu’il pouvait être l’objet de critiques entre les mains des moqueurs. Or Pinhas a agi, bien qu’il fût le fils d’El’azar qui avait épousé la fille de Jethro. Il ne s’est pas dérobé quand il fallait sanctifier le Nom divin, bien qu’il fût le petit-fils de Aaron, le Grand prêtre, accusé par ces mêmes moqueurs, d’être l’auteur du veau d’or. Toutes ces considérations qui portent atteinte à son honneur n’ont pas été un obstacle pour l’action de Pinhas. Il a mis de côté son propre honneur pour sanctifier le Nom de D. qui venait d’être gravement profané.

L’enseignement de la Torah est donc claire, chaque fois que le Nom divin est profané publiquement, on ne réfléchit pas sur ce pensent  les personnes présentes. On ne cherche pas à protéger son honneur quand on est témoin de la profanation du Nom de D. quand bien même, sa propre vie est mise en danger. (Sanhédrine 81b )

 

Le deuxième enseignement que nous pourrons tirer de cette   Sidra est d’ordre éducatif ? Les parents doivent être un modèle pour leurs enfants. Dans l’épisode du veau d’or Aaron ayant remarqué l’excitation qui s’est emparée du peuple voulait gagner du temps en faisant patienter  ceux qui exigeaient la fabrication d’un substitut de D. Constatant que le peuple ne se calmait pas Aaron s’est dit : « Il vaut mieux que la faute m’incombe à moi et qu’ainsi le peuple d’Israël sera préservé. Pinhas, le petit-fils de Aaron,  reproduit le schéma de son grand-père. Il s’est sacrifié pour que l’honneur de tout le peuple soit sauvé.   

 

LA SIDRA DE HOUQAT

Cette Sidra qui suit celle de Korah commence par traiter un sujet qui exige beaucoup d’humilité. En effet, le sujet de la vache rousse  est un Hoq  c’est à dire un précepte qui échappe à la compréhension humaine. Autrement dit, c’est une règle que la raison humaine ne peut appréhender. Car nul ne peut prétendre à atteindre l’absolu. Il convient donc de faire preuve d’humilité et considérer sa propre intelligence incapable de percer le mystère de cette mitsva.  Les Cendres de la vache rousse sont mélangées à de l’eau sainte et c’est ce mélange qui permet de mettre fin à l’impureté d’une personne.

Le fait qu’elle soit placée après l’épisode malheureux de Korah qui a coûté la vie à deux cent cinquante personnes, n’est pas fortuit. La mort en effet, est la source de l’impureté. Or de nombreuses personnes se sont trouvées impures à la suite de cette hécatombe de l’épisode de Korah. Il était donc nécessaire de les purifier pour leur permettre d’intégrer la communauté.

Cette sidra aussi comporte un passage «  que les poètes disaient, à la suite de la victoire d’Israël sur Sihon. « Venez à Hesbon ! Cité de Sihon, qu’elle se relève et s’affermisse ! Car un feu a jailli de Hesbon, une flamme de la ville de Sihon, qui a dévoré Ar-en Moab, les maîtres des hauteurs d’Arnon. C’est fait de toi Moab ! Tu es perdu peuple de Kamos ! … Ses fils, il les laisse mettre en fuite. Ses filles, emmener captives par un roi amorréen, par Sihon ! Hesbon perdu, nous les avons poursuivis de nos traits jusqu’à Dibbon ; Nous avons dévasté jusqu’à Nofah, même jusqu’à Mèdeba ! …(Nombres XXI, 27-30) 

 

Il nous faut comprendre qui sont ces poètes ! Quand et pourquoi  ont-ils chanté leur poème ? Quel est le sens de ce poème et son rapport avec le peuple d’Israël ? Quel rapport y’a t-il entre ce poème et celui qui va suivre dans la même sidra : «C’est alors qu’Israël chanta ce cantique : « Jaillis, ô source ! Acclamez-la ! …  Ce puits, des princes l’ont creusé, les plus grands du peuple l’ont ouvert, avec le sceptre, avec leurs verges ! ..( idem 17-20 )

Le talmud (Baba batra 8b ) explique   le mot mochlim  par dominants  en se fondant sur le verbe machol qui signifie gouverner. Dans ce cas les mochlim aura le sens de ceux qui dominent leurs mauvaises pulsions. Bien que l’explication du Talmud ne corresponde pas au sens obvie  du texte, il est possible de trouver une relation entre l’explication midrachique  et le sens littéral du mot. Rachi, Rachbam, Nahmanide et d’autres commentateurs disent que les mochlim

Sont des personnes à l’instar de Balaam, dont la prophétie prend la forme d’un poème. Ces poètes ont rédigé des prophéties  annonçant la victoire de Sihon roi de Hèchbon, d’autres textes sur les Moabites, les Ammonites au temps où Israël  était sous domination égyptienne.  La victoire d’Israël cette fois a permis la conquète de toute la vallée du jourdain -Est jusqu’à Arnone, comme le prouvent les versets qui précèdent le chant des Poètes : « Israël s’empara de toutes ces villes ; et il s’établit dans toutes les villes des Amorréens, à Hesbon et dans toutes ses dépendances »( verset 25 )

La défaite de Moab a fait l’objet de deux chapitres l’un du prophète Isaïe et l’autre de Jérémie. ( Isaïe chap.16 ) quant à Jérémie, il reprend pratiquement les termes d’Isaïe et ajoute : « Tel qu’un aigle, il planne(l’ennemi) et déploie ses ailes sur Moab. Les villes sont prises, les forteresses emportées ; en ce jour , le cœur  des guerriers de Moab sera comme le cœur d’une femme en mal d’enfant. Moab sera effacé du rang des nations car il s’est élevé contre l’Eternel… A bout de force les fuyards s’arrêtent à l’ombre de Hesbon.Malheur à toi Moab ! C’est la fin du peuple de Camos « 

 

Jétémie dans ce dernier verset reprend les termes employés par notre Sidra à propos de Moab qui fut complètement dévasté. Quand Israël arriva dans cette région,  les Hébreux se sont conduit en vertu de leur morale c’est à dire avec bienveillance  sans massacrer  des innocents. Israël a hérité d’un désert qu’il a transformé en champs verdoyant. C’est le sens du poème du puits d’eau vive.

Tout ce passage de notre Sidra est d’une brûlante actualité. Il existe des peuples qui transforment des pays verdoyants et fertiles en désert. La première préoccupation d’Israël en héritant d’un pays désertique est de planter des arbres de trouver de l’eau, d’irriguer le désert, de préserver l’écologie. Notre Sidra met l’accent sur ce caractère de ce peuple de Dieu qui est avant tout le peuple de la morale de l’Ethique de la liberté et de la justice. C’est grâce  à ses qualités spirituelles et morales que le peuple juif est parvenu à construire un pays prospère au milieu d’une région où ne règnent que des loups.

 

 

LA SIDRA DE QORAH

Dans la sidra de cette semaine, il est question de la controverse la plus dangereuse par ses conséquences, que les Hébreux aient connu,  durant leur traversée du désert.  Qorah, une personnalité très influente, de la tribu de Lévi, parvint à réunir autour de lui, beaucoup de personnes qui ne faisaient pas mystère de leurs   ambitions politiques. La personnalité de Moïse leur  faisait de l’ombre. Pour parvenir à prendre le pouvoir, il était donc nécessaire de  porter atteinte à son honneur, « et s’étant attroupés autour de Moïse et d’Aaron ils lui dirent : «  C’en est trop de votre part ! Toute la communauté, oui, tous sont des saints, et au milieu d’eux est l’Eternel ; pourquoi donc vous ériger-vous en chefs de l’assemblée de D. » Ils reprochèrent à Moïse de s’emparer  du titre de roi, à son frère Aaron, de confisquer le titre de  Grand Prêtre, et d’avoir nommé ses enfants  des adjoints.  Les Cohanim prennent possession des offrandes, la dîme de tout ce que le peuple apporte au Temple etc.  Ces arguments ont fait une profonde impression sur le menu-peuple et immédiatement, l’esprit de révolte s’empara d’une partie du peuple.

Cette controverse est devenue  par le temps le type de la plus mauvaise action à faire. La controverse peut être admise à la condition qu’elle soit léchèm chamaïm   autrement dit pour la recherche de la vérité, pour faire progresser la connaissance, pour fortifier la crainte de D. et enfin, pour glorifier la Torah. Cette dernière catégorie laisse une empreinte pérenne parce qu’elle constructive.

On a souvent commis l’erreur de qualifier cette controverse : « La controverse de Qorah et Moïse » L’inexactitude de cette affirmation vient du fait que Moïse n’a pas été  du tout, partie prenante à toute cette affaire. Il  a été contraint d’y prendre part, parce qu’il n’y avait aucune possibilité de s’y soustraire.  Moïse a tout fait pour y mettre un terme. C’est, une fois qu’elle a éclaté, que Moïse s’est investi ayant compris que l’unité de peuple était sérieusement menacée. Cette controverse est devenue historique en effet, par la dimension que lui a donnée Moïse et par la gravité de sa résolution.

Le Rav Professeur Mélamèd (zal) propose une autre définition  au mot  Mahloqeth. Ce mot a toujours été traduit par controverse mais d’après ce Rav il peut signifier aussi, «  une section, un groupe, une compagnie, une subdivision. »  Pour étayer sa thèse il cite un verset des Chroniques I, 24,1-4 qui dit : « Quant aux enfants d’Aaron, voici leurs subdivisions (Mahléqotam) Nadab et Abihou, Elé’azar et Itamar… Il se trouva que les enfants d’Eléazar comptaient un plus grand nombre de chefs de groupe d’hommes que les fils d’Itamar » Il s’agit dans les Chroniques  des équipes de Cohanim qui devaient se relayer toute l’année pour assurer le service du temple. Dans ce cas, le mot mahloqeth n’a plus la signification de controverse, mais de division en groupes. Une mahloquett léchèm chamaïm se comprendrait selon cette thèse comme la constitution d’un groupe qui aurait pour objectif   d’affermir la Torah, sans la moindre ambition personnelle. L’exemple le plus connu est celui du groupe de Hillel ou de Chammaï.  Ces deux groupes ont renforcé les bases de la Halakha et contribué à la pérennité du peuple juif.  La faute de Qorah, si l’on prend ce deuxième sens de mahloqeth, est d’avoir formé un groupe pour réformer la Torah, et la dépouiller de tout ce qui fait sa particularité et son importance.  

 

 

LA SIDRA DE CHELAH LEHA

 

La conduite des explorateurs soulève le problème de la faute volontaire, consciente,  préméditée. Pour Maïmonide : «  Celui qui pèche avec préméditation subira le châtiment prescrit soit la peine la peine capitale soit une punition corporelle »

 

La Sidra de chélah lékha distingue dans cette dernière catégorie l’auteur d’une faute avec effronterie : «  qui, non seulement agit avec préméditation, mais qui est assez  impudent et audacieux pour transgresser la loi en public » (Guide III, chap.XLI )

 

Après avoir précisé les expiatoires qui sont prescrits à la suite d’un péché involontaire, le texte nous dit : « Mais celui qui aurait agi ainsi de propos délibéré, parmi les nationaux ou parmi les étrangers, celui-là outrage l’Eternel ! Cette personne sera retranchée du milieu  de peuple. Pour avoir méprisé la parole de l’Eternel, pour avoir violé sa loi, cette personne sera certainement retranchée : elle est coupable » Nombres XV.3à-31 )

Maïmonide souligne la gravité du cas en question : « Celui-ci ne pèche pas par simple passion, ni parce que ses mœurs  perverses lui font chercher des jouissances  que la Loi a défendues. Mais pour résister à la Loi et se mettre en révolte contre elle. C’est pourquoi il est dit de lui : " Il blasphème l’Eternel » et il mérite indubitablement la mort. Celui qui agit de la sorte ne le fait que parce qu’il s’est formé une opinion à lui, par suite de laquelle il résiste à la Loi. C’est pourquoi l’explication traditionnelle dit que l’Ecriture veut parler de l’idolâtrie » ( traité Kéritoth. 7 B )

Après avoir cité un cas de péché volontaire (l’homme qui ramassait du bois un jour du chabbath )  La Sidra s’achève sur la recommandation de ne pas s’égarer « à la suite du cœur et des yeux »

Ce passage qui constitue la troisième partie du « chéma » figurant ici sous forme de commandement négatif, inculque les moyens adéquats pour nous préserver du péché intentionnel : ne pas suivre nos idées qui sont contradictoires à la Torah, et chaque fois qu’une telle pensée nous assaillira, la combattre et lui substituer des vérités élevées découlant de notre enseignement ancestral. Nos Sages ont dit que «  s’égarer à la suite de notre cœur » sous-entend l’hérésie tandis que « s’égarer à la suite des yeux » n’aurait trait qu’à la débauche.

L’auteur du Séfèr Ha’hinoukh s’étend sur la valeur de ce commandement qui est une des bases essentielles de la Tradition hébraïque. La victoire que l’homme emporte sur la pensée perverse et sur ses passions qu’engendrent des désirs malsains, le met à l’abri du mal et lui assure une quiétude morale stable.

Ce précepte concerne tout homme et toute femme d’Israël, en tout lieu et en toute époque. Mais comme les limites de la transgression de ce précepte ne sont pas définissables et ne sont pas obligatoirement liées à un acte, elle n’entraîne pas au point de vue légal un châtiment précis. 

LA SIDRA DE BEHAALOTEKHA

 

Un des sujets que traite cette Sidra est la question de la Prophétie. Quatre points essentiels retiennent notre attention :

1-       L’essence même de la prophétie.

2-       Ses moyens d’expression : vision et rêve.

3-       L’inspiration de Moïse et celle des autres prophètes.

