ANNEE 5767

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LA SIDRA DE BERECHIT

LA SIDRA DE NOA’H

LA SIDRA DE LEKH LEKHA

La SIDRA DE VAYERA

La SIDRA HAYE SARAH

LA SIDRA DE TOLEDOTH 

LA SIDRA DE VAYETSE

LA SIDRA DE VAYICHLAH

LA SIDRA DE VAYECHEV

LA SIDRA DE MIKETS

LA SIDRA DE VAYIGACH

LA SIDRA DE VAYHI

LA SIDRA DE CHEMOTH

La SIDRA DE VAERA 

LA SIDRA DE BO

LA SIDRAH DE BECHALAH

LA SIDRA DE YITHRO

LA SIDRA DE MICHPATIM

LA SIDRA DE TEROUMA

LA SIDRA DE TETSAVE

La SIDRA DE KI TISSA

LA SIDRA DE VAYAK’HEL

LA SIDRA DE VAYIKRA

LA SIDRA DE CHEMINI   

LA SIDRA DE TAZRIA-METSORAA

LA SIDRA DE AHARE MOT-KEDOCHIM

LA  SIDRA DE EMOR 

LA SIDRA BEHAR-BEHOUKOTAÏ 

LA SIDRA DE BEHAALOTKHA

LA SIDRA DE CHELAH LEKHA

LA SIDRA DE QORAH

LA SIDRA DE HOUKATH

LA SIDRA DE BALAK

LA SIDRA DE PINHAS

LA SIDRA DE MATOT-MAS’E 

LA SIDRA DE DEVARIM

LA SIDRA DE VAETHANAN

LA SIDRA DE EQEV

LA SIDRA DE REE       

 

LA SIDRA KI TETSE

LA SIDRA DE KI TAVO

 

LA SIDRA DE BERECHIT

La création de l’homme constitue,  le sujet le plus mystérieux et le plus ardu de la doctrine juive. De ce fait, nos Sages se sont penchés sur ce chapitre et l’on abondamment commenté. Rabbi Néhémia (Aboth dé Rabbi Nathan,  chapitre, 31) écrit : «  D’où savons-nous qu’un seul homme équivaut à toute la création ? Il a été dit en effet : «  C’est le livre de l’histoire de l’homme »(Genèse 5,1) Autrement dit, ce livre de la Genèse qui parle de la création du monde est le livre de l’histoire de l’homme. Celui-ci est par conséquent le couronnement de la création. Il a été dit encore (Genèse1, 27) : «  A l’image se D. il l’a créé » Il a été dit davantage encore en ce qui concerne la création de l’homme : « Tu l’as fait de peu inférieur à ceux qui sont de condition divine » (Ps. 8,6)

Comment expliquer dans ce cas, que l’homme se comporte mal, aime la guerre, vole, tue, massacre, détériore la nature ? A ces interrogation, le Judaïsme répond : «  Que Dieu a créé l’homme avec un libre arbitre, mais pour le rendre responsable, et pouvoir juger sa conduite, Il a mis en lui des forces pulsionnelles, l’attirance pour le plaisir et l’attachement à tout ce qui matériel. En effet, l’homme a été crée de la terre, du matériau le plus bas possible. Ceci est la cause de sa tendance naturelle à dévier de la voie droite et à devenir mauvais.

Chaque être humain mène une guerre intérieure. Sous-tendue par sa composition ontologique à partir du spirituel et du matériel. Le premier nécessite l’effort, et la maîtrise de soi, le second dispose d’une force d’attraction considérable qui attire l’homme vers la satisfaction et le plaisir. Cette guerre est  implacable parce qu’elle n’est pas extérieur à l’homme. Elle l’habite en permanence. Il est,  en effet, infiniment plus aisé de tromper autrui  que soi même.  

A cet homme tiraillé par deux forces contraires, la Torah a donné la liberté de choisir sa voie. Il peut donc choisir le mal, la facilité, la haine, la course aux plaisirs. Mais il peut aussi opter pour la volonté, le respect d’autrui, la loyauté, l’honnêteté etc.  Certaines doctrines reconnaissent que l’homme est habité par le mal et le bien, mais ne lui reconnaisse pas la liberté, et la conscience de choisir en toute connaissance de cause. Pour ces doctrines, toute action humaine est déjà décidée à sa création. Il existe par conséquent une fatalité implacable qui poursuit l’homme subissant le sort qui lui a été destiné. La civilisation grecque, qui régit l’occident, est de cela. Le Judaïsme ne peut accepter cette conception de la vie. Pour lui, l’homme est libre, parce qu’il n’y a pas de responsabilité sans  liberté. Si l’homme est l’objet d’une destinée qui lui échappe,  comment peut-il être jugé ?

Deux images ont été avancées par le Judaïsme pour illustrer sa conception. La première image est celle qui compare l’homme à un arbre. Celui-ci a des racines dans la terre, mais ses branches se dressent vers le ciel. Il est en ai de même pour l’homme. Certes, il a été créé de la terre, il est bien ancré dans le matériel. Mais cela ne doit pas l’empêcher, à l’instar de l’arbre, de regarder vers le ciel.

La deuxième image, est celle de l’échelle du rêve de Jacob. La Torah dit ; «  L’échelle reposait sur la terre, et son sommet atteignait le ciel » D’où on a conclu que la seule aspiration de l’homme sur cette terre est de s’élever vers le spirituel.

Le moyen que préconise le judaïsme pour parvenir à un haut degré de spiritualité, est l’étude. En effet, l’étude de la Torah, dit le talmud (Sanhédrine 26b) réduite à néant la force des pulsions négatives ? Celles qui l’attirent vers le matériel, de la domination, de la richesse, du plaisir, et de l’oubli de soi. Le but final est de faire en sorte que le matériel soit soumis au spirituel et non l’inverse. La lumière de la Torah chasse l’obscurité l’ignorance. C’est dit le Midrach (Béréchith Rabba 8,1) « Si l’homme possède le mérite de l’étude de la Torah, on lui dit tu as précédé les Anges divins et de peu tu es inférieur à ceux qui sont de condition divine, et s’il n’a aucun mérite on lui dira un moustique est mieux que toi » C’est d’ailleurs ce que l’on peut lire dans l’Ecclésiaste (3,19) «  La supériorité de l’homme sur l’animal est nulle »

La Sidra de Béréchith constitue la quintessence de toute doctrine juive concernant le but de l’homme dans ce monde. Un homme peut faire de sa vie une succession de plaisirs et de satisfactions éphémères, mais sa vie passera comme une ombre sans laisser la moindre trace. Ce qui fixe le temps et donne la conscience de soi et de l’existence c’est la recherche de l’effort et la spiritualisation permanence de tout ce qui matériel.

 

LA SIDRA DE NOA’H

Pour la première fois, nous apprenons  par notre sidra, qu’une catastrophe de dimension planétaire se prépare  sur l’ordre de D.  La cause était  : « La méchanceté de l’homme était générale sur toute la terre et toute les pensées de son cœur n’était toujours que mauvaises » Nos Maîtres ont expliqué, en quoi consistait la perversion de tous les hommes et disent : «  La sentence n’est devenue définitive que lorsque le vol et le non-respect des biens d’autrui ont été constatés. » Il s’en est suivi une haine généralisée entre les hommes. Nous savons, en ce qui concerne les transgressions perpétrées par un homme envers son prochain, que  même le jour de kippour est inopérant pour le pardon, à moins que la victime ne  pardonne elle-même.

Comme la méchanceté et la corruption des hommes étaient devenues générales et incessante,  D. décida : « d’effacer de dessus la surface du sol, les hommes qu’Il a créés, depuis l’homme jusqu’à l’animal »  Seul Noé trouva faveur aux yeux de D.

La perversion des hommes et la rapine, étaient la cause, nous dit la Torah, de la destruction générale par le déluge. Mais au temps d’Abraham aussi, il y avait une perversion non moins importante que celle de la génération du déluge ? Pourquoi ce dernier n’a pas eu lieu également au temps d’Abraham ? La réponse à cette question, figure dans la Torah elle-même. En effet, nos Maîtres font une grande différence entre Abraham et Noé. (Béréchith Rabba, 30,11) A propos de Noé, la sidra dit : «  Noé marchait AVEC D. » et à propos d’Abraham le texte dit : «  Il marche DEVANT l’Eternel » De ces deux expressions, nos Maîtres ont conclu que Noé était un Tsadiq, il marchait dans la voie de D., autrement dit il appliquait strictement les instruction de D. Alors qu’Abraham « marchait devant » la pratique des instructions divines, allait au-delà de la stricte application.  Un juge peut appliquer à la lettre le code civil  et commettre de ce fait une grande injustice. Car la rigueur non temporisée par la conscience, et la dimension humaine, ne peut aboutir qu’à une société violente.

Nos Maîtres, analysant ces deux expressions, « marcher avec » et marcher devant »  ont  fait un véritable travail de psychologie et concluent leur analyse par l’existence de deux personnalités différentes. La première est dépendante et passive ; la deuxième dynamique et active. Ils sont arrivés à cette conclusion parce que Noé constatant, qu’autour de lui, la corruption, et la perversion, touchent toute la population, sa réaction est de se protéger en assurant sa pérennité et celle de tout ce qui vivait autour de lui. Il était certes, un tsadiq mais pour lui seul. Il ne rayonnait pas, et n’avait aucune influence  sur ses contemporains. Un vrai tsadiq, c’est celui qui dispose d’un pouvoir de persuasion capable de ramener les gens dans la bonne voie.

Par contre, Abraham il marche devant,  il prend des initiatives, il intervient parce que D. envisage de détruire la ville de Sodome et gomorrhe. Il ramène son entourage à l’obéissance de la morale, et de la bonne conduite. C’est un Tsadiq  actif, il se sent responsable de sa génération, il joue un rôle qui fait de lui un serviteur de D. C’est pourquoi, le texte dit que Noé était tsadiq dans sa génération. Autrement dit, dans une autre génération il serait un homme ordinaire. Donc son titre de tsadiq  est tout à fait relatif. Par contre Abraham n’était pas seulement tsadiq dans sa génération, mais dans toutes les générations. Nos maîtres ont comparé Noé à Un fût de vin entreposé dans une cave pleine de fûts de vinaigre, quiconque pénètre dans la cave est frappé par l’odeur du vin, mais si dans la cave il n’ y avait que des fûts de vin, l’odeur serait une chose normale. (Sanhédrine 108a)

La modernité de la Torah n’est plus à démontrer. La civilisation occidentale est rentrée dans l’espace de Noé. Les conséquences peuvent être la fin de la terre. A l’époque d’Abraham,  pour beaucoup moins, de ce nous voyons de nos yeux à notre époque, Sodome et Gomorrhe furent détruits. Le message de notre Sidra est clair. Si la corruption, la perversion,  l’exploitation à outrance des ressources de la terre continuent notre planète sera en danger de disparition.

 

LA SIDRA DE LEKH LEKHA

Pour la première fois, jaillit dans l’histoire de l’humanité, l’image éblouissante d’Abraham. Il a fallu attendre dix générations après Noé, pour qu’enfin un homme arrive, par sa stature et sa foi, à entendre la parole de l’Eternel. Au point que le midrach dit : «  Abraham est appelé ha’ivri  ( du verbe ‘avor= passer) et ce nom lui a été donné, parce que le monde entier est passé d’un côté et Abraham est passé de l’autre » Autrement dit Abraham est l’égal du monde entier. Nos Sages ne tarissent pas de magnifier le père du peuple d’Israël à travers des dizaines de textes. Qu’a-t-il fait pour mériter tant d’admiration, tant d’éloges, tant de bénédictions ?  S’identifier à Abraham, est le privilège rare des grands justes de ce monde. L’humanité doit à Abraham toutes les valeurs qui font sa grandeur et son honneur. Il a été le premier à proclamer l’unité de D. et à  abolir l’idolâtrie. Ces deux affirmations constituent le fondement de la morale, de l’éthique et de pratiquement toutes les valeurs d’une humanité juste, vivable, et heureuse.

Dès qu’Abraham apparut dans l’histoire, il bouleversa l’humanité par ses idées. Un tel homme ne pouvait pas être statique il se devait de parcourir l’espace connu, pour propager ses découvertes. C’est pourquoi il répond à l’appel de Dieu : «  Va pour toi de ton pays,  de ta patrie, et de la maison de tes parents » Il ne marque aucune hésitation,  n’éprouve  aucun doute, il quitte son pays fort de sa confiance en D. Et  dans tout endroit où il arrive, il propage l’unité de D. le sens de l’effort, la valeur de l’humain,  le respect de l’autre, la haine de la guerre, l’amour de la justice et l’horreur de l’idolâtrie.

Abraham notre patriarche a compris, qu’une génération ne peut pas vivre dans l’isolement. Chaque génération possède un passé et un futur et  doit tenir compte de l’apport de celle qui l’a précédé. Autrement dit, une génération n’est rien d’autre qu’un chaînon  dans l’immense chaîne de la vie de l’humanité.

Abraham n’a jamais douté un seul instant des promesses que l’Eternel lui a faites. D. lui dit « tu seras le père d’une grande nation, ta descendance sera comme la poussière de la terre, si quelqu’un peut compter les étoiles du ciel, il pourra alors compter ta descendance » Abraham croit ferme à toutes ces paroles, alors que  son épouse est stérile et que lui-même est déjà avancé en âge.

Abraham recherche constamment la continuité des générations et l’importance de la fidélité. Seule la pérennité  de son peuple le préoccupe. Isaac sera son successeur et suivra scrupuleusement la voie de son père.  Les leçons de cette sidra sont nombreuses, mais entre toutes, il convient de retenir la force de la foi et le sens de l’effort.    

 

La SIDRA DE VAYERA

 

Cette Sidra poursuit l’énumération des qualités d’Abraham, Notre Patriarche devenant de ce fait notre modèle à suivre.

 La première qualité mentionnée est l’accueil, le partage, et la générosité.

Abraham venait  de subir l’opération de la circoncision. Trois jours après cette lourde épreuve, le voici souffrant, mais néanmoins décidé à accueillir des gens de passage. C’était un jour caniculaire, où rares sont les personnes qui quittent leurs domiciles. Abraham, souffrant et épuisé par la chaleur d’un soleil brûlant, s’installe à la porte de sa tente, et attend patiemment les passants. Trois étrangers se présentent à l’horizon. Abraham se rend immédiatement  à leur rencontre et les invite à entrer dans sa tente.  Rachi qui rapporte les paroles du Midrach dit : « Il est clair que ces trois passants étaient des arabes qui se prosternent jusqu’à la poussière de leurs pieds. » ; Et malgré tout, il se précipite pour aller à leur rencontre. Le Midrach ajoute : « Quand l’Eternel a constaté  que personne ne sortait à cause de la chaleur intense, il a sorti le soleil de son enveloppe pour qu’il chauffe encore plus afin qu’Abraham ne soit pas dérangé par des invités ;  et pour le mettre à l’épreuve il lui a envoyé trois anges sous l’aspect de trois personnes.

Parmi les missions assignées à ces anges, il y avait une qui consistait à élever Abraham au stade de la sainteté. Ceci est corroboré par la sémantique du texte. Au début il est écrit   : « Et voici trois personnes nitsavim alav » ce qui signifie dressés devant lui. Autrement dit, ces personnes étaient d’une noblesse plus grande que la sienne. Mais quand Abraham a entamé les préparatifs de la réception, et tout ce que nécessite la mitsva de l’accueil des hôtes le texte écrit : « Il vit et courut à leur rencontre » Nos Sages expliquent  ce verset en disant ; «  Abraham par son comportement s’est mis à l’égalité de ces trois personnes (anges). Puis Abraham prépara le festin et c’est lui en personne qui les sert, alors il dépassa en sainteté ces trois hôtes. En effet le texte dit : Véhou ‘omèd ‘aléhèm que nos Sages  traduisent par : « Il était supérieur à eux. »

Abraham dans la conscience collective personnifie l’accueil des étrangers. Le midrach dit que la tente d’Abraham avait quatre ouvertures qui faisaient face aux quatre points cardinaux. Ainsi il  avait la possibilité de voir de tous les côtés.  On se demande pourquoi cette qualité est –elle attribuée à Abraham seul. Mais son neveu Lot  pratiquait aussi l’accueil des étrangers ? (Genèse 19,1) Quelle Différence y a-t-il entre la mitsva pratiquée par Abraham et la mitsva pratiquée par Lot ? Abraham  considérait les hôtes comme des étrangers, c’est pourquoi Rachi dit qu’ils étaient des arabes et malgré tout le texte précise « Il courut à leur rencontre » Mais à propos de Lot le texte dit Vayavoou hamalakhim sédoma ce qui signifie « deux anges sont venus à Sodome. » Il va de soi qu’il existe une différence quand on reçoit des anges ou même un grand personnage que si on accueille des sans domicile. Abraham n’a pas cherché à connaître ni  la situation sociale ni l’origine des personnes accueillies. La générosité pour Abraham soit être de rigueur quelle que soit la situation matérielle ou la position sociale des individus.

 

La deuxième qualité mise en exergue dans notre Sidra est l’empathie  et le sens de la justice. En apprenant que l’Eternel envisage de détruire Sodome et Gommohre  il ne reste pas insensible à ce qui lui parait comme  une injustice. Il intervient et cherche à connaître les motifs de cette décision. Mais lorsqu’il se rend à l’évidence que ces deux villes méritent leur sort il essaye encore de sauver une famille qui ne méritait pas la mort.

 

La troisième qualité est l’amour sans condition  d’Abraham pour l’Eternel ; au point qu’il était prêt à sacrifier son fils pour prouver cet amour. Abraham a mis D. au centre de toute la Création. Tout émane de lui, et tous les regards doivent converger vers ce centre. Il est l’Absolu de toute chose et l’homme dans ce monde doit tendre, dans ces actions, à imiter D.

