la Thora et L'Etat

 

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Tous ceux qui se penchent sur l’histoire du peuple juif, n’évaluent pas à leur juste valeur les conséquences de la diaspora. Il n’existe pas, dans l’histoire de l’humanité, un exemple semblable à celui du sort fait au peuple juif. De nombreux peuples dans l’antiquité ont quitté volontairement leur terre ou ont été expulsés, mais ils ont disparu en tant que peuple et n’ont laissé aucune trace. Les juifs sont les seuls au monde qui ont été spoliés et chassés de leur terre et qui ont survécu et perduré dans des conditions historiques inhumaines. Ceux qui portent un jugement sur le peuple juif, qu’ils soient eux-mêmes Juifs ou non, doivent tenir compte des conditions extraordinaires dans lesquelles ont évolué les Juifs. Tous les reproches que l’on peut faire actuellement à telle ou telle frange de la population juive, trouvent leurs causes dans la dispersion des Juifs. Ceux qui se demandent pourquoi l’identité juive a été dépouillée de son élément capital et central qu’est la Torah, doivent se pencher sur la conjoncture historique où ont vécu les Juifs qui se sont débarrassés du joug de la Torah. Il n’est pas possible de vivre deux mille ans dans l’adversité, la haine des peuples à l’égard des Juifs, les souffrances physique et morale, l’insécurité permanente, l’exclusion, la précarité etc. et sortir indemne sans conséquences morales. Le temps n’est pas encore venu pour  réclamer à tous ceux qui ont été subjugué par la civilisation destructrice de l’occident, de réfléchir et de revenir à la Torah. Il serait très souhaitable que ceux qui n’ont pas vécu des moments douloureux inhérents à la galouth, de faire un bilan de leur vie sans Torah afin qu’ils puissent prendre conscience qu’une vie sans torah est vide et ne laisse aucune trace. Certes, la vie de la Torah exige des hommes et des femmes qui ont cultivé  depuis la tendre enfance  la volonté et le caractère capable de tenir tête aux sirènes de la civilisation grecque qui n’a que le vernis extérieur alors que l’intérieur est complètement pourri. Il ne faut en aucune façon perdre l’espoir de voir un jour tous ceux  qui ont été déterminés par les symptômes des maladies de la diaspora, de se pencher sur leur héritage culturel et spirituel. Ils seront étonnés de constater que la vie avec les mitsvoth  donne le sentiment permanent de la conscience de soi et la conviction d’exister et de vivre intensément.

Durant deux mille ans nous avons quitté notre terre mais également ce qui fait notre force à savoir, la vie de la Torah pour plonger, corps et âme, dans la facilité et le plaisir qu’offre les autres civilisations dans lesquelles nous avons évolué. Nous avons abandonné aussi nos institutions nationales que la Torah nous a imposées. Entre temps,  la société juive a beaucoup changé et évolué, ce qui nous fait l’obligation de faire face à la situation nouvelle du monde moderne. Dans l’attente des réponses que nos Maîtres et Sages devraient apporter à des situations humaines inconnues jusqu’alors, nous devons faire preuve d’unité et de compréhension et ne pas s’enfermer dans un rigorisme de façade.

En Israël nous avons un peuple duel dans lequel évoluent deux groupes antinomiques qui se regardent, pas toujours avec aménité. Nous avons aussi la Torah face à l’Etat, comme si la Torah était inconciliable avec la démocratie. Par contre, le cadre étatique et humain de l’Etat exclut toute exigence de la Torah. Exposée de cette manière, on a l’impression que la dichotomie est consommée entre les deux groupes, religieux et non-religieux qui composent le pays. En vérité, cette vue est quelque peu erronée et  ne reflète pas une image exacte du peuple juif. Si cette image perdure, elle peut représenter un véritable danger.

En réalité, il n’existe pas de contradiction substantielle entre les deux groupes, parce que le fondement de l’Etat  est le régime démocratique. Or, la torah est foncièrement attachée à  la notion de la démocratie. En effet, la Halakha est divine mais son application est l’effet de la majorité. Aharé rabine léhatoth.  Maïmonide  va aussi dans ce sens et écrit : « Le pouvoir de décision  de l’autorité régnante a pour fondement le peuple. »Il faut admettre que la finalité du peuple juif, s’il veut assurer sa pérennité,  est de mettre la Torah, comme principe de base du comportement de tous les Juifs. On ne peut pas  éternellement, invoquer l’accident terrible qu’est l’exil de deux mille ans. Il est urgent de remettre le train sur les rails et pour cela il est indispensable de se pencher enfin sur notre Torah.                                                             

 Rav Haïm Harboun