4-       L’attitude de Moïse envers Eldad  et Médad.

 

Pour atteindre la connaissance de D. il faut que l’être humain ouvre son intelligence aux phénomènes naturels, aux événements historiques, et que la réaction de sa conscience se fasse très rapidement. L’énergie et la sincérité doivent aller de pair avec la réceptivité des sens. Si ces conditions sont remplies, l’homme pour  bénéficier de l’inspiration doit encore s’isoler du monde physique et de consacrer totalement au monde spirituel.

 

« L’Eternel descendit dans une nuée et lui parla ( à Moïse )et, détournant une partie de l’esprit qui l’animait, la reporta sur ses soixante-dix  personnages, sur les anciens. Et aussitôt que l’esprit se fut posé sur eux, ils prophétisèrent . . .  »(Nb. XI, 25)

Moïse ici fait fonction d’un formateur. Il enseigne aux soixante-dix anciens  comment arriver à la  concentration  capable de leur permettre d’atteindre la connaissance la plus profonde de l’Eternel. Sa formation est fondée sur la stimulation, et  la discipline. L’inspiration ne doit pas rester une affaire privée, elle doit permettre à celui qui en est sujet de rayonner sur ceux qui l’entourent et désirent en recevoir l’investigation. Cependant, cette manière de procéder, ne permet qu’une révélation du second  degré. Ils apprennent la vérité divine sous forme de vision ou de rêve.

 

Quelle différence existe-t-il entre un rêve normal, ordinaire et un rêve prophétique ? C’est un problème difficile  car à priori on ne peut pas distinguer un rêve ordinaire d’un rêve prophétique. Selon Abrabanel  la différence consisterait dans l’intensité de la sensation et dans la clarté des images. Seul Moïse avait atteint le plus haut degré d’inspiration. En effet la Torah dit : «  Moïse est mon serviteur. De toute ma maison c’est le seul dévoué. Je lui parle face à face, dans une claire apparition et sans énigmes ; C’est l’image de D. même, qu’il contemple. »  L’avantage qu’avait Moïse sur les autres prophètes venait du fait qu’il ne poursuivait aucune ambition personnelle. Il ne désirait pas être au-dessus du peuple. Il appelait de ses vœux l’inspiration prophétique sur tout le peuple sans restriction. C’est la raison pour laquelle il ne partage pas du tout le point de vue de Josué, en ce qui concerne Eldad et Médad. Qui se sont dissociés des anciens et se sont mis à prophétiser en dehors de la Tente d’assignation. Nos Sages voient, au contraire, dans l’attitude de ces deux anciens un signe de modestie : «  Ils se considéraient indignes de la grâce divine et n’ont pas osé prendre un rang élevé. Leur humilité fut largement récompensée » ( Sanhédrin 17 a )

 

Quand Josué est venu exprimer sa colère contre ces deux anciens qui se sont permis de prophétiser, Moïse s’exclama : « Plût au Ciel que tout le peuple de D. se composât de prophètes, que l’Eternel fit reposer son esprit sur eux »(XI, 29 )

La leçon de cette Sidra, en ce qui concentre ce sujet de la prophétie, est  l’espoir  de voir tout Juif  capable d’avoir l’inspiration divine. Chaque Juif doit faire en sorte d’être le prophète de la Torah. Ce n’est que lorsque tous les Juifs seraient dignes de recevoir cette inspiration que les temps messianiques  commenceront. Un temps où la terre entière sera remplie de la connaissance de D. «  Après cela, je répandrai mon esprit sur toute chair, si bien que vos fils et vos filles prophétiseront, que vos vieillards songeront des songes et que vos jeunes gens verront des visions » (Joel III, 1 )     

LA SIDRA DE NASSO

« Ordonne aux enfants d’Israël de renvoyer du camp tout individu lépreux… afin qu’ils ne souillent ces enceintes au milieu desquelles je réside »

Après avoir reçu les instructions concernant le Tabernacle, Moïse est chargé de veiller non seulement à la sainteté de ce dernier, mais aussi à celle du camp en général. Il doit en renvoyer les personnes atteintes de lèpre, car la présence de D. ne se limite pas uniquement au sanctuaire. L’obligation de pureté morale va de pair avec la pureté physique et exige, en dehors de la restitution matérielle, en cas de délit, l’amendement moral dont l’expression officielle sera le sacrifice. C’est ce que la sidra veut exprimer dans le verset : « Si un homme ou une femme a causé quelque préjudice à une personne et, par-là, commis une faute grave envers l’Eternel.. il doit reconnaître ses fautes… » ( Nomb.V, 5-9 )

La Torah  veut instaurer une société où la morale s’impose d’une manière naturelle.  Les relations humaines fondées sur le respect et une bonne communication sont la conséquence d’une éducation conformes aux directives de la Torah dispensées dans le plus jeune âge dans le cadre familial. C’est pourquoi le couple parental doit être solide et sous-tendu par une confiance absolue entre les partenaires du couple. Si cette confiance venait à être remise en cause par un membre du couple c’est tout l’édifice éducatif érigé par la famille qui s’écroule. C’est la raison pour laquelle notre Sidra qui parle de l’élévation de l’individu, de la pureté, de l’équité ne manque pas de soulever le problème de la solidité du couple : « Si une femme se détourne de son mari, et lui devient infidèle, … qu’un esprit de jalousie se soit emparé de lui… cet homme conduira sa femme devant le Cohen.. . La sauvegarde de la famille exige une confiance réciproque de la part des conjoints. Au cas où le soupçon y pénétrerait, l’éclaircissement de la situation, est confié au Cohen.

Notre Sidra comporte la bénédiction célèbre que prononce le Cohen chaque matin à l’office de cha’hrith : «  Que l’Eternel te bénisse et te protège ! Que l’Eternel fasse rayonner sa face sur toi  et te soit bienveillant ! Que l’Eternel dirige son regard vers toi et t’accorde la paix. » Les trois éléments de la bénédiction sacerdotale : 1- la protection matérielle qui se rapporte avant tout aux agriculteurs et aux commerçants, 2- l’inspiration et la grâce divine, apanage primordiale des savants et des guides spirituels du peuple, 3- le rayonnement de la paix qui inspirera les chefs politiques et par leur intermédiaire la nation et l’univers dans son ensemble.

                                                                              

LA SIDRA DE BAMIDBAR

Le dénombrement.

Le quatrième livre de Moïse s’appelle le « le livre des   Nombres » à cause du Grand dénombrement par lequel il débute, dénombrement que Moïse et Aaron organisèrent parmi toutes les tribus, sur l’ordre de D. Encore que ce recensement ne soit  ni le seul, ni le premier. Les enfants d’Israël avaient été recensés

 Lorsqu’ils sont sortis d’Egypte. D. les a comptés lorsqu’ils sont tombés dans la faute du veau d’or, et il les compte encore au moment de la construction du Tabernacle. Et nos Sages de préciser (Rachi Nb. I, 1 )  que si Dieu compte les enfants d’Israël à tout moment, c’est à cause de la grandeur de Son amour pour eux.

 

70 personnes sont descendues en Egypte, et après 210 ans d’esclavage ils étaient 603.550 en âge de porter les armes. La Torah ne se contente pas de nous donner ce chiffre qui est le résultat de l’enquête menée par Moïse et Aaron : avant de consigner le total des effectifs, elle nous livre d’une façon très détaillée le nombre exact d’hommes que comptait chaque tribu ; et les Lévites ne sont pas compris dans ce recensement général. Ce dénombrement n’avait pas pour but de nous donner une vue démographique précise du peuple d’Israël ou d’évaluer le nombre de soldats dont pouvait disposer l’armée au moment du combat contre les Amoréens. Mais la Torah voulait seulement nous donner par le détail des rapports de l’enquête menée dans le désert, des enseignements qui puissent être valables pour toutes les générations.

Nous apprenons ainsi que l’égalité en dignité et en importance doit être la règle entre toutes les personnes. Nous apprenons cet enseignement par l’appel nominal dont chaque homme est l’objet. Chacun a un rôle à jouer et chacun a une responsabilité à assumer. Si  les Lévites ne servaient pas dans l’armée, c’est qu’une tâche spéciale leur avait été assignée. Chaque juif a une mission particulière à réaliser, qui dépend de sa personnalité propre, de ses moyens et de son milieu. Mais la mission collective d’Israël ne pourra se réaliser que lorsque toutes ses vocations partielles seront assumées.

L’union des forces individuelles au service d’un idéal unique – celui de la Torah- donnerait à Israël la force d’un peuple innombrable qui « ne peut se compter ni se mesurer »(Osée, 2,1)   

LA SIDRA DE BEHAR-BEHOUKOTAÏ

BIRCHOUTH MORAI¨VERABOTAÏ

« L’Eternel parla à Moïse au Mont Sinaï en ces termes  » Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : Quand vous serez dans le pays que je vous donne la terre sera soumise à un repos, un chabbath en l’honneur de l’Eternel. Six années tu ensemenceras ton champ, six années tu travailleras ta vigne et tu en recueilleras le produit ; mais la septième année, un repos absolu sera consacré à la terre, un chabbath en l’honneur de l’Eternel. Ce sera une année de chômage pour le sol »

 

Notre Sidra commence par l’énoncé de la loi de la chémita qui est suivie et élargie par celle de l’année du Jubilé, sanctification de la  cinquantième année, en proclamant dans le pays la liberté pour tous ses habitants et le retour de chacun dans sa possession.

 

La Torah attache à l’observance de ces commandements une importance capitale. Leur négligence devait représenter l’une des principales causes de l’exil : «  Alors – dans l’exil- le pays jouira de ses chabbath tout le temps qu’il sera dévasté et que vous serez dans le pays de vos ennemis ; alors, la terre se reposera et jouira de ses chômages. Dans toute cette période de dévastation elle chômera pour ce qu’elle n’a pas chômé dans vos années chabbatiques lorsque vous y habitiez  ET Rachi d’expliquer que les 70 années  babyloniennes remplacèrent les 70 années   de chémita et de Jubilés qui auraient dû être observées pendant les 430 années où  Israël avait irrité L’Eternel dans son pays. Nos Maîtres, dans les Pirké Avoth reprennent la même idée : «  L’exil frappe le monde pour châtier l’idolâtrie, le meurtre et la violation des prescriptions du chabbath de la terre. »

 

Nul n’ignore l’explication de Rachi au sujet du début de notre Sidra : «  Quel rapport spécial y a-t-il entre le commandement de la chémita et le Mont Sinaï, Tous les commandements ont pourtant été révélés au Mont Sinaï ? Mais, de même que les règles générales et les détails de la chémitah ont été révélés au Mont Sinaï, ainsi les règles générales et les détails de tous les commandements ont été révélés au Sinaï, d’origine divine et transmis par Moïse »

On peut lire d’autre part dans notre Sidra les versets suivants : » Si ton frère vient à déchoir et si tu vois chanceler sa fortune, soutiens le … afin qu’il vive avec toi… Je suis l’Eternel, votre Dieu qui vous ai fait sortir du pays d’Egypte pour vous donner celui de Canaan, pour devenir votre Dieu. C’est à moi que les enfants d’Israël appartiennent comme serviteurs, ce sont mes serviteurs, à moi qui les ai tirés du pays d’Egypte. Ils sont uniquement mes serviteurs et nullement les esclaves d’esclaves. Je leur ai donné la véritable liberté. »

 

L’année Chabbatique correspond pour le pays au Chabbathh de la création : « Le septième jour sera un jour de repos en l’honneur de l’Eternel ton Dieu » et de même «  La terre sera soumise à un repos en l’honneur de l’Eternel »

 

Le Créateur et Maître de l’Univers  nous ordonne la sanctification du septième jour, par le repos de notre personne, de la famille de notre entourage et celle de la septième année, en renonçant au travail de la terre et au produit de ce travail.

La Chémita devient ainsi tout comme le Chabbath, une école de confiance en la Providence : « Considérez que l’Eternel vous a gratifiés du Chabbath, c’est pourquoi il vous donne, au sixième jour, la provision de deux jours »

De même que notre Sidra clôture le livre du Lévitique, ainsi en ce jour de ma Bar Mitsva je clôture l’enfance pour rentrer dans la responsabilité et l’observance des Mitsvoth.  La Sidra annonce aussi la bar mitsva  dans le verset « IM Bé’houkotaï télékhou » Si vous observez mes commandement et vous pratiquez mes Mitsvoth alors la bénédiction sera à tout jamais présente. En ce jour solennel où j’accède  au statut de Bar Mitsva je me m’efforcerai de mettre en pratique ce verset. Ce serait pour moi une satisfaction de rester ainsi fidèle à la tradition de mes  parents et grands parents.  Je sais combien ce jour est particulièrement cher pour eux. Il n’y a pas de mots pour exprimer ma gratitude pour la somme d’effort que vous avez fourni,  pour me faire parvenir à ce jour. Je prie l’Eternel de me rendre digne de votre amour et je m’efforcerai de faire votre joie et votre honneur.   

LA SIDRA DE EMOR

« L’Eternel parla à Moïse en ces termes : " Ordonne aux enfants d’Israël de te choisir une huile pure d’olives concassées, pour le luminaire afin d’alimenter la lumière éternelle »( Lév. 24-1 et 2 )

Il n’y a pas de symbole plus universel que celui de la lumière, il n’en est pas non de plus religieux. La Torah, est symbolisée par elle : « Ta Torah est une lampe qui éclaire mes pas, une lumière sur ma route » (Ps. 119 ) En effet, la Torah est pérenne et a assuré la pérennité à Israël. Elle est le flambeau qui a guidé le pas du peuple juif durant toute son histoire. Elle est le baume qui guérit toutes les maladies qui s’attaquent à l’esprit de l’homme. Elle est celle qui a focalisé le regard de l’humanité entière sur Israël ; petit peuple par le nombre et le plus grand par l’esprit.  Elle est celle qui  attire tous les regards sur le juif qui se canalise parfois par la haine métamorphose d’une jalousie quasi-planétaire. C’est la Torah qui nous montre les devoirs à accomplir aux heures troubles de l’hésitation. Rien d’étonnant par conséquent que la Torah soit comparée à la lumière.