La Tradition juive vénère deux montagnes : le Mont Moria et le Mont Sinaï. Le Temple n’a pas été construit sur le Mont Sinaï sur lequel la Torah fut promulguée ; mais sur le Mont Moria sur lequel Abraham  voulait sacrifier son fils pour prouver son amour pour D. De là, nous devons tirer la leçon, que toute personne qui sanctifie le Nom Divin est supérieure aux autres.

        

La Sidra HAYE SARAH

Notre Sidra comporte deux sujets principaux  a) L’acquisition par Abraham de la Concession pour inhumer Sarah. B) La recherche d’une femme pour  Isaac.

 

Les générations se succèdent. On remarquera que cette Sidra qui constate à son début que Sarah « décéda à Kiryath Arba’ » s’achève sur les mots «  Isaac conduisit Rébecca dans la tente de Sarah, sa mère ; il prit Rébecca, qui devint sa femme, et il l’aima. Et Isaac fut consolé après avoir perdu sa mère » Après le deuil, la vie reprend son cours, un nouveau foyer est fondé.

 

La section précédente nous avait montré les filles de Loth s’allier avec les gens de Sodome. Abraham, lui, adjure son fidèle serviteur «  de ne pas prendre pour son fils une femme parmi les filles des Cananéens au milieu desquels il habite »

 

Les commentateurs s’étonnent à juste titre de cet ordre Abrabanel, qui excelle à exposer clairement, au début de chaque chapitre, les difficultés qu’ils contiennent, s’exprime en ces termes :  Pourquoi Abraham ne voulait-il pas que son fils prenne une fille du pays de Canaan ? Serait-ce parce que les Cananéens étaient idolâtres ? Il savait pourtant que les Mésopotamiens l’étaient aussi… Bien plus : il recherche une parente de Béthouèl et de Nahor dont nous savons qu’ils étaient aussi pervers que les habitants de Canaan et il dit qu’il ne  veut pas des filles des « Cananéens au milieu desquels il habite » Or, d’après le Midrach, il s’agirait D’Anèr, d’Echkol et de Mamré, hommes vertueux qui accompagnaient le patriarche et avaient conclu avec lui une alliance ! Pourquoi cette exclusive ? »

A cette question de taille  certains répondent  que, en épousant des filles de Canaan, Israël ne peut plus tard faire la guerre à ses habitants et revendiquer leur territoire.  Cet argument avance des préoccupations d’opportunisme politique, ne peut être pris en considération, étant donné l’époque dont il est question. Il nous semble qu’Abraham ne voulait pas  s’allier aux Cananéens parce qu’ils s’adonnaient aux pires²abominations, ainsi que nous lisons dans la Section Aharé-Moth  (Lévitique  XVIII, 27) où, après avoir énuméré les liaisons incestueuses interdites, la Torah dit : «  car ce sont là toutes les abominations qu’ont commises les hommes du pays qui étaient avant vous, et le pays en a été  souillé… » Rien de tel ne nous a été transmis au sujet des populations de Mésopotamie.   

On propose une autre raison encore : En épousant une fille du pays, Isaac et ses enfants seraient entrés « dans la société » de Canaan. Ils se seraient assimilés. En prenant une étrangère, sa famille restait isolée et pouvait ainsi plus facilement continuer la tradition d’Abraham.

En ce qui concerne la façon dont Eliézère s’est pris pour  découvrir l’élue appelée à devenir la mère d’Israël, nos Sages se demandent s’il a eu recours ou non à des pratiques divinatoires que le Judaïsme réprouve. Le serviteur d’Abraham, en effet arrivé près du puits, dit : Que la jeune fille à laquelle je dirai : Penche ta cruche s’il te plait, pour que je boive, et qui répondra : bois et je donnerai aussi à boire à tes chameaux, soit celle qui est destinée à Isaac »

Pour le choix de la future femme d’Isaac, Eliézèr s’est fixé pour objectif de choisir une femme qui présente la qualité de «Hessèd » ( la bonté, la bienveillance, la générosité.)  Il n’ y avait donc aucun recours à des pratiques divinatoires.

LA SIDRA DE TOLEDOTH 

Après avoir appris que son frère Jacob avait reçu la bénédiction due à l’aîné, Esaü « poussa un cri fort et amer » (XXVII, 34)

Nos Maîtres ont l’habitude d’utiliser les analogies linguistiques qu’ils découvrent dans deux passages apparemment étrangers l’un à l’autre, pour mieux faire ressortir certains imperceptibles rapports.  Le cri d’Esaü trouve son écho dans le livre d’Esther  (IV, I ) Lorsque Mardochée apprend que Haman et Assuérus viennent de signer un accord stipulant le massacre de tous les Juifs de l’Empire : « Il s’enveloppa de silice se couvrit de cendre et alla au milieu de la ville et poussa un cri fort et amer »

Le Midrach Béréchith Rabba (67) s’explique ainsi au sujet de cette similitude d’expression.

« Celui qui prétend que le Saint Béni-soit-Il renonce à sanctionner les fautes devra renoncer à la vie (Rachi : Parce qu’il incite au péché. En réalité, l’Eternel est patient mais Il finit toujours par prélever son dû. Jacob a causé à Esaü un cri de souffrance ainsi qu’il est écrit : Il poussa un cri fort et amer. Quant cette faute a-t-elle été sanctionnée ? A Suze, ainsi qu’il est écrit : il poussa un cri fort et amer.

 Nous apprenons de ce midrach que l’Eternel étant hors du temps, n’inflige pas  immédiatement la punition. Mais toute faute commise subsiste dans l’espace et dans le temps et tôt ou tard arrive le moment de l’échéance.

Rachi revient sur le même sujet à propos d’un passage des Psaumes (LXXX, 6) : «  Tu les nourris d’un pain de larmes, tu les abreuves de triples larmes » Cette dernière expression  (démaoth chalich)  signifie « larmes abondantes », mais Rachi, se basant sur une source antérieure que nous ne connaissons pas, la relie aux «  trois larmes » versées par Esaü : « Il poussa un cri : première larme, fort : deuxième larme, et amer : troisième larme.

 

Ceci pour nous apprendre que celui qui compte toutes les larmes que versent les hommes compte aussi celles  d’Esaü-le-pervers. Il les conserve ainsi précieusement que les autres et leur fera justice. »

 Nous voyons pourtant qu’Esaü, après s’être remis de son émotion, s’apprête à prendre une sanglante revanche sur son frère.

XXVII, 41 : «  Esaü conçut de la haine contre Jacob à cause de la bénédiction dont son père l’avait béni ; et Esaü disait en son cœur : les jours de deuil de mon père vont approcher, et je tuerai Jacob, mon frère »

Ces paroles, qu'Esaü a prononcées dans son cœur nécessitent une explication. Pourquoi a-t-il remis à plus tard l’exécution de sa vengeance ? Comment se fait-il que cet homme violent ait refoulé la soif de meurtre qui l’animait ?

 Le Midrach Rabba dit à ce propos (Vayiqra, 24)

Rabbi Lévi dit : «  Malheur aux méchants qui ourdissent des machinations contre Israël et dont chacun d’eux dit : Ma machination  est meilleure que la tienne. Esaü avait dit «  Caïn était fou : il a tué son frère du vivant de son père. Il ne savait pas que son père pouvait engendrer d’autres enfants encore ! Je n’agirai pas comme lui, je ne tuerai mon frère Jacob qu’après la mort de mon père. »

Pharaon avait dit : «  Esaü était fou : il a attendu la mort de son père. Il ne savait pas que son frère pouvait avoir des enfants du vivant de son père ! Je n’agirai pas comme lui, je tuerai les enfants des Hébreux des leur naissance, ainsi qu’il écrit « Tous les fils qui naîtront vous les jetterez dans le fleuve »

Ce Midrach nous enseigne une constante dans l’histoire juive. Esaü n’est pas un cas isolé. A travers l’histoire du peuple juif, se sont dressés de nombreux persécuteurs qui voulaient mettre fin à l’existence de ce peuple. Mais leur dessein a toujours échoué Bien qu’à chaque époque Israël paye un tribut très lourd à la haine des nations à son égard.

 

LA SIDRA DE VAYETSE

Jacob quitte Béer Chéva, pour se rendre à Haran sur les recommandations de ses parents. Tout en marchant, il constate que la nuit tombe et décide de dormir dans un lieu, où la Providence était présente. Jacob fit un rêve : « Et voici une échelle posée sur le sol et son  sommet arrive au ciel, et voici des anges de D. montant et descendant sur elle.  Et voici que l’Eternel se dresse sur son sommet et lui dit : «  La terre sur laquelle tu dors à toi je la donnerai et à ta descendance. Et voici je suis avec toi je te protégerai là où tu iras et je te ramènerai sur cette terre. »

Le midrach et le Zohar voient dans ce texte un véritable contrat entre l’Eternel et Israël. Ce dernier est personnifié par Jacob.

Ce contrat comporte plusieurs articles :

a-    «  Je suis avec toi »  C’est le premier commandement : Je suis l’Eternel ton Dieu. Dans les deux cas la Torah utilise le mot Anokhi. Ce contrat entre l’Eternel et Israël garantit la pérennité de ce dernier.

b-    « Je te protégerai là où tu iras » Pour la Tradition, cet article fait allusion à l’exil d’Israël. Celui-ci dans ses nombreux exils a failli disparaître. Son existence a toujours constituée une énigme de l’histoire. Un peule dispersé aux quatre coins du monde, sans langue commune, sans terre, sans unité, réunissait toutes les conditions pour disparaître. Mais grâce à l’alliance contractée avec l’Eternel, et le premier article du contrat, il a survécu en propageant le message divin. C’est ce qu’explique  le troisième article.

c-     « Je te ramènerai sur cette terre. » Cet article a vu son application une première fois en -536, quand Israël  quitta la Babylonie sur l’édit de Cyrus le grand, pour retourner dans son pays ancestral. Il s’est réalisé en 1948, après deux mille ans d’exil. L’Etat d’Israël a été de nouveau créé.

 

Cette Sidra nous donne aussi une leçon pour les générations à venir : En toutes circonstances le Juif doit avoir présent à l’Esprit la présence de la Providence qui  guide et protège  Israël. Celui-ci ne doit jamais sombrer dans le désespoir à partir du moment où il a foi en ce contrat entre Israël et son D. Ce contrat est résumé dans un verset des psaumes : chiviti Adochèm lénégdi tamid  «  Je  fixe l’Eternel constamment, en face de moi »

Tout ce qui arrive à  Jacob arrive à Israël. Jacob après un exil de vingt ans est retourné  dans son pays conformément à la promesse de l’Eternel. Israël,  après un exil de deux mille ans, est lui aussi retourné dans son pays, conformément à ce que dit la Torah : «  Je me souviendrai de l’alliance…avec Jacob, je me souviendrai de ce pays » ( Lév. 26,42) Le Midrach ajoute : «  Tout le temps que le Saint-béni-soit-Il rappelle les ancêtres Il n’oublie pas de mentionner le pays d’Israël avec eux. » (Lév. Rabba, 36,4)

 Puisque Jacob bénéficie de la promesse de D. d’être à l’abri de la disparition, comment comprendre la réaction de Jacob  disant : «  Si D. est à avec moi,  me protège sur ma route,  me donne du pain à manger et de quoi m’habiller, et que je retourne en paix dans la maison paternelle. Alors l’Eternel sera mon D. »  Nos Sages expliquent qu’il ne s’agit pas ici de condition posée par Jacob pour croire. Bien au contraire, Jacob ne demande ni la richesse ni la gloire, mais se contente de peu : Du pain et un habit. Il ne réclame pas plus, cela lui suffit pour confier sa destinée entre les mains de l’Eternel.  

 

LA SIDRA DE VAYICHLAH

Notre Sidra cette semaine nous livre avec force détails la rencontre de Jacob avec Esaü. Jacob, connaissant la violence structurelle de son frère, lui envoie des messagers pour calmer sa colère et lui prouver que les clauses de la bénédiction paternelle -source de la haine d’Esaü – ne se sont pas réalisées. La colère d’Esaü ne se justifiait plus.

Cependant, tous les arguments fournis aux messagers, n’ont eu aucun résultat positif, à juger par le compte rendu que ces mêmes messagers ont fait à Jacob : Nous sommes arrivés chez ton frère chez Esaü, et il marche à ta rencontre avec quatre cent personnes. Autrement dit, ton frère Esaü est resté le même. Ce même Esaü à propos duquel la Torah dit : Les mains sont celles d’Esaü  il y a donc intérêt à être prudent.

Jacob, l’homme intègre, étudiant constant, se prépare à rencontrer son frère en prenant trois précautions. Il prépare des cadeaux, il se consacre à la prière et il se prépare à faire la guerre.

 

La rencontre d’Esaü et de Jacob est la même rencontre de la civilisation juive avec la civilisation occidentale. Notre Paracha  nous livre à travers cette Sidra la confrontation permanente entre ces deux civilisations. La civilisation gréco-romaine,  représentée ici par Esaü, prône constamment la force. Esaü arrive avec quatre cent guerriers, ainsi il dira à son père que ce n’est pas lui qui a tué Jacob mais ses soldats emportés par leurs soif de tuer.

 La civilisation gréco-romaine donne toujours la priorité à la guerre. C’est elle qui a été à l’origine de la destruction d’Israël et de l’exil de deux mille ans. Elle était persuadée que l’éradication d’Israël apporterait au monde la paix et la tranquillité. Elle a seulement oublié que le peuple juif a un contrat avec l’Eternel qui lui assure l’éternité. Comme nous l’avons relevé dans la Sidra précédente. En effet Hachem dit à Jacob : Je te protégerai là où tu iras. Ce qui revient à dire que  là, où les Juifs se trouvent la Providence est avec eux, même dans l’exil. Mais nous avons la promesse, qui s’est d’ailleurs réalisée, à savoir : D. dit à Jacob je te ramènerai sur cette terre.

La civilisation gréco-romaine poursuit la richesse, la domination, le pouvoir, la compétition, etc. A cela Jacob dit : J’ai acquis un taureau et un âne après 20 ans d’asservissement auprès de Laban son beau père. Autrement dit, la richesse n’était pas son but.

Tout ce qui arrive à Jacob, annonce le déroulement de l’Histoire d’Israël. Celle-ci est véritablement le plus grand mystère de l’humanité. Dispersé dans les quatre coins du monde, dépourvu de toute unité, de sa terre, de sa langue de sa Tradition, Israël remplissait toutes les conditions pour disparaître. Pourtant, Israël est toujours vivant. Notre Sidra nous en donne l’explication, Jacob dit : Avec Laban j’ai habité Le terme «  habité » se dit garti mais ce mot forme aussi le mot tariag qui a comme valeur numérique 613, c'est-à-dire le nombre des mitsvoth de la Torah. Rachi explique le verset ainsi : J’ai habité avec Laban et pourtant j’ai observé les six cent mitsvoth. Autrement dit : Israël a été dispersé  dans un environnement hostile et malgré tout il a refusé toute assimilation en continuant à observer les mitsvoth. C’est là le secret de sa pérennité. Il n’y a en fait aucun mystère. La Torah a été le bouclier contre la disparition de peuple juif.       

 

LA SIDRA DE VAYECHEV

Les Patriarches et leur héritage

Le nom de Jacob est intimement lié à celui de Joseph contrairement aux autres enfants. En effet la Torah précise : « Voici l’histoire de la descendance de Jacob : Joseph, âgé de dix-sept ans  » On a le sentiment que toute l’histoire de Jacob se résume en Joseph. C’est donc, pour souligner le rôle particulier qui incombera à Joseph dans la mission patriarcale.

En expliquant pourquoi la généalogie de Jacob succède immédiatement à celle d’Esaü, le Midrach dit entre autre : «  D. rassura le patriarche effrayé par toute cette liste des princes édomites s’étalant sur un chapitre entier ( Gen.XXXVI) et lui promit qu’une seule étincelle à lui et une autre à son fils Joseph suffiront pour détruire toute cette grandeur illusoire. Comme il est écrit (Obadia I) : « La maison de Jacob sera un brin de chaume : ils le brûleront, ils le dévoreront, et rien ne survivra de la maison d’Esaü- L’Eternel l’a dit »(Tanhouma B.R)

Le sort de Jacob se trouve dès le début associé à Joseph : Jacob a travaillé sept ans supplémentaires chez Laban pour avoir Rachel pour épouse qui lui donnera  le fils bien aimé qui l’attendait. L’un et l’autre furent voués à la haine des frères envieux qui les a obligés à s’expatrier. (Midrach Rabba ) Et le Zohar ajoute : « C’est après que Joseph s’unit à Jacob que sa race commença à porter des fruits ; le soleil était uni à la lune. C’est pourquoi la Torah dit : « Voici l’histoire de la descendance de Jacob : Joseph, etc. » Parce que tous les fruits qu’avait  porté cet arbre étaient dus à l’union de Jacob avec Joseph. Le fleuve céleste dont les eaux ne tarissent jamais, charrie les âmes, en ce bas monde. Mais le soleil seul ne suffit pas pour faire porter des fruits à la terre ; Il faut encore l’intervention du degré appelé le « juste. » Le soleil, même approché de la lune, ne saurait porter des fruits. Aussi fallait-il que Joseph, qui est du degré appelé « Juste » s’unit à Jacob pour que sa race porta^t des fruits »( Zohar Vayéchèv.)

Le qualificatif de « Juste » porté par Joseph a été mérité à la suite de sa résistance à la tentation, au prix de sa liberté. Par cet acte de haute portée, il contribua au maintient de l’héritage patriarcal et au salut du monde.

