Al tirguezou

 

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Après qu’il s’est fait reconnaître à ses frères  et  qu’il annonce qu’il est toujours vivant, Joseph  les dota d’un équipement lourd , des chariots chargés de toutes sortes de nourritures et leur demanda de se rendre en terre de Canaan. Mais de les laisser partir, Joseph ne se contenta pas de dons manuels, il leur prodigua des conseils pour supporter le choc provoqué par son annonce et leur dit : «  Ne vous disputer pas en route » (Al tirguézou badérekh. La traduction du rabbinat français dit : « Point de rixes durant le voyage.

Que signifie ce conseil maintenant et pourquoi particulièrement dans ce voyage il les supplie de ne pas se disputer ?

Pour répondre à cette question et analyser par extrapolation toutes ses répercussions sur notre monde moderne nous devons nous arrêter sur l’expression « Tirguézou »

Ce mot provient de la racine « rèch-guimel- zaïn », il est très répandu dans la Torah et peut avoir trois significations.

a)      Roguèz  signifie avoir peur, trembler, frayeur ; nous le récitons chaque matin dans la chira (Chaméou amim yirgazoun) « un frisson s’empare des habitants de la Philistée »

b)      Roguèz  peut avoir le sens de : «  mouvement désordonné, rapide, colère. Nous le trouvons avec ce sens dans le livre de Job(39, 24 ) : «  D’impatience et de colère il dévore l’espace »

c)      Ce verbe signifie aussi s’énerver, piquer une colère nous le trouvons sous ce sens les Tahanounim  de Chahrith et minha.

Contrairement à la traduction du Rabbinat  français  Nahmanide  traduit « Al tirguézou » par n’ayez aucune crainte, n’ayez pas peur des brigands éventuels que vous  pouvez rencontrer en route. C’est la consigne de Joseph à ses  frères se rendant en Canaan pour annoncer à leur père que Joseph est bien vivant et qu’il est vice-roi en Egypte.Nahmanide justifie sa traduction en disant : «  Les frères transportaient du blé et de la nourritue de toute sorte. Or  à cette époque sévissait la famine. Cette cargaison précieuse pouvait attirer tous les brigands du coin. C’est pourquoi Joseph leur a dit de ne pas avoir peur car  la marchandise porte le sceau de Joseph, ce qui la met à l’abri de tous les voleurs. Quant à Rachi il traduit le mot par « se disputer » Il dit : " Joseph avait peur que ses frères se disputent en route pour l’avoir vendu. Chacun pouvait accuser l’autre de l’avoir vendu » Quelle que soit la traduction choisie, il nous reste un mot incompréhensible. Ce mot  est « Badérèkh » ( en route.) ) Faut-il comprendre  que Joseph leur demande de ne pas se quereller seulement en route, et que toute querelle peut trouver sa place une fois arrivée en Israël ? Telle n’est pas l’intention de Joseph ; Celui-ci savait qu’en Israël il n y a plus de peur, ni de colère ni de querelle. C’est ce que le Talmud (Traité Nédarim 22a) confirme : «  Quand on arrive en Israël on n’a plus un cœur en état d’excitation, en colère ou plein de frayeur. » Cette affirmation du talmud pose problème. Car tous les incidents entre Joseph et ses frères ont eu lieu en Israël ! Et même dans les générations qui ont suivi, le temple a été détruit à cause de la haine gratuite. Il s’avère donc que la sainteté d’Israël n’a pas toujours empêché ni la haine entre Juifs, ni même la guerre civile. Ce fut le cas à plusieurs  reprises, notamment, avant la destruction du temple par Titus en 7O de notre ère. En – 176 il y’eut une guerre civile sous le règne d’Alexandre Jannée qui entraîna la fuite de centaines de Rabbins en Egypte. Il  a fallu attendre la mort d’Alexandre Jannée pour que sa femme Salomée Alexandra rétablisse le Sanhédrin dans sa véritable fonction c’est à dire conformément au droit  de la Torah. Comment dans ce cas comprendre l’affirmation du Talmud, à savoir : Israël est un pays qui extirpe l’angoisse du cœur du  Juif ? La réponse à notre question, nous la trouvons dans la bouche de Rèch Laqiche (Bérakhoth 5a.Celui-ci attribue à notre verbe (léharguiz)  une autre signification et dit : «  léolam yarguiz adam yétsère tov al yétsère hara’ » ce qui signifie : «  Un homme doit toujours faire triompher  son inclination à faire le bien sur son désir de faire du mal » Rèch Laqiche veut dire que l’homme dans sa nature profonde est mû par le plaisir et la facilité ce qui le conduit à compenser ses défauts en abaissant autrui, et en projetant sur autrui les causes de son malheur, Joseph, dans ce cas craignait que ses frères        n’agissent conformément  ce principe. Les conflits ont souvent pour cause le fait que chacun ne reconnaisse pas sa part de responsabilité et préfère projeter sur autrui la totalité de la responsabilité. C’est ce qui arrive dans tous les domaines de la vie sociale et particulièrement dans la communauté juive. Or, il faut que l’on sache que toute personne qui présente ses excuses en sort agrandie. C’est ce qui a sauvé Pharaon en personne de la catastrophe. Il a reconnu que «  l’Eternel est le maître du monde et lui et son peuple étaient des corrompus »

                                                                                              Rav Haïm