Dans le Sanctuaire de Jérusalem, le Cohen allumait chaque soir l’huile sainte de la Ménorah en or pur en une lumière brillante. Cette lumière était perpétuelle, par ce que elle symbolisait la Torah qui est éternelle. Le Cohen qui l’allume représente le Maître qui se voue à son enseignement et à sa propagation parmi le peuple. Comme la lumière répand sa clarté tout autour, ainsi la Torah « éclaire les yeux et réconforte l’âme » (Ps.19, 9 ) de tous ceux qui l’étudient pour la pratiquer dans la vie de chaque jour. Et comme le Cohen a la mission d’entretenir la flamme, ainsi le maître doit veiller à ce que la semence lumineuse s’enracine dans l’âme et dans le cœur des disciples, pour n’en disparaître jamais. Car » le devoir est un flambeau et la doctrine une lumière »( Prov. 6,23) et « les lèvres  du Cohen doivent conserver la science, et de sa bouche on doit réclamer l’enseignement » (Malachie, 2,7 ) Une telle lumière éternelle fut entretenue et est entretenue dans les maisons de prières  et d’étude en Israël.  Jusqu’au temps où toutes les nations diront : «  Maison de Jacob, allons, marchons à la lumière de l’Eternel » ( Isaïe 2, 5 )

 

« Et il sortit le fils d’une femme israélite- et il était fils d’un homme égyptien- parmi les enfants d’Israël, Et il se disputèrent dans le camp, le fils de l’Israélite et un homme israélite. Et le fils de la femme israélite proféra le Nom et il insulta… » ( Lév. XXIV, 10-11 )

En tête de ce passage figure un mot qui paraît surprenant. Il s’agit du mot Vatétsé  ( Et il sortit )  D’où est-il sorti ? le texte ne le dit pas. Le Midrach  comblera cette lacune en ces termes : « D’où est-il sorti ?  Du tribunal de Moïse. Car il avait voulu planter sa tente dans le camp de la tribu de Dan. A quel titre, lui dit-on, planterais-tu ta tente dans le camp de Dan ? - Je descends de Dan par les femmes, répondit-il. On lui répliqua : Le texte dit ( Nombres II, 2 ) «  Chaque homme prêt de son drapeau avec les emblèmes de la maison de ses pères camperont les enfants d’Israël, il s’adressa au tribunal de Moïse, et fut condamné. C’est alors qu’il blasphéma » ( Sifra 235 )

« Et il sortit le fils d’une femme israélite » : D’où est-il dorti ? Rabbi Lévi dit : Il est sorti de son monde. Comme il est dit à propos de Goliath » Et il sortit un homme d’entre- deux des camps des Philistins ; Goliath était son nom,  de Gath » (Samuel XVII, 4 )

Rabbi Bérékhia dit : D’où est-il sorti ? Du passage précédent où il est dit Lév.XXIV, 5-8 )  « Et tu prendras de la farine fine et tu la cuiras au four en douze galettes… Chaque jour du Chabbath tu les disposeras devant l’Eternel toujours… » Il dit : C’est l’habitude des rois de manger du pain chaud. Ou peut-être du froid ? [ Pour se moquer du pain de proposition qu’on mangeait au bout de neuf jours] (Tanhouma Emor XXIII)

Le Midrach tente de nous expliquer le motif qui a entraîné le blasphémateur à agir comme il a agi ? Selon le Sifra  le motif est une sentence dûment rendue par Moïse. Seulement ici ce n’est pas Moïse qui est insulté mais L’Eternel qui nous a donné une Loi de vérité. Selon Rabbi Bérèkhia, c’est en raillant les commandements de la Torah qu’il s’est mis sur la voie du blasphème.  Il existe dans la Torah des Lois appelées Houqim que l’intelligence humaine n’est pas en mesure de comprendre. Celui qui a blasphémé au lieu d’avouer son incompétence, il a attribué cette incompréhension à l’incohérence de la Loi net s’est moque des paroles de la Loi.

Il y a une identité de vue entre ce texte et le cas de Korah. Celui-ci aussi s’était moqué de la Loi en lui reprochant son irationnalité.

Le Midrach nous donne ici une grande leçon d’humilité. L’homme pense qu’il doit tout comprendre. Que son intelligence est telle  qu’il soit en mesure de comprendre la pensée divine. Les hommes doivent prendre conscience de leur fragilité et faire preuve d’humilité devant l’immensité de l’univers et la grandeur de D. 

 

 

LA SIDRA DE AHARE MOTH –KEDOCHIM

 

« Signifie à Aaron, ton frère, ne peut entrer à toute heure dans le sanctuaire, dans l’enceinte du voile »….  Il sera vêtu d’une tunique de lin… » « Au septième mois le dixième jour du mois, vous mortifierez vos personnes… Car en ce jour on fera propitiation sur vous afin de vous purifier….. Vous observerez donc mes lois et mes statuts, que l’homme exécute et vive par eux…  Craignez que cette terre ne vous vomisse et vous la souillez… »

Ces versets résument pratiquement toutes les valeurs morales  exposées dans ces deux péricopes : Le Saint des Saint n’est accessible au grand Prêtre que le jour de Kippour où le peuple entier est en recueillement. C’est ce jour que se produit le contact spirituel et moral entre l’assemblée et son délégué.  Le grand prêtre est vêtu d’une simple tunique de lin ; L’habit le plus simple et non point la grande toilette doit être choisie pour l’événement le plus solennel de l’année. Le grand prêtre doit donner l’exemple de la simplicité. Citons encore la valeur du jeûne, la contribution active de la collectivité à l’acte de propitiation, la valeur du pardon pour le relèvement moral du peuple, le respect de la vie humaine, le respect de la terre, le lien entre le pays et ses habitants, l’importance de la sainteté de l’homme créé à l’image de Dieu, le respect des parents, la valeur de l’équité envers le travailleur. Ces deux Sidroth constituent le fondement de toute la morale juive. Tout y passe, la charité, la valeur du serment dont la transgression équivaut à la profanation du nom divin, la justice envers le salarié, l’interdiction d’induire en erreur le faible qui ne sait pas se défendre, la médisance et ses conséquences néfastes, La valeur de la protection accordée aux étrangers : ils bénéficieront non seulement d’une tolérance pleine de bienveillance, mais encore d’un sentiment cordial qui les libérera de tout complexe d’infériorité.

Comme on peut le constater la Torah contient tous les principes d’une loi universaliste. Elle ne renonce pas à sa forme nationale qui assure la conservation du peuple d’Israël. Elle nous défend de suivre les mœurs corrompues des nations et règle notre vie dans les moindres de ses détails. La Torah a été donnée pour prolonger la vie de l’homme et non pour l’abréger. Cependant nous observons au cours de l’histoire ce phénomène singulier que des centaines de milliers de Juifs préfèrent mourir plutôt que la transgresser. Pour le comprendre, il convient de bien distinguer la souplesse de la loi à l’égard des exigences intérieures et sa fermeté par aux imposteurs extérieurs. Le but de la Torah est  de former une humanité supérieure, le peuple juif en est l’instrument. Sa sauvegarde est d’une nécessité absolue. Le Judaïsme magnifie la vie, pour sauver la vie le Juif a l’obligation de passer outre les prescriptions ne portant préjudice à aucun membre de la société. Par contre, il a aussi l’obligation, quand il se sent menacer dans dans le principe vital de son existence religieuse et nationale, il doit se laisser retrancher de la vue que de la trahir. Sa véritable vie est incompatible avec toute fausse conception de l’idéal supérieur.

                                                                                          H.H                                         

La SIDRA DE TAZRIA-METSORA

 

« Lorsqu’une femme ayant conçu enfantera… elle sera impure… au 8° jour, on circoncira l’excroissance de l’enfant (mâle)… la femme restera dans le sang de la purification : elle ne touchera à rien  de consacré et n’entrera pas dans le Sanctuaire ; … elle apportera un holocauste  et … sacrifice expiatoire … et les remettra au Cohen ; celui-ci les immolera devant le Seigneur, fera expiation pour elle, et elle sera purifiée… »

 

Afin de comprendre les mesures de « pureté » imposées à la femme et définir le rôle du sacrifice, il importe, brièvement tout au moins, de dégager le sens de « l’impureté » en général, car à priori, en quoi l’événement « biologique » inhérent à la naissance d’un être entacherait-il la « pureté » de la mère.

En principe la notion d’impureté est liée à l’idée de la mort et à toute tare ou prédisposition contraire à la pleine réalisation dans la vie. L’impur n’est pas le contraire du sacré (kadoch) qui s’oppose au profane, mais il est un état particulier des choses, incompatible à l’accession de la perfection et faisant obstacle à la sainteté. En général, dans les autres cultes, les prêtres ont pour fonction d’assister un agonisant  et par la suite assurer tous les rites qui entourent la mort. Dans le culte juif  le Cohen ne doit pas se rendre impur au contact d’un mort qui est le symbole de l’imperfection absolue. Le Cohen a pour fonction de magnifier la vie, d’enseigner au peuple comment parvenir  au bonheur en suivant la voie des Mitsvoth. Le passage  éphémère dans ce monde doit être sacralisé et que revalorisé de la sorte, il peut être associé dans la recherche du parfait, à l’immortalité.

 

Le Judaïsme considère l’homme comme le coopérateur à l’œuvre de la création. Il ambitionne l’élaboration d’un monde qui tendrait à la perfection  au sein d’une vie consacrée, où l’humain et le divin, le matériel et le spirituel viendraient à se confondre. Chaque acte susceptible de provoquer la dégradation humaine devrait être surpassé par la recherche de la « pureté » afin d’atteindre la perfection dans la sainteté «  Ne vous souillez pas, vous en contracteriez l’impureté. Comme je suis l’Eternel votre D. vous devez vous sanctifier et vous deviendrez saints parce que je suis Saint… » ( Lev. XI, 43-44 ) Par conséquent la notion de « pureté » ou « d’impureté » relève essentiellement de la spiritualité. Elle ne concerne pas un état physique mais un degré de spiritualité, une aptitude à la perfection.

 

Par ailleurs, les souffrances de l’enfantement évoquent  la nature humaine dans  sons essence ; une malédiction originelle de l’humanité. Mais l’enfantement ne comporte aucun germe d’une prétendue tare  à la suite d’un quelconque « péché originel » Pour le Judaïsme le péché originel est un message signifiant  l’obligation pour tout homme de se remettre constamment en question et  que toute faute doit être réparée. Chaque défaillance humaine doit obligatoirement être suivi par la prise de conscience qui force l’être humain  à l’effort et à la recherche de la perfection.

 

L’homme et l’animal partagent beaucoup de points communs. Toutefois, l’homme, étant porteur d’une parcelle divine, doit  élever au stade du sacré tout ce qu’il a de commun avec l’animal. Celui-ci doit aussi manger pour survivre. Tout homme qui se lève de son lit le matin et immédiatement se dirige vers sa cuisine pour manger conforme sa conduite à celle de l’animal. Il n’en est pas de même pour le Juif. Dès le réveil il doit spiritualiser sa vie, se laver les mains avec bénédiction, prier avec un miniane, transformer sa table en véritable autel etc. L’animal aussi se reproduit et d’une manière instinctuelle il s’accouple pour pérenniser sa race. Tout ce processus est mû par un instinct. En donnant naissance à un enfant la femme doit aussi, à l’instar de la nourriture, doit spiritualiser la venue de l’enfant dans ce monde. C’est pourquoi  le Judaïsme introduit l’idée de « pureté » et d’impureté. Disons encore, qu’il n’est pas fortuit que le précepte de la circoncision soit intercalé parmi les lois de pureté, car cet acte d’Alliance avec D. scellé dans la chair, entend la perfectibilité humaine et proclame notre vocation de « vivre par notre sang » pour spiritualiser et sanctifier le monde de la matière. Le sang de la Brith Mila et le sang « de la pureté de l’accouchée » se rejoignent dans la quête  de la recherche de la spiritualité.

 

                                                                                         H.H                                                                             

 

LA SIDRA DE TSAV

Le Chabbath  où l’on lira la Sidra de Tsav est aussi appelé Chabbath hagadol – le grand chabbath- pour commémorer le grand miracle qui s’est produit à la sortie d’Egypte, le Dix Nissane. L’année de la sortie d’Egypte, le dix nissane, est tombé un samedi. Chaque famille  a pris un agneau et l’attacha aux pieds d’un lit pour le sacrifier par la suite. Les Egyptiens ne cachaient pas leur colère en voyant les Hébreux sacrifier leur divinité sans pouvoir réagir. C’est là que réside le miracle. Un peuple d’esclaves  sacrifie le dieu de ses maîtres sans manifester la moindre crainte, tellement  convaincu qu’il était porteur d’un message qui commence par la sortie d’Egypte. En agissant ainsi, il voulait manifester sa fidélité à son patriarche Abraham. Maïmonide écrit : «  Abraham aspirait toute sa vie  à  avoir une progéniture qui donnera naissance à une nation qui accepterait le joug du royaume de D. et qui éradiquera l’idolâtrie de la terre » Abraham a été appelé   haadam hagadol  c’est pourquoi, ce chabbath où Israël proclame l’abolition de l’idolâtrie conformément à l’enseignement de son père Abraham, a été appelé Chabbath hagadol.