«  Ceux qui ne conservent pas dans toute sa pureté le signe sacré de l’Alliance font en quelque sorte une séparation entre Israël et Hachem … Quiconque souille le signe sacré de l’Alliance est aussi coupable que s’il adorait les dieux étrangers Rabbi Siméon dit : «  Joseph était appelé « Juste » avant la tentation ; il n’a mérité ce nom qu’après avoir résisté à la tentation… C’est pour cette raison que Joseph est appelé «  source d’eau vivante » (Zohar Vayéchèv)

HANOUCAH ET MIKETS

 En l’an 165 avant notre ère fut instituée la fête de Hanoucah. Ce nom signifie : Inauguration ; il s’applique à l’inauguration du nouvel autel érigé par Judah Macchabée, après la libération du Temple et l’enlèvement de l’ancien autel souillé par le culte idolâtre des Grecs.

 Voici en résumé les événements

 Depuis le retour de la captivité de Babylone, la Judée était un état  vassal. Dépendant d’abord des Perses, elle tomba à la suite des conquêtes d’Alexandre le Grand sous la tutelle des Grecs ; elle était ainsi devenue une province du royaume syrien d’Antiochus Epiphane.

Ce roi crut hâter l’unification de son royaume, comme plus tard Charles-Quint et Louis XIV par le bannissement des hérétiques et infidèles, en forçant les Juifs à renoncer à leur foi et à leurs coutumes. Certains grands-prêtres se  faisaient m^me complices de cette capitulation juive. Mais il se trouva une poignée de Juifs dévoués jusqu’au martyre, qu’avait enflammé le zèle d’un vieux prêtre, Mathatias ; et sous la conduite de l’un de ses fils, Judah, ils réussirent après maints combats héroïques à pénétrer dans le Temple, qui était tombé au pouvoir des syriens à renverser l’autel de Jupiter Olympien et à mettre à la place un autel nouveau. Ils l’inaugurèrent en rallumant le candélabre sacré, et instituèrent, pour le jour anniversaire de cet événement, le 25 Kislèv, une fête annuelle de l’inauguration de l’autel.

Comme cette institution est tardive, elle n’a pas la même rigueur que les fêtes mentionnées dans la Bible : elle fait partie avec pourim, des fêtes post-mosaïques, où le travail est permis.

Cette fête est célébrée par l’allumage de lumières, pendant huit jours, à raison du nombre des jours, c’est-à-dire qu’on en allume une, le premier soir ; deux le deuxième soir, etc… Jusqu’à huit.

Dans la prière des dix-Huit Bénédictions, l’on intercale dans la partie appelée : Môdim (soit l’avant-dernière bénédiction), un passage rappelant le sujet de cette fête, Al Hanissim.

 

L’histoire de ces événements n’a pas été enregistrée dans la Bible, et les Livres des Macchabées ( dont les deux premiers sont historiques) font partie du recueil des apocryphes.

La liturgie juive célèbre cette fête par de petites poésies dont une est devenue populaire  sous le nom de Maoz tsour.

 

La sidra de Mikets coincide toujours avec la fête de Hanoucah. Il faut remarquer que rien n’est dû au hasard dans la Tradition juive.  Chaque événement s’est toujours produit à la date fixée dans le projet divin.

Tout ce qui arrive dans la vie à l’être humain et tout particulièrement dans le destin du peuple juif est conforme au plan divin dont nous saisissons qu’en partie le dessein. Ainsi, et avec le recul du temps, nous comprenons mieux la signification de cette coïncidence qui veut que Hanoucah se place dans notre calendrier à la date où dans la Torah nous lisons l’histoire des rêves de Pharaon et l’ascension extraordinaire de Joseph dans la hiérarchie égyptienne.

Nous apprenons en effet dans notre Sidra que Pharaon était considéré comme un dieu par son peuple mais doit s’avouer battu devant les rêves pour lesquels ni lui –qui incarne la divinité- ni aucun de ses mages ne pouvaient trouver une solution acceptable.

Il a donc fallu retirer Joseph  de son inaction, et dans la ferme attitude de celui-ci devant toute²  la cour, se présentant courageusement devant Pharaon, au nom de l’Eternel et surtout inspiré par Lui, donne et ordonne la solution juste  aux rêves et la façon de survivre à la famine pour préserver l’avenir du pays.

C’est dire que l’on constate dans l’attitude de Joseph, l’opposition ouverte à l’idolâtrie, d’où l’acceptation par Pharaon de la vérité, c’est à dire que la justice se trouvait du côté de Joseph  grâce à don D.

Quoi de plus naturel alors, que Hanoucah soit la victoire de la lumière de D.  Cette lumière qui inspira Mathatias  et Joseph et tant d’autres qui ont contribué à la pérennisation du peuple juif.

 

LA SIDRA VAYIGACH  

A l’embarras des frères de Joseph pressés d’annoncer la bonne nouvelle à leur père Jacob, répond l’émotion de celui-ci. La Torah emploie une expression remarquable pour exprimer l’émotion d’un vieux père.

« …Ils dirent …Joseph vit encore… et il règne en Egypte… son cœur lui manqua car il ne le croyait point » (Genèse XLV, 26)

Maïmonide  explique l’éclipse de l’esprit prophétique de Jacob qui ignorait la survie miraculeuse de son fils préféré en ces termes : «  La douleur sans mesure dans laquelle son deuil l’avait plongé obscurcissait ses sens, son don prophétique. .. La prophétie n’est concevable que dans la sérénité et la joie, ce que déjà un texte talmudique avait avancé (Chabbath 30b)

 

Comment expliquer le silence de Joseph pendant ces longues années de séjour en terre étrangère, loin de son père qui l’aimait beaucoup ? Comment Joseph peut-il garder le silence et causer tant de souffrance à son père ?

Pour la Tradition rabbinique, il demeura Joseph le juste qui sut résister aux séductions étrangères et aux  passions de son cœur. Mais  l’explication de sa  conduite ne répond qu’imparfaitement à cette interrogation. Pour le Midrach il fallait que  projet divin s’accomplisse. Joseph devait avoir ka preuve de l’apaisement des passions et des haines à son égard  et entre ses frères.

La réaction de Jacob, après que ses fils lui annoncent que Joseph est toujours en vie, est empreinte de doute. Il avait l’air de dire : «  Mais s’il vit comment expliquer son silence depuis tant d’années ? » Il ne croit finalement à la bonne nouvelle que lorsqu’il en voit des preuves tangibles.

« …Alors il lui répétèrent toutes les paroles que Joseph leur avait adressées et il vit les voitures que Joseph avait envoyées pour l’emmener et la vie revint au cœur de Jacob leur père » ( Genèse XLV, 27 )

 

Rachi, dit à propos de ces voitures : «  Elles sont un signe, Ces voitures font allusions à la vêle qui n’a pas porté de joug, et dont il faut briser la nuque à la suite d’un meurtre demeuré impuni (Deut. XXI) Le sens général du commandement de vêle à la nuque brisée Egla  aroufa est de faire reposer une responsabilité collective sur la communauté qui, par négligence, égoïsme ou négligence criminelle a permis la perte d’une vie humaine à ses portes. Quel pouvait être le signe que Joseph envoyait à son vieux père accablé de chagrin ? En effet, Joseph par ce signe donnait une explication à son long et inexplicable silence. Il voulait lui dire qu’il s’agit d’une négligence de sa part, que  son père ne portait aucune responsabilité dans toute son histoire personnelle, car il y a des  actions  qui dans un début n’ont aucune explication logique mais qui par la suite deviennent compréhensibles. S’il avait communiqué  avec son père plutôt il serait probablement retourné au pays de Canaan et de fait ils seraient tous morts de faim. Il fallait qu’il reste en Egypte pour sauver des milliers d’êtres humains de la famine. Reconnaissant sa négligence il envoie à son père une Egla Aroufa en expiation de sa négligence dans le respect dû à son père ?

Joseph voulait aussi dire par ce signe qu’il vaut mieux ne pas rechercher de responsabilité pour le passé et qu’il faut résolument s’engager dans la voie qui fera de la famille de Jacob la nation d’Israël. 

LA SIDRA DE VAYEHI

 Notre Sidra suit la précédente sans le moindre interligne. On dit d’une telle Sidra qu’elle est «  fermée » sétouma. C’est dit Rachi, qu’à partir de la mort de notre père Jacob « les yeux et le cœur d’Israël  se « fermèrent » devant la souffrance de l’esclavage d’Egypte »

Comment Rachi a-t-il pu avancer une telle affirmation, alors que le Midrach sur Exode 1,6 : «  Joseph et tous ses frères moururent » dit, le contraire : «  Tant que l’une des personnes qui étaient descendues en Egypte avec Jacob était encore en vie, les Egyptiens n’asservirent pas Israël » ?

 

Les souffrances de l’esclavage ne s’abattirent pas d’un instant à l’autre sur nos ancêtres. Longtemps avant que l’esclavage ne se réalise dans les faits, les yeux de nos ancêtres –symbole de clairvoyance, d’objectivité- pouvaient prévoir  qu’un jour viendrait où l’esclavage les accablera : Si un peuple minoritaire étranger,  aux usages particuliers, aux noms bizarres, à la langue barbare, s’installe confortablement dans un pays, qui n’est pas son pays d’origine, les habitants de ce pays seront amenés, tôt ou tard, sous une forme ou sous une autre, à  limiter les droits à ce peuple étranger, donc l’asservir.

Bien avant que les Egyptiens en fussent venus à considérer les Hébreux comme des esclaves, le cœur de ces derniers, leur sensibilité leur apprenait qu’ils étaient différents des Egyptiens ; ils souffrirent individuellement de complexes divers, suivant le degré de sensibilité de chaque individu.

Tant que Jacob vécut, les Hébreux  avaient les yeux et le cœur ouverts ; ils gardèrent leur identité propre, mais restaient vigilants à l’égard des Egyptiens. Quand  Jacob mourut, dit Rachi «  Les yeux et le cœur d’Israël se « fermèrent » : Ils se croyaient définitivement chez eux en Egypte, bien qu’ils voulaient, par foi et par fidélité, garder leurs  noms, leur langue, leur mode de vie. La vigilance baissa et l’esclavage devenait inéluctable. Il se réalisa dans les faits après la mort du dernier des fils de Jacob.

Nos Sages nous enseignent que nous devons tirer exemple de la vie et des œuvres de nos patriarches : « Ayons les yeux et le cœur ouverts » ne nous laissons pas bercer par la douceur momentanée de la vie en Galouth : gardons notre identité, mais restons vigilants. »

LA SIDRA DE CHEMOTH

Cette Sidra à elle seule, a donné son nom au deuxième livre de la Torah. Pour la première fois nous faisons connaissance avec le personnage qui marquera d’une empreinte indélébile, toute l’histoire du peuple d’Israël. A propos de Moïse,  le Midrach dit : (Chir hachirim Rabba 1, 64) «  Il est l’équivalent de soixante myriades d’Israël » Autant dire qu’à partir de cette Sidra, toute l’histoire d’Israël aura Moïse pour toute son orientation future. Sa naissance elle-même fait l’objet de nombreux commentaires. Nous nous contenterons d’une seule remarque : Pourquoi sa sœur, dit le Midrach, s’est tenue à l’écart quand elle l’a déposé sur le fleuve ? Rav répond : «  Parce que Myriam a vu dans une prophétie que son frère était appelé à devenir le guide d’Israël et son libérateur. Quand Moïse est né, toute la maison  fut inondée de lumière. Son père Amram, appela Myriam,  l’embrassa sur le front et lui dit : « Ma fille, ta prophétie s’est réalisée. Mais quand on l’abandonna dans une corbeille fluttant sur l’eau, Myriam ne voulait pas croire un seul instant que sa prophétie n’avait aucune suite, c’est pourquoi, elle se teint de loin pour voir ce que son frère allait advenir »

Deux sujets dominent cette Sidra : le premier est celui de l’Exil et le second, l’influence de l’environnement.

Pour la première fois, Israël est en exil en Egypte. La vision du buisson ardent est le symbole de cet exil. En effet, le buisson comporte les mêmes caractéristiques que l’exil. Les épines d’un buisson sont dirigées vers l’intérieur. Il est aisé d’y introduite sa main  sans en subir le moindre dommage, mais quand on veut sortir la main du buisson,  les épines la blesse jusqu’au sang. Il en est de même pour l’exil. Il est très facile de vivre hors d’Israël. Les bénéfices matériels sont nombreux et la vie parait plus agréable  dans l’aisance et la facilité. Mais comme en Egypte, « un roi se lève qui ne connaît pas Joseph ». Alors les souffrances commencent, la haine se déchaîne contre Israël lequel est contraint de quitter le pays en y laissant tous ses biens. Les peuples reconnaissent rarement la contribution juive à la richesse de leur pays. Le scénario du buisson  est devenu une constate de l’histoire juive.

Cependant, le texte de la Torah nous dit : «  Le buisson était en flammes mais ne se consumait pas. Ce qui est le symbole de la pérennité de peuple juive. Chaque fois les nations sont convaincues que ce peuple disparaîtra, mais l’histoire leur apporte toujours un démenti.

Le deuxième thème de cette sidra est l’influence de l’environnement. En effet le texte précise chaque fois que Joseph était en Egypte. Or cette précision n’est pas nécessaire. La présence de Joseph en Egypte n’échappe à personne. Alors pourquoi ce détail superfétatoire ? La réponse nous est fournie par Rachi. Ce dernier dit : «  Si le texte précise que Joseph était en Egypte c’est pour nous apprendre qu’il n’a pas subi la moindre influence des moeurs dépravées en vigueur en Egypte. Quand il était un pauvre serviteur de Putiphar il a résisté aux sollicitations répétées de la maîtresse de maison. Joseph est resté dans le cadre de la Torah bien que nommé vice roi. Ces deux enfants ont eu un nom bien hébraïque. L’environnement dans lequel il évoluait n’avait strictement aucune influence sur lui. C’est pourquoi le midrach nous dit que si Israël est sorti d’Egypte c’est parce ses enfants ont conservé leur nom et ont refusé toute assimilation à la société égyptienne. Notre Sidra nous rappelle par conséquent une constante de l’histoire juive. La pérennité d’Israël ne peut être assurée que par son unité et le refus de toute assimilation.    

La SIDRA DE VAERA 

Moïse transmit aux enfants d’Israël le message divin. Celui-ci disait : « Je veux vous soustraire aux tribulations de l’Egypte, et vous délivrer de sa servitude ; et je vous affranchirai avec un bras étendu, à l’aide de châtiments terribles… Je vous introduirai dans la contrée que j’ai solennellement promise à Abraham, à Isaac et à Jacob ; je vous la donnerai comme possession héréditaire, moi l’Eternel » Les enfants d’Israël, dit le texte, n’écoutèrent point ayant  l’esprit oppressé par une dure servitude »

La raison pour laquelle les enfants d’Israël n’écoutèrent pas, est selon la Sidra «  l’esprit oppressé par une dure servitude »Cette précision est importante. En effet on pouvait croire que les enfants d’Israël ne croyaient plus en Moïse. C’est pourquoi le texte précise, que les souffrances imposées au peuple d’Israël en étaient la cause. Quiconque souffre n’est pas disposé à écouter des promesses à long terme, et une délivrance  dans un futur lointain. Ceux qui souffrent veulent que leur souffrance cesse et cherchent à échapper à leur condition pénible.

Le comportement du peuple d’Israël explique la suite de la Sidra. Moïse est prié de se présenter à Pharaon et exiger la libération d’Israël. Mais sa réaction est influencée par l’attitude du peuple à savoir : « Les enfants d’Israël ne m’ont pas écouté  et Pharaon m’écouterait-il ? »

Pour comprendre l’état psychologique  où se trouve Moïse et le peuple d’Israël, il convient d’analyser deux expressions figurant dans le message divin disant : «  je vous ferai venir dans le pays que j’ai promis à Abraham, et je vous le donnerai en héritage »

La première fois le peuple eut foi en la parole de l’Eternel à savoir de les faire sortir d’Egypte et de les introduire  dans le pays de Canaan, mais lorsque l’Eternel leur dit je vous donnerai la terre d’Israël en héritage le peuple manifesta son étonnement et sa surprise. Il y a, en effet une grande différence  entre un don et un héritage. Le don  est comparable à une vente. Mais l’héritage  n’est pas dans la logique commerciale. C’est pourquoi, quand le peuple apprit que le pays lui était donné en héritage, il a manifesté  sa surprise. Avoir un pays en héritage, engage l’héritier à le conserver éternellement, et à maintenir avec lui un lien pérenne. Quand bien même, Israël serait exilé, il ne renoncera pas à son héritage.  L’état d’esclavage où se trouvait Israël au moment où il apprend que le paye de Canaan lui sera donné en héritage, est propice au doute et au scepticisme. Même Abraham, quand l’Eternel lui avait promis de lui donner le pays de Canaan avait dit «  Quelle preuve ai-je, que j’aurais ce pays en héritage. ? (Genèse 15,8)

Maïmonide  (Yéssode Hatora ch.8) explique ainsi le refus du peuple d’Israël d’écouter les promesses de Moïse : «  Israël, dit-il, n’a pas eu foi en Moïse à cause  des signes qu’il a opérés aux yeux du peuple. Car, celui qui croit sur la foi des signes et des prodiges, présente  un esprit déficient… Cependant, tous les signes opérés par Moïse dans le désert répondaient à une nécessité immédiate, et ne constituaient pas du tout, une preuve  pour la prophétie…En quoi le peuple a eu foi ?  A l’occasion de la promulgation de la Torah au Mont Sinaï, où tout le peuple était témoin oculaire.  D’où savons-nous que la station au Mont Sinaï et la promulgation de la Torah sont-elles des preuves que la prophétie de Moïse est vérité et ne comporte aucun défaut ?  Car, il est dit : « Voici que je viens vers toi dans un épais nuage  afin que le peuple écoute quand je te parlerai  et aussi en toi ils auront foi à tout jamais » Nous apprenons ainsi qu’avant cela, ils n’ont pas cru en lui d’une foi éternelle, mais seulement  d’une croyance limitée dans le temps et suscitant de la suspicion. On peut donc conclure qu’à l’exception de la promulgation de la Torah les enfants d’Israël ont toujours fait preuve de scepticisme Ils croient et ils ne croient pas, tantôt ils écoutent tantôt ils n’écoutent pas. »             

 

LA SIDRA DE BO

 

Dans la Sidra de Bo Moïse poursuit ses efforts pour convaincre Pharaon à laisser partir les Hébreux d’Egypte. Mais cette fois Moïse dispose d’arguments solides grâce aux plaies que l’Eternel met à sa disposition. Le refus de Pharaon reste cependant incompréhensible. Pourquoi faudrait-il subir dix plaies pour qu’il accepte de laisser les Hébreux sortir d’Egypte. L’Eternel fait comprendre à Moïse Que c’est lui qui endurcit le cœur de Pharaon…. Afin de lui montrer sa puissance.

