Les juifs de York

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LES JUIFS DE YORK (1190)

 

Quand Richard  1er monta sur le trône, les Juifs, afin de se concilier la protection royale, lui apportèrent leurs tributs. Plusieurs s’étaient empressés de venir des régions lointaines de l’Angleterre. Lorsqu’ils apparurent à Westminster, la Cour et la populace imaginèrent qu’ils avaient conspiré pour jeter un sort à sa Majesté. Une rumeur se répandit rapidement à travers la ville, qu’en l’honneur de la célébration les Juifs devaient être massacrés. Aussi la populace, à la fois éprise de royauté et d’émeute, se livra-t-elle au pillage et au massacre des Juifs loyaux dont les maisons furent brûlées.

 

Le peuple de York s’assembla très vite pour imiter le peuple de Londres. Les Juifs alarmés se précipitèrent chez Jocenus, le plus riche d’entre eux, qui les conduisit chez le Gouverneur du Château de York et qui obtint de lui qu’il accordât asile à leurs personnes et à ce qu’ils avaient pu emporter…

 

Le Château était assez fort pour leur défense. Mais les Juifs conçurent le soupçon que le Gouverneur qui se rendait souvent à l’extérieur, méditait de les trahir et, un jour, ils lui refusèrent l’entrée. Il s’en plaignit au sheriff du comté. Et les chefs du parti des violents, qui étaient fortement endettés à l’égard des Juifs, s’unirent à lui pour donner l’ordre d’attaquer le château. La cruelle multitude se joignit à la soldatesque et elle manifesta un tel désir de massacrer ceux qu’elle désirait dépouiller que sheriff, repentant, révoqua l’ordre qu’il avait donné, Mais en vain. Le fanatisme et le brigandage, une fois déchaînés, exigeaient d’assouvir leur appétit de sang et de rapine. Les assauts se prolongèrent  jusqu’à ce que les Juifs se rendent compte qu’ils ne pourraient plus résister ; ils tinrent alors conseil pour examiner ce qu’il restait à faire dans l’extrémité du péril…

 

Quand le conseil des Juifs fut réuni, le Hakham se dressa et leur parla en ces termes : « Hommes d’Israël ! Le Dieu de nos ancêtres est omniscient et nul ne put Lui dire : ¨pourquoi fais-tu cela ? En ce jour, il nous ordonne de mourir pour Sa Torah, pour cette Torah que nous avons chérie dès la première heures où elle nous a été donnée et que nous avons préservée dans sa pureté à travers notre captivité parmi toutes les nations ; et pour cette Torah, qui nous a prodigué les consolations et qui nous communique l’espoir éternel, pouvons-nous faire moins que de mourir ? La mort s’offre à nos yeux ; il ne nous reste  que de choisir une mort honorable et facile, si nous tombons aux mains de nos ennemis, et vous avez que nous ne pouvons y échapper, notre mort sera ignominieuse et cruelle. C’est pourquoi je vous recommande de nous soustraire à leurs tortures, d’être nous-mêmes nos propres exécuteurs, de rendre volontairement nos vies à notre Créateur, D. semble nous appeler, ne soyons pas indignes de cet appel.

 

Puis, ayant fini de parler, le vieillard se rassit et pleura. L’assemblée était divisée dans ses opinions. De nouveau le Rabbin se leva et il ajouta ces quelques paroles, sur un ton ferme et décisif : «  Mes enfants ! Puisque nous ne sommes pas unanimes, que ceux qui n’approuvent pas mon opinion quittent cette assemblée » et quelques-uns s’en allèrent, mais le plus grand nombre resta fidèle au vénérable docteur. Les Juifs s’employèrent aussitôt à détruire par le feu ce qu’ils possédaient et qui avait quelque valeur. Chaque homme,  redoutant de faire confiance à la main timide et irrésolue des femmes abattit d’abord son épouse et ses enfants puis se tua lui-même. Jocenus et le Rabbin demeurèrent bientôt seuls. Ils étaient les derniers à s’immoler parce qu’il devait veiller à ce que tout fut accompli selon leurs ordres. Jocenus, étant le principal Juif de la communauté, eut la suprême marque de respect humain en recevant la mort de la main consacrée du vieux Rabbin qui immédiatement ensuite s’acquitta du triste devoir sur lui-même.

 

Tout cela se passa dans la profondeur de la nuit. Au matin, les murailles du château furent en proie aux flammes et seuls quelques misérables et lâches survivants, indigne de l’épée, apparurent  aux créneaux du château, montrant aux assaillants leurs frères qui avaient expiré. Lorsqu’ils ouvrirent les portes, ils vérifièrent la sagesse de la prédiction de leur Rabbin, car la multitude, se trouvant frustrée dans ses espoirs, ne pensa qu’à se venger sur ces faibles malheureux qui n’avaient pas su mourir avec honneur.

 

                                                                              Isaac d’Israeli  (1793)