Dans la Sidra de Vayikra  on s’efforce de comprendre le sens général des sacrifices. Dans la sidra de tsav il serait intéressant de porter l’intérêt sur une des catégories de sacrifices, appelée chélamim. Dans le Sifra, nos Maîtres discutent de l’acception de ce  mot en  disant : «  Rabbi Judah dit : Quiconque apporte des chélamim apporte le chalom au monde. Autre explication : Parce qu’ils mettent tout le monde  en paix. Le sang et les viscères sont réservés à l’autel, la poitrine et l’épaule aux prêtres, la peau et la viande aux propriétaires. » Le mot chalom a pour pluriel chélomim et le terme chélamim qui a la même racine est le pluriel de chalem qui signifie –entier, complet, saint et sauf. Cela indiquerait, nous dit Rabbi David Hoffmann dans sons Leviticus : « la situation du donateur du sacrifice, qui ou bien est absolument sain et sauf et, reconnaissant qu’il n’a obtenu cet avantage que grâce à son attachement à l’Eternel , exprime cette profession de foi par les chélamim,  ou bien désire obtenir d’être sain et sauf et secouru, parce qu’il se trouve dans une situation désespérée, et aspirant à bénéficier de l’aide de Dieu et de demeurer ainsi saint et sauf, exprime par ses chélamim  qu’il ne veut obtenir son chalom (salut) que de son attachement à l’Eternel. Et si l’on admet l’opinion selon laquelle chélamim vient de chalom (et non de chalem conformément à l’opinion de Rachi «  parce qu’ils comportent la paix entre l’autel, les prêtres et le propriétaire »,  ce nom leur conviendra encore mieux, car ce sacrifice est un repas en commun de l’autel, des prêtres et du propriétaire, un «  repas de paix », symbolisant l’harmonie entre le donateur d’une part, Dieu et ses serviteurs de l’autre

 

                                    

LA SIDRA DE VAYIKRA

 Cette Sidra traite des sacrifices. Ces derniers faisaient fonction de tout ce qui concerne le culte. Après la destruction du temple et la cessation des sacrifices, le culte s’exprimera par la prière. La synagogue remplacera le temple. Pendant la période de l’existence du temple, toute personne ressentant un sentiment de culpabilité à la suite d’une conduite fautive, apportait un sacrifice au temple et prenait la ferme décision de se conduire désormais conformément à la Torah. En notre temps,  on peut secourir les nécessiteux, et verbaliser le regret par la prière. C’est par la prière que nous exprimons notre amour  et notre attachement à l’Eternel.

L’intérêt psychologique du sacrifice est indéniable. En effet il permet de prendre conscience  d’une mauvaise conduite, et  surtout de la nécessité de la réparation. Le sacrifice est la reconnaissance d’un temps déterminé, qui contribue à extraire l’homme de la culpabilité, ce qui avait pour effet de le valoriser. Toute valorisation élève l’homme, lui donne la conscience de soi, et le conduit à renoncer à sa propre volonté pour accomplir la volonté de D.

La paracha commence par le mot vayikra , dont la dernière lettre alef est plus petite que les autres. Nos Maîtres ont avancé plusieurs explications.

a)

Les sacrifices  se déroulaient dans le temple en Israël. C’est cela qui leur conférait un caractère sacré. Les sacrifices dans le temple avaient le pouvoir d’améliorer l’homme. Mais maintenant que le temple n’existe plus, la Torah a voulu marquer l’absence de perfection en diminuant la grandeur du Alef : symbole de l’unité et de la perfection qui n’existent plus depuis la destruction du temple. 

b)

Le mot alef  signifie aussi enseigner, apprendre, étudier, le fait que l’Ecriture ait diminué sa grandeur est pour nous enseigner l’humilité. Celui qui a étudie d’une manière constante, prend conscience de la somme de ses ignorances. C’est en prenant conscience de l’immensité du savoir que l’homme doit devenir humble. Le Alef symbolise le «  Savoir » et le fait de diminuer sa grandeur   la torah nous incite à l’hmilité.

c)

Le terme Vayikra qui signifie «  Il appela » s’adresse à Moïse qui a toujours fait preuve d’humilité. La Torah dit à mainte reprise Véhaïch Moché ‘anav méod  -l’homme Moïse était très humble. Bien qu’il  eut la possibilité de rentrer en contact avec l’Eternel, il ne le faisait pas et attendit que l’Eternel l’appelle.

d)

Etre appelé par l’Eternel est la plus grande marque possible de la grandeur de l’individu. Or Moïse était un homme simple et humble et ne voulait pas faire étalage de sa grandeur c’est pourquoi il ne voulait pas écrire vayikra mais vayikar  qui signifie –rencontrer par hasard- Cette expression a été employée pour Balaam, un des prophètes des nations. Mais moïse reçut l’ordre d’ajouter  la lettre alef à la fin. Il se plia à l’ordre divin mais écrivit une petite lettre alef pour montrer son humilité.

 

                                                                                       H.H

LA SIDRA DE TETSAVE   Chabbath Zakhor

« Souviens- toi de ce que t’avait fait Amalek …. » Souviens-toi non seulement une fois par an, mais souviens-toi continuellement du combat qu’Amalek a engagé contre toi.  Vélo é’had  bilvad    amad alénou lékhaloténou  dit la Haggada de Péssah : «  A chaque génération l’ennemi se lève contre nous pour nous exterminer »

Voici plus de deux mille ans que cette constatation se vérifie. Israël est un empêcheur à tourner en rond. Il polarise sur lui toutes les haines des nations qui torturent, tuent des innocents, réduisent les femmes à un état dégradant, et sèment la misère et la violence. Israël, quant à lui continue à répandre son message de la Torah quand bien même toutes les haines du monde se focalisent sur lui.

Le peuple juif a donc un combat continu à livrer ; mais la lutte que nous devons mener est celle qu’Israël a menée lors de la première attaque de celui qui cherchait à nous faire disparaître : « Lorsque Moïse levait la main, l’avantage était à Israël mais lorsque sa main s’abaissait, c’est, Amalek qui prenait le dessus. » Il n’y a qu’un moyen spécifique de contrecarrer efficacement l’action de ceux qui travaillent à notre perte, c’est de nous attacher de toutes nos forces à notre Patrimoine sacré, montrer à ceux qui nous entourent que la Torah représente un idéal inégalable, prouver par notre conduite que cette Torah est une Torah de vie pour laquelle nous sacrifions toutes les manifestations de notre existence. Vouloir combattre  la haine en organisant des conférences, des réunions publiques, en écrivant des livres ou des articles de journaux, en fondant des ligues de défense ou des partis de lutte, ne peut mener à rien si d’un autre côté nous négligeons notre vie juive conforme à la Torah. La meilleure réponse que nous avons adressée à toute l’humanité  c’est notre fidélité à notre Torah. Le peuple juif n’a jamais négligé de soutenir les « mains de Moïse.

L’antisémitisme a été tour à tour religieux, national, raciste, économique, et politique, il faut donc trouver le dénominateur commun ; et c’est la Torah qui nous le donne : Amalek triomphe  si les mains de Moïse faiblissent »

Souviens-toi que la solution passe obligatoirement par la Torah.

 

    

 

La SIDRA DE BECHALAH

Cette Sidra traite de la libération d’Israël. Après les dix plaies Pharaon consent enfin à laisser partir les Hébreux. Pourtant, la Torah attribue à Pharaon la décision de libérer les Hébreux. Ce n’est pas  le bouleversement des lois de la nature, qui se traduit par les dix plaies qui ont été à l’origine de la décision de Pharaon ! Nous savons que Pharaon a été contraint de libérer ses esclaves hébreux. C’est la pression de son peuple qui souffre qui a été à l’origine de la décision de laisser sortir les Hébreux.

Nous avons déjà vu dans les Sidroth précédentes que chaque fois que Pharaon voulait laisser partir les Hébreux,  D. intervient pour durcir son cœur. C’est donc D. qui ne voulait pas que Pharaon puisse décider librement. En vertu de quelle loi D. porte atteinte au libre arbitre de Pharaon ?  Ce dernier ne laissait aucune occasion pour proclamer : «  Qui est D. pour laisser sortir les Hébreux, je ne connais pas D. »

L’Eternel avait donc deux solutions pour faire sortir les Hébreux. Soit de changer la nature de Pharaon, soit de changer les lois qui régissent le fonctionnement de la nature. Il a donc choisi cette deuxième solution qui a l’avantage de donner une leçon à Pharaon et apporter une réponse à son affirmation « je ne connais pas D. » et enfin de faire sortir les Hébreux d’Egypte. La première solution a été abandonnée, justement pour ne pas porter atteinte au libre-arbitre de Pharaon. Ce principe ne peut être remis en question. C’est ce qui explique que malgré tout, la Torah attribue à Pharaon la décision de laisser sortir les Hébreux. Le principe du libre-arbitre va de pair avec le principe de la téchouva.

Mais quel est le but de la sortie d’Egypte ? On pouvait croire que ce but est évident, recouvrer la liberté. Nous avons lu dans la Sidra précédente : « Tu feras à ton fils en ce jour le récit suivant : «  C’est en vue de cela (Baavour zé)  que l’Eternel a agi en ma faveur quand je sortis d’Egypte. » En vertu de quoi exactement ? Ibn Ezra écrit : «  C’est en vue de l’accomplissement de ces rites (de Pessa’h) que l’Eternel a fait pour nous des miracles : si bien qu’il ne nous a fait sortir d’Egypte qu’afin que nous le servions, ainsi qu’il est écrit : «  Quand tu auras fait sortir le peuple d’Egypte vous servirez Dieu sur cette montagne même » (Exode III, 22. Et plus loin : « qui vous ai fait sortir du Pays d’Egypte afin d’être pour vous Dieu »(Nombres XV, 41)

En d’autres termes, la sortie de l’esclavage vers la liberté ne constitue pas une fin en soi : ce ne sont là que des moyens qui, en éliminant les obstacles, acheminent le peuple vers l’acceptation d’un autre joug, celui de la Torah et des Mitsvoth. N’est véritablement libre d’après Ibn Ezra que la personne qui observe les mitsvoth et étudie la Torah.

Notre Sidra, comporte le cantique de la mer des joncs, destiné à célébrer la puissance divine qui s’est manifestée au bord de la mer des joncs. Ce cantique se distingue par une simplicité des termes et par une extrême lucidité des idées. Il constitue un modèle littéraire particulier par sa perfection et l’élégance du langage. Il comprend des images empruntées à la nature inorganique. Sous le souffle de Dieu des eaux s’élèvent comme des murs ; sa colère dévore les Egyptiens comme de la paille ; comme du plomb, ils tombent dans la mer. Ce Cantique merveilleux est particulièrement apprécié dans notre rituel. Il est lu tous les jours de la semaine à l’office du matin. Le gaon de Vilna compare  ce verset à celui de la création de l’homme : D. fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie. Comme le souffle divin accorda à l’homme l’intelligence, ainsi fut-il également des eaux qui sous l’effet de ce souffle agirent avec discernement.

LA SIDRA DE BO

Notre Sidra est le prolongement de la paracha de Vaéra.  L’intervention de Moïse auprès de Pharaon continue. Le roi d’Egypte refuse toujours de libérer le peuple hébreu. Mais cette fois la menace qui pèse sur Pharaon devient plus sérieuse. Une série  de plaies s’abat sur l’Egypte. Des fois, Pharaon donne l’impression d’accepter la demande de Moïse. Des fois il s’entête, et maintient son refus. Cette attitude de Pharaon est difficile à comprendre, même pour Moïse. Comment Pharaon parvient-il à maintenir son refus de laisser partir les Hébreux en dépit de toutes les souffrances qu’il impose à son peuple? Comment se fait-il que le peuple qui est le premier à souffrir ne se soulève pas contre les décisions  irraisonnables de Pharaon ?

C’est D. qui va apporter la réponse à cet étonnement général. « C’est Moi dit l’Eternel qui endurcit le cœur de Pharaon…  afin que je manifeste mes prodiges en son sein »  Cette réplique de D. à l’acharnement de Pharaon dans son refus de libérer les Hébreux,  soulève un problème difficile. En vertu de quoi D.- qui accorde le libre arbitre à tout individu- porte –t-Il atteinte à son propre principe ? Pourquoi D. inflige-t-Il une souffrance intolérable à tout un peuple par la faute d’une seule personne ?  Pourtant, la volonté divine est de voir Pharaon accéder au désir des hébreux de recouvrer leur liberté.

Les commentateurs  avancent deux réponses :

a)           Les desseins de D. sont parfois impénétrables au commun des mortels. Il est vrai que Pharaon est un homme méchant, mauvais, et sanguinaire. Il a persécuté, torturé, tué les enfants mâles qui naissaient, rendu la vie intenable aux Hébreux par des travaux forcés. Il régnait par la terreur à l’égard des étrangers qui résidaient dans son pays.

Chez cet assoiffé de sang, Moïse arrive avec un mandat en main. Il est chargé de faire sortir les Hébreux d’Egypte. Comment  peut-il accomplir sa mission qui frise le miracle ? Il était clair et évident, que Pharaon avec sa personnalité et son caractère ne libérera pas les Hébreux de  sa propre volonté. Dans ce cas il ne restait que deux possibilités à L’Eternel pour contraindre Pharaon à laisser les Hébreux quitter librement l’Egypte. A) changer la nature de Pharaon et le rendre docile. B) Lui infliger des souffrances lourdes par la voie de la nature et les forces destructrices que recèle la nature.