C’est à ce niveau que le problème se soulève. D’après la Tradition juive, chaque être humain dispose de son libre arbitre. En général, l’Eternel laisse l’homme agir comme bon lui semble. Ce qui permet de le juger  et éventuellement de lui infliger une punition. Mais si Pharaon ne dispose plus de son libre arbitre, en quoi est-il responsable en refusant de laisser partir les Hébreux ?

De nombreuses réponses ont été avancées à la suite de cette question. Nous nous contenterons de deux.

I-                  Il est clair que Pharaon, présente un caractère mauvais. Il est criminel, sanguinaire et cruel. C’est lui qui a ordonné de jeter dans le fleuve tous les enfants mâles qui naîtront. Il a rendu la vie amère aux Hébreux par des travaux forcés et par une violence inouïe. C’est à cet individu, qui n’a aucune notion de la valeur humaine, que Moïse est envoyé pour être le défenseur de ses frères et essayer de le  convaincre à libérer les Hébreux de l’esclavage. Il va de soi qu’un homme aussi pervers que Pharaon, n’allait pas accepter de bonne grâce les doléances de Moïse. Si l’on comptait sur le libre arbitre de Pharaon, il était évident qu’un homme qui a atteint ce stade de cruauté, n’allait pas disposer d’un libre arbitre sain en mesure de choisir la bonne solution. Il ne restait plus que deux solutions possibles.  A) que l’Eternel bouleverse son caractère et le diriger vers la tendance du bien. B) Bouleverser la nature et obliger Pharaon par des catastrophes naturelles  à se plier à la volonté divine.  L’Eternel a choisi cette deuxième solution, car elle a le mérite d’être ostensible et remarquée par le plus grand nombre de personnes dans le but de les faire réfléchir.

 

      II-     La deuxième explication a pour finalité de résoudre la contradiction existant entre ce que l’Eternel a dit à Abraham concernant sa descendance. A savoir : «  les enfants d’Israël seront asservis par une nation étrangère durant quatre siècles et après ils sortiront  avec beaucoup de richesses. »  Or les enfants d’Israël ne sont restés que deux siècles en Egypte et non quatre.  Pour expliquer cette contradiction, il fallait que les hébreux soient asservis plus durement que prévu. On peut dire pour être plus claire que l’Eternel avait dit que les enfants d’Israël devaient travailler six heures par jour. A cette condition ils devaient rester quatre siècles, mais l’intensité et la dureté de l’esclavage durant plus de douze heures par jour, ont conduit les Hébreux à ne rester en Egypte que deux siècles. Autrement dit, L’Eternel a durci le cœur de Pharaon dans le but d’abréger leur séjour en Egypte. En agissant ainsi il n’a pas porté atteinte au libre arbitre de Pharaon. Car ce dernier avait librement décidé, à cause de sa cruauté, d’asservir doublement les Hébreux, ce qui n’était pas prévu.  La conclusion est leur libération anticip

 

LA SIDRA DE BECHALAH

Nos Sages interprètent d’une façon originale le détour imposé aux enfants d’Israël à la sortie d’Egypte : «  Le Saint béni soit-il dit : Si je fais entrer immédiatement Israël dans le pays, chacun d’entre eux s’adonnera à la culture de son champ et de sa vigne et s’éloignera de l’étude sacrée ; Je les retiendrai donc dans le désert où, nourris de manne et d’eau fraîche, ils s’imprègneront ainsi de la Torah » ( Mékhilta)

 Cette opinion est fondée sur le verset de la Sidra qui dit : « Le peuple pourrait se raviser à la vue de la guerre, et retourner en Egypte » En effet, ce verset ne parle pas uniquement d’un retour physique proprement dit, mais aussi des dangers d’un combat imminent pour l’existence, nuisible à son développement moral. Il est évident que la lutte pour la subsistance empêche souvent la poursuite d’un idéal supérieur et nous fait renoncer aux projets élevés. Combien de fois avons-nous pu constater le rabaissement moral d’individus et de collectivités entières, causé par des difficultés économiques.

C’est pourquoi « l’Eternel dit à Moïse : je vais faire pleuvoir pour vous une nourriture céleste ; le peuple ira ramasser chaque jour sa provision, je l’éprouverai de la sorte s’il obéit à ma doctrine ou non » (XV, 4) En le délivrant des soucis de la nourriture quotidienne, D. donne à Israël toutes les chances d’approfondir la Loi, d’apprendre en même temps la modération et la confiance. Ce qu’ils ramassent de trop  durant les cinq jours de la semaine pourrissait ; bon gré mal gré, on est obligé de limiter les appétits, d’éliminer la tendance à la concurrence. En leur procurant sans effort supplémentaire, le sixième jour, la double ration de manne, on leur inculque la valeur du repos hebdomadaire. S’ils avaient été livrés à la sortie d’Egypte aux multiples préoccupations matérielles, il leur aurait été bien plus difficile d’adopter  la règle du chabbath,  de consacrer un jour entier à l’Eternel et de se concentrer uniquement sur le spirituel.

Il n’est certes pas aisé pour un peuple réduit à l’esclavage, de s’élever d’un seul coup à une idée sublime et d’adopter comme règle de conduite un principe qui révolutionne un ordre social établi. Pour le mettre en pratique on a souvent besoin d’une force extérieure qui nous imposerait en quelque sorte cet état des choses. Ce qui arrive avec le chabbath : «  C’est aujourd’hui Chabbath en l’honneur de l’Eternel ;  aujourd’hui vous n’en  trouverez point au champs.  Six jours de suite vous en recueillerez ; mais le septième jour, jour de chômage, il n’y en aura point. Or, le septième jour quelques-uns du peuple allaient à la récolte, mais ils ne trouvèrent rien » (XVII, 25-27)

La contrainte qui se fait remarquer au début dans l’observance du Chabbath disparaît petit à petit. La joie spirituelle du jour de reposa été comprise par le peuple juif mieux que n’importe qui Les tendances fâcheuses à en faire un repos physique seulement doivent toujours être considérées comme une atteinte à la vision historique du peuple juif. Qui sait si nous ne sommes pas à nouveau devant une épreuve divine ? « S’il obéit à ma doctrine ou non. Et les autres enseignements qui découlent des  textes traitant de la manne qu’en faisons-nous ?

Ne serait-il pas tout particulièrement urgent à l’époque où l’humanité sombre dans l’obscurité matérialiste, de nous mettre en avant-garde et de suivre la colonne  de feu dont, depuis l’époque du désert, nous avons gardé en nous quelque lumière.   

LA SIDRA DE YITRO

«  Jethro, prêtre de Midiane, beau-père de Möise apprit tout ce que D. avait fait…..     (Exode XVIII,I)

 

La plupart des anciens commentateurs (Rachi, Ramban, Saadya Gaon, Sforno), situent la visite de Jéthro  avant la Promulgation de la Torah. Ce récit serait donc ici à sa place et suivrait, selon eux, l’ordre chronologique des événements. Cette opinion est réfutée par le Grand Grammairien et commentateur Ibn Ezra. Il cite plusieurs exemples qui selon lui, prouvent que la visite du beau -père de Moïse a eu lieu après la promulgation de la Loi. Logiquement l’histoire de la guerre contre Amalek à Réphidim (XVII, 8-16) aurait dû être suivi du passage (chap.XIX) qui commence par : « le troisième mois après la sortie des enfants d’Israël d’Egypte ….Partis de Réphidim, ils entrèrent dans le désert du Sinaï… » Ce texte sert de préambule à la révélation du Sinaï.

Quel est le sens de toute cette controverse entre  ces grands commentateurs ?  La raison de toute cette discussion est la raison d’être de la conversion de Jéthro. Les motivations de cette conversion ne sont pas  les mêmes avant la guerre  contre Amalek et après. Si c’est avant Jéthro n’aurait pas beaucoup de mérites. Parce qu’Israël était dans sa phase ascendante, et l’objet de beaucoup de miracles. S’attacher spirituellement à ce peuple apporte beaucoup d’honneur à Jéthro. Mais si l’épisode de Jéthro  a eu lieu après les méfaits et la cruauté d’Amalek, la conversion serait probablement plus sincère. En effet, Israël était dans un état physique et moral lamentable ? L’adhésion de Jéthro prouve  sa grandeur d’âme et ses bonnes actions. 

 

Le Talmud (Zévahim, 116a) demande au sujet de Jéthro : «  Qu’a-t-il appris de si important pour venir et se convertir au judaïsme ? -  Rabbi Yéhochoua dit : Il a pris connaissance de la guerre contre Amalek, comme il est écrit plus haut (XVII, 13)  « Et Josué vainquit Amalek et son peuple, au tranchant de l’épée »  Rabbi Eliézèr Hamodaï dit : «  Il a appris la révélation du Sinaï, car la nouvelle de la promulgation de la loi s’est répandue d’un bout du monde à l’autre ; Rabbi Eliézèr ben Yaacob dit : il a appris l’histoire du passage de la mer Rouge. »

 Cette discussion talmudique  va aussi dans le sens de la controverse entre les anciens commentateurs. Son but est de vérifier si les motivations de la conversion de Jéthro étaient sincères  ou pas. On constate que Ibn Ezra a suivi l’avis de Rabbi Eliézer Hamodaï, tandis que les autres commentateurs ont adopté l’opinion de Rabbi Yéhochoua  et de rabbi Elézer ben Yaacob.

 

« Partis de Réphidim Ils entrèrent dans le désert du Sinaï…… »

 

Dans ce texte de la Sidra le singulier et le pluriel se côtoient. On trouve qu’Israël et tantôt au pluriel et tantôt au singulier.  « Ils partirent » « Ils entrèrent » « Ils campèrent »  et ensuite Israël apparaît au singulier «  Il Campa »

A ce sujet le Midrach dit : «  Grande est la paix ; durant tous les déplacements il est dit « Ils partirent » « Ils campèrent » -Ils partaient en discorde et campaient en discorde- Mais lorsqu’ils arrivèrent au Mont Sinaï l’union régna au camp, comme il est écrit : « Israël y campa en face de la montagne » et c’est alors que le Saint béni soit-Il dit : il est temps que je donne la Torah aux enfants d’Israël.

 

Ainsi, ils auront enfin l’occasion de connaître le sens de la  vraie liberté, la liberté qui est le partage de celui qui reconnaît le joug de la Torah.

 

 

LA SIDRA DE MICHPATIM

 

Dans notre Sidra nous assistons à l’établissement d’un pacte entre Israël et son D. : «  Moïse écrivit les paroles … Alors Moïse prit la moitié du sang, la mit dans des bassins, et répandit l’autre moitié sur l’autel. Et il prit le livre de l’alliance,  dont il fit entendre la lecture au peuple et ils dirent : « Tout ce qu’a prononcé l’Eternel nous le ferons et nous écouterons. Moïse prit le sang, en aspergea le peuple et dit : « Ceci est le sang de l’alliance que l’Eternel a conclue avec vous touchant toutes ces paroles » (Ex. 24, 4-8)

 

Le fait de désigner le décalogue comme «  paroles de l’alliance » (Ex. 34,  28)  nous rappelle que cette solennité a eu lieu en l’honneur de la promulgation de la Loi. Comme les récits de la Torah ne suivent pas toujours l’ordre chronologique, certains commentateurs, remettent en question la date de cette de la conclusion de l’alliance.

Ibn Ezra et Ramban, en opposition à Rachi estiment que cet événement eut lieu après la transmission des lois complémentaires qui suivirent immédiatement celles du Décalogue : « Parle ainsi aux enfants d’Israël »(Ex. 20, 19) Il s’agissait de leur annoncer les lois qu’ils acceptèrent avec enthousiasme. Moïse les écrivit immédiatement après la promulgation sinaïque et se leva le lendemain matin de bonne heure afin de sceller l’alliance par des aspersions : la moitié sur l’autel et l’autre sur le peuple.

Ibn Ezra estime que cette aspersion symbolique rappelle en quelque sorte l’alliance conclue entre Abraham et D. plus connue sous le nom de « ben Habétarim »  « entre les morceaux »

Nahmanide cite un Maître du Talmud : Rabbi Yossi bar Yéhouda. Celui-ci dit : « Tous ces événements ont eu lieu ce même jour, le jour après l’apparition divine au Sinaï ( Mékhilta)  Autrement dit, le décalogue n’était pas suffisant et il était nécessaire de le compléter instantanément, par d’autres commandements d’ordre social et moral, afin d’éviter un malentendu facheux supposant que le décalogue à lui seul renfermait tout l’enseignement de la Torah.

Pour confirmer la conclusion de l’alliance bilatérale D.  apparaît au peuple réuni à cet effet de la même façon qu’il avait apparu aux individus élus ( à Abraham Gen.15, 17)  à Moïse : (Ex. 34, 6-10) : «  Ils contemplèrent D. d’Israël. Sous ses pieds quelque chose de semblable au brillant du saphir, et de limpide comme la substance du ciel. Mais D. ne laissa point sévir son bras sur ces élus des enfants d’Israël ; Et  après avoir joui de la vision divine, ils mangèrent et burent » (Ex. 24, 10-11)

Quant au dernier verset de ce passage, sons sens est très différemment interprété par les commentateurs.  Certains comme RACHBAM y voient un manque d’élévation spirituelle, du fait qu’ils avaient  pu s’adonner à la nourriture terrestre après avoir joui de la plus grande béatitude spirituelle.

Rabbi Yéhouda Halévi y voit une allusion très nette à la différence  existant entre Moïse et les autres représentants du peuple. Si le chef s’abstient pendant qurante jours de toute nourriture  ces derniers  s’y adonnent même au moment le plus solennel de leur existence.

Selon Ramban, il s’agit là du festin symbolique qui accompagne toute réjouissance spirituelle ( Séoudath Mitsva) qui ennoblit  notre vie matérielle : «  de là on conclut que l’on fête par un repas la clôture de la Torah » ( Yalkouth Shim’oni), II, 175)

 

LA SIDRA DE TEROUMA

 

La Sidra de Térouma faisant suite à celle de Michpatim, rallie le problème d’offrande à la législation pour faire comprendre que nous ne pouvons disposer de notre bien, surtout pour un but sacré, que lorsqu’il a été acquis par des moyens légaux.

La Sidra commence par une expression qui n’est pas usuelle dans la Torah à savoir : «  Qu’on prenne une offrande POUR MOI »  ( Ex. 25, 1) Rachi citant le Midrach, explique « pour moi » par « en mon honneur » C’est que le don pour le Michkane a pu être fait pour effacer la faute du veau d’or. Le Midrach veut donc souligner qu’une contribution volontaire doit être faite en l’honneur de l’Eternel.

Après avoir dit : « qu’on prenne pour moi »  le verset dit par la suite : « vous prendrez » Cette redondance s’explique par le fait que la Torah dans un premier temps s’adresse à la collectivité d’Israël, et ensuite à Moïse et à Aaron. Si ceux-ci avaient été les premiers à collecter, on n’aurait pas la preuve de la bonne volonté du peuple, car personne n’aurait osé leur refuser. C’est pourquoi  on dit « qu’on prenne » que la collecte se fasse d’abord par les membres de la communauté, et ensuite La controverse continue même en notre temps. Selon la plupart des commentateurs tékhélèth signifie bleu céleste, Rachi dit que c’est de la laine teinte du sang du Halazone et de couleur yarok  Ce mot signifie vert mais autrefois il désignait également la couleur azur, jaune et gris. Ibn Ezra rapporte l’avis de JAPHET  qui dit que tékhélèth est le noir ainsi nommé parce que c’est une couleur parfaite ; Toutes les couleurs se transforment en noir tandis que, jamais le noir ne peut se transformer en une autre couleur. Ibn Ezra lui-même considère pourtant comme Rachi que c’est yarok.

Dans cette Sidra l’Eternel demande qu’on construise un sanctuaire. Cette demande  ^n’a pas été comprise  dans un premier temps. Le Dieu d’Israël  occupe l’espace et le temps sa présence est partout et de lui procède tout. Comment dans ce cas peut-on comprendre que D. qui hors du temps et de l’espace exige un sanctuaire pour y résider ?