Dans les deux cas, il est indispensable de modifier  soit la structure mentale de Pharaon, soit de changer les lois qui régissent la nature. D. a choisi la deuxième solution et préfère faire intervenir la nature que de changer le caractère de Pharaon. Car dans ce cas on aurait mis la liberté recouvrée des Hébreux sur le compte de la « bienveillance » de Pharaon. Or D. voulait montrer que c’est sa Providence qui agit sur l’Histoire et Pharaon n’est rien d’autre qu’un objet entre ses  mains.  La deuxième solution est en même temps une réponse à Pharaon qui a dit : «  Qui est Dieu pour que je lui obéisse?  Je ne connais pas D. » Avec Les dix plaies, l’univers entier  saura que L’histoire des Hébreux est providentielle.

b)           Une deuxième explication est avancée pour expliquer que D. durcit le cœur de Pharaon. Si l’on tient compte de la réserve faite à  la promesse faite à Abraham spécifiant, que  sa descendance héritera de la terre de Canaan après quatre siècles d’esclavage dans un pays étranger. Les Hébreux  ne devaient pas sortir d’Egypte. En effet, leur esclavage ne dure que depuis deux siècles. Afin que le délai promis à Abraham soit accompli, il était indispensable que le temps que l’Esclave consacre à son maître Pharaon, soit doublé. C’est pourquoi la souffrance des Hébreux a doublé d’intensité. Ces derniers ont fourni en deux siècles, sur le plan du rendement, ce qu’ils devaient fournir  en quatre siècles. Mais pour parvenir à ce résultat,  il fallait que Pharaon  refuse de les laisser sortir les Hébreux.

Un deuxième thème est soulevé dans notre Sidra. Nous constatons que Pharaon, après quelques plaies, montre une disposition plus nuancée et accepte de laisser partir seulement les adultes et de garder les jeunes en Egypte. Le refus absolu de Moïse nous incite à comprendre la valeur des jeunes. Ils constituent l’avenir du peuple juif. C’est pourquoi tous les efforts dans le monde juif  sont focalisés  sur les enfants. La pérennité du peuple juif occupe la place centrale dans son histoire. Et cette pérennité dépend de  la somme des efforts qui seront investis dans l’éducation des jeunes.

                                                                                             H.H 

LA SIDRA DE VAERA

 Pharaon, convaincu d’être le dieu  tout puissant, se permet de dire : «  Qui est l’Eternel pour que j’obéisse à sa voix  « Je ne connais pas l’eternel ? Notre Sidra s’empare de ce thème qu’elle développe très longuement. Le but est de briser l’obstination du cœur de Pharaon  et à lui apprendre à « connaître l’Eternel. Il convient de relever à ce propos les versets suivants : «  Et les Egyptiens reconnaîtront que je suis l’Eternel »(Ex.7, 5. « A ceci tu reconnaîtras que je suis l’Eternel »( Ex.7, 17 ) « Afin que tu reconnaisses que nul n’égale l’Eternel notre D. »(Ex.8, 6.)  « Afin que tu reconnaisses que moi, l’Eternel je suis au milieu de ce pays. » ( Ex.8, 18.

Afin que tu reconnaisses que la terre est à l’Eternel » ( Ex. 9,29)

Par dix fois, allusion aux dix commandements, que revient cette idée de la « connaissance de l’Eternel » au cours de ces chapitres relatant les Dix plaies.

Le nombre de versets, insistant  sur la reconnaissance de la puissance de l’Eternel a intrigué de nombreux Commentateurs et particulièrement Abrabanel. Celui-ci  écrit : Pharaon était en contestation avec Moïse sur trois principes. «  Je ne connais pas l’Eternel » (Ex. II, 5. Le second d principe posé par Moïse était celui d’un Dieu Providence, donnant à chacun selon  ses œuvres, ce que Pharaon niait également « Qui est l’Eternel ? »Enfin Moïse posait comme troisième principe, que ce D. Providence était le D. D’Israël et que,  tout- puissant,  pouvait changer la nature des choses et les modifier plus ou moins profondément selon sa volonté. C’est ce que Pharaon niait en disant : «  Qui est l’Eternel pour que j’obéisse à sa voix ? » « Quel est son pouvoir pour que je me soumette à lui et que j’écoute sa voix ? » C’est cette attitude qui explique les dix plaies. Elles avaient pour but de confirmer la vérité des trois principes contestés. Les trois premières plaies vinrent confirmer l’existence  de D., les trois suivantes l’idée d’un D. Providence. Quant aux trois dernières plaies elles vinrent prouver la vérité du troisième principe impliquant la possibilité, pour D. de changer à son gré les phénomènes naturels. »

 Le Midrach à son tour  va encore plus loin. Il considère les dix plaies comme un système éducatif de tout un peuple. Il écrit à propos de la première plaie : « Pourquoi les eaux furent-elles frappées les premières et transformées en sang ? Parce que Pharaon et les Egyptiens adoraient le Nil. Aussi le Saint béni soit-Il décida t-Il de frapper d’Abord le dieu de Pharaon et ensuite son peuple. C’est ce que dit le proverbe : «  Frappe dieu ; et les prêtres se mettront à trembler » (Chémoth Rabba IX)  Quant à Michnath  R. Eliézère  ( XIX) Il avance une autre explication disant que

D. frappa les eaux du Nil et les transforma en sang en réponse à l’action des Egyptiens qui avaient jeté les enfants des Hébreux dans le fleuve, ainsi qu’il est dit : «  Tout enfant mâle, jetez-le dans le fleuve. » C’est pourquoi il les eux du fleuve.

Le Midrach voit dans les dix plaies une punition conformément à la règle juive « Mida kénéguèd Mida »- une mesure pour une mesure. En vertu de cette loi aucune faute ne reste impunie. Qu’importe le temps qui passe entre la faute et sa punition. La justice divine ne tient pas compte ni du temps ni de l’espace. La transcendance divine est hors du temps et de l’espace. C’est une leçon valable pour toutes nations. L’histoire juive a eu souvent l’occasion de constater l’application de cette loi. Car malheureusement aucun peuple au monde n’a été  aussi victime que les Juifs.

 

                                                                                                 H.H

LA SIDRA DE CHEMOTH

Le titre de cette Sidra  constitue à lui seul tout seul  l’enseignement que nous pouvons en tirer. En effet, nous apprenons que les hébreux qui sont venus s’installer en Egypte, ne se sont pas assimilés à la civilisation égyptienne. Le texte précise : « Ich oubéto baou »ce qui signifie : «  chacun est venu avec sa famille » et cette précision n’est pas fortuite. C’est toute la famille qui a conservé sa spécificité  foncièrement juive. C’est pourquoi le patriarche Jacob s’est inquiété en venant en Egypte de fonder un centre d’études comme l’enseigne le Midrache à propos du verset  » Il envoya devant  Joseph, son frère Judah pour enseigner devant lui à Gochène. » Les Hébreux en arrivant en Egypte, ont eu pour première préoccupation de faire état de leur appartenance à Israël. Il n’était bien entendu dès le départ que la civilisation hébraïque ne pouvait pas s’accommoder avec celle des Egyptiens. Le choix de Gochène, loin de la masse des Egyptiens adorateurs de béliers, n’est pas accidentel. Pour les Hébreux, toute intimité avec les Egyptiens étaye inconcevable.

Nos Sages, à propos de Joseph relèvent le parallélisme entre deux versets. D’une part, on peut lire dans la Sidra : « Joseph était beau de visage et beau dans son aspect » et d’autre part le verset qui dit «  La femme de son maître  jeta son regard sur Joseph » Du rapprochement de ces deux versets, nos Maîtres ont tiré la conclusion suivante : « Joseph  se tirait les cheveux et se rendait le plus agréable possible dans son physique c’est pourquoi il a été puni. La femme de son maître ne cessait pas de le provoquer » Mais le Midrache ajoute : «  Quand Joseph était sur le point de succomber, il apercevait le visage de son père » autrement dit, Joseph, sur le point de céder aux pulsions du mal, était sauvé par la figure de son père qui est la plus représentative des valeurs juives. Par ailleurs il est tout à fait inutile de chercher à paraître et à satisfaire un Ego narcissique. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la réaction de Jacob en voyant Joseph après tant d’années d’absence. Jacob en présence de Joseph prononce une phrase lourde de sens : «  Cette fois je pourrai mourir en paix après avoir vu ton visage car tu es vivant » A partir du moment où un père se rend compte que son fils est appelé à l’immortaliser en ayant suivi sa voie et resté profondément ancré dans la tradition des ancêtres, il pourra quitter ce monde en ayant le sentiment qu’il a rempli son rôle. Que son fils est le  continuateur de toutes les valeurs que la Torah nous a inculquées en dépit du poste élevé qu’il occupe en Egypte. Ce qui revient à dire que Joseph n’avait nullement honte d’affirmer qu’il était hébreu, et au contraire déclarer bien haut qu’il était le fidèle serviteur de la Tradition d’Abraham d’Isaac et de Jacob son père.

Conserver un nom bien  juif, est une garantie  prise sur un avenir. Les Hébreux ont été accueillis an grande pompe en Egypte. Le Pharaon  leur a ouvert son pays et leur a accordé toutes les facilités pour demeurer en Egypte. Mais quand il fallait quitter, il a fallu tout abandonner et partir dans le désert et vivre dans des conditions  inhumaines. Sans la présence de la Providence, les Hébreux n’auraient jamais pu survivre à la traversée du désert. Il en est ainsi avec la Galouth. On est reçu les bras ouverts et tenté par une vie facile et matériellement confortable. Mais quand arrive l’adversité et il faut partir, alors c’est l’errance et la vie de misère.

La leçon de notre Sidra doit toujours être présente à nos yeux. Vivre dans un milieu hostile et préserver son âme de la souillure et du principe du plaisir, n’est pas chose aisée, mais c’est uniquement à ce prix que nous pouvons  garantir notre pérennité. 

 

                                                                                          H.H  

LA SIDRA DE MIKETS  

Le Thème principal de notre Sidra a pour propos  les songes. La Bible attribue une certaine importance  aux songes. Les visions sont quelquefois significatives et servent de moyen de communication avec D.

La talmud à son tour  précise à ce sujet : «  Quoique j’aie caché  ma face à Israël, je veux communiquer avec lui par des songes »  (Haguiga,5b) Quant à leur interprétation, elle est le privilège des gens inspirés. La Bible nous fournit  une illustration de cette affirmation. Dans plusieurs  cas qu’elle relate. Le premier cas de communication avec D à travers un songe concerne le patriarche Jacob. Nous voyons Jacob attacher autant d’importance à son rêve qu’à toute autre révélation divine. Il avait l’habitude de communiquer avec D. de différentes manières et ne se méprenait guère sur le sens de ce qui lui avait été confié.(Genèse XXVIII, 12-15 )

Le deuxième cas est celui de Joseph qui ne doute pas de la véracité de ses songes  tandis que Jacob ne semble pas leur accorder toute l’importance voulue. Le Midrache Tanhouma  dit « Joseph n’a été vendu qu’à cause d’un rêve … et  n’est arrivé au pouvoir que grâce à  un songe »

Cependant, le pouvoir d’interpréter un songe n’est pas le lot de tout un chacun. Seuls les personnes  dépourvues d’inspiration divine n’arrivent pas à découvrir le sens caché des songes. C’est le cas de Pharaon  qui a recours aux interprètes. La conduite de Pharaon soulève beaucoup de questions et particulièrement celle-ci : Pourquoi le roi d’Egypte rejette t-il d’emblée l’interprétation des mages tout- puissants et accepte sans hésitation celle de Joseph ? Abravanel estime « que celui qui voit un songe révélateur se trouve momentanément sous l’effet de l’inspiration divine, mais il est impuissant, au réveil, de réaliser les images et les symboles. Ce n’est qu’une interprétation juste qui a le don d’éveiller en lui des réminiscences et de lui rappeler ainsi ce qu’il semble avoir oublié »

On peut compléter cette  analyse d’Abrabanel en disant que Pharaon a été impressionné par la force de persuasion qui émanait des paroles de Joseph. Il admirait aussi en Joseph la force de ses convictions et de sa vérité. Joseph avait compris l’angoisse de Pharaon , qui est à l’origine de ses rêves. Cette angoisse avait pour origine l’obsession provoquée par la phobie de  vivre une année sans le débordement du Nil duquel dépend la vie des Egyptiens. Par conséquent il  avait remarqué en Joseph  quelque chose de rare et de précieux qui conférait à l’entourage un sentiment d’harmonie et surtout de sécurité.

Dans un commentaire rédigé par Madame Krakowski , cette dernière écrit : «  Le rêveur et l’homme d’action représentent deux contrastes, deux oppositions radicales. Le premier reste insensible aux réalités quotidiennes ; les intempéries de la vie n’arrêtent pas l’élan de son esprit et ne l’empêchent pas de viser très haut. Le deuxième ne fixe ses racines que dans le monde du réel ; c’est en lui qu’il puise son courage et c’est à lui qu’il consacre le meilleur de son effort. Ces deux genres de personnes adoptent d’une façon générale des voies diamétralement opposées et n’arrivent pas à trouver un langage commun. »

« C’est cependant une vérité incontestable que le rêve est à la base de tout progrès, le promoteur par excellence de la  réalité en marche. Sans rêves et sans rêveurs nous demeurerions encore, à l’heure actuelle, au pénombre des temps reculés, à l’état des êtres primitifs. »

 Le cas de Joseph ne rentre pas dans le cadre de l’analyse de Madame Krakowski pour la simple raison qu’il  parvenait à conjuguer en lui  deux structures mentales tout à fait antinomiques. D’un côté, Joseph avait un caractère de rêveur et de l’autre, il avait un sens aigu de la réalité qui l’aidait à découvrir le réel dans les chimères. C’est parce qu’il avait réuni en sa personne ces deux  éléments inconciliables qu’il parvenait à avoir une claire vision de l’avenir.     