Le Midrach, cela va de soi, ne pouvait pas laisser cette question sans réponse. Lorsque le Saint béni soit-Il dit  à Moïse de faire, pour lui, un tabernacle, Moïse stupéfait s’écria : La gloire du Saint (béni soit-Il ) remplit les mondes, là-haut et ici-bas, et il m’ordonne de lui faire un tabernacle ! Mais D. lui dit : «  Mes pensées ne sont pas tes pensées. Si je le veux, je puis faire ma demeure dans un espace compris entre vingt planches au nord et au sud et huit planches à l’ouest. Bien plus encore, je puis descendre et resserrer ma présence dans une coudée carrée » (Chémot Rabba 34, 1 ) 

 

LA SIDRA DE TETSAVE

 

Baal Hatourim, nous fait remarquer que la sidra actuelle est la seule, depuis l’apparition de Moïse sur la scène historique, à ne pas mentionner son nom. Il explique cette omission comme conséquence de l’ultimatum signifié par Moïse à D. «  Sinon efface-moi du livre que tu as écrit » et en conclut qu’un vœu même inopiné d’un juste risque de s’accomplir. Le Talmud nous relate à ce propos que la malédiction d’un sage fût-elle proférée sous une forme  conditionnelle, peut se réaliser »

 

Moïse, en intercédant pour le peuple d’Israël après le péché du veau d’or, dépassa les limites qui lui avaient été assignées et, ce qui était plus grave encore, il renonce à sa vie avant d’avoir accompli son œuvre. La sortie d’Egypte ne fut pas une fin en elle-même. Malgré la libération de l’esclavage, les enfants d’Israël avaient gardé leur qualité d’exilés jusqu’à la promulgation de la Loi et l’érection du Tabernacle. Ce n’est pas dû au hasard que le livre de l’Exode finisse par la construction de l’Arche, car ce n’est ni l’affranchissement physique, ni même la conquête du pays qui avait le pouvoir de changer les Hébreux en hommes libres. C’est la conscience de la présence   divine entre eux qui, seule,  accomplit ce miracle. L’idée de D. ne restait  pas pour eux une abstraction métaphysique  à  découvrir ou à prouver, mais une présence immédiate, une inspiration d’un noble programme de pensée et d’action. C’est dans ce sens que nous devons comprendre le lien intérieur entre la première partie de  l’Exode (où il est question de l’affranchissement physique et sa deuxième partie (où il s’agit de l’option spirituelle)

Une part de la gloire divine révélée au Mont Sinaï s’est concentrée dans le sanctuaire, afin de servir de signe perpétuel d’alliance. Il est dit du Mont Sinaï : « La majesté divine se fixa sur le Mont Sinaï que le nuage enveloppa six jours… » (Ex. 24, 16) et il écrit du Tabernacle : «  Alors la nuée enveloppa la Tente d’Assignation, et la majesté du Seigneur remplit le Tabernacle » ( Ex. XL, 34)

La présence divine établit le contact le plus intime entre D. et les êtres  humains ; ils le sentent dès lors, partager toutes leurs peines (Haguiga, 15B)

Quoique que la présence divine soit toute-présente, on en éprouve mieux la réalité en certains lieux et circonstances dont le caractère sacré vise à les harmoniser spirituellement avec la personne même de D. Le commandement : «  Ils me feront un Sanctuaire et j’habiterai au milieu d’eux » admet l’immanence de D. tout en excluant  la notion de matérialité. La tente d’assignation était considérée comme un endroit où la présence divine  se manifestait avec plus d’intensité qu’ailleurs (Chabbath  22B)  « A partir du premier jour où le Saint béni soit-Il créa l’univers, il éprouva le désir de s’établir parmi ses créatures, dans les régions inférieures, mais il s’en abstint. Toutefois plus tard, quand fut dressé le Tabernacle et que le Saint béni soit-Il y eut fait résider la présence divine, il dit : Qu’il soit écrit que le monde fut créé en ce jour » ( Nombres Raba, 13,6) . Le monde, semble-t-il ne pouvait en réalité être réputé exister au sens intégral du terme tant que la présence n’avait pas fixé sa résidence parmi les hommes, grâce à la construction du Tabernacle.

 

La SIDRA DE KI TISSA

 

Le thème central de cette Sidra est la confection du veau d’or. C’est un thème récurrent, il est de toutes les époques. L’or a toujours symbolisé l’avide recherche de la richesse,  de la possession, de l’accumulation des biens. Le peuple d’Israël, encore marqué par l’esclavage, cherche sa sécurité dans l’or.

Le grand prêtre Aaron, débordé par la masse de ceux qui ont profité de la fuite des Hébreux d’Egypte pour quitter ce pays d’esclaves, leur demande d’offrir les bijoux de leurs épouses, pour en confectionner l’idole souhaitée. Il s’imaginait qu’ils ne s’exécuteront pas.  Au grand étonnement de Aaron, toutes les femmes consentent à offrir leurs bijoux pour en faire un dieu-idole Comment comprendre qu’un peuple qui a assisté à la promulgation de la Torah, qui a entendu « Je suis l’Eternel ton D. » se précipite pour fabriquer un veau et crier « Voici ton dieu  Israël »

Nos Sages ont répondu que toute l’affaire du veau d’or était fomentée par le Erèv Rav, autrement dit, par tous ceux qui se sont mélangés aux Hébreux et qui ont trouvé l’occasion unique  pour quitter l’Egypte. Ces fuyards ont souvent été à l’origine de beaucoup de souffrances endurées par les Hébreux. Ils étaient habitués en Egypte à adorer des animaux, par conséquent ils ne pouvaient confectionner qu’un veau. C’est d’ailleurs pour cette raison que la famille de Jacob, qui comptait au départ soixante dix personnes, s’est installée à Gochène, région non habitée par des Egyptiens, pour ne pas heurter la sensibilité de ces derniers  qui adoraient des veaux.  Les Hébreux à cette époque étaient tous des éleveurs de bétail.

Le nombre de  personnes qui ont profité du départ des Hébreux pour fuir l’Egypte était, selon la tradition, de quarante mille.

La faute des Hébreux est de laisser cette population imposer sa volonté. Moïse constatant cette catastrophe ne pouvait que prier et demander le pardon pour son peuple qui s’est laissé entraîner dans cette aventure. Mais comment comprendre le geste de Moïse qui,  voyant la populace danser autour du veau d’or, brise les tables de la loi, à propos desquelles la Torah nous dit que c’était l’œuvre même de l’Eternel ?

Cette action de Moïse témoigne de sa grandeur. D’après le Midrach, l’Eternel, l’a félicité d’avoir brisé les Tables de la loi. Par son geste, Moïse a montré l’amour sans limite qu’il éprouvait pour son peuple, en sacrifiant sa propre vie ? En effet, dans cette Sidra, Moïse dit à l’Eternel ; «  si tu ne pardonnes pas à ton peuple efface moi de ton livre » (le livre de la vie)

Le texte de la Sidra évoquant la prière de Moïse  emploie un mot inhabituel  pour  exprimer le terme « prier »  En général, le mot hébreu qui signifie prier est Vayitpallèl Moïse  (Moïse pria) Mais pour cette fois le texte emploie le mot Vay’hal Moché (Exode, 32, 11) Un maître du Talmud,  Chémouèl  de Néhardéa en Babylonie, enseigne que Vay’hal  est synonyme de ‘Halal (cadavre). Moïse était prêt à sacrifier sa vie pour le peuple d’Israël. Un autre Sage plus ancien, le Tana débé rabbi Eliézèr, avance une autre interprétation. Il dit : «  Vay’hal  signifie que Moïse pria au point d’être saisi par la maladie d’a’hilou qui désigne le moment où un feu le saisit jusqu’au os ! Enfin  Rabbi  Eléazar va même jusqu’à dire que Moïse saisit l’Eternel comme un homme saisit son prochain à son vêtement et lui dit : «  Maître de l’Univers, je ne te laisse point avant que tu n’aies pardonné et absous » ( Bérakhot 32a )          

LA SIDRA DE VAYAK’HEL

« Moïse convoqua toute  la communauté des enfants  d’Israël et leur dit : voici les choses que l’Eternel a ordonnées à observer. »

L’union que la promulgation de la Loi avait opérée au sein de la nation sut réduite à néant par la construction du veau d’or. Le Tabernacle, qui eut pour but de faire expier la faute commise, a réussi à rétablir la concorde et l’unité de la sorte que Moïse a pu de nouveau s’adresser à la communauté toute entière.

La description du Tabernacle occupe, une place très importante dans le livre de l’Exode. Quatre sections complètes lui sont consacrées dont deux – térouma et Tétsavé- relatent l’ordre divin à son sujet et les deux autres (Vayakhel et Pékoudé) traitent de son exécution.

Aussi bien à la fin de la transmission du plan (Ki tissa) qu’au début de sa mise en pratique (Vayakhel) il est signifié que l’observance du Chabbath est primordiale. On peut lire dans ces deux sections : «  Toutefois, observez mes chabbath, car c’est un symbole de moi à vous dans toutes vos générations. Pendant six jours, on travaillera, mais au septième vous aurez une solennité sainte, un chômage absolu en l’honneur de l’Eternel 

La question qui se pose désormais est la nature du lien existant entre la construction du Tabernacle et l’observance du Chabbath.  L’enchaînement des textes concernant la construction du Tabernacle et l’observance du Chabbath est généralement commentée comme allusion à la défense de profaner le chabbath même en vue de construire le Tabernacle.

Une analyse approfondie nous suggère encore un autre lien entre les deux sujets. Il existe une analogie entre  le récit des six jours de la création, couronnés par le jour sacré et celui de la fin de Michpatim :  « La majesté divine se fixa sur le Mont Sinaï, que le nuage enveloppa six jours ; Le septième jour, D. appela Moïse du milieu du nuage… » (XXIV, 16) Durant six jours, correspondant aux jours de la création. Moïse attend  avec impatience la parole divine et ce n’est qu’au septième jour que la majesté divine lui apparut. Cette fois-ci, c’était à l’homme lui-même de perfectionner le monde par la création d’un élément nouveau, inégalable par sa sainteté.

Il existe encore un autre lien entre la construction du Tabernacle et le chabbath.  En ce jour si solennel où le Juif retrouve son âme et sa raison d’être,  tous les travaux mentionnés dans la construction du Tabernacle sont interdits le jour du Chabbath. Autant dire que le Tabernacle symbole du lien permanent entre Israël et la Providence trouve son expression le plus ultime dans le chabbath qui est son achèvement.

Rachi observe que le sujet de la construction du Tabernacle   est précédé du commandement relatif à l’observance du Chabbath afin de prévenir les enfants d’Israël que le repos chabbatique doit être observé, même lorsqu’il s’agit de la construction du Tabernacle.   

LA SIDRA DE VAYIKRA

 

Notre Sidra porte le titre de tout le livre que l’on nomme le Lévitique. En hébreu ce livre est aussi connu sous le non de Torath Cohanim.

Maintenant que le Tabernacle est  dressé, c’est de là désormais et non plus du Sinaï que D. s’adressera à Moïse. Ainsi toutes les Lois relatives aux sacrifices ont été communiquées de la tente d’Assignation.

D. formula deux exigences par rapport au peuple d’9Israël : 1-« Vous serez pour moi un royaume de prêtres »  et 2) « Vous serez pour moi un peuple saint »  L’interdépendance de ces deux exigences est évidente. Tout en étant un but en elle-même, la première présente à la fois un moyen sûr pour la réalisation de la seconde. Elle nous aide à devenir un peuple saint, digne de la prêtrise et de la mission éternelle ( V.R.D Hoffmann, préface du Lévitique)

Quel rapport y a t-il  entre  l’exigences  de sainteté et l’institution des sacrifices ?

L’ordre des sacrifices a pour finalité de resserrer le lien qui existe entre Israël et D. Les sacrifices permettent à toute personne qui a fauté envers l’Eternel de réparer sa faute par un acte de repentance qui est le fondement du sacrifice.  Une repentance active doit être accompagnée d’une offrande, ainsi on écartera de soi toute impureté susceptible d’éloigner la présence divine.

La deuxième partie du livre du Lévitique traite plus amplement des lois tendant à sanctifier la vie :  les prescriptions relatives à la vie de famille, à la sainteté des prêtres, au jour du chabbath et des fêtes, ainsi qu’à l’année sabatique et jubilaire.

 A propos de l’offrande qu’on apportait au temple, Rachi fait observer qu’il est question d’une offrande volontaire. le fait de commencer la section des sacrifices par les prescriptions relatives à une offrande volontaire prouve que, en instaurant le culte des sacrifices, la Torah- loin de se plier aux mœurs du temps où elle fut promulguée, comme certains le prétendent- a pris en considération un élan naturel et spontané de l’âme humaine, afin de le sublimer en le réglementant. Nous trouvons cette pensée dans le midrach suivant : « Rabbi Pinhas dit au nom de Rabbi Lévi : Il en est comme d’un fils de roi dont le cœur était dépravé, et qui avait coutume de manger la chair de bêtes mortes ou déchirées ; et le roi a dit : Qu’il soit toujours à ma table et il apprendra à être plus réservé De même les enfants d’Israël, en Egypte, ils étaient enflammés pour le culte idolâtre ; ils sacrifiaient aux Séïrim, comme il <est dit (Lev.XVII, 7) : «  Et ils n’offriront plus leurs sacrifices aux Séïrim… » <qui ne sont autre chose que des démons…, et ils offraient des sacrifices sur les hauteurs, d’une manière illicite, et attiraient sur eux les malheurs. Et D. a dit : «  Qu’ils offrent toujours leurs sacrifices devant moi dans la Tente d’assignation ? ils s’abstiendront ainsi du culte des idoles, et seront sauvés » ( Vayikra rabba XXII, 5)     

LA SIDRA DE CHEMINI       (Le Huitième jour)

Nous connaissons l’importance du septième jour, le jour du couronnement de la création, le seul jour où le spirituel prend le dessus, en reléguant le matériel au second plan. Le Chabbath est un but en lui-même car il confirme les plus hautes vérités de la foi, comme la nouveauté du monde, et proclame la justice sociale. ( Cf, Maïmonide, Guide des Egarés t. III, chap. XXXII.)

La section de Chémini s’arrête cependant plus spécialement sur la signification toute particulière le huitième jour, et ce n’est pas pour la première fois que nous le rencontrons dans la Torah. La circoncision se fera le huitième jour, l’animal sera agréé comme sacrifice seulement à partir du huitième jour, l’investiture d’Aaron et, à une époque bien plus éloignée, l’inauguration du Temple auront lieu le huitième jour.

Quel est le trait commun qui ont toutes ces solennités ? Tandis que le septième jour est un parachèvement, un symbole du but atteint, le huitième jour inaugure un événement nouveau. Il inaugure la vie de l’enfant en tant qu’allié de D., il inaugure la vie du prêtre, ainsi que celle du Temple. Après le septième jour il y a un renouveau.

Les commentateurs s’arrêtent sur le sens de l’adjectif  chémini dans le premier verset de la section : «  Quand on fut au huitième jour… » Rachi, Abravanel et plusieurs autres sont d’accord qu’il s’agit là du lendemain de la semaine d’installation dont on parle à la section précédente.

Kéli Yakar souligne la semaine du huitième jour et cite à l’appui le rôle important  qu’a  joué le nombre huit déjà dans la vie de Moïse, dont le cantique commence par Az  yachir qui a la valeur numérique huit. Ce nombre lui semble être particulièrement proche a  D. , car il suit les sept jours de la création. C’est aussi pourquoi l’être doit avoir passé un quart de lune pour s’adapter au monde extérieur, c’est un minimum de rigueur  (cf. Abravanel)

Baal Hatourim associe également le caractère spécial du huitième jour à la saintété divine : Le Saint béni soit-Il dit : Si on sacrifie l’animal le premier jour, on croira que cet événement a eu lieu en l’honneur du ciel et de la terre qui avaient été créés le premier jour ; le deuxième jour – en l’honneur de l’étendue : le troisième – de la mer et de la terre ferme : le quatrième – des luminaires ; le cinquième aux reptiles, le sixième – de l’homme. Qu’il attende donc que le septième jour soit passé afin de reconnaître ainsi que le septième jour soit passé afin de reconnaître ainsi que c’est Dieu qui a créé l’univers, qu’il s’est reposé le septième jour  et que c’est à Lui seul qu’il apporte le sacrifice.

La circoncision fixée au huitième jour n’admet aucun sursis, et dépasse en sainteté le chabbath lui-même, vu que le spirituel précède le matériel et l’accomplissent de l’alliance étant plus important que l’observance des règles chabbatiques. (Kéli Yakar)

Maïmonide estime que c’est seulement au bout de sept jours que l’être est parachevé. «  La raison pour laquelle la circoncision a lieu le huitième jour, c’est que tout animal, au moment de sa naissance, est très faible et extrêmement tendre, comme s’il était encore dans le sein de sa mère ; ce n’est qu’au bout de sept jours qu’il est compté parmi  les êtres qui sont en contact avec l’air. Ne vois-tu pas que pour les quadrupèdes aussi on a eu égard à cette circonstance ? Il restera sept jours avec sa mère, etc. ( Exode, XXII, 29)

Avant ce délai, il est considéré comme un avorton et de même l’homme ne pourra être circoncis qu’après le délai de sept jours Guide des Egarés III, XLIX)

LA SIDRA DE TAZRIA-METSORAA

Cette Sidra n’est pas à lire d’une manière littérale. Certes, il s’agit dans le détail, d’une affection qui s’apparente à la lèpre. Mais ce n’est pas le médecin qui est appelé au chevet du malade, mais le Cohen. L’arsenal thérapeutique du Cohen se limite  à un examen méticuleux de la plaie. Le malade est isolé par périodes de sept jours, pouvant culminer à une quarantaine hors du camp. Cette affection ne se limite pas aux humains elle peut s’attaquer aux vêtements et aux murs de la maison.

L’étude grammaticale du terme METSORA’ a conduit nos Sages à conclure qu’il ne s’agit pas de la lèpre physique mais d’une maladie qui relève du psychisme. En effet, « un homme lépreux » se dit en hébreu « ich tsaroua » et non pas métsora. Les lettres hébraïques qui composent ce mot sont  les premières lettres de motsi chem ra’ ce qui se traduit par « un homme qui médit » Autrement dit, il s’agit de la maladie de la médisance.