Pour nous aider à comprendre  la raison pour laquelle Pharaon est satisfait de l’interprétation  de Joseph, on peut citer le principe, émis par Rabbi Eléazar et énoncé par la Guémara, concernant l’interprétation des rêves : « tous les  rêves se réalisent selon leur interprétation » ( Bérakhoth 55b )

Cependant s’il en est ainsi pourquoi seule l’interprétation de Joseph s’est-elle réalisée et pas celle des mages égyptiens ?  Le Midrache Rabba nous propose une mise en pratique du principe de Rabbi Eléazar : «  Il arriva une fois qu’une femme vint chez Rabbi Eléazar en disant : «  J’ai vu en rêve  que la poutre supérieur de ma maison s’était fendue » .Il lui répondit « Tu concevras un enfant mâle, bien constitué ». Elle s’en alla, et il en fût ainsi – ayant refait le même rêve- elle revint, une autre fois, afin de l’exposer à Rabbi Eléazar. Trouvant les disciples de ce dernier assis sans leur maître, elle leur demanda «  Où donc est votre maître ? ». « Expose-nous ton désir et nous y répondrons » lui répliquèrent-ils. « J’ai vu en rêve, leur raconta-t-elle, que la poutre de ma maison s’est fendue ». « Cette femme, affirmèrent-ils enterrera son mari » En les quittant, elle explosa en  lamentations. Rabbi Eléazar entendant son ces plaintes, les questionna… Ils lui avouèrent la chose. « Et bien, leur reprocha-t-il, vous venez de causer la mort d’un homme… Tous les rêves dépendent de leur interprétation. 

Ce midrache évoque un principe psychologique moderne à savoir  l’influence mutuelle entre le psychique et le somatique. Lorsque Rabbi Eléazar annonce à la femme qu’elle mettra au monde un enfant mâle et bien constitué, il a fait ancrer cette idée qui a fait abdiquer à cette femme son libre arbitre. Désormais elle se laissera mener et imprégner par l’explication du rêve prémonitoire. D. dans son respect du libre arbitre, qu’il a accordé à l’être humain , laissera les événements se réaliser conformément à l’interprétation.

En ce qui concerne Pharaon , l’interprétation des devins égyptiens ne lui a pas supprimé son libre arbitre. Il a gardé son sens critique, c’est ce que le midrache veut dire en précisant : « Leurs voix n’entraient pas dans ses oreilles » On ne peut pas considérer un rêve sans tenir compte de son destinataire.

Notre Sidra traite également des relations entre Joseph et ses frères .A ce sujet , une réaction de Joseph paraît hermétique et difficilement compréhensible. Les frères venant de Canaan pour acheter du blé disent à Joseph : « Nous tes serviteurs, sommes douze frères, nés d’un même père, habitants du pays de Canaan, le plus jeune est auprès de notre père en ce moment, et l’autre n’est plus » . A ces paroles Joseph répond : « Ce que je vous ai déclaré subsiste : vous êtes des espions ». La réflexion de Joseph est incompréhensible. Des paroles des frères il n’est pas possible de déduire quoi que ce soit. Pourquoi les paroles des frères inspirent à Joseph  l’idée qu’ils sont des espions ?

D’après Rachi Joseph déclare à ses frères qu’il ne prend pas leurs paroles en considération : « Ce que je vous ai dit subsiste : vous êtes des espions » Selon  Sforno : « Celui que vous prétendez qu’il n’est plus, sans préciser où il se trouve, il est certainement parti porter vos instructions ou se livrer lui même à l’espionnage. » Le commentaire Kéli Yakar dit lui aussi à ce sujet : « Si votre frère, le plus jeune, n’est pas avec vous, c’est qu’il est reparti chargé d’un message secret ; c’est donc uniquement en l’amenant ici que vous pourriez démontrer votre innocence ».

On peut ajouter à ces commentaires que le terme Méraglim n’a pas tout à fait le sens d’espions dans son acception moderne, il pourrait signifier seulement que «  vous n’êtes pas des gens honnêtes et droits , votre conduite cache quelque chose » car comment savez-vous qu’un de vos frère n’est plus ? Personne n’a  vu ce frère mort. Puisque je suis en face de vous »

 En les traitant d’espions ,Joseph voulait leur donner une leçon de morale, à savoir : toute affirmation  doit d’abord être confirmée et la parole est un instrument à double tranchant. On peut l’utiser pour le mensonge comme pour dire la vérité. En l’occurrence les frères de Joseph ne pouvaient pas affirmer que Joseph était mort.

           

LA SIDRA DE VAYECHEV

Cette Sidra évoque de nombreux sujets formulés dans les versets   suivants :

« Or, Israël préférait Joseph à ses autres enfants parce qu’il était le fils qu’il avait eu dans sa vieillesse, et il lui fit une tunique brodée » (Gen.XXXVII, 3 )

« Ses frères virent que leur père l’aimait plus qu’eux tous, et ils le prirent en haine. Ils ne pouvaient lui parler avec amitié. (XXXVII, 4 )

« Ecoutez donc ce songe que j’ai eu….. Les frères de Joseph le jalousèrent, mais son père  attendit l’événement. ( XXXVII, 6-11 )

« Voici l’homme au songe qui arrive. venez, tuons le.. puis nous dirons qu’une bête féroce l’a dévoré. Nous verrons alors que deviendront ses songes » ( XXXVII, 15- 20 )

«  Et Jacob déchira ses vêtements, et il mit un cilice sur ses reins, et il porta longtemps le deuil de son fils » ( XXXVII, 34-35 )

La Tradition juive nous fournit plusieurs sages avertissements en ce qui concerne notre comportement avec nos semblables.

L’histoire de Joseph, en apparence sans tendances didactiques, ne manque cependant pas de nous inculquer plusieurs règles de caractère moral, éthiques et surtout éducatif.

La Sidra précise qu’Israël préférait Joseph à ses frères. La torah veut par ce verset nous montrer les fâcheux résultats de la partialité de parents qui font des distinctions entre leurs enfants. Au lieu de contribuer à l’union de leurs descendants, ils les séparent. Nos sages critiquent la partialité  de Jacob et disent que la tunique brodée, jalousée par les frères, a été la cause directe de notre asservissement en Egypte. Ils recommandent de ne jamais faire de distinction entre les enfants.

( Chab.10b )

La  deuxième mise en garde de notre Sidra est de pas tomber dans la jalousie, parce qu’elle entraîne inéluctablement la haine et la violence. Jacob aurait dû savoir que sa préférence pour Joseph provoquerait la jalousie de ses frères. Leur conduite par la suite nous renseigne sur les conséquences de la jalousie.

Parmi les nombreuses leçons que nous dons fournit cette Sidra, nous relèvons également l’intensité du deuil quand il est provoqué par une mort non naturelle. En effet, le texte dit : «  que Jacob porta longtemps le deuil de son fils. Ce deuil est plus douloureux et plus long que celui qui suit un décès naturel. ( Le deuil d’Abraham après la mort de Sarah, ainsi que celui de Jacob après la mort de Rachel.)

 

Comment comprendre que le patriarche Jacob, véritable prophète, lui qui donna naissance à tout le peuple d’Israël, puisse agir sans que la Providence ne soit le guide de tous ces événements ? Maïmonide  s’est penché sur cette question. Il écrit : «  L’homme propose et Dieu dispose » car le résultat de la vente de Joseph fut tout autre que celle qu’attendaient ses frères, Maïmonide estime qu’en disant aux frères : « Le Seigneur m’a envoyé avant vous pour vous préparer une ressource dans le pays… » (Genèse XLV, 7 ) Joseph attribue à D. le résultat accidentel de l’acte émané du libre arbitre de ses frères. Il veut dire que ses frères avaient agi suivant leur entendement et l’intervention divine avait donné à leur acte une issue inattendue. Dans le verset suivant, Joseph semble cependant se reprendre en s’exclamant : « Non, ce n’est pas vous qui m’avez fait venir ici, c’est D. » et rectifie l’opinion qu’il venait  de formuler : Un résultat d’une si haute importance ne saurait être purement accidentel et c’est nécessairement D., lui-même qui a dirigé le libre arbitre des fils de Jacob, de manière à leur faire accomplir, à leur insu, un grand acte  qui était dans le plan de la divine providence » (Guide, des Egarés, t. II,  chap. XLVIII )

Jacob, doué d’une inspiration authentique savait que Joseph, sera le guide sûr de sa maison. En l’envoyant à Dothane, il contribue inconsciemment à l’accomplissement du but prévu. Deux frères sur neuf, Ruben et Juda, possédaient en dehors des sentiments humains une faible lueur d’inspiration indirecte. Si le premier contribue à sauver Joseph de la mort le deuxième précipite sa descente en Egypte.

 

LA SIDRA DE VAYICHLAH

Le sujet principal de notre Sidra est la rencontre de Jacob avec son frère Esaü. Ce sont deux civilisations qui vont s’affronter. C’est pourquoi Jacob éprouve un véritable malaise qui se transforme en une véritable phobie. Après vingt ans d’absence, Jacob ne pensait pas se trouver dans la situation où il doit affronter son frère. Mais la peur, ou plutôt l’imminence d’un danger, peut être salutaire, car il met l’individu dans une situation où il est urgent de prendre des dispositions pour canaliser la peur et faire courageusement face au danger. Jacob craint que la rancune de son frère soit encore vivace. Le comportement de Jacob, met en évidence la différence énorme qui sépare la civilisation incarnée par Jacob, de celle personnifiée par Esaü. Dans la culture mentale de Esaü, face à un danger imminent, ce qui vient à l’esprit est d’abord l’emploi de la violence. Il n’en est pas  de même dans la conception du monde de Jacob. La guerre est un recours de dernière minute. Ce n’est pas la force brutale qui règle un conflit, mais l’esprit avec lequel on l’aborde. Jacob, naturellement implore la protection divine. Et il pria : « O Dieu de mon père Abraham et D. de mon père Isaac, L’Eternel qui m’a dit : retourne dans ton pays, dans ta patrie, et je te serai favorable. Je ne mérite pas tous les bienfaits et toute la vérité dont tu as usé envers ton serviteur. Autrefois j’ai traversé le jourdain avec mon seul bâton, aujourd’hui je dispose de deux camps. Sauve-moi, je te prie, de la main de mon frère, de la main de Esaü. »

La prière de Jacob sera exhaussée, parce qu’elle est sincère et émane du cœur d’un homme humble. On aurait pu s’attendre à un affrontement violent de la part d’un homme devenu très riche, disposant  d’une défense  considérable. Jacob est resté l’homme qui pense que l’esprit vient à bout de la violence. Il aurait pu penser un seul instant que sa richesse et la protection divine faisaient de lui un homme exceptionnel. Rien de tel, il échappe à cette tentation et demeure modeste malgré les témoignages d’affection divine. Mais, fait preuve d’une rare clairvoyance.

 

La rencontre avec Esaü  est une leçon de communication  digne d’un manuel de psychologie. Le texte de la Sidra ( XXXII, 5, 6 )  dit : «  Il leur donna cet ordre : voici ce que vous direz à mon seigneur Esaü : Ainsi parle ton serviteur Jacob : j’ai séjourné avec Laban, et j’y suis resté jusqu’à présent. J’ai des bœufs, des ânes, des brebis, des serviteurs et des servantes, et j’envoie l’annoncer à mon seigneur, pour trouver grâce à tes yeux.

Ce message adressé à Esaü  est volontairement ambigu. «  Jacob craint-il encore la colère de son frère et redoute-t-il qu’après vingt ans, son courroux ne s’est pas encore apaisé ? Veut-il  lui tendre une main fraternelle et lui proposer la paix ? Ou, au contraire, a-t-il  l’intention de lui montrer que son sort s’est amélioré, qu’il est fort, afin de lui inspirer de la crainte à son égard ? De nombreuses appréciations et hypothèses ont été émises à ce sujet par les commentateurs, au cours des siècles. » En réalité Jacob veut signifier à son frère que le Jacob qu’il a connu a beaucoup changé. Le Jacob actuel, sur le plan de son caractère est resté pacifique et contre toute violence. Cependant,  si Esaü opte pour la violence, il trouvera  en face de lui un adversaire redoutable.  Jacob  fait preuve d’humilité et de puissance. Cependant,  connaissant bien son frère et son Ego hypertrophié, il use d’expressions qui flatte l’Ego : « Mon seigneur » « trouver grâce » Le Midrache, ( Béréchith Rabba LXXV, II) réprouve la conduite de Jacob et écrit : « Au moment où Jacob appelait Esaü « mon maître », le Saint béni soit-Il lui dit : Tu t’es abaissé toi-même en appelant huit fois Esaü « mon maître.Par ta vie, Je ferai de huit de ses descendants des rois qui règneront avant les tiens, ainsi qu’il écrit : « Voici les rois qui ont régné dans le pays d’Edom  avant qu’un roi régnât sur les enfants d’Israël » (Genèse XXXVI, 31 ) 

Le prophète Michée dit dans le dernier verset de ses prophéties : La vérité à Jacob, la grâce à Abraham. La grâce divine, c’est que D. nous permet d’appréhender la vérité. Et l’approfondissement de cette vérité nous demande d’épuiser toutes les possibilités d’interprétations de l’exclamation de Jacob : «  Je suis trop- petit – pouvoir dire sincèrement comme lui : je suis trop petit- cela aussi fait partie des bienfaits de l’Eternel.

LA SIDRA DE VAYETSE

Jacob quitte sa famille et sa patrie fuyant devant son frère. Il erre seul sur le chemin qui le mène vers une contrée inconnue. La nuit tombe, Jacob se couche par terre et en guise d’oreiller il met une pierre sous sa tête. C’est à ce moment que l’Eternel lui apparaît pour la première fois à travers un songe.

Le livre de la genèse est très riche en rêves. Mais ils ne sont pas de même nature. On peut les classer en deux catégories. Dans la première, l’Eternel apparaît et parle au dormeur, ( Gen. 20,31) dans la deuxième,  le dormeur est en présence d’une scène, sous-tendue par un message.  C’est dans la deuxième catégorie que l’on peut classer les rêves de Pharaon, de son échanson et son panetier et enfin  les rêves de Joseph. L’interprétation de ces derniers est plus ardue que les rêves  figurant dans la première catégorie. Cependant, même dans le rêve de Jacob, nous avons  la présentation de l’échelle qu’il convient d’interpréter.

Nos Sages ont relevé dans la manifestation du rêve de Jacob, une expression qui revient par trois fois. Il s’agit de  « Véhiné » ( et voici)

Et voici qu’une échelle était dressée sur la terre et son sommet touchait le ciel.

Et voici  que des anges de l’Eternel y montaient et y descendaient.

Et voici que l’Eternel se  présente sur elle (  l’échelle.)

Le Midrache Tanhouma  écrit : « Et voici que des anges de l’Eternel montaient et descendaient. Il s’agit des protecteurs  des peuples idolâtres. L’Eternel avait montré à Jacob  le protecteur  de Babel qui, après avoir escaladé soixante dix  échelons, redescendait. Jacob vit

ensuite, le protecteur des Mèdes monter cinquante-deux échelons et redescendre, puis il assista à la montée du protecteur  d’Edom sans pouvoir compter les innombrables échelons qu’il gravissait. Il montait, montait et ne redescendait pas. Jacob, pris de peur, s’écria : «  Est-ce que celui-là ne redescendra pas ? . L’Eternel lui cita alors les paroles du prophète Jérémie : «  N’aie pas peur, mon serviteur Jacob, ne tremble pas,  Israël. Même si tu le voyais  monter jusqu’au sommet, même si tu le voyais s’asseoir à mes côtés, de là je le ferai descendre ainsi qu’il écrit  (Obadia I ) : «  Même si tu montes comme l’aigle et construis ton nid parmi les étoiles, de là je le ferai descendre, ainsi parle l’Eternel.

 

On se demande vraiment ce que tout cela vient faire dans le rêve de Jacob. Quel rapport existe-t-il entre le rêve  et les futures civilisations qui marqueront l’histoire, et qui disparaîtront l’une après l’autre ? C’est que pour le Midrache, Jacob ne représente pas la l’individu  Jacob, mais tout le peuple d’Israël. Jacob est justement en route pour jeter les fondations de la maison d’Israël. L’errance de Jacob est celle de tout le peuple, face à des civilisations brillantes qui le mettent en danger. Aucune civilisation n’a pu souffrir la présente d’Israël. Pour la simple raison qu’il a toujours constitué un témoin  gênant. Le Midrache  veut nous assurer de la pérennité du peuple qui sera fondé par Jacob. Israël assistera à l’apparition de nombreux empires. Puis à leur déclin. Il a vu la splendeur de la civilisation égyptienne qui avait dominé le monde. Mais c’est lui qui a continué l’histoire. Il a vu la puissance de la civilisation assyrienne, qui a  fait disparaître dix tribus. Mais les deux qui survécurent ont vu sa chute. Puis vint la civilisation babylonienne  qui a détruit le temple et exilait la moitié du peuple. Mais c’est encore Israël qui a traversé la tourmente en laissant  des plumes mais il est resté vivant. Vint l’Empire perse qui accabla Israël  en lui imposant des lourds tributs. Israël s’acquitta de ces tributs, et il enterra la Perse qui laissa la place  à la Grèce qui a submergé le monde, et dont la civilisation est toujours en vigueur. A la Grèce, succéda  Rome, le Edom du rêve de Jacob. Civilisation brillante, avec de grands philosophes, mais qui n’avaient strictement aucune influence sur la masse des peuples qu’elle dominait.

L’échelle, où tous ceux qui montent sont condamnés tôt ou tard à redescendre pour faire place à d’autres, image saisissante de toutes les civilisations antiques et modernes qui s’édifient sur les ruines de leurs prédécesseurs cette échelle sera remplacée, à la fin des temps, par « la montagne de l’Eternel qui dépassera toutes les autres montagnes et vers laquelle afflueront fraternellement tous les peuples » ( Isaïe 11 )

 

 

 

LA SIDRA DE TOLEDOTH

Notre Sidra est d’une richesse exceptionnelle, nous en retiendrons seulement un seul sujet. Isaac veut reprendre le flambeau  du monothéisme et recreuse les puits de son père. Il veut suivre ses pas, refaire le même itinéraire. Il ne se contente pas de creuser les mêmes puits : il leur donne le même nom. Il veut montrer aux Philistins qu’Abraham, en fait, est encore bien vivant à travers lui. Mais il ne s’attire que l’opposition des Philistins, alors que son père était respecté voir estimé.

On le voit clairement, ce que visent les Philistins, ce n’est pas le puits en lui-même, mais bien l’eau, c’est-à-dire  le bénéfice  qu’ils peuvent en tirer. Ils veulent retrouver la prospérité qu’Abraham rendait possible par sa présence. Ils pensent que cette bénédiction est dans l’eau alors qu’elle en fait dans l’homme qui creuse le puits et à sa démarche. Ils n’ont pas compris que leur idolâtrie ne pouvait que transformer cette eau vive en poussière et ils réclameront encore de l’eau.

 

Cette contestation n’est possible que lorsqu’il s’agit des puits d’Abraham. Pour le, d’explorer. Il lui fallait, avant d’aller plus loin, approfondir le cheminement de son père, refaire le même cheminement. Une fois cela accompli, le deuxième terme ‘Hafar  a comme connotation l’idée d’acquérir. Il lui faut maintenant  acquérir du mérite personnel. Il ne doit pas être un deuxième Abraham, mais bien Isaac. Il doit acquérir sa propre personnalité. Sa propre relation à Dieu sa propre vie spirituelle.

Par cet acte de forage d’un puits, c’est aussi son droit à la terre qu’il acquiert. Cette terre promise à Abraham est  à sa descendance ; il doit s’en montrer digne et y permettre la vie : la vie physique par l’eau, et la vie spirituelle par cette source de spiritualité qu’est la Torah.

On le voit ici : deux attitudes s’affrontent. Isaac qui lutte pour l’eau, donc pour la spiritualité, d’abord celle de son père, puis la sienne propre. Les Philistins, eux, ne pouvant profiter pleinement de cette spiritualité qu’ils rendent matérielle par leurs conceptions idolâtres, préfèrent éliminer cette source plutôt que de la voir exister près d’eux inutilement. La lutte d’Isaac pour la reconnaissance de ses puits, c’est la lutte d’Israël pour la reconnaissance de la croyance en un D.ieu Unique. L’attitude des Philistins, c’est l’incompréhension des nations devant l’existence et le rôle d’Israël dans le monde.

 

Que peut-on retenir de la conduite d’Isaac pour un Bar Mitsva ? La première leçon s’exprime dans l’adage hébraïque «  Enn Dvar haomàd bifné haratsone qui veut dire «  rien ne résiste à la volonté. » Je m’efforcerais par conséquent à cultiver la force de volonté par la pratique des mitsvoth et ne pas succomber à la facilité. Je prie aujourd’hui l’Eternel de m’aider dans ce sens. La deuxième leçon que nous donne le comportement d’Isaac c’est la part de la spiritualité  que nous devons observer dans sa vie. L’existence ne doit pas consister uniquement dans  la course à l’acquisition des biens. Ces derniers ne sont que le moyen de vivre une vie spirituelle conforme à la Torah. La troisième leçon, consiste à demeurer fidèle à sa famille à sa tradition et surtout à ses parents. Isaac est le prolongement de la vie d’Abraham. Sa fidélité à la mémoire de son père  est rappelée presque dans  chaque verset. Je prendrai exemple de cette fidélité pour faire honneur à mes parents  à mes grands-parents et à Toute ma famille. Enfin la quatrième leçon figure dans l’attachement d’Isaac à la collectivité d’Israël.  Isaac ne vit pas en vase clos mais est conscient qu’il est en voie de construire une nation qui allait apporter au monde les valeurs humaines, la morale  et surtout le monothéisme de son père. Je  serais à mon tour fidèle à la communauté d’Israël et je défendrai son honneur partout  de toutes mes forces. ……

 

LA SIDRA DE hayye SARAH

La Sidra de Hayé Sarah nous donne une leçon qui sous-tend pratiquement tout le Judaïsme, il s’agit : de la notion du temps dans la tradition juive. On peut vivre cent ans et avoir le sentiment qu’on n’a pas vécu. Ce sentiment qui génère le mal être  ne peut pas envahir un Juif qui vit au rythme des mitsvoth. Le sentiment de nihilisme qui envahit une personne  provient de la- non-fixation du temps. Chaque acte commis n’est pas accompagné par sa conscience.

Nous constatons dans notre Sidra que tous les personnages vont mourir et le terme qui qualifie la sidra est ‘hayé Sarah – la vie de Sarah. La mort n’est une tragédie que lorsque la vie a été vide. Il y a des années  qui ont la même durée qu’un jour. Avant de nous annoncer la mort de Jacob, le texte commence par l’expression Vay’hi  - il a vécu – ce qui revient à dire que la disparition de Jacob a été une disparition physique, son passage dans ce monde est lui, bien vivant. C’est ainsi qu’il convient de comprendre le commentaire de Rashi  à propos du verset : « La vie de Sarah fut de cent et vint ans et sept ans » Pourquoi répéter le mot AN à chaque chiffre ? C’est pour te dire que chaque chiffre demande à être interprété à part. A cent ans elle était comme à vingt ans, sans faute. Comme à vingt ans elle était sans faute, ainsi elle l’était à cent ans. A vingt ans elle était comme à sept ans, aussi belle » Rashi ajoute à propos de la fin du verset : «  Années de la vie de Sarah » : « Toutes égales pour le bien »

Dans ce bref commentaire Rashi nous enseigne toute la notion du temps dans le judaïsme. Contrairement à une vie vide ou la mort est constamment présente et parfois envahissante dans la conscience. La vie du Juif ponctuée par la rigueur des Mitsvoth est une vie où les jours sont d’égale durée car chaque mitsva dans sa pratique à la faculté de fixer pour toujours le temps de son exécution.

Dans le même ordre d’idée, pour Sarah pour tous nos patriarches, ce n’est pas la vie qui devait avoir un sens,  ce sens allait de soi mais c’est ce sens qui doit être vécu. Il ne sert à rien de donner un sens à la vie si ce sens n’est pas vécu. Par ailleurs  le sens que peut donner un homme à sa vie est essentiellement subjectif. Autrement dit ce sens est dans la droite ligne de sa propre structure mentale. Pour le Judaïsme c’est la Torah qui donne un sens et non pas chaque individu se fixe un sens à sa vie. La Torah est absolue, elle ne cherche que le bonheur de l’homme son bien, son équilibre. C’est pourquoi quand le sens donné par la Torah est vécu la vie prend une dimension divine et aboutit inéluctablement à ignorer complètement l’angoisse de la mort. En mentionnant la vie d’Abraham la Torah dit : «  Abraham était vieux, venant dans les jours » L’expression employée en hébreu est  ba bayamim. Cette expression a été souvent traduite par « avancé en âge » Mais en vérité,  la Torah a voulu dire que c’est Abraham qui vient dans les jours. Ce n’est pas les jours qui   s’abattent sur Abraham. Mais, à l’instar de Sarah, de Jacob, de Isaac etc. La Torah a voulu dire que chaque jour a été pleinement vécu par Abraham. Par conséquent la mort est une fin physique et non spirituelle. La vie d ‘Abraham continue. 

                                                                                       H.H

 

LA SIDRA DE VAYERA

La conscience morale d’Israël a atteint  un niveau  jamais égalé par aucun peuple, parce qu’elle est la conséquence de l’exemple. Une éducation réussie  se reconnaît par sa pérennité.  Les parents ne doivent pas exiger de leurs enfants un comportement et une conduite qui ne sont  pas les leurs. C’est la première leçon de notre sidra. Leçon qui nous dévoile la modernité de notre Torah. On peut relever dans un seul verset, la quintessence de toute la psychologie moderne?  Nous apprenons  en effet par   notre sidra  que l’Eternel a distingué Abraham  parce qu’il savait au préalable qu’il allait « prescrire à ses fils et à sa maison après lui, d’observer la voie de l’Eternel, en pratiquant la vertu  et la justice. » Abraham sera donc le premier initiateur de l’éducation juive en inculquant à sa postérité les valeurs que lui-même applique avec rigueur.

De ce verset  nous pouvons aussi tirer  le fondement d’un grand principe fondateur du Judaïsme, à savoir, le hasard n’existe pas. La Providence divine guide et veille  sur l’humanité entière. En révélant à Abraham ses desseins afin qu’il puisse guider le monde l’Eternel voulait manifester d’une part que la repentance est toujours possible et surtout que l’on n’attribue pas le châtiment au simple hasard.