En réalité notre Sidra ne traite plus la maladie elle-même, ceci est le sujet de la Sidra Tazria, mais elle traite de la phase finale de la maladie. Le malade doit se purifier.

Le Talmud, dans le traité d Arakhim 15a, incrimine la médisance, le lachone hara’ comme principal responsable de ces plaies. La grandeur de l’homme se remarque dans la qualité de son langage.

En quoi consiste le traitement du métsora ? Il doit apporter deux volatiles permis à la consommation, un bâton de bois de cèdre, du coton  teint de couleur écarlate et de l’hysope. D’après le Commentaire de Baal Hatourim  il s’agit de symboles qui inspirent une véritable psychothérapie. Les oiseaux sont le symbole de l’instabilité. Ils ne restent jamais dans la même place. Rachi explique que la médisance est aussi le résultat de l’instabilité. Quiconque use de la médisance ne domine pas sa pensée il est semblable aux oiseaux qui gazouillent sans arrêt. Afin de retrouver le contrôle de sa personne celui qui médit doit prendre conscience des dégâts que les paroles qu’il prononce commettent. Le seul remède est qu’il devienne humble et qu’il abandonne le besoin de dominer par la médisance. L’humilité est symbolisée dans notre texte par l’hysope et le ver de terre qui donne la couleur écarlate.

D’après le commentaire du Kéli Yaqar, la suite du traitement proposé par notre Sidra est aussi symbolique. En effet, on peut lire dans la suite du texte : « Il doit se raser tous ses cheveux » Autrement dit : il doit s’attaquer à sa tête qui est le siège de la pensée. Celui qui médit n’a plus le contrôle de sa tête.  Il doit aussi se raser la barbe celle-ci entoure la bouche, la voie par laquelle la médisance est sortie. Il doit se raser les sourcils symboles des yeux. Le médisant ne voit pas clairement parce qu’il est dans le mal-être. Celui qui est mal dans son être intérieur ne trouve que la médisance pour système de défense pour soulager son mal-être. 

 

LA SIDRA DE AHARE MOT-KEDOCHIM

 

« Tout homme de la maison d’Israël qui égorgera une pièce de gros bétail ou une bête à laine ou une chèvre, dans le camp ou qui l’égorgera hors du camp, sans l’avoir amené à l’entrée de la Tente d’Assignation pour en faire une offrande à l’Eternel, devant le tabernacle, il sera réputé meurtrier, cet homme, il a répandu du sang… Afin que les enfants d’Israël amènent  leurs victimes…  Qu’ils les amènent désormais à L’Eternel à l’entrée de la Tente d’Assignation, au pontife, et qu’il les égorge comme victimes rémunératoires en l’honneur de l’Eternel… et ils n’offriront plus leurs sacrifices aux démons, au culte desquels ils se prostituent. Que  cela soit une loi immuable pour eux dans leurs générations… Quiconque, de la maison d’Israël  ou des étrangers qui séjourneraient parmi eux, offrira un holocauste ou un autre sacrifice, et ne conduira pas la victime à l’entrée de la Tente d’Assignation… cet homme là sera retranché de son peuple. (Lév. XVII, 3-9)

 

« Quiconque aussi, dans la maison d’Israël ou parmi les étrangers établis au milieu d’eux mangera de quelque sang, je dirigerai mon regard sur la personne qui aura mangé ce sang, et je le retrancherai du milieu de son peuple » ( XVII, 10)

Le lien entre les deux interdictions citées semble être évident.

Maïmonide voit dans la défense de consommer le sang et «  la viande  de désir » (viande non consacrée qu’on mangeait au fur et à mesure qu’on en avait envie) une mesure contre un usage païen dont découlait l’ensemble des mœurs corrompues. Ainsi, dit-il, les Sabéens estimaient qu’en mangeant le sang ou seulement la chair de l’animal auprès du sang ou seulement la chair de l’animal auprès du sang recueilli dans un vase ( qu’ils abhorraient d’ailleurs comme une chose très impure), ils fraternisaient avec les démons dont la nourriture habituelle était le sang.

«  Selon leur opinion, les démons devaient alors leur apparaître dans un songe, leur faire connaître les choses cachées et leur rendre des services. La loi parfaite entreprit de faire cesser chez ceux qui la reconnaissent ces maladies enracinées, en défendant de manger du sang ; elle insista sur cette défense autant  que sur celle de l’idolâtrie ;  D. a dit : Je dirigerai mon regard (ma colère) sur la personne qui aura mangé ce sang(Lév. XII, 9), de même qu’il a dit, au sujet de celui qui donne de sa postérité à Molokh : Je dirigerai mon regard sur cette personne (Ibid. XX, 6) Il n’existe pas de troisième commandement au sujet duquel on s’exprime de cette manière…, car en mangeant du sang on est conduit à une espèce d’idolâtrie, qui est le culte des démons » ( Maïmonide Guide III, chap. XLVI)

Nahmanide, tout en citant l’opinion de Maïmonide, trouve que, suivant différents textes de la Bible, même l’interdiction de consommer le sang a, avant tout un autre but, celui de faire respecter l’élément vital. Et c’est là la raison pour laquelle il doit être sacrifié à D. : Car le principe vital de la chair gît dans le sang, et moi je vous l’ai accordé sur l’autel, pour procurer l’expiation à vos personnes » (Lév. XVII, 11 )

Sforno en se ralliant aux deux opinions mentionnées, en conclut qu’il était répréhensible en général, de sacrifier aux démons, à plus forte raison de leur consacrer l’élément vital. Et ceci, souligne le texte, durant toutes les générations, même quand il ne s’agirait guère de voir en eux des divinités, mais de simples éléments

 

LA  SIDRA DE EMOR 

Les lois relatives aux fêtes forment la troisième partie des lois de sainteté du Lévitique.

Après avoir parlé de différents commandements les concernant et relaté des récits devant interpréter leur sens, la Torah cite les lois de l’année chabbatique et du Jubilé notamment des périodes sacrées de la terre promise.

Le Sifré (Deutéronome 127) explique pourquoi les fêtes sont  rappelées à trois endroits et dit : le Lévitique en établit l’ordre,  les nombres précisent leurs sacrifices  et le Deutéronome  prend en considération l’éventualité de l’année bisextile.

Le chabbath qui occupe une place d’honneur dans le Judaïsme est réitéré chaque fois qu’il est question des jours fériés « On sait que, d’un côté  c’est le repos : on a voulu que chaque personne pût consacrer la  septième  partie de sa vie au plaisir et se reposer des fatigues auxquelles personne, ni petit, ni grand, ne peut échapper. D’un autre côté, on a voulu perpétuer dans les générations une grande et très importante doctrine, celle de la nouveauté du monde »(Maïmonide : Guide, III chap. XLIII)

 

La fête du printemps qui commémore la sortie d’Egypte est appelée par la Torah fête des Azymes, tandis que nous l’appelons généralement  Pâque. La Bible, en la désignant ainsi voulait mettre en exergue le mérite d’Israël qui se contente pour souligner les retrouvailles avec la liberté, de consommer du pain des pauvres. En agissant ainsi, il garde sa dignité et ne consacre pas la nouvelle liberté retrouvée à la recherche du plaisir et  des satisfactions.  Ils ne se glorifient pas de leur obéissance et rappellent plutôt le miracle divin qui a épargné leurs maisons et ne les a pas frappés de la terrible plaie.

La durée de la Pâque qui est de sept jours correspond, selon Maïmonide, aux phases de la lune et «  joue un grand rôle dans les choses physiques. C’est pourquoi il en est de même dans les choses religieuses… » Guide, chap. XLIII)

La Pentecôte, appelée dans la Torah fête des Semaines, est, selon la tradition, l’anniversaire de la promulgation de la loi. «  Pour glorifier et honorer ce jour, on compte les jours à partir du deuxième soir de Pessah, comme quelqu’un qui attend l’arrivée de son meilleur ami et qui compte les jours et les heures. C’est là la raison pour laquelle on compte le Omer à partir du jour de la sortie d’Egypte jusqu’au jour de la révélation de la Loi, qui était le véritable but de  cette sortie : Et je vous ai amenés vers moi (Ex. XIX, 4) Ce grand événement ne dura qu’un jour, et de même on en  célèbre le souvenir chaque année pendant un jour, on ne s’en apercevait point, et la chose qu’il a pour objet de rappeler ne deviendrait pas manifeste… » ( Guide chap. XLIII)

On remarquera surtout dans cette sidra que l’énumération des solennités de l’année juive est toujours précédée par le rappel du repos chabbatique.

Rachi dit que la Torah l’a fait pour souligner l’importance des prescriptions relatives aux fêtes, en les comparant au repos du chabbath.

Le Gaon de Vilna donne au dernier verset une toute autre interprétation. D’après lui, Chéchèth yamim téassé mélakha ne constitue aucune digression au sujet, étant donné que ce verset, aussi bien que le précédent, a trait aux fêtes dont l’ensemble compte sept jours ; deux jours de Pessah ( le 1er et le 7 e) deux jours deux souccoth ( le 1er et le 8em)  un jour de chavouoth, un jour de roch- hachana et le jour de kippour. Toutes ces fêtes ne se ressemblent pas cependant au point  de vue obligations. Et la Torah précise : « Ellé hem mo’aday » - parmi les fêtes suivantes- « chéchèth yamim téassé mélakha il y en a six (jours)-Pessah, chavouoth , Roch-hachana,  et souccoth- où l’on a le droit de faire ce qui est nécessaire pour la nourriture  du corps tsorekh okhèl néfèch maisouvayom hachévi’i , le septième jour, la septième fête- yom kippour- C’est le chabbath chabbatone  et l’on ne peut se livrer à aucun travail.   

LA SIDRA BEHAR-BEHOUKOTAÏ 

Notre Sidra, conclusion du troisième livre de la Torah, est entièrement consacrée à l’avertissement solennel adressé au peuple en vue de l’inciter à l’observance des lois et du respect de l’Alliance.

Il semble à première vue que ces bénédictions et malédictions, que notre génération ne saurait lire sans un frisson d’angoisse pour en avoir éprouvé dans sa chair la terrible actualité, ne soient qu’une leçon de morale destinée à encourager le peuple par la promesse du bonheur réservé aux fidèles.

Les châtiments infligés à ceux qui rejettent le joug et transgressent la Loi, ne seraient que l’énoncé de la sanction prévue par le code. Il suffit cependant    de s’imprégner de la résonance générale de ces chapitres pour s’apercevoir qu’il ne s’agit pas simplement de l’annonce d’une récompense ou d’une réprimande, mais d’un véritable contrat divin qui engage la destinée collective et exceptionnelle du peuple juif. Une constante de l’histoire juive nous enseigne effectivement que l’on ne saurait saisir les causes qui président aux avatars de notre peuple en dehors du lien qui unit ce peuple à Dieu.

 

Témoins de D. sur terre, selon la parole d’Isaïe, le peuple juif se trouve indissolublement lié à D. et à sa Loi.

En observant la Loi et les commandements spécifiques de la Torah, le Juif témoigne de sa situation particulière et de sa mission sacerdotale. Mais s’il refuse le « fardeau » s’il préfère fuir la redoutable responsabilité du témoignage de l’absolu, si, à la joie de l’effort et de la conquête, il préfère les plaisirs éphémères La Bible, dans les chapitres de cette sidra, nous avertit qu’il trouvera D. sur son chemin. Non plus le D. du dialogue et de la participation, mais le face à face du D. de l’Exil, où à travers l’horrible réalité, il nous rappelle que nous sommes à Lui et que nous ne pouvons échapper à notre mission. Illustration extrême de la condition humaine, la condition juive nous place d’une façon permanente « devant D. », sans que jamais, nulle part, nous puissions trouver refuge en dehors de Lui. Eternelle présence en dehors de laquelle le juif ne saurait concevoir son humanité.

La mission d’Israël est de rappeler à l’humanité ses exactions, ses injustices,  son égoïsme, sa haine envers l’étranger, son indifférence envers ceux qui souffrent, sa cupidité et son manque d’amour. La nature de cette mission entraîne des conséquences pour le Juif. Celui-ci est perçu comme le gêneur, le moralisateur, le révolté. Cette perception génère la haine et le rôle de bouc émissaire. Il n’est pas possible de nier l’interdépendance de l’attitude morale d’Israël et de son destin politique. Est-il possible de fonder l’un en négligeant l’autre ? Notre Sidra répond à ces questions de l’actualité  sans aucune équivoque. Il n’est pas possible non plus d’ignorer la nature métaphysique de l’histoire juive.  Celle-ci n’est pas événementielle mais providentielle. Elle est en marge de l’Histoire des nations. Une histoire guidée par la Providence, n’est rien d’autre qu’une résultante du rôle de témoin.  Les Juifs doivent l’assumer quelles que soient les conséquences.  

LA SIDRA DE BEHAALOTEKHA

El moul péné haménorah yaïrou Chivath hanéroth _ « Face à la ménorah  éclaireront les sept lumières. »  Ce premier verset de notre sidra est incompréhensible. La ménorah  (le candélabre) est construite de telle façon que la lumière centrale est plus élevée et fait face aux autres lumières. Par conséquent  le verset aurait du dire « Les SIX lumières  face à la ménorah » Le chiffre sept mentionné dans le verset pose problème.

Diverses explications ont été avancées. Le zohar dit : « il s’agit des sept lumières de la ménorah terrestre  face à la ménorah célèste, car le sanctuaire terrestre est en face du sanctuaire céleste. »  Un autre commentaire ajoute : la Torah n’accorde aucune attention à la précision des chiffres. Nous avons de nombreux exemples où l’on constate un  manque de précision. Par exemple : la Torah dit : « Les enfants d’Israël sont descendus en Egypte au nombre de soixante dix personnes. » Mais en réalité ils étaient au nombre de soixante huit. Un autre exemple : «  La Torah dit dès la veille du deuxième sédère de Pessah il faut compter cinquante jours. » Dans la réalité on compte quarante neuf jours. Cette interprétation  ne met pas un point final à notre interrogation. On peut toujours dire pourquoi la Torah ne donne pas les chiffres exacts.      

 Il serait judicieux de dire que si la Torah avait écrit : « Les six lumières éclairaient face à la Ménorah, on aurait compris qu’elles avaient une importance particulière par rapport à la lumière centrale. C’est pourquoi la Torah précise les sept lumières étaient face à la Ménorah, pour nous rappeler  qu’elles avaient  le même degré de sainteté. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la Ménorah avait été fabriquée d’un seul bloc.

LA MENORAH

 

La fabrication de la Ménorah avait posé des problèmes à Moïse. Celui-ci avait fait tout le contenu du sanctuaire d’après les instructions que l’Eternel lui avait données. Mais quand Moïse voulait construire la Ménorah, il ne savait pas quelle forme  devait-elle avoir. C’est à ce moment, dit le Midrache, que Moïse eut une vision  dans laquelle il voyait la forme de la Ménorah. Celle-ci devait  être d’un seul bloc. Aucune partie du Candélabre ne pouvait se détacher de l’ensemble. La Ménorah comprenait trois parties principales : la première est une tige centrale, sur laquelle  se tenaient trois tiges de chaque côté en forme d’angle aigu. La deuxième comprenait  Vingt deux coupes représentant les 22 lettres de l’alphabet hébraïque.  La troisième,  neuf fleurs.

Les tiges, les coupes et les fleurs constituaient un seul ensemble, sans la moindre jointure. Le tout était d’un seul bloc.

 

Le Midrache considère que la Ménorah est le symbole du peuple juif. La tige centrale représente ceux qui consacrent leur vie à l’étude de la Torah, et qui font de la Torah, leur règle de vie. C’est eux, à l’instar de la tige centrale, qui supportent tout le reste. Ces Maîtres de la Torah constituent la référence juive, seule en mesure  d’assurer la pérennité du peuple. Les coupes (Guéviim) symbolisent la partie du peuple qui considère que la vie, pour être belle, doit se dérouler dans l’opulence, la possession, l’accumulation de biens.  Leur devise est «  buvons et mangeons car demain nous mourons ». Les fleurs sont le symbole de la fraction du peuple qui néglige  la vie des mitsvoth pour se préoccuper uniquement de leur famille et de ce qu’elle considère comme le bonheur. Comme une fleur dont la durée de vie est de trois jours, cette catégorie de Juifs se rappelle de l’existence du Judaïsme durant trois jours seulement par an. Deux jours de Roch-Hachana, et un jour de Kippour. Après ces trois jours cette catégorie se détourne complètement de la synagogue.

Moïse reçoit l’ordre de fabriquer la Ménorah d’un seul bloc. Aucune partie de cette Ménorah ne doit être détachée du tronc commun. Il en est de même du peuple juif, il réunit en lui de nombreuses sensibilités. L’exil et les persécutions ont été à l’origine de sa dislocation spirituelle. De nombreux Juifs ont déserté la synagogue, ne pratiquent pas les mitsvoth et vivent exactement comme la société dans laquelle ils évoluent. Mais comme la Ménorah était d’un seul bloc, toutes les sensibilités forment le peuple. Il n’est pas permis de rejeter un Juif sous prétexte qu’il transgresse les Mitsvoth. Il appartient à la partie qui évolue dans les mitsvoth de donner l’exemple et de montrer son  bonheur d’être Juif observant rigoureusement les mitsvoth. Il ne faut pas perdre espoir de voir de nouveau un jour le plus vieux peuple du monde ne former qu’une seule unité.    

 

LA SIDRA DE CHELA’H

« Moïse appela Hochéa, Yéhochoua » Rachi à propos de ce verset dit : «  Moïse a prié pour lui en disant : que l’Eternel te préserve des intentions des explorateurs » Tous les commentateurs  répliquent : «  Pourquoi Moïse a-t-il prié uniquement pour Josué ? Ill aurait du prier pour tous les explorateurs. ? »

Peut-on vraiment dire que Moïse a prié ? Il nous semble qu’il ne s’agit pas ici de prière mais d’une promesse ou d’une claire vision de l’avenir. Moïse connaissant bien Josué, savait que sa mission sera remplie avec vérité et impartialité.  Cette promesse est tout à fait conforme  à la Théorie de la Torah qui stipule que l’Eternel peut décider qu’un homme sera  grand ou petit, riche ou pauvre, en bonne santé ou malade etc. mais ne peut pas  décider  qu’un homme soit un tsadiq ou un impie. Cette liberté sera le critère de jugement. Il sera jugé en fonction de la voie qu’il aura choisie. Nos Sages disent : «  tout est entre les mains du ciel sauf la crainte du ciel » C’est pourquoi la Torah dit : «  que le Sage ne se glorifie pas de sa sagesse, que le riche ne se glorifie pas de sa richesse, que le fort ne se glorifie pas de sa force » car la sagesse, la richesse, et la force, ne  sont pas le fait de l’homme mais de D. ce qui n’est pas le cas de la crainte de Dieu et de l’amour qui relèvent exclusivement de la liberté de l’homme.

Si l’on applique ce raisonnement à notre texte on dira que Moïse connaissait parfaitement les sentiments de son adjoint et remplaçant. C’est ce qui justifie la promesse qui lui a été faite. Moïse voulait lui dire : « Je connais ton attachement à la Torah et à l’Eternel, je connais la profondeur de ta crainte de Dieu. Je suis convaincu que tu   assumeras ta mission avec l’aide de la Providence. »

Les explorateurs, à l’exception de Josué et de Calèb ben yéfouné, comptaient exclusivement sur  leur liberté de pensée, sur ce qui leur paraissait rationnel.  L’absence de la composante divine leur fait dire que logiquement les Hébreux ne pouvaient pas conquérir Israël. Les peuplades qui habitaient cette terre étaient considérées plus fortes que le peuple  du désert. Ce raisonnement serait tout à fait logique s’il s’agissait d’un autre peuple, mais Israël échappe aux critères logiques et à toute rationalité. Son histoire est une histoire providentielle elle n’est pas événementielle. C’est là que réside la faute des explorateurs. Quand ils affirment qu’ils paraissaient à leurs propres yeux comme des sauterelles! Si déjà à leurs propres yeux ils se considèrent comme des sauterelles comment peuvent-t-ils conquérir  la terre promise ?

Notre Sidra se termine par le texte des Tsitsit parce que les tsitsit rappellent la faute des explorateurs. En effet le texte dit : «  Cela formera pour vous des franges dont la vue vous rappellera tous les commandements de l’Eternel afin que vous exécutiez et ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux  qui vous entraînent à l’infidélité » Les explorateurs ont été victimes de leurs yeux et de leurs cœurs et n’ont pas tenu compte des commandements de l’Eternel qui stipulent un contrat entre lui et le peuple. Or un peuple qui a un contrat avec l’Eternel ne peut qu’être que, éternel.    

LA SIDRA DE QORAH

 

Notre sidra commence par les mots Vayikah qorah  qui signifie littéralement « Qorah a pris ». Ce terme a  fait l’objet de nombreux commentaires. Nous relèverons celui de Rachi qui nous parait le plus pertinent. En effet Rachi nous dit que Qorah prit partie, et ajoute : «  Une belle explication  de ce chapitre se trouve dans le Midrach de Tanhouma. Qorah se prit à aller d’un autre côté pour se séparer de la communauté et s’insurger contre la prêtrise ; ce que le Targoum rend par itpalag « Il se sépara » du reste de la communauté pour chercher querelle ainsi (Job,xv,12) « Pourquoi te laisses-tu emporter yiqéhakha par ton cœur ? » Se laisser emporter pour se séparer des autres hommes. Autre explication : QORAH PRIT / Il attira par ses paroles les chefs des Sanhédrins qui se trouvaient parmi eux, comme il est dit : (Nomb.  XX, 25) «  Prends Aaron »  et (OS. XIV, 3)  prenez avec vous des paroles » (Tanhouma).

Il résulte de ce commentaire de Tanhouma que le verbe vayiqah  (il prit) comporte beaucoup de significations. Il peut signifier « Il se particularisa » ou bien, il prit le  parti  des ennemis de Moïse, ou encore il détourna, et enfin, il acquit la confiance des rebelles. »

La réaction de Moïse face à la rébellion des partisans de Qorah ne laisse pas d’étonner. En effet, la Torah dit que Moïse tomba face contre terre. Cette attitude de Moïse se comprend à la lueur de la Halakha. Celle-ci nous apprend qu’il est interdit  de fixer du regard quelqu’un qui en état d’énervement.  Ce dernier est considéré par la Torah comme un idolâtre. C’est ce qui explique la réaction de Moïse, devant cette foule hurlante et vociférante, Moïse ne pouvait  que se voiler la face. Lorsque la colère  des partisans de Qorah s’est calmée, Moïse s’adressa à Korah et lui dit : « Le matin, D. fera savoir qui est digne de lui, qui est le saint qu’il admet auprès de lui »

« La terre ouvrit son sein et les dévora, eux et leurs maisons »  Telle était la punition infligée à tous ceux qui voulaient, pour satisfaire leur ambition personnelle » Ce genre de punition n’est pas courant dans la Torah, elle doit  avoir une signification propre. Cette sanction est conforme au principe de la Torah Mida kénéguèd mida  - mesure contre mesure- Selon ce principe la sanction est conforme à la faute. Les partisans de Qorah ont fauté par la bouche, en prononçant des paroles  offensantes contre Moïse. Ils ont été avalés par la « bouche de la terre » Vatiftah haarets et Piha «  la terre ouvrit sa bouche. »

On peut aussi dire que Qorah remettait en cause tous les fondements de la Torah. Il avait l’air de dire que la Torah était une invention de Moïse et qu’elle n’était pas l’émanation de D. En disant cela, il disparaissait  en tant qu’hébreu. Perdre son identité réelle revient à dire que la personne est morte sans laisser de trace. Les partisans de Qorah ont été enterrés vivants.

LA SIDRA DE HOUKATH

 

« L’Eternel parla à Moïse et à Aaron en disant : «  Ceci est un statut de la loi qu’à prescrit l’Eternel en disant : «  Parle aux enfants d’Israël et dis leur de te choisir une vache rousse »  ( Zoth houqath hatorah)

Le premier thème de cette paracha traite de la vache rousse. A ce sujet le texte aurait du dire : «  Ceci est le statut de la vache rousse » et non pas le statut de la Torah. Rachi  commente ce verset en disant : «  Parce que Satan et les autres nations se moquent d’Israël en disant : «  qu’est ce que ce commandement et quel en est le motif ? » C’est pour cela qu’il est écrit Houka, c’est un décret émanent de Moi que tu n’as pas le droit de critiquer » (Tanhouma)

Rachi répond indirectement à la question. Le fait que le texte dit explicitement qu’il s’agit d’une houka, qui dépasse l’entendement humain, par conséquent, il s’agit bien d’un statut de la Torah et non pas seulement celui de la vache rousse. La vache rousse n’est pas la seule loi dans la Torah qui rentre dans le cadre des Houkim.

Le cérémonial de la vache rousse communiquait l’impureté à toute l’assistance. Le fait qu’une même chose à la fois souille les purs et purifie les impurs, ainsi que diverses autres fonctions imposées à cet expiatoire, ne sont pas de nature à élucider le mystère du cérémonial en question. Même Salomon, dit le Midrach, qui a su tant de choses, n’a pu trouver la raison de celle-ci : «  Salomon dit : Je me suis arrêté à rechercher tout cela ; j’ai scruté le chapitre de la vache rousse. Mais, après m’être fatigué à l’examiner et à le scruter, je me suis dit : Posséderais-je la sagesse? Elle est loin de moi » (Midrach Kohélèth VII, cf Yoma 14a ; Nidda 9a) Malgré les difficultés que présente cette question, de nombreux commentateurs se sont évertués à la résoudre. Aussi bien Abravanel que Sforno donnent plusieurs explications concernant les symboles que ce sacrifice représente. Abravanel explique l’emplacement de ce commandement à l’endroit où il est question de guerres de conquête, pour insister sur l’importance de la purification, après avoir été au contact des cadavres.

Maïmonide voit la raison pourquoi la vache rousse est appelée « Hattath » (expiatoire) en ce qu’elle achève la purification de celui qui a été souillé par un corps mort. Cette vache emportant les fautes est assimilable en tant que symbole, au diadème du grand prêtre qui faisait expier la souillure, au bouc du jour des expiations (Lev. XVI, 27) et au bouc offert pour le péché d’idolâtrie (Nomb. XV, 24) «  C’est pourquoi celui qui s’occupait de la vache rousse et des boucs à brûler, rendait impurs ses vêtements, comme celui qui s’occupait du bouc émissaire, qui, à cause des grands péchés qu’il était censé d’emporter, rendait impurs ceux qui le touchaient »(Maïmonide Guide III, 47)

Selon la Tradition, les cendres de la vache rousse étaient très rares ; depuis Moïse jusqu’à Ezra, on n’avait brûlé que deux vaches, et depuis Ezra jusqu’à la destruction du Second Temple sept  (Para III) On ne pouvait se procurer qu’à grands frais une vache entièrement propre à ce cérémonial. (Kiddouchin 31a)

LA SIDRA DE BALAK

Moab et Midiane affolés par l’approche d’Israël, par sa réputation de réussite, par la bénédiction de D. qui, depuis l4Egypte et malgré le désert, la soif, la faim et même la mort, n’en poursuivait pas moins le destin pour lequel pour lequel de D. l’avait forgé, se concertent et appellent à l’aide le prophète des nations : Bil’am et sa voix magique de la malédiction pour arrêter la marche triomphante, irrésistible d’Israël.

 

Bila’am remet, retarde son acceptation car D. freine son ardeur à répondre positivement à l’invitation que d’honorables messagers étaient venus lui apporter de la part de Balak, roi de Moab. Mais l’homme est libre de ses gestes et de ses décisions, à continuer toutefois qu’il ne devienne pas un écran entre D. et le devenir de l’humanité, à condition que ses actions n’aillent point jusqu’à entraver les objectifs de la Création ; C’est pourquoi D. laisse aller Bil’am mais place dans sa bouche des appréciations élogieuses à l’égard d’Israël dans une longue poétique et de très haute inspiration.

Israël d’ailleurs échappe à la catégorie des peuples ordinaires, il est marqué d’une empreinte divine.

           

                  « O  Peuple demeurant à part, qui ne s’additionne pas aux autres nations »

 

C’est la première constatation, elle est évidente, c’est celle qui saute aux yeux, qui s’impose lorsque l’on regarde Israël se comporter, le tracé de son histoire, sa trajectoire dans l’espace et dans le temps échappent  à la raison historique et à la logique des événements.

La deuxième constatation que fait Bil’am c’est que :

             « l’Eternel est le D. D’Israël et qu’Il est avec son peuple »

 

Schéma historique différent disions-nous, non pas par l’effet du hasard et de la magie, mais par l’action et la proximité de D. Plus cette proximité sera grande et plus l’ensemble des peuples en bénéficiera.

 

Dans la troisième série des éloges décernés à Israël : « Que tes tentes sont belles O Jacob » les tentes de Jacob, les centres de spiritualité d’Israël, apparaissent, ils sont des centres de     rayonnement, des écoles où, de génération en génération, l’âme juive se ressource, se nourrit, y prend la force pour parcourir le dur, l’interminable chemin qui conduira inlassablement à l’éclosion de l’époque messianique. 

LA SIDRA DE PINHAS

 

Pinhas fils d’Eléazar, fils d’Aaron le pontife a détourné ma colère (NombresXXV,11) 

Ce premier verset de la sidra pose problème, comment en étant un assassin peut-on détourner la colère de l’Eternel ? Le Commentaire de Tif’érèth Yéhonathane tente de répondre à cette question. Il écrit : «  Les tribus méprisèrent Pinhas parce qu’il s’était permis d’agir à la place de Moïse. Nos Sages estiment qu’il a suivi en l’occurrence l’exemple de son grand-père Aaron qui, pour sauver le peuple d’un crime irréparable ( tuer un prêtre ou un prophète) consentit plutôt d’ériger le veau d’or. De même fut-il de Pinhas qui, pour éviter une attaque contre Moïse, affronta le mépris »

Autrement dit, en tuant  Zimri, Pinhas accomplit deux bienfaits : 1) il détourna la colère divine du peuple et 2) sauva Israël de l’extermination. C’est pourquoi sa récompense elle aussi fut double ; on lui accorda l’alliance de paix et la prêtrise à perpétuer.

PINHAS ET ELIE

La sidra parlant de Pinhas et la Haftara d’Elie, nous rappellent l’analogie qui existe entre ces deux personnages remarquables de notre passé.

En effet, le Midrach les identifie à maintes reprises, voyant dans la lutte d’Elie une suite logique à celle qu’avait entreprise le petit-fils d’Aaron à Chittim. L’un comme l’autre ne s’est pas retiré de l’entourage réel pour contempler un monde idéal. Ils ont compris, à des époques différentes, le sens profond du Judaïsme : C’est par la terre que doit commencer le combat, même si ce n’est pas seulement à la terre qu’il devait se borner. Leur prière était une forme d’action et leur action une communion permanente avec D. Ils ne pouvaient pas admettre que le mal, fait par les hommes soit imputé à la volonté divine et qu’il se répande impunément. Ils s’empressèrent à y remédier avec violence, mais en gardant toujours la notion très précieuse des limites de leurs droits.

Nous trouvons dans PIRKE de Rabbi ELIEZER, ce passage caractéristique : « Que fais-tu ici, Elie ?» à quoi le prophète répond ; «  j’ai déployé mon zèle pour l’Eternel » (Rois I, 19, 14) Et le Saint béni soit-Il dit : Tu  déploies perpétuellement ton zèle. Tu l’as fait éclater à Chittim à cause de l’inconduite » comme il est dit : « A cette vue, Pinhas, fils d’Eléazar…(Nomb. 25, 7) et ici également tu t’acharnes à combattre le mal  (il s’agissait en l’occurrence de l’inobservance de la circoncision)  Je me porte garant qu’aucune fête de circoncision n’aura lieu parmi les enfants d’Israël  sans que tu la préside »  De là le décret des Sages qu’un siège d’honneur devait être réservé à la cérémonie de la circoncision au « messager de l’alliance » Cette définition pour désigner Elie est empruntée à Malachie qui, cinq siècles après la disparition du prophète, voit en lui le futur envoyé de D. qui seul par son zèle et son amour saura préparer l’avènement messianique : « Voici, je vais envoyer mon mandataire, pour qu’il déblaie la route devant moi. Soudain, il entrera dans son sanctuaire, le Maître dont vous souhaitez la venue, le messager de l’alliance que vous appelez de vos vœux.. » Malachie III,1)

 

LA SIDRA DE MATOT-MAS’E 

 

« Vous lotirez ce pays, par la voie du sort, entre vos familles, donnant toutefois aux plus nombreux un plus grand patrimoine et aux moins  nombreux un  patrimoine moindre, chacun recevant ce que lui aura attribué le sort ; c’est selon vos tribus paternelles que vous aurez vos lots respectifs » (Nomb. 33,34)

 

Ce verset soulève la question qui se pose chaque fois que l’on parle de partage, à savoir, si ce dernier devait être proportionnel au nombre des ressortissants d’Egypte, ou à celui du recensement effectué dans les plaines de Moab.

A ce sujet, une discussion a eu lieu entre nos Sages. Rabbi YOCHIYA se prononce en faveur de la première thèse, considérant que le terme » selon les noms de leurs tribus paternelles » (24,53) en est une preuve suffisante. Quant à l’expression : «  c’est entre ceux-là que le pays sera partagé » (26, 53) il estime que cela indique l’âge des bénéficiaires (à partir de vingt ans). Tel n’est pas l’avis de Rabbi Jonathan, qui estime que  «  ceux-là » se rapporte à tous ceux qui devaient rentrer dans le pays et que seul le dernier recensement était valable pour le lotissement.

En ce qui concerne la définition « Selon les noms  de leurs tribus paternelles » il s’agirait, selon lui, d’effectuer le lotissement d’après le nombre de ceux qui rentraient dans le pays, tout en tenant compte des ressortissants. Si, par exemple, un père, ayant vécu au moment de la sortie, a laissé deux fils dont un n’a engendré qu’un fils unique et le deuxième trois, ils recevront quatre parts ensemble qu’ils partageront entre eux, de la sorte que le fils unique en recevra deux et les trois descendants du même père les deux autres parts (ce qui leur revient du grand-père)

Une autre explication est donnée par une Baraïta au pronom démonstratif « à ceux-là » qui désignerait « aux méritants » et non «  aux indignes ». Cette interprétation admet donc une sélection morale  par rapport aux héritiers du sol ancestral. Et là nous rejoignons la recommandation qui précède celle du partage : «  vous anéantirez tous leurs (cananéens) symboles, toutes leurs idoles de métal, et ruinerez tous leurs hauts lieux » Seules la fidélité de nouveaux  conquérants et leur capacité de résister au mal décideront de leur longévité et de leur prospérité. Et c’est ainsi que la haftara se rattache directement à cet avertissement et souligne dans des termes les plus véhéments l’infidélité d’Israël, ainsi que les conséquences qui en ont découlées.