Observer «  la voie de l’Eternel » c’est aussi  prendre conscience  que la charité est inséparable de la justice. Aider autrui, apporter sa contribution aux pauvres, réserver le temps aux vieillards, respecter les Sages bref, pratiquer toutes les vertus, ce n’est rien d’autre que rétablir la justice. Quand le prophète ordonne de se tourner vers D. en tant qu’initiateur de toute chose, il ne manque pas de rappeler celui qui l’avait révélé à l’humanité : «  Regardez vers le roc d’où vous avez été taillés, regardez vers Abraham, votre père »(Isaïe LI, 1-2 )

Maïmonide écrit à ce sujet : « Au milieu de l’aberration générale-le premier patriarche fut élevé dans la religion des  païens- il conçut la vérité suprême du D. unique et n’hésita pas, afin de la proclamer, de se mettre en opposition avec tous les puissants de ce monde. S’appuyant sur ses connaissances exceptionnelles en astronomie ( talmud Baba batra16 b ; Yoma 28 b ) il démontra par ses arguments solides que le soleil, reconnu par les peuples idolâtres comme « efficient de l’univers » n’était qu’une «  cognée dans la main du charpentier » Sa faculté de perception prophétique fût hors de doute, et pourtant, il ne fit jamais d’appel prophétique à l’humanité et ne procéda que par voie d’exemples. Il se bornait à instruire les siens et ceux qui prêtaient oreille à son enseignement de ce qu’ils devaient faire pour plaire à D. sans dire que D. l’avait envoyé pour proclamer tel ou tel commandement »( Guide des Egarés III, chap. XXIX et II chap. 39 )

La nature du Judaïsme correspond parfaitement à l’enseignement d’Abraham. En proclamant l’unité de D. ce dernier ne se borne pas à établir une théorie abstraite, mais en fait une vérité accessible à tout être humain. C’est en cela que Abraham est plus moderne que jamais. Si toutes les religions  qui ont vu le jour après le Judaïsme ont échoué dans leur mission c’est parce qu’elles ont eu recours à la haute spéculation philosophique. On a fait des religions, une suite de discours qui ne génèrent pas l’action. Or, nous savons que toute transformation de l’homme nécessite des actes, autrement dit des Mitsvoth. Sans la Mitsva  le discours s’avérera inopérant. Rabbi Yéhouda  Halévi dira dans sa langue suave à ce propos : « Je comprends ce qui distingue le D. d’Abraham du dieu d’Aristote…tandis que l’intuition conduit son sujet jusqu’à l’abandon et au sacrifice de son être par amour, la spéculation reconnaît simplement que la vénération de D s’impose, tant que ce devoir n’entraîne aucune souffrance ni aucun sacrifice » ( Kouzari, IV, 16 )

En évoquant les souffrances et les sacrifices  le Kouzari fait allusion  à la pratique des Mitsvoth. L’observance des commandements de Dieu exige de l’homme un effort permanent et une conscience toujours en alerte. En échange le temps consacré aux mitsvoth est le seul temps vécu. Pour avoir la conscience d’une vie utile bien remplie il est indispensable que le temps soit vécu et non occulté.

Notre sidra nous fournira une illustration de ce principe. Abraham apprend  que l’Eternel allait détruire les villes de Sodome et Gomorrhe. Il trouve   cette décision injuste, car dans ces villes se trouveraient aussi des innocents. Son sens de justice le pousse à intervenir auprès de D. afin de plaider la cause de ces innocents. Un véritable dialogue s’instaurera, et Abraham finira par abandonner la partie. En effet dans ces villes il n’y avait même pas un minyane de personnes craignant D.  Cependant, il est difficile d’admettre que D. détruise Sodome car s’il n’y a pas dix personnes, peut-être y aurait-il un seul juste. Cela suffit pour que l’Eternel épargne Sodome. Comment expliquer qu’Abraham avec son sens de la justice si aiguisé a-t-il fini par capituler après le chiffre dix ?  Deux  mots dans le texte nous fournissent l’explication. Ces mots sont « Bétokh haïr » qui signifient « dans la ville. Il y avait probablement quelques justes dans Sodome. Ces justes étaient enfermés dans leurs maisons et ne réagissaient pas  à la vue du spectacle immoral et pervers dont ils étaient les témoins. Ils ne voulaient rien savoir, cela ne les concernait pas. Ils étaient certes des justes mais pas « d   ans la ville.  Le monde peut être plein de ce genre de justes mais il sera en état de décrépitude morale et finira par se détruire. C’est ainsi qu’on arrive à des génocides parce que les  Justes se taisent devant le spectacle lamentable que leur offre la société. Abraham a reconnu qu’il n’y avait pas de justes « dans la ville » et s’était retiré plein d’amertume.

C’est aussi dans notre sidra  que nous pouvons lire l’histoire du sacrifice d’Isaac. Maïmonide en dégage deux idées fondamentales pour le Judaïsme : la première  a pour but de nous faire savoir «  jusqu’à quelle limite doivent s’étendre l’amour et la crainte de D. Abraham  avait à accomplir un acte qui dépasse de loin en  grandeur la capacité de se sacrifier soi-même. Il ne le fait pas par peur, ni par appréhension d’un châtiment, car quel malheur pouvait dépasser celui de perdre son fils unique en la personne duquel devaient se réaliser toutes les promesses divines, relatives à l’avenir ? Il le fait uniquement parce qu’il est du devoir des mortels d’aimer et de craindre D. abstraction faite de tout espoir de récompense et de toute crainte de châtiment » ( Guide des Egarés, IIIchap.24 )

La seconde idée, c’est de nous faire comprendre que les prophètes doivent prendre pour réel ce que la révélation leur apporte ; rien de douteux ne doit s’y mêler, afin qu’ils puissent le considérer « à l’instar de toutes les choses réelles, perçues par les sens ou par l’intelligence. S’il en était autrement «  Abraham n’aurait pas consenti à accomplir dans le doute, un acte d’une si haute gravité »( Guide des Egarés, III, 24 )

Enfin une dernière leçon que nous pouvons tirer du Sacrifice constitue le fondement même du Judaïsme il s’agit de célébrer la vie et fustiger la mort. La vie est sacrée et le fils d’Israël doit tout faire pour la préserver. D. n’aime pas la mort, il exige la téchouva  du transgresseur, et veut qu’il vive. La mort est le mal absolu. Pour vivre une vie pleine et riche, seul le temps vécu  lui donne un sens. Ce n’est pas la vie qui doit avoir un sens mais c’est le sens qui doit être vécu. C’est là le sens ultime du sacrifice d’Isaac.. 

                                                                                        HARBOUN Haïm

LA SIDRA DE LEKH LEKHA

 

LA SIDRA DE NOAH

Une simple lecture des premiers versets de notre  sidra    est significative de la dégradation morale de la société dans laquelle évoluait Noé. Les personnes de sa génération étaient particulièrement perverties. Pour sauver l’humanité Noé construit une arche capable de résister  au déluge qui n’allait par tarder à dévaster cette société inique. Dans son arche Noé fit rentrer tous les couples des espèces animales en plus de sa propre famille.

Un des messages que veut nous transmettre cette Sidra  a pour sujet la conduite de l’homme dans une société où sévit la perversion, l’injustice et l’immoralité.

La société recèle en elle  la  capacité  de pervertir l’homme si celui-ci n’a pas développé en lui les systèmes de   défense pour résister  aux sirènes  de la facilité et du plaisir.

Comment peut-on se prémunir contre les influences néfastes d’une société mauvaise ?  En principe il n’existe que deux voies possibles. La première consiste à  se retirer loin  de toute vie sociale. La seconde  consiste à conserver  son identité  et sa personnalité propre et laisser une petite ouverture pour voir de loin les méfaits de la société. C’est cette deuxième voie que choisit Noé. Il se retira dans une arche loin de toute vie sociale mais il  dota l’arche d’une petite lucarne à travers laquelle il scrutait ce monde dans  son engloutissement dans le néant.

La voie choisie par Noé n’est pas celle d’Abraham. Ce dernier, bien qu’entouré d’un monde hostile à l’unité divine, autrement dit idolâtre, ne baissa pas les bras, il lutta pour changer  la situation. C’est pourquoi il est qualifié de « Tsadiq bétokh haïr » -un juste au milieu de la ville – Noé, par contre est qualifié de «  Tsadiq bédorotav » - un juste par rapport à sa génération. Certes, il a sauvé l’humanité, mais au prix de l’anéantissement de la génération précédente. Ce n’est pas une mince affaire que d’être un tsadiq dans la ville. Car cette dernière offre des attraits auxquels on ne résiste pas toujours. Et pourtant il faut résister quand on est doté de la plus merveilleuse doctrine, notre Torah divine. La raison d’être des Mitsvoth consiste justement à donner à l’homme les armes pour pouvoir résister à l’appel d’une société perverse.     

 

LA SIDRA DE BERECHITH

L’homme à l’image de Dieu

« Dieu créa l’homme à son image ; c’est à l’image de D. qu’Il le créa »

L’idée de la filiation spirituelle soulignée par l’Eternel fut souvent mal interprétée. Les anthropomorphismes conduisaient certains qui les prenaient à la lettre à croire à la corporéité de D. Le grand défenseur du Judaïsme qui a lutté contre cette déviation de la Torah a été sans conteste Maïmonide. Celui-ci était convaincu que cette croyance risquait de fausser la pureté du Judaïsme. C’est pourquoi il n’a jamais manqué de souligner que la forme ne « applique jamais à D. «  loin de nous (une telle pensée ) » Quant à « tsélèm » ( image ), ce terme s’applique à la forme naturelle, à ce qui constitue la substance de la chose, par quoi elle devient ce qu’elle est, et qui forme sa réalité, en tant qu’être déterminé. Dans l’homme, ce quelque chose est ce dont vient la compréhension humaine, et c’est à cause de cette compréhension  intellectuelle qu’il a été dit de lui : « Il le créa à l’image de Dieu. »

    « Comme l’homme se distingue par quelque chose de très remarquable qu’il  a en lui et qui n’est  dans aucun des êtres au-dessous de la sphère de la lune, c’est à dire par la compréhension intellectuelle, pour laquelle on n’emploie ni sens, ni mains, ni bras, celle-ci a été comparée à la compréhension divine, qui ne se fait pas au moyen d’un instrument. Et c’est à cause de l’intellect divin qui se joint à l’homme ; qu’il a été dit de celui-ci qu’il était fait « à l’image de D. et à Sa ressemblance et cela ne veut nullement dire qu Dieu le très Haut soit un corps ayant une figure quelconque » (Guide des égarés T.I chap. I )

Les Anthropomorphismes bibliques

      Les anthropomorphismes  de la Biblique ont pour but de faire comprendre à l’homme l’existence de D. dans son propre langage, à sa façon, et c’est pourquoi nos Sages disent :

« La Torah a parlé le langage des hommes » ( Baba Métsia, 31 b. C’est aussi, nous dit Maïmonide, pour cette raison que l’homme attribue à Dieu une perfection telle qu’il la conçoit par rapport à lui-même (Guide, T, I chap.26 ) car il saisit difficilement la notion de la perfection absolue qu’il confond avec la perfectibilité.

Quant à Bahya ibn Paqûda, il distingue deux genres d’attributs : « ceux qui expriment une similitude ou une forme corporelle ( quand on parle du bras de Dieu) et ceux qui expriment les mouvements, ainsi que d’autres actes humains ( il s’assied, il descend, il entend, il s’attriste…. Nos Sages traduisent ces expressions en langage  philosophique. Au lieu de : « Dieu descendit parmi les enfants d’Israël ( Nb, 12,5) Il faut comprendre : « La gloire de Dieu se révéla aux enfants d’Israël «  usant d’un style qui convient à la majesté divine, ils rapportent tout à la gloire de Dieu et repoussent tout anthropomorphisme de manière à ce que rien de matériel ne soit attribué à Dieu »( Devoirs des cœurs, chap. 10)

 

Bahya Ibn Paqûda est d’avis que seul la nécessité de concevoir plus facilement l’abstrait pousse à employer par rapport à Dieu des termes anthropomorphiques comme s’il s’agissait d’un être créé.

 

Les livres saints traduisent ce concept en employant les mots les plus concrets, les plus familiers aux hommes. S’ils qualifiaient Dieu par des attributs qui lui conviennent, s’ils exprimaient en un langage spirituel les choses spirituelles, nous n’en comprendrions rien ni les mots, ni l’esprit. Il est impossible d’adorer un être que nous ne connaissons pas, de rendre un culte à ce qui est inconnu. Il est donc nécessaire  que les mots, et ce qu’ils traduisent  soient à la mesure de l’intelligence des hommes auquels ils s’adressent. Les réalités pénètrent d’abord dans les cœurs sous la forme matérielle qu’expriment les mots. Puis l’on doit s’appliquer à connaître la sagesse, à en découvrir le sens avec intelligence et subtilité, afin de savoir que ce ne sont là qu’expressions approximatives et figures de style. Mais la signification réelle est très subtile et élevée, vaste et profonde pour que nous puissions en concevoir toute la divine symbolique… Les anthropomorphismes ne nuisent pas à l’homme raisonnable parce qu’il en comprend le sens véritable. Ils sont utiles à l’homme simple ; ils enracinent en son cœur et en sa pensée le concept d’un créateur auquel il importe de se soumettre »(ibid)

Personnalité de Dieu, personnalité de l’homme

Toujours à propos de «  l’homme créé à l’image de dieu » le Professeur Gutmann observe dans son ouvrage «  Religion et Science » ( Jérusalem 1955, P. 265 ) que « l’image souligne le lien personnel qui peut exister entre deux « hommes. La personnalité de l’homme y est mise face de celle de Dieu. Il y a cependant une tendance – qui n’est pas celle de la Torah- à voir l’idéal religieux  dans la suppression de la personnalité. La personnalité de l’homme est d’après cette conception religieuse, une barrière entre lui et les choses… mais la religion éthique n’est pas de cet avis. Tant que l’homme garde sa personnalité, il est en contact avec Dieu. L’homme est un monde à part et ne doit pas être confondu avec la nature »

De là nous pouvons juger de la valeur absolue de l’homme en général, puisque tout homme fut créé à l’image de Dieu.

On  peut lire dans le Talmud (Sanhédrin, 84a ) « Si Dieu n’a formé qu’un seul homme lors de la Création, c’est pour nous enseigner que  quiconque attente à la vie d’un seul homme commet un acte aussi grave que s’il avait détruit le genre humain tout entier. D’autre part,  quiconque contribue au salut d’un seul homme a autant de mérite que s’il avait sauvé le genre humain »