 

«  Quelle injustice vos pères avaient-ils découverte chez moi pour me fuir, pour s’attacher à des choses vaines et se complaire au néant ? » ( Jérémie II, 5)

«  Car il est double, le méfait commis par mon peuple : ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive, pour se creuser des citernes, des citernes crevassées, qui ne peuvent retenir les eaux.( ibid, V,13) Eh bien, où sont ils ces dieux que tu t’es fabriqués ? Qu’ils se lèvent, s’ils sont capables de te prêter assistance dans les jours de détresse, puisque nombreux comme tes villes ont été tes dieux, Ô Juda » Ib. V, 28)

LA SIDRA DE DEVARIM

Notre Sidra cette semaine reprend l’épisode des explorateurs et insiste sur leur faute à l’occasion de la transgression de tous ceux qui voulaient passer outre l’ordre de Moïse, de ne pas tenter de rentrer en Israël. On constate qu’il existe des différences entre les deux descriptions de la faute des explorateurs qui figure dans les sidroth Chélah lékha et dévarim.

Dans la sidra de Chélah lékha l’ordre de se rendre en Israël pour l’explorer, avant de permettre au peuple d’y accéder, venait de l’Eternel. Dans notre Sidra il ressort que l’ordre d’envoyer des explorateurs vient du peuple lui-même. Il en est de même à propos des  personnes qui voulaient rentrer en Israël sans l’ordre de Moïse. Dans la sidra de chélah lékha  Moïse prend la liberté de tancer le peuple de sa propre initiative, à cause de son désir de rentrer immédiatement en Israël. Il leur dit : « Pourquoi transgressez-vous la parole de l’Eternel ? Cela ne vous réussira point ! N’y montez pas, car l’Eternel n’est pas au milieu de vous ; ne vous livrez pas aux coups de vos ennemis. »  Par contre, dans la sidra Dévarim Ce n’est plus Moïse de sa propre initiative qui reproche au peuple sa transgression mais c’est l’Eternel lui-même qui intervient : « Mais l’Eternel me parla ainsi : « Dis-leur : Ne montez pas, ne livrez point de combat, car je ne serai point avec vous ; ne vous exposez pas aux coups de vos ennemis »

Dans notre sidra il y a un détail que l’épisode des explorateurs ne mentionne pas. En effet on peut lire : « De retour, vous avez pleuré  devant l’Eternel ; mais l’Eternel fut insensible à vos cris, il ne vous écouta pas. Vous avez pleuré de longs jours à Kadèch… »

 Dans la relation de l’histoire des explorateurs dans le livre des Nombres il n’y  a aucune mention des pleurs.

Comment expliquer qu’un même événement fasse l’objet de deux descriptions différentes ?   Il semble que dans  les deux sidroth  la faute des explorateurs est perçue sous deux niveaux différents. Dans la Sidra Chélah lékha l’accent est mis sur l’absence de confiance en Moïse en tant que  dirigeant incontestable  et intermédiaire entre D. et le peuple. L’essentiel de la discussion tourne autour de la compréhension de la volonté divine. Le peuple dit : «  Nous sommes prêts à marcher vers le lieu que l’Eternel nous a indiqué car nous avons péché » Ils avaient la conviction que le fait de monter en Israël le péché des explorateurs sera réparé. Par contre Moïse opine contre eux en leur rappelant qu’en rentrant en Israël ils transgressent la volonté de D. Dans notre Sidra la discussion en fait est entre le peuple et D.  Moïse se contentant à rapporter les paroles de l’Eternel à savoir : «  Ne montez pas et ne combattez pas car je ne suis pas au milieu de vous » Dans notre sidra la faute des explorateurs est plus marquée car elle marque une défiance à l’égard de D.

Il se peut que la différence entre les deux  sidroth  concerne les deux descriptions que fait le texte à propos de ceux qui ont bravé l’ordre divin et se sont aventurés dans une guerre perdue d’avance.  Cette transgression leur a valu une défaite et beaucoup de vies sacrifiées en vain.

On retiendra de ces deux versions se rapportant aux explorateurs qu’Israël ne peut pas compter exclusivement sur sa supériorité militaire. Si « l’Eternel n’est pas avec eux » la bataille sera perdue. La deuxième leçon est que dans la structure cyclique du Judaïsme les extrêmes se touchent. Plus la défaite et les souffrances d’Israël sont grandes et plus la téchouva est grande et la délivrance est à l’horizon.

  

LA SIDRA DE VAETHANAN

 

LA SOLITUDE  DE MOCHE

 

Notre Maître Moïse qui a atteint le sommet de la spiritualité,  qui  a consacré toute une vie  à son peuple, qui a été qualifié de l’homme le plus humble, qui a vécu quarante années de souffrance avec le peuple le plus dur du monde, un peuple à la nuque dure, disloqué, divisé, indiscipliné, ingouvernable, et qui pourtant passait son temps à prier pour sa pérennité. Cet homme n’a jamais dit :  quel intérêt  ai-je  de continuer à diriger, aider, souffrir pour un peuple aussi difficile ? et malgré tout Moïse subit de plein fouet la punition qui le prive de rentrer en Israël. Il a beau supplié, prier, pleurer rien n’y fait, il ne rentrera pas en Israël.  Pourquoi  ne pas répondre favorablement à sa  demande et lui permettre de vivre un temps aussi bref soit-il sur cette terre pour laquelle il a lutté toute son existence ?

Répondre favorablement à la prière de Moïse eut été la dénaturation de tout le Judaïsme. Si Moïse était rentré en Israël le Judaïsme eut été une religion au même titre que les autres. Sa pérennité  n’aurait jamais été assurée. Surtout après tant d’exils. Jamais dans l’histoire de l’humanité un peuple sans terre, sans langue commune, sans race commune n’a assuré sa pérennité. Tant d’empires et de peuples ont disparu parce que leur nature s’est désagrégée par le temps. Le peuple juif est l’unique peuple dans l’histoire de l’humanité  qui a conservé sa nature et sa spécificité. Parce que Moïse n’est pas rentré en Israël. S’il était rentré, il aurait été pris pour une divinité. Or, dans le Judaïsme toute identification de Dieu est interdite. Il n’est pas permis à un juif de croire que D. peut s’incarner dans un homme. Tout ce qui a revêtu une forme humaine et qui a vécu la condition humaine reste un homme. Toutes les religions, à l’exception de judaïsme, ont  identifié un homme à D. A partir de là toute la civilisation de l’humanité s’apparente à une véritable idolâtrie. C’est pourquoi la Torah précise que personne ne peut localiser la tombe de Moïse, pour éviter toute idolâtrie. Les autres peuples adorent la pierre et le bois, chose inconcevable dans le Judaïsme. On comprendra aisément pourquoi D. n’a pas exhaussé la prière de Moïse.    

   

LA SIDRA DE EQEV

 

Le nom que porte cette Sidra est  EQEV  Ce mot a plusieurs significations en hébreu. Il  signifie « si » « lorsque » « le talon » C’est la racine de ce mot qui a donné le non de Yaacob (Jacob)  Tous les commentateurs de la Torah relèvent  la particularité de ce titre.

Rachi dit : « Si ces commandements moins importants qu’on peut fouler avec les « talons », vous les écoutez – D. te gardera  sa promesse. Rachi interprète donc le mot Eqèv par les mitsvoth  que l’on considère de peu d’importance. On est en mesure de relever que le texte parle uniquement des Michpatim c’est à dire les Mitsvoth rationnelles, dont le but est clair. La Torah aurait du parler plutôt des Houqim  autrement dit, des mitsvoth dans le sens n’est pas perçu par le Juif.  Il eut été plus compréhensible  de dire que si les mitsvoth qui sont apparemment irrationnelles sont observées, à plus forte raison les mitsvoth simples et compréhensibles !

Pour répondre à cette question, il faudrait se reporter à la sidra de Béhouqotaï , cette dernière a mis en avant les Houqim avant les Michpatim . Les Mitsvoth qualifiées de houqim contribuent à la particularité d’Israël par rapport aux autres peuples. La cacherouth, les lois de la pureté  etc . relèvent de la catégorie des Houkim . Il est plus aisé de comprendre l’interprétation de Rachi. Les Mitsvoth qui relèvent des Michpatim ne sont pas l’exclusivité d’Israël. Comme ces mitsvoth peuvent se trouver chez les autres nations, et comme elles relèvent de l’habitude on aura tendance à les négliger. Il est courant de voir des personnes qui lancent des bénédictions à tort et à travers, alors que l’évocation de nom divin en vain est gravement jugée par la Torah.

C’est pourquoi Onkélos  traduite tichméoun –vous écouterez par téqabéloun vous accepterez. Ce qui revient à dire que même les mitsvoth que l’on considère de peu d’importance il convient de les accepter et les observer au même titre que les mitsvoth jugées importantes.

 

LA SIDRA DE REE       

 

« Vois, je donne devant vous en ce jour, d’une part, la bénédiction, la malédiction de l’autre » 

Comme on peut le constater ce premier verset de la Sidra  comporte, un verbe au singulier, et un complément au pluriel.  On a l’impression que tout le peuple d’Israël ne fait qu’une seule unité. Moïse s’adresse à tout le peuple comme si celui-ci était constitué d’une seule personne. En agissant ainsi, le Prophète lance un véritable message à Israël. Ce message consiste en un mot : EHAD. Le Judaïsme  est une doctrine qui conduit le fidèle à l’unité de soi même. Les Mitsvoth et la Torah sont des freins pour le temps. C’est en étant constamment conscient du temps qui passe que l’on arrive à l’unité de soi même. Contrairement à la civilisation occidentale qui tourne autour de l’axe à occulter le temps. C’est ainsi que l’on fabrique des personnalités schizophrènes, en miettes complètement disloquées et versant dans le mal-être. La vie de l’occident est une fabrique de mal-être, parce que les hommes vivent  et meurent sans temps.

Rachi rapporte un commentaire tiré du Midrache Vayiqra Rabba à savoir : «  Esaü comptait en tout six âmes et le texte les nomme: «  Les âmes de son foyer » (Genèse, 36,6)  au pluriel  parce qu’elles adoraient des dieux multiples. Par contre Jacob en compte soixante dix et la Torah les appelle « âme » au singulier, parce qu’elles adoraient un seul Dieu. »

Le deuxième message que voulait transmettre Moïse, à Israël est d’être solidaires. Tout Israël ne constitue qu’une seule personne. Cette solidarité doit se traduire dans les faits et les actes de chaque Juif. Chaque action d’un Juif aura des répercussions sur l’ensemble d’Israël. C’est ce que veut nous dire Rachi en mentionnant le Midrach Rabba.

Le troisième message de moïse concerne l’importance de l’influence de l’environnement. Le peuple juif ne peut conserver son unité que dans la mesure  où l’environnement dans lequel il évolue ne soit pas idolâtre. Quand la Torah parle d’Esaü elle dit toujours six personnes (âmes) parce qu’il adorait plusieurs dieux. Quant à Jacob, avec soixante dix personnes, la Torah l’appelle UNE âme. Parce qu’ils proclamaient l’unité de Dieu. Cette unité qui devient la référence absolue pour Juif. Le but de l’homme dans ce monde durant le temps qu’il  vit est de faire l’unité en lui. 

 

LA SIDRA KI TETSE

 

Toutes les prescriptions de la Torah ont pour but de développer notre vie morale. Les commandements divins nous servent de guide sur le  chemin de la vie et nous incitent à suivre l’exemple du Créateur.

La charité universelle dont Dieu est la source, doit servir de norme non seulement dans nos relations avec nos semblables, mais aussi avec le monde animal. Les rapports de l’homme avec ce dernier sont réglementés par la Torah. Le décalogue lui-même prend en considération des créatures muettes en ordonnant qu’elles participent au repos du Chabbath. Plusieurs autres passages de la Bible prescrivent de leur montrer de la bonté et de la compassion. La sidra de la  semaine en offre quelques exemples : Tu ne dois pas voir l’âne ou le bœuf de ton frère s’abattre sur la voie publique et te dérober à eux… » (22, 4) ; « Tu es tenu de laisser envoler la mère, sauf à t’emparer des petits… » (22 ,6-7) «  Ne laboure pas avec un bœuf et un âne attelés ensemble » ( 22, 10). Il est évident que toutes ces prescriptions ont pour but d’éduquer l’homme et de développer en lui le sens de pitié envers toutes les créatures.

Certains commentateurs ne voient pas, dans l’attitude que nous devons adopter vis-à-vis des animaux, un but mais un moyen. Ainsi trouve l’auteur du « Séfer Ha’hinoukh » qu’en ménageant les animaux, l’homme s’habitue à respecter encore davantage son prochain et développe son sens de charité. Nahmanide combat l’opinion de Maïmonide à ce sujet. Ce dernier voit dans le devoir de renvoyer la mère du nid une expression de pitié et de protection, car c’est surtout au moment où l’acte de violence est commis que l’instinct de la mère souffre, et il faut à tout prix le lui éviter ( Le Guide des égarés). Ce n’est pas l’avis de Nahmanide. Il n’accorde pas la même importance à cette manifestation, n’y discernant pas un exemple de pitié divine, mais seulement une possibilité d’exercer notre compassion. Car, dit-il, si  nous devions considérer cette compassion comme un but en lui-même,  comment expliquerions-nous l’abattage ?  Mais en réalité Maïmonide soulève lui-même cette question ailleurs sous une autre forme et précise qu’il ne faut pas glorifier l’Eternel, en prières, pour sa pitié envers les animaux, car sa compassion pour ces derniers est limitée du moment que l’abattage n’est pas interdit. Il s’agit là de décrets divins et à nous de les accomplir (Hilkhoth Téfila, chapitre. 9, 7). Il ne faut pas chercher de contradictions entre les deux opinions de Maïmonide. Il n’y a pas lieu d’établir des prières au sujet de la compassion envers les animaux, vu que nous en disposons pour notre usage, mais il est cependant de notre devoir de les épargner et de leur éviter de souffrances inutiles.

Agir inconsidérément avec un animal encourait la désapprobation divine, comme le montre cette histoire : «  On menait un veau à l’abattoir, il cacha sa tête dans le vêtement de R. Yéhouda et se mit à mugir. Le rabbi lui dit, Va, puisque tu as été créé pour cela. Il était décrété dans le ciel que, puisqu’il n’avait montré pas de pitié, des souffrances  le frapperaient » (Baba Métsia 85a ).

Le talmud, nous offre plusieurs prescriptions en ce qui concerne les soins mêmes à donner aux animaux. « Il n’est permis à personne d’acquérir un animal domestique, une bête sauvage ou un oiseau avant d’avoir pris ses dispositions pour les nourrir convenablement » (Yebamoth, 14b) «  Nul ne doit prendre son repas avant d’avoir donné au bétail sa nourriture… » (Bérakhoth 40 a)

Quant à la question, si nos devoirs envers les animaux doivent refléter un sentiment de pitié qui se suffit en lui-même ou ne servir que de moyen éducatif, il est impossible de dissocier l’un de l’autre. D’ailleurs, si même nous arrivons à en discerner d’une façon théorique la nuance, il serait autrement compliqué de le définir dans la pratique. Si une règle de conduite, inculquée dans un but purement éducatif réussit, elle ne garde pas toujours les limites qui lui ont été assignées et devient une partie inséparable de notre façon d’être.

Tout Juif conscient de l’enseignement ancestral, sans manifester ostensiblement un amour exagéré envers les animaux, leur témoigne souvent plus de compassion que ceux de parmi les autres peuples qui en font grand cas.   

 

 

LA SIDRA DE KI TAVO

 

Il arrivera, si tu écoutes bien la voix de l’Eternel ton Dieu, observant et accomplissant tous ses préceptes que je t’ordonne aujourd’hui. . .

 

Viendront sur toi toutes ces bénédictions et elles t’atteindront,, si tu écoutes la voix de l’Eternel ton Dieu.

 

Le second verset se termine par «  si tu écoutes la voix de l’Eternel ton Dieu » or dans le verset précédent il est écrit : Il arrivera si tu écoutes bien la voix de l’Eternel ton Dieu, observant et accomplissant tous ces préceptes. . . viendront sur toi toutes ces bénédictions et elles t’atteindront » Pourquoi cela est-il répété dans le second verset ?

 

Le commentateur  Malbim propose une explication originale :

 

A propos de l’observation des Mitsvoth. Voici le texte de Maïmonide (Pérek Hélèk) sur lequel Rabbi Yaacob Tsevi se base : «  Les bienfaits et les punitions décrits dans la Torah sont à comprendre comme s’il disait : Si vous accomplissez  les Mitsvoth, Je vous aiderai à les observer et j’écarterai les obstacles qui vous en empêcheraient. Il est en effet difficile de les observer si l’on est malade, ou si l’on a faim ou soif, ou en temps de guerre ou de siège. C’est pourquoi, Il leur épargnera toutes ces épreuves et leur accordera une vie paisible et saine afin de leur permettre d’obtenir le monde futur. Ce n’est pas dans ces bienfaits eux-mêmes que réside la récompense de la mitsva. De même : S’ils enfreignent la Torah, leur punition sera de tomber dans un état où ils ne pourront pas accomplir les Mitsvoth, ainsi qu’il est écrit : Parce que tu n’auras  pas servi l’Eternel ton Dieu avec joie et contentement de cœur quand tu étais comblé, tu serviras tes ennemis » ( Deut. XXVIII, 47-48).

En approfondissant bien, on comprend ainsi le sens : Si tu accomplis quelques Mitsvoth avec amour et application, je t’aiderai à les accomplir toutes en supprimant ce qui t’empêcherait de le faire. Mais si tu les méprises, je susciterai des obstacles qui t’empêcheront de les observer et de gagner le monde futur. C’est ce qu’ont dit les Anciens : «  La récompense de la Mitsva réside dans son accomplissement »